Un haut responsable de coordination des Nations Unies a pris part, le 16 juillet, à une séance de renforcement des capacités organisée à Dakar par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) afin de présenter une série de programmes « phares » d’une valeur de 6,9 milliards de dollars américains pour le Sahel central et d’expliquer comment l’expertise technique et les instruments de financement de la JICA pourraient en accélérer la mise en œuvre.
M. Tarek Cheniti, Haut responsable de la coordination régionale au Bureau de la coordination des activités de développement (DCO) de l’ONU pour l’Afrique, a déclaré auprès de staffs nationaux réunis pour le séminaire de la Task Force Sahel de la JICA que la réforme onusienne a fait passer l’Organisation « de l’exécution de projets isolés à la transformation de vies grâce à des programmes systémiques co-crées avec les gouvernements ».
« Ces programmes ont été conçus avec des ministres, des leaders communautaires et des jeunes », a‑t‑il souligné. « Ils ne réussiront que si des partenaires tels que la JICA apportent expertise technique, transfert technologique, mobilisation du secteur privé et financements flexibles ».
Un haut responsable de coordination des Nations Unies présente aux équipes de la JICA lors d’une séance de renforcement des capacités à Dakar, le 16 juillet. ©CINU Dakar
Pourquoi l’ONU a présenté un briefing au personnel de la JICA
Ce séminaire de quatre jours, tenu du 14 au 17 juillet, réunit le personnel local des bureaux de la JICA en Afrique de l’Ouest pour renforcer leurs capacités en formulation, gestion et suivi de projets dans des zones fragiles ainsi passer en revue les plans d’actions élaborés dans le cadre de la Task Force Sahel pour les aligner à la stratégie de cluster « paix et stabilité de la région du Sahel » de la JICA.
La JICA Sénégal, organisateur du séminaire, a invité M. Cheniti à présenter l’approche « UN 2.0 » – axée sur les données, la co‑création, la transversalité et l’investissement – et à détailler les six transitions accélératrices des ODD soutenues par l’ONU : systèmes alimentaires, énergie renouvelable, connectivité numérique, éducation, emploi des jeunes et action climatique.
Une chargée de programme de la JICA Côte d’Ivoire souligne comment l’instabilité au Sahel touche les zones littorales voisines. ©CINU Dakar
Dix programmes, trois pays, un important déficit de financement
M. Cheniti a exposé les programmes phares :
- Au Mali, trois programmes intégrés (3,3 milliards de dollars américains) visent la restauration de 450 000 hectares, la construction de 5 000 kilomètres de routes rurales et la fourniture de repas scolaires locaux à six millions d’enfants, tout en élargissant les services de santé, de protection sociale et d’énergie solaire.
- Au Burkina Faso, 1,37 milliard de dollars américains est prévu pour une transformation agro‑alimentaire rapide visant 500 000 emplois, un basculement humanitaire‑développement‑paix au profit de 700 000 ménages, ainsi qu’une initiative de stabilisation pour moderniser quarante postes frontières et d’autres infrastructures clés.
- Au Niger, quatre programmes (1,84 milliard de dollars américains) mettent l’accent sur la souveraineté alimentaire, l’éducation et la formation, l’emploi des jeunes à grande échelle et la modernisation des services publics—primordiale dans un pays où une personne sur deux a moins de 15 ans.
À ce jour, plus de 800 millions de dollars américains – provenant entre autres sources du Fonds commun ODD de l’ONU et des agences participantes– ont été mobilisés pour appuyer le lancement de ces programmes. M. Cheniti a pointé des opportunités pour la JICA dans la veille anticipée, les mini‑réseaux solaires, la formation professionnelle et la transformation numérique.
Les équipes de la JICA en Afrique de l’Ouest découvrent les programmes phares de l’ONU pour le Sahel central. ©CINU Dakar
Les participants soulignent les effets de proximité régionale
Les échanges ont montré que l’évolution de la situation au Sahel central a des répercussions notables sur les États côtiers voisins.
« Le nord de la Côte d’Ivoire connaît un afflux de déplacés du Burkina, du Mali… », a indiqué Mme Constance Tokpa Klutse, Chargée de programme Gouvernance à la JICA Côte d’Ivoire, qui a demandé comment élaborer un projet plurinational avec les équipes onusiennes.
M. Cheik Assane Moctar Gansore, de la JICA Burkina Faso, a rappelé que les déplacés internes « veulent qu’on les apprenne à travailler et qu’ils soient productifs », rejoignant ainsi l’orientation des programmes sur la création de moyens de subsistance.
Prochaines étapes
M. Cheniti a encouragé les participants au séminaire à se rapprocher des bureaux des Coordonnateurs résidents de l’ONU au Burkina Faso, au Mali et au Niger – points focaux pour la conception conjointe des programmes, les discussions sur les financements groupés et le dialogue stratégique. Alors que le séminaire se poursuit, les deux organisations estiment pouvoir conjuguer la solidité technique et explorer des instruments financiers avec les programmes transversaux de l’ONU pour obtenir des résultats durables dans l’une des régions les plus fragiles du monde.