Rencontre avec Christine Thomas Kapalata

Précédemment membre du SWTP et deployée en République Centrafricaine.

Questions d'entretiens:

Pourquoi vouliez-vous commencer à travailler pour la paix et quel a été votre point d’entrée?

Je travaille avec la Mission de maintien de la paix des Nations Unies en République centrafricaine. Je suis basée dans une ville appelée Bouar située dans la partie occidentale du pays. Cette année, cela va faire 13 ans que je suis au département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Avant de rejoindre les Nations Unies, j'ai travaillé pour le ministère des affaires étrangères tanzanien, dont à la mission permanente tanzanienne auprès des Nations Unies à New York.

Racontez-nous l'histoire de ce que vous considérez comme votre plus grande récompense au cours de votre carrière? Et le moment dont vous êtes la plus fière?

Il y a beaucoup de petites récompenses quand on travaille avec une mission de maintien de la paix de l'ONU. La fierté vient avec la simple gratitude d'une femme quand vous remettez un puits à son village, sachant que ce puits lui évitera des heures de marche à la recherche d'eau. La fierté survient lorsque je vois le soulagement et le bonheur sur les visages de la population après avoir négocié avec succès le départ d’un groupe armé de son village après que celui-ci ait été occupé par des forces armées pendant des semaines, des mois, voire des années. Personnellement, j’étais aussi fière de ma promotion au poste de directeur (D1) en octobre 2015. C’était pour moi le point culminant de mon rêve en tant que fonctionnaire des Nations Unies et la validation de mon travail acharné auprès des Nations Unies pendant plus de dix ans.

Quel a été votre plus grand défi au cours de votre carrière?

Un grand défi pour moi et la mission, a été l’organisation d'élections présidentielle et législatives pacifiques en République centrafricaine en 2016. La probabilité que la mission réussisse était très faible! La plupart des gens étaient sceptiques quant à la possibilité de tenir des élections car le désarmement et la démobilisation des groupes armés n’avaient pas eu lieu. Pour beaucoup de gens - même certains collègues - on aurait dit que nous mettions la charrue avant les bœufs. C’était donc un grand défi pour nous, dirigeants, de convaincre non seulement la population, mais également les membres du personnel qui n’étaient pas totalement convaincus. Mais les élections se sont déroulées dans une atmosphère en grande partie pacifique et les Centrafricains ont élu leur président et leurs membres du Parlement.

Y a-t-il quelque chose à propos du travail dans ce domaine auquel vous ne vous attendiez pas au début?

De l'extérieur, l'ONU est très différente de ce qu'elle est en réalité une fois qu'on la rejoint et qu'on commence à travailler en son sein. Avant de rejoindre les Nations Unies, j'avais l'impression que c'était l'organisation la plus puissante et la plus respectée au monde et que tout fonctionnait parfaitement. Cependant, après mon arrivée et mon déploiement sur le terrain, je me suis rendu compte que l'Organisation - comme beaucoup d'autres - avait de nombreux défis à relever car les besoins sont nombreux et les ressources limitées. Je me suis aussi rendu compte que le maintien de la paix ne concerne pas uniquement les Casques bleus, il s'agit en réalité d'un ensemble d'activités telles que le désarmement, la protection des enfants, les droits de l'homme, pour n'en citer que quelques-unes. J'ai aussi réalisé que le travail d'un soldat de la paix est assez complexe. J'ai aussi appris que l'ONU est une organisation parfois révérée et parfois critiquée, mais absolument indispensable.

Quelles sont les leçons les plus importantes que vous voudriez partager avec toute personne intéressée par une carrière dans les opérations de paix de l’ONU?

Pour tous ceux qui aspirent à rejoindre l’Organisation des Nations Unies, l’information la plus importante que je puisse partager est qu’il est d’une importance capitale d’avoir une solide formation académique dans son domaine de prédilection. Il s'agit d'une base pour vous permettre de donner le meilleur de vous-même. Il est également important de vouloir travailler dans toutes les conditions et dans diverses circonstances, car l’ONU est un mélange de cultures, de traditions et d’origines.

Avez-vous une habitude personnelle ou un trait qui a été critique pour votre succès?

Je pense que c'est mon attitude à l’égard des tâches complexes et ma capacité à faire preuve de tolérance. Je crois également qu'il est important de voir les forces des membres de toute équipe avec laquelle je travaille. Cela a été mon atout le plus important. Je crois que ces attributs m'ont permis de bien travailler avec des collègues et des dirigeants de divers horizons.

Quelle est votre description de travail? Pouvez-vous décrire une semaine ou un mois de travail typique?

Je suis cheffe de bureau dans un bureau de terrain situé à 450 km du siège de la mission. En tant que cheffe de bureau, je suis responsable de la gestion du bureau extérieur et je représente également le chef de mission dans la région. La gestion englobe d’autres aspects tels que l’analyse, le conseil et la production de rapports. Dans mon champ d’activité, il y a également la responsabilité du planning, de la coordination et de la facilitation des activités dans le bureau de terrain et, dans certains cas, dans l'ensemble du secteur. Un autre aspect important de mon travail est celui de coordinatrice de la sécurité de zone. Cela signifie que je suis responsable de la sécurité du personnel de l'ONU en consultation avec le responsable régional de la sécurité. Je suis donc le lien pour les questions de sécurité entre le responsable désigné, qui est le chef de mission, et les membres du personnel sur le terrain. Chaque jour est différent et chaque jour comporte des défis et des opportunités. Une journée type commence normalement par des réunions matinales avec des membres du personnel, des forces armées ou avec les autorités locales, en réponse aux demandes / questions ou en fournissant simplement des conseils aux membres du personnel. En tant que représentant du chef de mission, je suis généralement appelée à le représenter dans bon nombre d'activités sur le terrain ou au niveau du secteur. Comme le bureau de terrain compte une dizaine de sections différentes, cela signifie qu'une fois par semaine en moyenne, je dois assister à une cérémonie ou à une activité au nom du chef de mission. Il est également de ma responsabilité de veiller à ce que le siège de la mission soit informé chaque jour de ce qui se passe dans le secteur. Il incombe au chef de bureau de s’assurer de l’exactitude du rapport qui est transmis au siège tous les soirs et en temps voulu.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler pour les opérations de paix des Nations Unies?

J'ai été représentant de mon gouvernement (Tanzanie) à la troisième commission de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York pendant près de six ans. Pendant ce temps, j'ai dû travailler en étroite collaboration avec le Secrétariat des Nations Unies. J'admirais le stoïcisme des différents départements de l'ONU et la manière dont ils ont répondu aux demandes des États Membres, en particulier en ce qui concerne les demandes adressées au Secrétaire Général de produire des rapports sur une variété de sujets. Cela m'a donné l'impression que l'Organisation devait être une organisation très bien gérée, dotée d'un personnel très compétent. J'ai donc développé le désir de travailler avec le Secrétariat de l'ONU. Au départ, je n’avais pas de désir particulier quand au département avec lequel je voulais travailler - j'étais simplement heureuse d'être associée au prestigieux Secrétariat des Nations Unies. J'ai postulé plusieurs fois sans réponse. Et puis un samedi matin, lorsque j’ai ouvert mon ordinateur, j’ai vu que j’avais reçu l’offre de rejoindre le Département des opérations de maintien de la paix. J'étais aux anges. Je n'ai pas été difficile dans mon affectation, tout ce que je voulais, c'était travailler avec les Nations Unies.

Quelles sont selon vous les compétences les plus importantes nécessaires aux opérations de paix des Nations Unies?

Pour être efficace aux Nations Unies, il faut avant tout être compétent et professionnel dans son domaine. Le sens du contact est également très important; j'entends par là qu'il faut être capable de travailler avec des personnes de divers horizons. Cela nécessite le respect de la diversité, la tolérance et l'esprit d'équipe. Travailler dur est également indispensable quand on est employé par l'ONU.

Nous savons que nombre de nos membres aimeraient avoir des conseils sur la manière d’obtenir un emploi aux Nations Unies. Avez-vous de bons conseils à partager?

Un des conseils que j'ai à offrir est savoir faire preuve de persévérance. Les Nations Unies recevant des applications du monde entier, il faut parfois du temps pour passer en revue les nombreuses candidatures. De même, je suggérerais la compétence: l'ONU souhaite recruter le meilleur personnel possible, il est donc important de connaître votre sujet et d'avoir confiance en votre expertise.

En bref

 

 Nom: Christine Thomas Kapalata

 

 

 Nationalité: République-Unie de Tanzanie

 

 

 Intitulé du poste: Précédemment Cheffe de cabinet,  Mission multidimensionelle intégrée des Nations Unies  pour la stabilisation en République Centrafricaine  (MINUSCA)

 

 

 Emplacement: Bouar, République Centrafricaine