ENV/DEV/405

LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE POURSUIT SON DEBAT DE HAUT NIVEAU

9 avril 1997


Communiqué de Presse
ENV/DEV/405


LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE POURSUIT SON DEBAT DE HAUT NIVEAU

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La cinquième session de la Commission du développement durable a poursuivi ce matin son débat de haut niveau qui est consacré, cette année, aux préparatifs de la session extraordinaire de l'Assemblée générale relative à l'évaluation d'ensemble de la mise en oeuvre d'Action 21 et au rapport final du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts.

La Commission a entendu la déclaration des responsables politiques suivants : M. Ahmed Noui, Secrétaire d'Etat Chargé de l'environnement de l'Algérie; Mme Isabel Tocino, Ministre de l'environnement de l'Espagne; M. Fernando Villalonga, Secrétaire d'Etat pour la coopération internationale de l'Espagne; M. Sarwano Kusumaatmadja, Ministre d'Etat à l'environnement de l'Indonésie; M. Thorbjorn Berntsen, Ministre de l'environnement de la Norvège; M. Gustavo Krause, Ministre d'état chargé de l'environnement du Brésil; M. Martin Bartenstein, Ministre de l'environnement, de la jeunesse et de la famille de l'Autriche; M. Robert Hill, Ministre de l'environnement de l'Australie; M. Jean Ping, Ministre de la planification, de l'environnement et du tourisme du Gabon; Mme Julia Carabias, Ministre de l'environnement du Mexique; M. Philippe Roch, Secrétaire d'Etat de la Suisse; M. Gert Hanekom, Ministre de l'environnement et du tourisme de la Namibie; M. Brendan Howlin, Ministre de l'environnement de l'Irlande; M. Ricardo Sanchez Sosa, Vice- Ministre de la Science, de la technologie et du milieu ambiant de Cuba; M. Johny Lahure, Ministre de l'environnement du Grand-Duché de Luxembourg; et M. Marco Antonio Gonzalez, Vice-Ministre du milieu ambiant et de l'énergie du Costa Rica.

La Commission a également entendu une déclaration de du représentant de la Chine et d'un parlementaire des Philippines.

La Commission a, en outre, entendu les déclarations des représentants des organisations non gouvernementales Cordillera Women's Education and Resource Centre, au nom du Caucus des populations autochtones, Greenpeace International et United Kingdonm Local Government Management, au nom de grands groupes.

La Commission poursuivra son débat de haut niveau demain, cet après-midi, à 15 heures.

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Suite du débat de haut niveau

M. AHMED NOUI, Secrétaire d'Etat chargé de l'environnement de l'Algérie, a déclaré que le Sommet historique de Rio a influencé, de manière significative, le débat international puisqu'il a fait des questions d'environnement et de développement durable un cadre privilégié de la coopération internationale et du partenariat mondial. L'Algérie a entrepris, ces cinq dernières années, d'importantes actions pour contribuer à l'effort international en matière de protection de l'environnement à travers la mise en oeuvre, à l'échelle nationale, du programme Action 21. L'Algérie poursuit inlassablement son combat contre la pauvreté considérée comme l'une des causes essentielles et la conséquence évidente de la dégradation de l'environnement. Au titre de la gestion durable de ses ressources naturelles, l'Algérie a adopté une politique de conservation et d'utilisation rationnelle et durable de l'énergie. L'Algérie lutte activement contre les phénomènes de la désertification et de l'érosion des sols et combat les pollutions et nuisances. Au plan institutionnel, de nombreuses mesures ont été prises.

M. Noui a rappelé qu'à l'occasion du Sommet de la terre, la communauté internationale avait unanimement reconnu la responsabilité des pays développés dans l'effort international en faveur du développement durable. Il a regretté l'évolution décourageante de la coopération internationale durant les cinq dernières années. L'aide publique au développement est aujourd'hui à son niveau le plus bas depuis la fin des années 60. Les chapitres de l'Agenda 21 relatifs au transfert des ressources nouvelles et additionnelles et de technologies écologiquement rationnelles sont restés lettre morte. Il en va de même des engagements contractés par les pays industrialisés dans le cadre des Conventions de Rio relatives aux changements climatiques et à la diversité biologique. Le Fonds de l'environnement mondial (FEM) ne répond pas encore aux attentes placées en lui. Le Ministre a déclaré que le projet de document final ne semble pas refléter convenablement cet état de fait et présente, du point de vue de la délégation algérienne, des insuffisances qu'il convient de corriger. La question relative aux ressources et au transfert de technologie, qui fait toute la force d'Agenda 21, gagnerait à être traitée avec beaucoup plus de clarté en vue de traduire par des mesures concrètes l'engagement affiché par la communauté internationale en faveur des pays en développement. La délégation algérienne propose qu'un mécanisme régulier de suivi des actions menées dans ce domaine soit institué dans le cadre de la Commission du développement durable.

Mme ISABEL TOCINO, Ministre de l'environnement de l'Espagne, a indiqué que son pays souscrit pleinement à la déclaration faite par les Pays-Bas au nom de l'Union européenne. Dans toutes les politiques adoptées dans les différents secteurs économiques, les gouvernements doivent veiller à favoriser et à promouvoir le développement durable. L'Espagne a pris des initiatives au niveau national et a participé activement à la deuxième conférence méditerranéenne sur le développement durable. Elle estime qu'il est très important de faciliter l'accès aux ressources marines. Il importe au plus

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haut point que la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'évaluation d'Action 21 débouche en juin sur des propositions en ce qui concerne la protection des forêts. A cet égard, l'Espagne organisera prochainement la première réunion internationale de la propriété autochtone. L'Espagne sera représentée en juin prochain à New York au plus haut niveau, puisque c'est le Président du Gouvernement en personne qui viendra présenter des propositions concrètes en matière de reboisement.

M. FERNANDO VILLALONGA, Secrétaire d'Etat pour la coopération internationale de l'Espagne, a déclaré que son pays accorde une importance capitale à la réalisation des objectifs du développement durable. 35% du volume de l'aide bilatérale non remboursable attribuée par l'Espagne est destinée à des projets liés à l'environnement. En application du plan d'action de Rio, le Gouvernement espagnol travaille à la mise au point d'un programme à grande échelle dans le domaine de l'environnement qui comprendra toute l'Amérique latine. Le Secrétaire d'Etat a annoncé la prochaine tenue en Espagne de la première Conférence internationale de la propriété intellectuelle autochtone, en application d'Action 21. Il est indispensable que la Session spéciale de l'Assemblée générale serve à réitérer et à approfondir le consensus international sur le caractère durable du développement et à renforcer les actions et moyens pour relever les défis urgents en matière d'environnement et de développement. A ce titre, l'Espagne souhaite que la Session spéciale aboutisse à une brève déclaration politique de la part des chefs de délégation, et à un document final qui regrouperait tous les accords et engagements. Ce document contiendrait les idées suivantes : le développement durable : une responsabilité partagée entre les pays développés et en développement; améliorer la qualité de l'aide publique au développement : un objectif indispensable, qui affirmerait que le pourcentage de 0,7% du PIB consacré à l'APD est un objectif qui doit être lié à une amélioration qualitative de l'aide; la société civile doit jouer un rôle important dans la coopération en matière de développement, avec l'aide des ONG et des entreprises internationales; lutte contre la pauvreté et appui au gouvernement : objectif essentiel et prémisse d'un développement durable, et rôles complémentaires à la coopération en matière de développement : changement de tous les modèles économiques et réforme progressive du commerce international.

M. SARWANO KUSUMAATMADJA, Ministre d'Etat à l'environnement de l'Indonésie, a déclaré que les résultats positifs obtenus depuis la Conférence de Rio l'ont été dans un contexte international caractérisé par la mondialisation et la libéralisation qui ont grandement stimulé la croissance économique et le développement. On ne peut nier que cette croissance et ce développement contribuent grandement à lutter contre la pauvreté et à stabiliser la croissance démographique, ce qui finalement aide à protéger l'environnement. Or force est de constater qu'en dépit de ces développements prometteurs, la situation d'ensemble de l'environnement mondial a continué de se détériorer.

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Pour surmonter ces échecs, la communauté internationale doit, entre autres, en rechercher les véritables raisons et identifier les problèmes au niveau mondial. Pour ce faire, il convient d'évaluer les progrès enregistrés depuis la Conférence de Rio sur la base de questions intersectorielles, à savoir le financement du développement, le transfert de technologies environnementales, l'accès aux marchés, l'adoption de véritables stratégies de développement et l'allégement, voire la suppression de la dette extérieure des pays en développement. La présente session de la Commission du développement durable doit, par conséquent, mettre l'accent sur la préparation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'évaluation d'Action 21 et préparer le terrain à l'adoption d'une convention sur les forêts.

M. THORBJORN BERNTSEN, Ministre de l'environnement de la Norvège, a estimé que la paix, la sécurité, la démocratie, la solidarité et le respect des droits de l'homme sont des préconditions au développement social et économique durable. Le phénomène de la mondialisation qui a engendré des progrès, a par ailleurs conduit à un accroissement des problèmes sociaux, de la pauvreté, de la dégradation de l'environnement et la marginalisation de groupes sociaux et de pays. Il faudrait que nous nous engagions à combattre ces tendances grâce à un système de partage équitable des tâches, a-t-il souligné. D'autre part, il importe que les pays développés consacrent 0,7 % de leur Produit national brut à l'aide au développement afin d'alléger le fardeau de pays lourdement endettés. L'aide au développement devrait constituer un atout permettant d'accroître les investissements durables dans les ressources humaines, naturelles, sociales et physiques. Se prononçant en faveur de nouveaux instruments politiques, le Ministre a estimé que la mise en oeuvre conjointe des activités constitue un exemple constructif de transferts de technologies et de partenariat.

Il importe également, lors de la session extraordinaire de l'Assemblée générale, de trouver des modalités en vue d'établir un impôt international sur le carburant de l'industrie aéronautique. Il est aussi essentiel de donner la priorité à la promotion de la consommation et de la production durables. Tous les pays ont le devoir d'explorer les moyens d'accroître l'efficacité écologique qui doit faire partie de l'effort général déployé par la communauté internationale. Le Ministre a indiqué que son pays est prêt à participer à la création et au financement de projets pilotes et de programmes visant à promouvoir la coopération technologique pour une production et une consommation durables. Il a insisté sur l'utilisation accrue de sources d'énergie renouvelables, sur l'élaboration des deux conventions relatives aux risques chimiques, sur l'utilisation durable des ressources marines et la lutte contre la pollution marine. Les accords touchant l'environnement devraient s'appuyer sur des évaluations scientifiques claires et comprendre des engagements collectifs équitables qui reflètent les responsabilités communes mais différenciées, a-t-il souligné.

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M. AMB. QIN HUASUN (Chine) se félicitant des efforts déployés dans l'application de la Déclaration de Rio et d'Action 21, a estimé qu'il reste beaucoup à faire pour atteindre les objectifs fixés. Les ressources financières déterminées dans Action 21 n'ont pas été mises à disposition. L'aide publique au développement, qui est la plus faible depuis 1973, ne représente plus que 0,27 % du Produit national brut des pays développés en 1996. Le transfert de technologies en faveur de l'environnement, nécessaire au développement durable des pays en développement, fait l'objet de retards. En outre, ajoute le représentant, l'environnement économique extérieur n'a pas fait l'objet d'améliorations notoires. De nombreux pays en développement pâtissent d'une structure économique faible, de la pauvreté, de la croissance démographique et du poids de la dette. La pratique du protectionnisme unilatéral érode le système d'échanges multilatéral, limitant d'autant plus l'accès des pays en développement aux marchés. Le représentant a dénoncé la pratique de certains pays développés qui consiste à demander aux pays en développement de remplir leurs obligations au-delà de leur niveau de développement sans prendre en compte leurs difficultés. Ceci entre en contradiction, a estimé le représentant, avec le principe des "responsabilités communes mais différenciées".

La prochaine session extraordinaire devrait être un stimulant politique pour la promotion de la coopération dans les domaines du développement et de l'environnement international. Mettre l'accent sur la mise en oeuvre au niveau national d'Action 21 sans coopération internationale et sans prendre en compte les difficultés propres aux pays en développement feront d'Action 21 un simple bout de papier. Il est donc indispensable, a souligné le représentant, de réaffirmer, lors de la session extraordinaire, l'importance des principes suivants : "indissociabilité de l'environnement et du développement", "responsabilités communes mais différenciées", "besoins et situations particulières des pays en développement". Le règlement des questions intersectorielles, et notamment celles liées aux ressources financières et aux transferts de technologies, est la clé de la mise en oeuvre efficace d'Action 21. Le représentant a lancé un appel aux pays développés pour qu'ils versent 0,7 % de leur produit national brut à l'aide au développement.

M. GUSTAVO KRAUSE, Ministre d'état chargé de l'environnement du Brésil, a rappelé que le récent Forum Rio+5 a permis de dresser un bilan. Les résultats obtenus cinq ans après Rio n'ont pas été suffisants. Il est cependant évident que la durabilité est une voie nécessaire. Des progrès ont été faits pour promouvoir le partenariat au niveau international. Des liens ont été établis entre la démocratie, la protection des droits de l'homme, la protection de l'environnement et le développement durable. Les problèmes qui touchent l'environnement exigent avant tout des solutions économiques. Il est impératif de trouver de nouvelles idées en ce qui concerne le transfert de ressources financières et de nouvelles technologies vers les pays en développement. Les pays développés devraient établir de nouveaux mécanismes

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permettant le développement durable. Le Ministre a déclaré que la session extraordinaire de l'Assemblée générale doit envoyer de clairs signaux politiques aux différents forums de négociation. Il a estimé que les conclusions et les recommandations du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts doivent être approuvées. L'importance de la question de la durabilité des forêts exige que soient mis en place des mécanismes internationaux.

M. ROBERT HILL, Ministre de l'environnement de l'Australie, a déclaré que, cinq ans après Rio, il n'y a pas eu de progrès dans de nombreux domaines. La dégradation des sols et de l'eau ainsi que la pollution des océans se poursuit. La biodiversité continue d'être menacée. Des groupes, tels que le Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts, ont établi des programmes qui, s'ils sont mis en oeuvre, permettraient une utilisation et une conservation durables des forêts. Le lien essentiel entre la réduction de la pauvreté et le développement durable a été établi. Des conventions ont été signées et des institutions ont été créées. Ce qu'il faut maintenant, de façon urgente, c'est agir afin de mettre en oeuvre les programmes et les déclarations qui ont été établis. L'Australie a commencé a mettre en oeuvre des programmes destinés à la protection et à la restauration de l'environnement. Un programme protégeant 15% des forêts de tous types est actuellement mis en oeuvre. L'Australie accorde une importance particulière au domaine de la préservation des océans. Elle s'efforce, en collaboration avec d'autres pays, à prendre des mesures pour protéger et gérer les ressources marines. L'Australie accorde une importance particulière à la question du changement climatique et a entrepris des actions sur le plan national. La préservation de l'eau douce est également une priorité du gouvernement australien. Il est capital de résoudre les problèmes liés aux développement des villes, tels que la pauvreté, les transports, le logement, la pollution et la gestion des déchets. La session extraordinaire de l'Assemblée générale doit permettre que des actions soient entreprises, de façon urgente, en vue de favoriser le développement durable.

M. JEAN PING, Ministre de la planification, de l'environnement et du tourisme du Gabon, après s'être associé aux déclarations faites par la République-Unie de Tanzanie, au nom du groupe des 77 et de la Chine, et par la France, a indiqué que cinq ans après le Sommet de Rio, le gouvernement et le peuple gabonais demeurent attachés aux objectifs d'Action 21 et s'efforcent de les mettre en oeuvre, dans la limite des ressources du pays. Mais, il demeure que le Gabon, à l'instar de tous les pays en développement, ne saurait à lui seul, sans une assistance internationale conséquente, réaliser un programme aussi vaste et complexe. Or, force est de reconnaître que sur le plan international, les engagements réaffirmés de façon consensuelle à Rio, notamment en ce qui concerne le financement d'Action 21, n'ont pas été pleinement respectés. Si une telle tendance n'était pas inversée, les efforts de la communauté internationale en faveur du développement durable seraient ruinés et aboutiraient à l'effet inverse, celui d'un sous-développement durable.

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Le Ministre a souligné que le transfert des technologies écologiquement rationnelles demeure indubitablement une donnée essentielle à la réalisation d'Action 21. Abordant la question des forêts, M. Ping a passer en revue les mesures adoptées par son pays et a invité la communauté internationale, en l'absence d'un consensus en la matière, à examiner de façon approfondie toute idée d'élaboration d'une convention contraignante qui tienne compte de tous les aspects contenus dans la réflexion entamée par le groupe intergouvernemental spécial sur les forêts. Le Ministre a réitéré le refus de son pays d'accepter toute classification discriminatoire qui le rendrait inéligible aux indispensables concours financiers nécessaires à son développement.

M. MARTIN BARTENSTEIN, Ministre de l'environnement, de la jeunesse et de la famille de l'Autriche, a estimé que le système énergétique doit être au coeur du débat sur le développement durable. L'accès aux services énergétiques est une pré-condition du développement socio-économique. C'est la raison pour laquelle, a-t-il expliqué, la session extraordinaire de l'Assemblée générale doit donner l'occasion de promouvoir une stratégie de promotion de l'énergie durable qui s'appuie sur une utilisation plus efficace de l'énergie et sur un emploi accru de technologies environnementales sans risque et en particulier des sources d'énergie renouvelable. Le Ministre a insisté sur l'importance d'un dialogue intergouvernemental pour la production d'énergie durable. A cet égard, il a préconisé de consacrer la session extraordinaire de l'Assemblée générale aux questions liées à l'énergie. Il a lancé un appel pour que les pays développés se conforment aux obligations du Mandat de Berlin pour ce qui est de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour ce qui est des transports, le Ministre a souligné que l'élaboration d'une stratégie dans ce domaine doit prendre en compte des mesures techniques et budgétaires, tout comme des mesures relatives au trafic aérien et naval. Il a rappelé que son pays accueillera la Conférence sur le transport et l'environnement à Vienne du 12 au 14 novembre 1997.

Dans le domaine du tourisme, l'Autriche est en faveur de la mise en oeuvre d'ajustements financiers appropriés entre les régions de plaine et de montagne, la réduction de la pollution causée par la circulation, l'utilisation efficace de sources d'énergie grâce à des incitations financières, la promotion du caractère multifonctionnel de l'agriculture de montagne et de la forêt et une approche globale multidisciplinaire du développement durable de la montagne. Le Ministre a estimé que le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) doit être renforcé et à cet égard a insisté sur l'importance de financements prévisibles et équilibrés. Pour ce qui est du fonctionnement de la Commission en elle-même, il a plaidé en faveur de panels régionaux qui contribueraient à renforcer les conclusions contenues dans les rapports nationaux et seraient à même de formuler des recommandations.

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Mme JULIA CARABIAS, Ministre de l'environnement, des ressources naturelles et de la pêche du Mexique, a évoqué les progrès accomplis et les impasses faites dans le processus du développement durable. Les efforts de tous les pays ont permis de retrouver les orientations fondamentales attendues du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) au sein duquel les politiques de l'environnement doivent être déterminées. Le PNUE est un programme qui opte de plus en plus en faveur de la décentralisation. Les relations entre le PNUE et la Commission du développement durable sont claires. Le Ministre a déclaré que l'on est en train de construire un nouveau modèle de développement. Des progrès ont été réalisés mais lentement. Il est urgent d'agir. Il faut rester très vigilant sur le plan international. Le développement durable a besoin d'un engagement collectif. Les conventions sur le changement climatique et la biodiversité doivent être mises en oeuvre. Il faut davantage définir les priorités et les objectifs concernant le développement durable. Une gestion durable des forêts est nécessaire. Le Ministre a regretté que le transfert des techniques soit insuffisant. Les questions de la pêche, de l'eau doivent être examinées de façon équilibrée. Il est essentiel de respecter les engagements pris afin de pouvoir obtenir des résultats concrets.

M. PHILIPPE ROCH, Secrétaire d'Etat de la Suisse, a souligné que le développement durable dépend d'abord de l'élimination de la pauvreté, qui, en soit, est inacceptable et qui contribue largement à la destruction de l'environnement. Il a mis l'accent sur la nécessité d'intégrer la protection de l'environnement aux activités socio-économiques. "C'est l'essentiel du rôle de la Commission du développement durable d'assurer la convergence des politiques socio-économiques et des politiques environnementales", a déclaré M. Roch. Le Secrétaire d'Etat a estimé qu'il convient de disposer au sein des Nations Unies d'une instance forte capable de défendre et de promouvoir le développement durable. Une telle instance existe déjà, c'est le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). Or, force est de constater que malgré un mandat renforcé récemment, le PNUE n'est pas actuellement en mesure de s'acquitter de cette tâche. Pour autant, la Suisse versera l'intégralité de sa contribution au PNUE et invite les autres Etats à en faire de même.

Abordant la tenue de la session extraordinaire de l'Assemblée générale qui sera consacrée en juin à l'évaluation de la mise en oeuvre d'Action 21, le Secrétaire d'Etat a prôné l'établissement d'un Groupe intergouvernemental sur l'énergie à l'instar de ce qui s'est fait pour les forêts. M. Roch a déclaré que la négociation d'une convention sur les forêts doit être poursuivie sans porter ombrage au dialogue en cours au sein du groupe intergouvernemental spécial sur les forêts. Selon lui, même si l'Organisation mondiale sur le commerce a obtenu des résultats probants en matière de développement durable, la communauté internationale doit désormais étudier l'ensemble des questions relatives au commerce et au développement durable.

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M. GERT HANEKOM, Ministre de l'environnement et du tourisme de la Namibie, a appuyé la déclaration faite par le Président du Groupe des 77 et de la Chine. La Namibie est le pays le plus sec de l'Afrique sub-saharienne et à ce titre doit relever de nombreux défis : lutte contre la désertification; gestion des ressources en eau; développement de ressources énergétiques; planification des ressources; lutte contre la pauvreté, le sous-développement et l'inégalité d'accès aux ressources, et gestion de l'environnement marin. La Namibie soutient les pays qui en ont appelé à un contrôle en matière environnementale et socio-économique. Ce contrôle doit être lié à un service d'information, et à la promotion de la démocratie et de l'éducation en matière d'environnement. Au moment de la Conférence de Rio, la Namibie, indépendante depuis peu, avait mis en place une constitution nationale dont deux clauses sont favorables à la promotion du développement durable et à la diversité biologique. Elle avait également établi une institution pour coordonner les actions menées dans le domaine de l'environnement dans le cadre de la promotion du développement durable, et avait adopté un document instituant une politique-cadre pour le développement durable, intitulé "plan vert de la Namibie", qui traite du développement économique et social dans le contexte d'une bonne gestion de l'environnement. Le Plan en 12 points de la Namibie pour la gestion de l'environnement intégrée et durable de 1993 établit les actions prioritaires qui doivent être prises, et qui font partie du plan national de développement de la Namibie pour 1995-2000.

La Namibie, convaincue de ce que les ressources naturelles sont le mieux gérées par les personnes qui en dépendent, a mis en place un vaste programme de gestion des ressources naturelles fondé sur les communautés rurales, et a modifié les lois afin de donner davantage de droits aux habitants eu égard à la faune et au tourisme. Dans les cinq prochaines années, plus de 10% du pays sera composé de réserves naturelles gérées par des communautés rurales. De la même façon, le Gouvernement de la Namibie encourage le développement d'initiatives des autorités locales dans la mise en oeuvre d'Action 21. Le Programme pour combattre la désertification regroupe le gouvernement, les ONG, les organisations communautaires et les partenaires de développement. La Namibie en appelle à la communauté internationale pour qu'elle mobilise les ressources nécessaires afin de compléter les efforts déployés par les pays affectés par la désertification dans la mise en oeuvre de la Convention pour combattre la désertification. La Namibie, qui a signé et ratifié un grand nombre d'accords internationaux en matière d'environnement, estime que la croissance économique, la création d'emplois, le développement des ressources humaines et l'égalité des sexes sont nécessaires pour combattre les problèmes économiques et sociaux qui entravent ses efforts de développement.

M. BRENDAN HOWLIN, Ministre de l'environnement de l'Irlande, a estimé que la nécessité de poursuivre des activités de promotion du développement durable est encore plus fort aujourd'hui au vu du phénomène de globalisation des activités économiques. Les progrès depuis Rio ont été lents et comme le

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montre le rapport du Secrétaire général, les besoins de base d'une grande partie de la population mondiale n'ont pas été pris en compte. Il est également clair, a ajouté le représentant, que la qualité de l'environnement est de plus en plus menacée. Néanmoins, des progrès ont été réalisés dans la mesure ou, par exemple, le développement durable constitue un principe directeur au sein de nombreuses administrations nationales. Au niveau international, la mise en oeuvre d'une série de conventions fera progresser la durabilité dans des domaines tels que les changements climatique, la diversité biologique et la désertification.

En Irlande, l'intégration des éléments du développement durable et environnemental aux politiques économiques clés constitue un défi majeur, a indiqué le représentant. Une stratégie du développement durable au niveau national est sur le point d'être publiée et intensifiera le processus d'intégration. Le représentant a indiqué son soutien aux priorités identifiées par M. De Boer au nom de l'Union européenne et a souligné l'importance qu'il y a à donner la priorité à l'élimination de la pauvreté et à l'aide alimentaire. Le processus de suivi de Rio, a-t-il précisé, doit également prendre en compte le phénomène de globalisation de l'économie. La libéralisation du commerce international et national, les changements intervenus dans le domaine des transports, des télécommunications, des technologies de l'information, constituent des facteurs importants du développement durable.

M. RICARDO SANCHEZ SOSA, Vice-Ministre de la Science, de la technologie et du milieu ambiant de Cuba, a déclaré que, depuis Rio, les différences entre les pays développés et en développement sont toujours aussi importantes. Le fossé entre les riches et les pauvres s'est accentué. Il faut plus que jamais une volonté politique, une solidarité et une justice mondiale et une répartition équitable. Il est important qu'il y ait un transfert de technologies écologiques sûres et de ressources financières suffisantes vers les pays en développement. Il ne peut y avoir de développement durable sans équité et sans coopération entre les Etats. Le chemin parcouru depuis Rio n'est pas satisfaisant. Il faut concrétiser les objectifs d'Action 21. Les décisions prises aujourd'hui sont vitales pour l'avenir.

Le Vice-Ministre a regretté, entre autres, la dégradation de l'environnement, l'augmentation de la dette extérieure et la diminution de l'Aide publique au développement. Dans un contexte international, il est regrettable que soient toujours appliquées aux pays en développement des politiques unilatérales et de chantage. La loi Elms Burton, qui renforce l'embargo à l'égard de Cuba, va à l'encontre des mesures devant être prises pour permettre le développement durable. Après Rio, des réformes ont été approuvées par le gouvernement cubain pour protéger l'environnement et mettre en oeuvre l'esprit de Rio. La dimension durable est encouragée dans l'économie cubaine. L'intégration de la dimension écologique nécessite une action constante. Cuba veut la concrétiser et déterminer les facteurs permettant de la réaliser. Il faut que les objectifs de Rio soient atteints et ce, dans les pays en développement, en particulier.

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Mme LETICIA R. SHAHANI, Sénateur des Philippines, a estimé que la prochaine session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'évaluation de la mise en oeuvre d'Action 21 devra aborder trois défis principaux. Tout d'abord, elle devra maintenir le principe retenu lors de la Conférence de Rio selon lequel les personnes doivent être au centre des politiques et programmes de développement. A cet égard, Mme Shahani a indiqué que le gouvernement philippin a adopté un Programme de réforme sociale qui constitue un ensemble intégré d'interventions visant à lutter contre la pauvreté. Le Sénateur a également rappelé que son pays partage la plupart des préoccupations et doit relever les mêmes défis que bien d'autres petits Etats insulaires en développement. Elle a souligné que la gestion des ressources doit non seulement avoir pour objectif de conserver les ressources environnementales, mais également de renforcer les pratiques socio- culturelles.

Les Philippines appuient l'appel en faveur de l'adoption d'une approche intégrée en matière de développement des ressources en eau douce. Pour ce faire, il importe d'identifier ou de développer un fonds multilatéral afin d'appuyer les efforts de gestion des ressources en eau, notamment ceux des pays en développement. La session extraordinaire devra également relancer l'esprit de partenariat mondial en faveur du développement durable qui était apparu à Rio. "Si des pays disposant d'une économie forte n'arrivent pas à assumer leurs responsabilités en matière de développement durable, comment peut-on espérer que les pays qui ont des performance économiques moindres parviendront à satisfaire les exigences du développement durable?" s'est interrogée Mme Shahani. Selon elle, au cours de la session extraordinaire, la communauté internationale devra également faire montre de sa volonté politique à mettre en oeuvre les objectifs d'Action 21.

M. JOHNY LAHURE, Ministre de l'environnement du Grand-Duché de Luxembourg, après s'être associé entièrement à la déclaration faite par les Pays-Bas, au nom de l'Union européenne, a estimé que plus que jamais, les pays industrialisés doivent procéder à un réexamen profond de leurs schémas de production et de consommation afin de pouvoir garantir un espace au développement des autres. "Depuis Rio, nous savons que le développement doit être durable", a déclaré le Ministre. Il a indiqué que la session extraordinaire de l'Assemblée générale devrait donner un signal clair à la troisième Conférence des Etats parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui aura lieu en décembre à Kyoto, pour que celle-ci aboutisse à l'adoption d'un protocole ou un autre instrument juridique. Sur le plan National, le Luxembourg s'est également fixé des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20% d'ici à l'an 2005 par rapport au niveau de 1990. Soulignant que le rôle à jouer par l'aide publique au développement reste très important, il a indiqué que son pays entend prendre ses responsabilités dans ce contexte. Pratiquement inexistante dans les années 80, elle s'élevait à 40% du PNB en 1996.

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M. MARCO ANTONIO GONZALEZ, Vice-Ministre du milieu ambiant et de l'énergie du Costa Rica, a déclaré que son pays s'est engagé à prendre des mesures fermes pour mettre en oeuvre les engagements de Rio. Le Président du Costa Rica s'est engagé à faire de son pays un exemple du développement durable. La durabilité du développement suppose un cadre politique stable. Le perfectionnement de la démocratie est essentiel. La participation sociale doit renforcer le dialogue et la concertation. Le Costa Rica a engagé des politiques nationales pour lutter contre la pauvreté, privilégier la santé et l'éducation. Divers plans de politique sectorielle sont aujourd'hui mis en oeuvre au Costa Rica. L'engagement du Costa Rica envers le développement durable a été difficile. La transition prend du temps et a des coûts supplémentaires qu'il faut assurer.

Le Costa Rica reste préoccupé par le transfert de techniques. En tant que pays en développement, le Costa Rica invite la communauté internationale à mettre au point de nouveaux modèles de coopération internationale. En matière de transfert de technologies, le Costa Rica est favorable à toutes les initiatives de techniques écologiquement propres. Il faut absolument que les engagements pris soient fixés dans le temps. Il est essentiel de renforcer le rôle des institutions du système des Nations Unies, notamment afin de déterminer les modes de financement facilitant le transfert de techniques. Les engagements et la volonté politique ont déjà été exprimés à Rio. Il faut maintenant une action déterminée pour mettre en oeuvre les engagements de Rio.

Mme VICTORIA TAULI-CORPUZ, Cordillera Women's Education and Resource Centre, au nom du Caucus des populations autochtones, a estimé qu'Action 21 n'a pas réaffirmé les droits fondamentaux des populations autochtones. C'est sa faiblesse essentielle. L'exploitation de mines montre à l'évidence que les droits des populations autochtones sont bafoués. La mondialisation et la libéralisation poussent les gouvernements à offrir les meilleurs avantages à de grands groupes industriels internationaux, ce qui va à l'encontre des droits des populations autochtones. On assiste ainsi à de nombreux conflits, parfois violents. Aussi, les populations autochtones sont-elles d'avis que la Commission du développement durable doit appuyer l'adoption d'une déclaration sur les droits de l'homme des populations autochtones par la Commission des droits de l'homme et l'Assemblée générale. La Commission devrait également contribuer à des discussions sur la création d'un Forum permanent sur les populations autochtones au sein des Nations Unies. La Commission devrait en outre organiser, au cours de chacune de ses sessions, une journée des populations autochtones et les associer à son programme de travail.

M. CURTIS, Greenpeace International, a déclaré que son organisation a été déçue par les déclarations qui ont été faites. Les observations sont trop vagues. M. Curtis a déclaré que son organisation demande que le document qu'elle a préparé et distribué aux délégations soit examiné. Davantage de mesures doivent être prises en ce qui concerne notamment la pêche, les produits chimiques et les forêts. De nombreuses lacunes doivent être comblées.

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M. TONY HAMS, United Kingdom Local Government Management au nom des grands groupes, a déclaré que les actions de l'Agenda 21 entreprises sur le plan local ont été importantes dans de nombreux domaines clés tels que la santé, l'environnement et les réseaux urbains. Un long chemin reste à parcourir. M. Hams a espéré que les recommandations faites par son organisation seront prises en compte et mentionnées dans le rapport de la présente session. La Commission du développement durable devrait fixer un objectif mondial pour la diffusion d'Agenda 21. Une action concertée entre les gouvernements locaux et nationaux est nécessaire.

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