9 september 2024

Des journalistes, des experts environnementaux et des responsables des Nations Unies se sont réunis à Dakar pour échanger sur les moyens de renforcer la couverture médiatique de l’adaptation au changement climatique et promouvoir des pratiques de développement durable.

Cet atelier de capitalisation « Terra Africa » a mis en avant le rôle crucial des médias dans la promotion de la résilience climatique et de solutions durables au Sénégal et sur l’ensemble du continent africain.

Terra Africa est un projet qui permet aux journalistes de donner plus de visibilité aux voix locales, de partager les meilleures pratiques et d’inciter à l’action face aux défis urgents du changement climatique.

Organisé par Canal France International avec le soutien de l’Afrique 21 et financé par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français, l’atelier a rassemblé plus de 40 journalistes sénégalais le 7 septembre pour se concentrer sur les actions locales et l’adaptation au changement climatique, en insistant sur les engagements et les bonnes pratiques à renforcer.

Les voix locales sur l’adaptation au changement climatique

Lors de la table ronde du matin, Racine Kane, chef de mission pour la création d’un observatoire national sur le littoral et ancien Directeur Général de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature à Dakar, a délivré un message fort sur la relation de l’humanité avec la nature.

« Le changement climatique est un fait qui s'impose à l'humanité », a affirmé M. Kane. « Il ne faut pas penser que l’humanité peut vaincre la nature. C’est la nature qui prévaut toujours car les êtres vivants, les humains, font partie de la nature. »

M. Kane a souligné la nécessité de solutions naturelles et de stratégies d’adaptation pour parvenir à une harmonie avec l’environnement. Il a partagé une réussite dans le delta du Saloum, où les mangroves étaient exploitées de manière destructrice par les communautés récoltant des huîtres.

« Nous avons développé une technique qui a permis, grâce à l’utilisation de filets attachés aux mangroves, de récolter les huîtres sans avoir à les couper », a-t-il expliqué. « Cela a permis aux mangroves de se régénérer et de s’étendre. Aujourd’hui, elles ont gagné plus d’espace et d’importance. »

Amplifier les voix des jeunes

Après l’intervention de M. Kane, Lucia Saenz Terrero, spécialiste de l’adaptation au changement climatique et de l’environnement à l’UNICEF Sénégal, a mis en lumière la vulnérabilité des enfants face au changement climatique et l’importance d’amplifier les voix des jeunes.

« Les enfants sont naturellement très vulnérables car ils sont en période de croissance physique et cognitive », a fait remarquer Mme Terrero. « Le changement climatique affecte tous ces aspects de leur développement : la santé, la nutrition, l’éducation, et même la protection des langues. »

Mme Terrero a insisté sur le fait que les jeunes ne sont pas seulement des victimes, mais aussi des acteurs du changement. « Les journalistes jouent un rôle crucial dans l’amplification des voix des jeunes », a-t-elle déclaré. « Il est très important qu’ils mettent en lumière ce que font les jeunes pour l’adaptation au changement climatique et comment tous les acteurs peuvent s’appuyer sur cela pour réduire les vulnérabilités. »

Les priorités climatiques au Sénégal

Gabriel Pierre Doubay Ndiaye, responsable de la division des finances climatiques et de la transition écologique au Ministère de l’Environnement et de la Transition écologique, a souligné la priorité du pays en matière d’adaptation et la nécessité d’une action collective.

« L’adaptation est une priorité pour le pays », a déclaré M. Ndiaye. « Il est essentiel que tous les acteurs travaillent ensemble pour renforcer la résilience et améliorer la résilience des écosystèmes. »

Il a détaillé les différentes mesures d’adaptation mises en œuvre dans plusieurs secteurs, comme l’utilisation de variétés agricoles adaptées aux changements des régimes pluviométriques et l’installation de structures anti-sel pour lutter contre la salinisation des sols. « Nous avons aussi des efforts de reboisement avec les mangroves, qui aident à stabiliser les sols et à prévenir une dégradation supplémentaire des écosystèmes », a ajouté M. Ndiaye.

Habitat et changement climatique

Dans l’après-midi, les discussions ont porté sur l’habitat et le changement climatique, en mettant l’accent sur les matériaux innovants et la construction durable au Sénégal. Mame Bousso Faye, spécialiste du développement durable au PNUD Sénégal, a souligné la nécessité d’intégrer la durabilité dans les projets de développement.

« Toute politique, programme ou projet qui vise le développement doit aborder la viabilité économique, l’équité sociale et la durabilité environnementale », a expliqué Mme Faye. « Un habitat durable favorise l’inclusion sociale, l’accessibilité, la santé, le confort, l’efficacité énergétique, et prend en compte la gestion des déchets et la conservation des ressources naturelles. »

Mme Faye a mis en avant la capacité des journalistes à rendre les sujets complexes accessibles. « Nous traitons de sujets souvent très complexes, des sujets de niveau expert, et vous avez le talent de simplifier les choses », a-t-elle déclaré aux participants.

Cérémonie de remise des prix Terra Africa

Les événements de la journée se sont terminés par la cérémonie de remise des prix Terra Africa, où trois journalistes ont présenté leurs travaux devant un jury composé d’experts engagés dans la lutte contre le changement climatique. Famara Niassy de ZIG FM TV a remporté le premier prix, récompensant sa contribution marquante à la sensibilisation au climat au Sénégal.

Hiroyuki Saito, Directeur du Centre d’Information des Nations Unies à Dakar, a participé en tant que membre du jury, soulignant l’engagement des Nations Unies à soutenir les efforts des médias dans les reportages environnementaux.

Les prix ont mis en lumière le rôle crucial des médias dans la promotion d’un discours public éclairé et l’engagement citoyen en faveur de l’adaptation au changement climatique.