ENV/DEV/407

LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE ENTAME SON DEBAT DE HAUT NIVEAU SUR LA QUESTION DES FORETS

10 avril 1997


Communiqué de Presse
ENV/DEV/407


LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE ENTAME SON DEBAT DE HAUT NIVEAU SUR LA QUESTION DES FORETS

19970410 Des intervenants regrettent les divergences au sein du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts

La Commission du développement durable a poursuivi ce matin sa réunion de haut niveau consacrée aux préparatifs de la session extraordinaire de l'Assemblée générale relative à l'évaluation d'ensemble de la mise en oeuvre d'Action 21 et au rapport final du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts. Le débat a été axé sur la situation des forêts dans le monde. Elle a entendu, à ce titre, les personnalités suivantes : Mme Margaretha De Boer, Ministre du logement, de la planification de l'espace et de l'environnement des Pays-Bas (au nom de l'Union européenne et des pays associés); Mme Anne McLellan, Ministre des ressources naturelles du Canada; M. Edwin Barnes, Ministre de l'environnement, de la science et de la technologie du Ghana; Mme M. Bernardo Pedro Ferraz, Ministre pour la coordination des affaires de l'environnement du Mozambique; M. Lim Keng Yaik, Ministre du secteur primaire de la Malaisie; Mme Angela Markel, Ministre fédéral pour l'environnement, la conservation de la nature et la sécurité nucléaire de l'Allemagne; Mme Eileen Claussen, Secrétaire d'Etat adjointe pour les océans, l'environnement et la science des Etats-Unis; M. Bernard Fautrier, Ministre plénipotentiaire chargé des questions d'environnement de Monaco et M. Chen Chimutengwende, Ministre de l'environnement et du tourisme du Zimbabwe.

La Commission a entendu en outre les déclarations des représentants des pays suivants : Bahamas, Chine, Bélarus, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Bangladesh, Venezuela, Norvège, Arabie Saoudite et Malte. Elle a entendu d'autre part la déclaration du Directeur général adjoint de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ainsi que celle des représentants des organisations non gouvernementales, la Chambre de commerce internationale (CCI) et de l'Union internationale pour la conservation des ressources naturelles (UICN).

(à suivre - 1a)

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La Commission avait en début de séance entendu une déclaration du Secrétaire général adjoint à la coordination des politiques et du développement durable, M. Nitin Desaï, qui a mis l'accent sur la nécessité d'assurer la crédibilité des institutions et du concept de développement durable, en particulier dans le cadre du processus préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la mise en oeuvre de la Conférence de Rio.

La Commission poursuivra son débat de haut niveau sur la question des forêts, cet après-midi, à 15 heures.

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Déclarations liminaires

M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint à la coordination des politiques et du développement durable, a estimé que les Etats Membres, en ce qui concerne le suivi de la mise en oeuvre d'Action 21, ont deux principaux types de préoccupations. Ils souhaitent d'abord qu'une attention accrue soit accordée à la dimension sociale du processus initié à Rio. Le Secrétaire général adjoint a rappelé à cet égard qu'une partie du suivi de cette question est réalisée par d'autres instances que la Commission du développement durable comme c'est le cas pour la pauvreté qui a été largement abordée lors du Sommet de Copenhague. Bien entendu la question du financement et du transfert de technologies est aussi au centre des préoccupations des pays. Les Etats Membres sont ensuite préoccupés par l'absence d'indicateur pertinents de progrès pour évaluer la mise en oeuvre des recommandations de Rio. M. Desaï a souligné l'importance de la mise en oeuvre aux niveaux régional et local des recommandations d'Action 21, qui, dans certains cas, ont donné des résultats prometteurs. Il a mis l'accent sur la nécessité d'assurer la crédibilité des institutions et du concept de développement durable, en particulier dans le cadre du processus préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la mise en oeuvre des recommandations de la Conférence de Rio. "Il faut que le suivi de Rio soit le plus large possible", a conclu le Secrétaire général adjoint.

M. DAVID HARCHARIK, Directeur général adjoint de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a indiqué que la FAO appuie les travaux du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts (GIF). Le partenariat est très important. Il est essentiel de réduire le chevauchement des activités et d'être plus efficace. Il faut mettre en oeuvre les propositions d'action recommandées par le GIF et qui sont au nombre de 135. Des mesures concrètes doivent être prises. Il faut établir des priorités, utiliser les ressources existantes et déterminer les ressources additionnelles nécessaires. Les propositions du GIF doivent être rapidement mises en oeuvre. M. Harcharik a regretté que le taux global de déboisement reste élevé. La dégradation des forêts souligne l'insuffisance des progrès faits dans les efforts de protection et de gestion des forêts. L'engagement de toutes les organisations non gouvernementales et de tous les gouvernements est essentiel. Il faut faire les investissements financiers nécessaires afin de réaliser toutes les propositions d'action du GIF.

De l'avis de la FAO, l'établissement d'une Convention sur les forêts juridiquement contraignante doit permettre de donner des objectifs spécifiques et réalistes, d'inciter tous les pays aussi bien développés qu'en développement à améliorer leur pratique d'exploitation forestière et d'encourager un esprit de collaboration entre tous les pays et non de les diviser. En ce qui concerne la création d'une nouvelle instance politique sur

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les forêts, la FAO estime que c'est aux gouvernements de trancher. La FAO suggère de s'inspirer des organisations déjà existantes. Lors du Sommet de l'alimentation à Rome, le lien entre la sécurité alimentaire et les ressources alimentaires y compris les forêts a été établi. M. Harcharik a déclaré que le rôle de la gestion des forêts est essentiel pour assurer la sécurité alimentaire.

Débat de haut niveau sur la question des forêts

Mme MARGARETHA DE BOER, Ministre du logement, de la planification de l'espace et de l'environnement des Pays-Bas (au nom de l'Union européenne et des pays associés), a estimé qu'il est hautement prioritaire de mettre en application les diverses propositions d'action recommandées dans le rapport du Panel intergouvernemental sur les forêts (PIF) par les gouvernements, les organisations internationales impliquées et les groupes principaux. Les Etats Membres auront la responsabilité de mettre en oeuvre ces propositions, une fois qu'elles auront été approuvées par la session extraordinaire, dans les programmes nationaux et régionaux, et en ajustant les programmes de travail des organisations internationales par l'intermédiaire de leurs organes directeurs. L'Union européenne se félicite également des résultats de la dernière réunion de la Commission des forêts de la FAO. Elle a déjà lancé un certain nombre de mesures pour respecter les engagements qu'elle a pris sur la question.

Il convient de définir quelle est la manière la plus efficace pour assurer l'exécution intégrale et continue des actions nécessaires pour la conservation, la gestion et le développement durable de tous les types de forêts. L'Union européenne estime qu'une approche globale et holistique à la gestion durable de toutes les forêts est nécessaire. Ceci peut être garanti grâce à une convention mondiale des forêts, qui constituera un nouveau type d'accord international s'agissant de la gestion des ressources sectorielles et de leur utilisation.

Une telle convention fournirait un cadre général d'action pour les différents acteurs s'agissant de la gestion, de la conservation et du développement durable de tous les types de forêts. Elle pourrait faciliter la coopération et la coordination entre les organisations et les institutions internationales, les organisations nationales et les principaux groupes impliqués dans les questions liées aux forêts. Elle pourrait également fournir un cadre pour assurer une meilleure mobilisation et une utilisation plus efficaces des ressources publiques et privées, ainsi que les transferts de technologie et le partage juste et équitable des multiples bénéfices des forêts.

Mme ANNE McLELLAN, Ministre des ressources naturelles du Canada, a exprimé sa préoccupation devant le fait que l'ordre du jour relatif à l'examen de la situation des forêts dans le monde est parcellaire et devant l'absence d'une tribune permanente permettant de discuter des questions clés.

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Seule une convention internationale sur les forêts, à la faveur d'une conférence des parties, peut assurer la bonne marche de l'agenda forestier de la communauté forestière internationale et apporter des engagements juridiques contraignants. Une convention internationale, a ajouté le Ministre, facilitera la coordination de l'aide au développement à l'étranger et catalysera de nouvelles sources de financement et de transfert de technologies. Le suivi immédiat des propositions d'action du Groupe intergouvernemental sur les forêts devrait être lancé par des organes nationaux, régionaux et internationaux compétents. Une Convention, a expliqué le Ministre, ne fera qu'accélérer ce processus de suivi. Le Canada réclamera la participation pleine et entière des organisations non gouvernementales aux discussions touchant une convention sur les forêts. La majorité des pays s'étant prononcés en faveur d'une telle convention, a-t-elle expliqué, il s'agit maintenant d'en fixer la date. Cette session de la Commission du développement durable et celle de juin sont des occasions en or pour prendre les décisions qui s'imposent.

M. EDWIN BARNES, Ministre de l'environnement, de la science et de la technologie du Ghana, a appuyé la déclaration faite par la Tanzanie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Il a rappelé que son gouvernement a adopté et mis en oeuvre une série de mesures visant le développement durable. Toutefois, ces efforts ont été entravés par l'inadéquation des ressources humaines et financières et par l'insuffisance des institutions. Devant le manque de ressources pour financer le développement dans beaucoup de pays en développement, on peut se demander si l'attention accordée à la protection de l'environnement n'a pas nui au développement et par conséquent à la mise en oeuvre d'Action 21 dans les pays en développement.

Le Ghana estime qu'en dépit des efforts effectués par les gouvernements pour mettre en oeuvre Action 21, il est toujours urgent de remplir les engagements pris au niveau mondial afin de réaliser les objectifs posés par Action 21 en matière de questions multisectorielles et de moyens de mise en oeuvre. Les questions multisectorielles de l'élimination de la pauvreté, du commerce et du développement, de la coopération internationale et des modèles de consommation et de production doivent recevoir une attention spéciale. En ce qui concerne les moyens, la communauté internationale doit fournir des ressources financières supplémentaires, et atteindre l'objectif de 0,7% du PNB consacré à l'APD. Une solution globale, durable et orientée vers le développement doit être trouvée au problème de la dette extérieure pour libérer des ressources pour le développement. La mise en oeuvre d'Action 21 nécessite que les pays en développement aient accès à des technologies saines pour l'environnement dans de bonnes conditions, et disposent de la capacité humaine et structurelle pour s'adapter aux technologies. Il faut également reconnaître le principe des responsabilités communes mais différenciées. La Commission du développement durable devrait servir de forum politique principal pour les questions de développement durable. Le rôle du PNUE

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devrait être renforcé en tant qu'organe principal des Nations Unies dans le domaine de l'environnement. Il faut également renforcer la coopération entre la Commission du développement durable et les institutions de Bretton Woods et permettre aux institutions des Nations Unies d'aider les gouvernements des différents pays.

Mme HOLOWESKO (Bahamas), ayant rappelé la spécificité et la vulnérabilité des petits Etats insulaires, a indiqué que son pays s'est doté d'une Commission sur l'environnement qui ne ménage pas ses efforts pour intégrer les préoccupations relatives au développement durable aux activités économiques et sociales du pays. La représentante a appuyé la déclaration faite par la représentante de Trinité-et-Tobago, au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS), notamment en ce qui concerne l'application des recommandations de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable des petits Etats insulaires en développement. Selon elle, la Commission du développement durable doit être davantage consciente des difficultés que rencontrent les petits territoires et Etats insulaires. Ceux- ci doivent être aidés dans la mise en valeur de leurs ressources, notamment de leur ressources humaines et en eau douce. Il faut parler la langue des populations locales et laisser de côté le jargon des conférences internationales pour sensibiliser ces populations à la nécessité de la durabilité de l'environnement et des ressources a observé la représentante. Malgré les acquis de Rio, il reste encore beaucoup à faire, a-t-elle poursuivi. Elle a exhorté les Nations Unies à aider les petits Etats insulaires à concrétiser les voeux pieux exprimés à Rio et les aider à assurer leur survie.

M. BERNARDO PEDRO FERRAZ, Ministre pour la coordination des affaires de l'environnement du Mozambique, a déclaré que son pays a créé des cadres institutionnels et juridiques pour répondre aux principes et aux recommandations de Rio. L'établissement du Ministère pour la coordination des affaires de l'environnement, destiné à mettre en oeuvre l'Agenda 21, en est un exemple. Le Mozambique s'est efforcé de mobiliser la population. Un programme national de gestion de l'environnement a été créé et approuvé. Ce programme recommande une loi cadre sur l'environnement, fixe des priorités sur la gestion des ressources naturelles, des zones urbaines et côtières, et sur la création d'un centre pour le transfert de technologies. M. Ferraz a déclaré que des politiques sectorielles élaborées dans son pays, au cours des 5 dernières années comportent des principes de durabilité. Il a souligné l'importance de l'utilisation écologique des ressources naturelles. Le Mozambique a adhéré aux principales conventions sur l'environnement. Malgré des réalisations importantes, le Mozambique fait face à de grandes difficultés liées à la pauvreté. La pauvreté, qui est liée à la dette extérieure, fait obstacle au développement durable. Le Mozambique n'a pas assez de ressources financières, techniques et humaines. Il faut briser le cercle vicieux de la pauvreté absolue. Le Mozambique s'associe aux pays en développement pour appeler la communauté internationale à apporter son aide afin de faire des engagements de Rio une réalité.

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M. ZHON GUOLIN (Chine) a rappelé que la Commission du développement durable a créé, lors de sa troisième session, en 1995, le Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts. Le Groupe, a estimé le représentant, est parvenu à des résultats intéressants et ses recommandations constituent une bonne base pour les débats futurs. Pour autant, le Groupe n'est pas parvenu à un accord au cours de son dialogue politique sur les forêts. En fait, il s'agit de créer un consensus international sur la question des forêts qui aboutirait à la conclusion d'une convention. Il semble qu'il faille du temps. Toutefois, par l'intermédiaire des Nations Unies, il faut encourager la mise en oeuvre des recommandations du Groupe intergouvernemental et favoriser la poursuite du dialogue afin de résoudre les questions en suspens. La Chine est d'avis que les pays doivent élaborer leurs politiques forestières en fonction de leurs besoins propres. En même temps, la Chine appuie le développement durable des ressources forestières. La Chine a élaboré un plan d'action sur les forêts qui est conforme aux proposition d'Action 21. La Chine dispose ainsi de 34 millions d'hectares de forêts protégées.

M. LIM KENG YAIK, Ministre du secteur primaire de la Malaisie, a déploré qu'aucun programme d'action volontariste de mise en oeuvre des principes de la CNUED et des chapitres pertinents d'Agenda 21 sur les forêts n'ait été mis en place. C'est pourquoi la présente session devrait s'attacher à rendre opérationnels les engagements et les obligations contractés tout en évitant de renforcer la charge déjà imposée aux pays en développement. Continuer de nier aux pays en développement le droit à un développement fondé sur leurs ressources ne conduira qu'au marasme économique, et, en définitive, à la suffocation de l'environnement que nous cherchons tous à protéger, a-t-il mis en garde. La mise en pratique de la gestion forestière durable passe par une assistance financière accrue et un bon transfert de technologies. Les pays en développement ont besoin d'une dynamique nouvelle en matière d'industrie forestière pour dégager des fonds. C'est la raison pour laquelle leur accès aux marchés et aux activités de valeur ajoutée en aval devraient être améliorés et facilités. Il est regrettable que les pays occidentaux continuent de leur appliquer des pratiques punitives, tels les boycottages unilatéraux. Au contraire, il est impératif de réaffirmer et de mettre en application le principe de responsabilités partagées et de partenariat global et équitable. Il faut également s'accorder sur un calendrier de négociations, sur une convention mondiale pour les forêts, qui viendrait notamment combler le vide juridique existant dans ce domaine et permettrait de définir le rôle des organisations internationales. A cet égard, il a appelé l'ensemble des pays et les organisations non gouvernementales à apporter leur soutien à une telle convention.

Mme ANGELA MARKEL, Ministre fédéral pour l'environnement, la conservation de la nature et la sécurité nucléaire de l'Allemagne, a déclaré que les forêts et la gestion durable des forêts préoccupent profondément son gouvernement. L'Allemagne a vécu sa propre expérience de dégradation des forêts. Se ralliant à la déclaration faite par les Pays-Bas, au nom de

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l'Union européenne, selon laquelle le temps est venu pour prendre des engagements plus fermes que les décisions adoptées à Rio, l'Allemagne a pendant longtemps été en faveur d'une convention mondiale sur les forêts. Cette convention fournirait une approche globale aux problèmes que nous confrontons, a estimé Mme Markel. Une convention internationale sur les forêts établirait des principes généraux, des lignes directrices, ainsi que des mesures et des normes pour la gestion, la conservation et le développement durable des forêts. De l'avis de sa délégation, l'élaboration d'une telle convention constitue l'étape logique après le cycle quinquennal de suivi de Rio. En outre, il faudrait utiliser au mieux les instruments existants dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale pour le développement et du Fonds mondial pour l'environnement. A cet égard, l'Allemagne appuie un grand nombre de projets concernant la conservation et la gestion durable des forêts dans le cadre de sa coopération en faveur du développement, a indiqué Mme Markel. L'Allemagne est le contributeur le plus important au programme pilote pour la gestion des forêts tropicales au Brésil. Elle a recommandé la mise en place d'un comité intergouvernemental de négociation qui sera chargé de l'élaboration d'une convention internationale sur les forêts.

M. ALYAKSANDR SYCHOU (Bélarus) s'est déclaré d'avis que la partie principale du document final devrait être consacrée aux problèmes de la mise en oeuvre d'Action 21 dans les domaines exigeant une action urgente, sur la base des progrès réalisés dans ces domaines depuis la Conférence des Nations Unies pour le développement et l'environnement. Il est crucial de souligner la nécessité de prendre des mesures concertées dans le domaine de la prévention des risques et la suppression des conséquences non seulement des catastrophes naturelles, mais également des catastrophes technologiques. Récemment, de nombreux accidents et catastrophes sont survenus dans des entreprises industrielles ou dans les transports dont les conséquences ont causé de graves préjudices à la santé de la population, à l'environnement et au développement économique et social des pays affectés. La catastrophe de Tchernobyl en est l'exemple le plus frappant. Les dommages causés au Bélarus s'élèvent à 235 millions de dollars. Certaines années, le gouvernement du Bélarus a consacré 20% budget national aux mesures prises pour faire face aux conséquences dévastatrices de Tchernobyl. Le document final, a suggéré M. Sychou, devrait inclure les questions les plus sensibles liés au développement durable, ainsi que les mécanismes les plus efficaces et les prometteurs pour répondre à ces problèmes, avec la participation de la communauté internationale. Tout en reconnaissant les problèmes très sensibles du processus de développement durable auxquels font face les pays en développement, M. Sychou a fait remarquer que les pays à économie en transition sont également exposés à ces difficultés. Il a souligné la nécessité d'inclure dans le document final de la présente session les dispositions relatives à la levée de mesures restrictives concernant l'accès des marchandises provenant des pays d'Europe centrale et orientale aux marchés des pays développés et à l'assistance à ces pays au cours du processus d'admission à l'Organisation mondiale du commerce.

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Mme EILEEN CLAUSSEN, Secrétaire d'Etat adjoint pour les océans, l'environnement et la science des Etats-Unis, a reconnu le rôle crucial des forêts qui sont une ressource capitale de l'environnement et de l'économie. Elle a évoqué l'importance des travaux du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts (GIF). Il est clair qu'il est maintenant temps d'agir. La question est de savoir comment passer des discussions à l'action. Certains pays demandent que soit négociée une nouvelle convention internationale sur les forêts afin notamment de coordonner les activités en cours et de mobiliser les ressources financières et techniques nécessaires. Les Etats-Unis estiment qu'une approche globale est importante particulièrement au niveau national. Toutefois, cela ne nécessite pas un nouveau traité. Les forêts doivent rester au centre du débat mondial, qu'un nouveau traité soit négocié ou non. De toute façon, s'il n'y a pas de consensus, une convention ne pourra pas être négociée. Plutôt que de perdre de l'énergie sur l'établissement d'une convention sur les forêts, il faut se concentrer, avec les forums internationaux et régionaux déjà existants, sur des domaines prioritaires ou un progrès est nécessaire et possible.

Mme Claussen a déclaré que les efforts et les ressources collectifs devraient se concentrer sur sept différents points. Premièrement, il faut que les gouvernements rendent compte de la gestion durable de leurs forêts. La tenue d'un Forum intergouvernemental sur les forêts, qui fonctionnera de façon transparente, devra évaluer les progrès accomplis. Deuxièmement, il faut aider les gouvernements à mieux gérer leurs forêts et mettre en oeuvre les propositions faites par le GIF. Troisièmement, il faut aider à diffuser et encourager les activités et les investissements privés qui ont pour but d'aider la gestion durable des forêts. Quatrièmement, il faut améliorer la science de la gestion durable des forêts et mettre en place des pratiques efficaces de gestion des différents écosystèmes forestiers. Cinquièmement, il faut protéger la biodiversité des forêts au niveau mondial. Sixièmement, il faut promouvoir des mécanismes commerciaux et des instruments économiques qui soutiennent la gestion durable des forêts. Septièmement, il faut que les gouvernements introduisent des principes démocratiques de base dans leurs programmes forestiers et ce, à tous les niveaux. Les Etats-Unis estiment que la volonté politique est la clé pour la gestion durable des forêts. Un effort commun est nécessaire pour améliorer sur le terrain la gestion des forêts.

M. BERNARD FAUTRIER, Ministre plénipotentiaire chargé des questions d'environnement de Monaco, a déclaré qu'il est aujourd'hui indispensable de relancer le processus engagé à la Conférence de Rio et de voir les Chefs d'Etat ou de Gouvernement délivrer un message politique clair à cet égard. Il est évident que si des progrès considérables ont été faits dans les pays développés, y compris Monaco, les questions du niveau de l'aide publique au développement comme du transfert de technologies, entres autres, ne sont pas réglées de façon satisfaisante et demeurent pour les pays en développement des problèmes fondamentaux pour la mise en oeuvre d'une réelle stratégie de développement durable. Dès le début du processus de Rio, Monaco a mis un

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point d'honneur à participer activement aux travaux des organes qui en sont issus. La participation de Monaco est très active au niveau de la coopération régionale. La Principauté poursuivra son action à la mesure de ses possibilités pour la mise en oeuvre d'une véritable stratégie méditerranéenne de développement durable et de sauvegarde de l'environnement. Monaco estime que la Commission, après les examens sectoriels et intersectoriels auxquels elle a procédé les années précédentes, devra se fixer à partir de 1998 un nouveau programme de travail. Monaco approuve l'examen des questions fondamentales telles que les ressources en eau douce, la protection des forêts, la lutte contre la désertification et l'énergie. La Principauté souhaite que ne soit pas perdu de vue le problème des mers et des océans.

M. JIMMY OVIA (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a réaffirmé que son pays appuie le rôle joué par la Commission et le groupe de travail interinstitutions, qui ont efficacement guidé le PIF sur les questions de l'utilisation et de la gestion de tous les types de forêts. Un des principaux défis qui se posent aujourd'hui est la volonté politique nécessaire à la mise en place d'un régime mondial juridiquement contraignant en matière de développement durable de tous les types de forêts, et non pas exclusivement des forêts tropicales. Il convient désormais d'aller au-delà des principes forestiers. Les forêts constituent un problème complexe, lié culturellement à la durabilité et aux conditions de vue, a-t-il expliqué. Ce problème concerne les populations qui doivent s'adapter aux demandes socio-économiques, à la libéralisation et à la mondialisation. Les pressions en matière de développement durable ne relèvent pas seulement des politiques internes, mais sont également influencées par des sources externes. La communauté internationale doit reconnaître ce fait et répondre à ce problème afin de promouvoir la gestion durable des forêts à tous les niveaux. La session extraordinaire doit donner un élan politique aux propositions d'action reflétant une volonté responsable de rechercher le consensus, en acceptant de prendre des engagements, en améliorant la coopération internationale, en traduisant en actes concrets les principes forestiers, ainsi qu'en harmonisant les directives politiques au niveau international.

M. ABDUL LATIF MONDAL, Co-Secrétaire au Ministère de l'environnement et des forêts du Bangladesh, a déclaré que, durant les cinq années qui ont suivi la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED), le Bangladesh a fait des efforts pour intégrer les considérations écologiques dans sa politique de développement. Le Bangladesh a établi des lois pour la protection de l'environnement, formulé des politiques et des stratégies, et ratifié toutes les grandes conventions internationales. Le Gouvernement du Bangladesh a décidé de mettre en place un Plan d'action national pour la gestion de l'environnement. Ce Plan d'action est une première étape dans le processus de la préparation d'un Agenda 21 national.

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Le Bangladesh accorde une grande importance au rôle des femmes dans le processus du développement. Le gouvernement a adopté, cette année, une politique qui accorde davantage de pouvoir aux femmes dans les domaines politique, social, administratif et économique. L'élimination de la pauvreté est un objectif fondamental pour atteindre le développement durable. Les difficultés socio-économiques du Bangladesh et des autres pays les moins développés sont aggravées par des problèmes tels que la dégradation et l'érosion de la terre, la sécheresse et la désertification. D'autres facteurs complexes contribuent à accentuer les problèmes liés à l'environnement. De nombreux pays, parmi les moins développés, ont mis en place des politiques, des stratégies et des mécanismes institutionnels et juridiques nécessaires au développement. Ces pays manquent toutefois de technologies appropriées et de ressources adéquates pour résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés.

M. ROBERTO PEREZ LACUNA (Venezuela) a indiqué que son pays accorde depuis longtemps une importance aux questions environnementales puisque dès 1976, un Ministre de l'environnement et des ressources naturelles renouvelables a été nommé au sein du Gouvernement. Le représentant a appuyé la déclaration faite par la représentante de la République-Unie de Tanzanie au nom du Groupe des 77 et la Chine. Il a regretté que les objectifs fixés par Action 21 en matière d'aide publique au développement n'aient pas été respectés. Le représentant s'est dit d'avis que le problème le plus important est celui de la pauvreté. Il ne peut y avoir de développement durable si ce fléau n'est pas éliminé. Le Venezuela a mis en place des programmes qui visent à combattre la pauvreté rurale. De même, plusieurs projets concernent le développement durable des ressources en zone urbaine. La Commission du développement durable devra tenir compte de toutes ces données et consacrer le principe selon lequel la gestion des ressources naturelles pour le développement ne peut se faire de façon compartimentée. Le représentant a indiqué que les 35% de la superficie de son pays sont régis par un régime d'administration spécial qui vise à protéger les forêts et l'environnement.

M. OLUF AALDE, Directeur général du ministère de l'agriculture de la Norvège, a déclaré que le rapport du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts (GIF) est important. Il est urgent d'assurer un suivi actif des propositions faites par le GIF au niveau international, régional et national. Le dialogue international sur les forêts doit se poursuivre d'une façon cohérente et claire. S'il y a un large consensus, la Norvège est prête à soutenir la proposition d'établir une Commission intergouvernementale de négociation sur tous les types de forêts et ayant un mandat précis, ciblé et limité dans le temps. Le double emploi devrait être évité avec les instruments juridiques et les organisations déjà existants. En ce qui concerne l'établissement possible d'une convention, il faut qu'elle soit basée sur des données concrètes. Tous les types de forêt devraient être inclus. Il faudrait une approche globale et intégrée pouvant refléter les différences de chaque pays. Il faudrait reconnaître que les forêts représentent une ressource nationale et que chaque pays a des droits souverains en ce qui

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concerne la gestion de ses propres forêts. La Norvège estime que l'établissement d'une convention n'est pas la seule solution pour promouvoir la gestion durable des forêts au niveau international. L'alternative proposée par le GIF serait la création d'un Forum qui aurait un mandat précis et limité dans le temps. La Norvège estime que le débat sur les options institutionnelles ne doit pas se poursuivre de façon indéfinie. Il faut que des actions concrètes soient entreprises avant le début du prochain millénaire pour promouvoir la gestion durable des forêts.

M. ABDULLA AL FAWAZ, Chef de la délégation de l'Arabie saoudite et représentant du MEPA, a indiqué que son pays s'est doté d'un Plan national à la suite de la Conférence de Rio. Le Royaume participe activement au niveau régional au Conseil des ministres arabes chargés de l'environnement et du développement. Il a indiqué, à cet égard, que l'Arabie saoudite prépare un rapport sur la mise en oeuvre au niveau régional des recommandations adoptées à Rio qui sera présenté au cours de la prochaine session extraordinaire de l'Assemblée générale. Le représentant a indiqué que son pays fonde sa politique sur les préceptes de l'Islam qui stipulent notamment que la terre doit être utilisée sans être appauvrie afin que les générations futures puissent également profiter de toutes ses richesses. Ainsi, l'Arabie saoudite accorde-t-elle une grande importance à la gestion des ressources en eau, en gaz et en pétrole. Le Royaume cherche à réduire la quantité de plomb dans l'essence. Il a créé des comités nationaux visant à protéger la diversité biologique et a réalisé des études pour évaluer les dangers de la pollution. L'Arabie saoudite a également arrêté des normes pour évaluer qualitativement et quantitativement les données relatives à l'environnement et essaie de valoriser ses ressources humaines. Elle espère que l'évaluation de la mise en oeuvre d'Action 21 ne sera pas sélective.

M. CHEN CHIMUTENGWENDE, Ministre de l'environnement et du tourisme du Zimbabwe, a estimé que la session actuelle doit porter sur les questions relatives aux sources d'énergie, à l'élimination de la pauvreté et à l'utilisation durable des ressources naturelles telles que l'eau, les forêts, la faune et la pêche. Rappelant que son pays a accueilli, l'année dernière, le Sommet solaire mondial, à l'issue duquel le Programme solaire mondial a été adopté, le Ministre a souligné que les sources d'énergie constituent aujourd'hui une question prioritaire. Il a souhaité, à l'avenir, mettre en évidence les conséquences de la crise énergétique, non seulement dans les centres urbains, mais également dans les zones rurales et les communautés. Le Zimbabwe est déterminé à intégrer les questions environnementales dans ses modèles de planification économique. L'élimination de la pauvreté, qui contribuerait à lutter contre la dégradation de l'environnement, est l'un des nombreux défis que connaît le pays. Malheureusement, la communauté internationale ne nous a pas toujours fourni les ressources nécessaires à cet effet. Il est important que la Commission du développement durable mobilise des fonds par le biais des institutions multilatérales telles que le Fonds pour l'environnement mondial et par le biais des accords bilatéraux.

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Le Ministre a plaidé en faveur de la révision de certaines conventions établies avant Rio qui menacent aujourd'hui l'essence même du concept du développement durable. Le Ministre a fait part d'une autre préoccupation relative aux interdictions commerciales sur la faune et la flore, imposées par la Classification internationale type de l'éducation (UNESCO) aux pays pauvres. Ces interdictions constituent une menace pour certaines espèces dans la mesure où les populations les plus pauvres seront réduites à piller ces ressources naturelles.

M. GEORGE SALIBA (Malte) a estimé que le succès de la Conférence de Rio doit avant tout être évalué au niveau national. Ainsi, depuis la conférence, le Gouvernement de Malte a pris de nombreuses initiatives, y compris la mise en place d'une Autorité de la planification dont la principale fonction est de concilier des demandes contradictoires en matière de ressources foncières. Le Gouvernement a réaffirmé en octobre dernier la priorité qu'il accorde à l'environnement. La responsabilité de cette question a été confiée au Ministre des affaires étrangères afin de souligner le fait que les deux questions sont interdépendantes et se renforcent mutuellement. Le représentant a estimé que l'éducation est essentielle pour atteindre l'objectif d'un développement durable. Il a indiqué que les semaines à venir permettront d'évaluer les priorités futures. Il a souligné que l'universalité des conventions adoptées après la Conférence de Rio reste une priorité pour les Nations Unies.

De même la question des océans et des mers demeure une priorité de la communauté internationale. Le représentant a mis l'accent sur les approches de type régional telles que celles envisagées dans le Plan d'action pour la Méditerranée. Dans ce cadre, et sur la proposition de Malte, une Commission méditerranéenne du développement durable a été établie afin de mettre en oeuvre Action 21 aux niveaux régional et local. Une telle initiative a permis de lancer une évaluation de l'impact du libre-échange sur l'environnement dans le contexte euro-méditerranéen, que réalise actuellement la Fondation pour les études internationales de l'Université de Malte d'une évaluation. Le représentant a regretté que le Plan d'action adopté lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement des petits Etats insulaires en développement qui a eu lieu à la Barbade en 1994 ait été appliqué partiellement et a estimé que cette question devra être résolue lors du suivi de la Conférence qui aura lieu en 1999.

M. WILLIAM STRIBRAVY (Chambre de commerce internationale) a déclaré que la Chambre de commerce internationale (CCI) a soutenu le développement durable depuis le lancement de la Charte des entreprises pour le développement durable en 1992, peu avant la Conférence de Rio, qui reconnaît que le développement économique et la croissance, la protection de l'environnement et le développement social sont intimement liés et que les entreprises mondiales ont un rôle à jouer dans ces trois domaines. En ce cinquième anniversaire de la CNUED, la CCI réitère son engagement en faveur du développement durable.

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Les entreprises ont pris des mesures substantielles pour mettre en oeuvre les recommandations d'Action 21. Le 18 avril, les directeurs de sociétés membres de la CCI et du Conseil mondial des entreprises pour le développement durable décriront certaines de ces initiatives lors de la session de dialogue des entreprises et de l'industrie. Beaucoup reste à faire afin de réaliser les objectifs qui ont été posés par Action 21, mais il faut reconnaître les progrès qui ont été faits dans ce sens. Une nouvelle révolution industrielle est en marche, qui se traduit par l'évolution de l'attitude des entreprises à l'égard de l'environnement. Elles ont adopté une approche plus intégrée, en créant des processus et des produits plus respectueux de l'environnement, tout en satisfaisant les besoins et désirs du consommateur. La tendance est claire, même si toutes les sociétés ne se trouvent pas au même stade de la "révolution verte". Toutes les entreprises et industries, et pas seulement les grandes multinationales, doivent prendre part à ce mouvement en se comportant de manière responsable et en respectant les lois des pays où elles se trouvent, ainsi que les accords internationaux. Les gouvernements, quant à eux, doivent fournir le cadre nécessaire aux entreprises pour qu'elles puissent jouer leur rôle dans la société.

M. NICOLAS ROBINSON, Union internationale pour la conservation des ressources naturelles (UICN) a indiqué que l'Union qui regroupe 800 ONG se félicite des travaux de la Commission du développement durable. Elle la prie de prendre note des recommandations adoptées par consensus par le Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts. L'UICN propose la création d'une commission permanente du commerce et de l'environnement qui permettrait de mieux harmoniser ces deux secteurs. L'UICN se félicite de collaborer avec la Commission du développement durable à la mise en oeuvre d'Action 21.

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