Chronique ONU

SOIXANTE ET UNIÈME ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Deuxième Commission (économique et financière)

Coordonnée et rédigée par Jonas Hagen et Melissa Gorelick

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L'article
La Deuxième Commission a continué de s'attaquer aux énormes défis que sont l'inégalité, la pauvreté et la dégradation de l'environnement. Nombre de pays se sont dits déçus du manque de progrès dans les négociations multilatérales de Doha, organisées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui ont pour objectif d'augmenter la croissance économique en réduisant les barrières commerciales dans le monde. L'échec des négociations serait dû au refus des pays développés d'éliminer leurs subventions agricoles. Le Secrétaire général de l'OMC, Pascal Lamy, a dit à la Commission que des efforts politiques importants étaient nécessaires de la part de l'Europe et de l'Amérique du Nord pour éviter l'échec du cycle de Doha, lequel visait à améliorer l'accès au marché des biens produits dans les pays en développement en réduisant le protectionnisme agricole. La Commission a adopté une résolution appelant les pays développés à faire preuve de souplesse et de volonté politique et à reprendre les négociations. Un rapport du Secrétaire général sur le commerce et le développement a également été présenté, indiquant que le commerce Sud-Sud continuait de progresser, avec 42 % d'exportations des pays en développement vers d'autres pays en développement. Le Secrétaire général adjoint aux Affaires économiques et sociales, José Antonio Ocampo, a déclaré que la quarantaine de résolutions adoptées par la Commission contribueraient de manière significative à éradiquer la pauvreté et à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.

Le changement climatique, un danger de plus en plus réel
Mais il n'existe toujours pas de consensus

En 2006, les rejets d'oxyde de carbone dans l'atmosphère par les usines et les voitures ont connu des seuils optimaux. Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat a déclaré que ces émissions étaient responsables de l'effet de serre et estimé que les températures moyennes mondiales augmenteraient de 1,4 à 5,8 °C d'ici à 2100, entraînant la fonte de la calotte glaciaire et la hausse du niveau des mers.

Alors que le réchauffement climatique est une question de plus en plus abordée par les médias et qui fait partie de la politique générale de nombreux pays, les délégués de la Deuxième Commission n'ont pas réussi à obtenir un consensus sur une résolution qui réitère le soutien aux efforts des Nations Unies pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Lors d'une réunion à Nairobi, au Kenya, d'importantes mesures ont cependant été prises pour s'assurer que les pays africains bénéficient de l'introduction des technologies vertes et que les pays en développement s'adaptent au changement climatique.

Créée suite au Sommet de la Terre, qui s'est tenu en 1992 à Rio de Janeiro, au Brésil, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) est entrée en vigueur en 1994. Quelque 189 pays ont ratifié la Convention qui vise à prévenir le réchauffement de la planète en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et place en grande partie le fardeau sur les pays industrialisés considérés la principale source du problème. Le Protocole de Kyoto, qui s'appuie sur la Convention et établit des objectifs spécifiques et juridiquement contraignants pour les pays industrialisés, exige une réduction totale d'au moins 5 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990 au cours de la période d'engagement 2008-2012. Établi en 1997, le Protocole est entré en vigueur en février 2005, après la ratification de la Fédération de Russie.

Le texte sur la " protection du changement climatique pour les générations actuelles et futures " a reflété les préoccupations internationales concernant le réchauffement climatique, a indiqué Sufaya Ebrahim Zia, de la Mission permanente de l'Afrique du Sud auprès des Nations Unies, dont la délégation a présenté la résolution au nom du Groupe des 77 pays en développement. Il mentionne les divers efforts menés par les organismes de l'ONU pour traiter l'évolution du climat, tels que le Protocole de Kyoto et ses " mécanismes souples ", notamment le mécanisme pour un développement propre (MDP) par lequel les pays industrialisés peuvent obtenir des " crédits d'émission de carbone " qui les aident à respecter leurs propres engagements pris dans le cadre du Protocole en investissant dans un projet d'un pays en développement afin de réduire les émissions de carbone. Par exemple, le Conseil municipal du Cap, en Afrique du Sud, a installé des chauffe-eau et des lampes solaires à basse consommation et isolé les plafonds dans 2 300 habitations à bon marché. Les toits isolés permettent de réduire la quantité de poussière et d'améliorer la qualité de l'air à l'intérieur en utilisant moins les poêles au kérosène. Le projet permet d'améliorer l'efficacité énergétique ainsi que la santé des résidents et de réduire les émissions de carbone. Il génère également des emplois pour les travailleurs locaux, qui installent et assurent l'entretien des lampes, des plafonds et des chauffe-eau solaires produits localement. Les premiers 10 000 crédits carbone générés par le projet ont été vendus au Royaume-Uni en 2005 à raison de 15 euros l'unité (environ 22,50 dollars).

Un projet MDP au Cap, en Afrique du Sud, fournit des chauffe-eaux solaires aux residents de logements sociaux. Photo/SouthSouthNorth

Selon Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la CCNUCC, le MDP a connu un certain succès (plus de 1 000 projets sont en cours d'approbation), ce qui se traduira par un investissement de 75 milliards de dollars dans les pays en développement. Dans le cadre du plan-cadre de Nairobi, une initiative présentée par l'ancien Secrétaire général Kofi Annan à la 12e Conférence des parties à la CCNUCC en novembre 2006, les pays africains recevraient une assistance pour développer leurs projets MDP. La réunion a été un " grand succès " car elle a permis de renforcer la confiance des pays en développement vis-à-vis des efforts menés par l'ONU pour réduire les changements climatiques, a-t-il estimé. Autre succès : le " fonds d'adaptation ", qui est destiné à financer des projets, comme la construction de murs pour protéger les villes côtières contre l'élévation du niveau de la mer et la restauration des zones humides pour protéger les régions côtières contre les tempêtes, alors que les pays font face aux effets du changement climatique. Le fonds est particulièrement intéressant car il ne dépend pas de donateurs mais est financé à l'aide de fonds provenant de projets exécutés au titre du mécanisme pour un développement propre. Malgré ces développements positifs, le débat de la Commission sur la résolution s'est trouvé dans une impasse alors que les pays n'ont pas réussi à s'entendre sur un texte commun. L'Union européenne, représentée par la Finlande, a appelé à voter, puis s'est abstenue. Pour Mme Zia, ce fut une déception. " Jusqu'à la dernière minute, nous nous sommes efforcés d'obtenir un document de consensus. "

Dans une déclaration envoyée par la Mission de la Finlande à la Chronique ONU, l'Union européenne a indiqué que cette résolution n'était " pas adéquate pour répondre à la menace sérieuse posée par les changements climatiques et qu'elle ne reflétait pas les actions que nous devons tous prendre pour y répondre ", considérant qu'elle était un " pas en arrière " par rapport aux progrès réalisés lors de la conférence en novembre 2006. Toujours selon la déclaration, l'Union européenne tenait à souligner l'importance du processus prospectif pour s'attaquer à la question des changements climatiques, ce qui était impossible à mettre en œuvre dans le cadre de la résolution. Cependant, l'Union a souligné le caractère urgent de la question et le rôle central des Nations Unies, considérant que " le changement climatique constitue une menace pour la paix, le développement et la prospérité économique, pas dans l'avenir mais dans le présent. L'ONU doit être au centre des efforts visant à lutter contre le changement climatique. "

Pour M. de Boer, l'absence de consensus au sein de la Commission reflète la " nervosité croissante de la communauté internationale sur les prochaines mesures qui seront prises pour lutter contre le changement climatique ". Il a fait remarquer que les discussions concernant le Protocole de Kyoto après 2012 devraient débuter bientôt, considérant que les négociations et les ratifications pouvaient prendre plusieurs années. La clé du succès du Protocole est d'assurer aux pays industrialisés de pouvoir respecter leurs engagements de façon rentable, a souligné M. de Boer, et s'assurer qu'un nouveau cadre sera propice à l'éradication de la pauvreté et au développement des technologies respectueuses de l'environnement dans les pays en développement. Il a appelé les chefs d'État à faire preuve de leadership, et les Nations Unies à poursuivre leurs efforts. " J'espère que le nouveau Secrétaire général fera du réchauffement climatique une priorité. "

 
 
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