Chronique ONU

Les autres maux de l'Inde
COMMENT UNE VICTIME FAIT LA DIFFÉRENCE

Par Michael Parker

Imprimer
Page d'accueil | Dans ce numéro | Archives | Anglais | Contactez-nous | Abonnez-vous | Liens
L'article

Le 21 août 2006, les rôles se sont inversés : une trafiquante a été arrêtée grâce à l'intervention d'une femme qu'elle avait vendue comme prostituée il y a sept ans.
Passant par la gare de New Delhi, Seelu a reconnu Rukmani et, prétendant vouloir acheter des filles, a détourné son attention suffisamment longtemps pour que les travailleurs sociaux de Shakti Vahini arrivent sur les lieux et appellent la police. Rukmani était sur le point de vendre une jeune fille de 22 ans, originaire de Maharashtra, et ses deux enfants aux tenanciers d'un bordel de la GB Road. L'affaire fait actuellement l'objet d'une enquête et le filet se referme sur d'autres personnes impliquées dans la prostitution forcée dont Seelu a été victime.*

À la veille du festival de Ganesha, une fête célébrée avec ferveur en Inde en hommage à une déesse qui a le pouvoir d'éliminer les obstacles, Seelu a probablement eu l'impression qu'une main providentielle avait placé cette personne sur sa route. Mais le mérite lui revient, pour sa présence d'esprit, ainsi qu'à tous ceux qui l'ont aidée à reconstruire progressivement sa vie depuis qu'elle a été secourue il y a deux ans. D'après Ravi Kant, de Shakti Vahini, les dernières études réalisées en Inde indiquent que moins de 10 % des filles victimes de la traite sont secourues, dont deux tiers replongent dans la prostitution.** Seelu fait partie d'une catégorie rare de filles secourues qui voient finalement les trafiquants et les autres personnes responsables de leur exploitation traduits en justice.


Si, par son action, Seelu a sauvé une autre femme et ses enfants de l'horrible destin qui les attendaient, elle a aussi mis à jour une opération ayant de plus vastes ramifications. Pendant des années, Rukmani opérait dans un district pauvre de Maharastra où de nombreuses filles étaient victimes de la traite. Un journal a été découvert donnant les détails de ses contacts dans les quartiers de prostituées de Mumbai et de New Delhi. Ces renseignements sont très utiles et le Ministre du gouvernement de l'union, qui représentait le district, a été sollicité pour apporter son appui à une enquête sur la disparition de toutes les filles.


Seelu peut jouer un rôle important en secourant de nombreuses autres filles qui verront leurs trafiquants traduits en justice. C'est un moment dont elle est fière, laissons donc lui la parole : " Je savais immédiatement ce que Rukmani allait faire de la jeune fille qui était avec elle. Elle détruit la vie des femmes, mais la détermination renforce les femmes. J'espère continuer à faire ce travail et réussir à attraper ces gens. Je veux lutter contre eux. " Un peu nostalgique à la pensée de ses deux enfants qui sont maintenant en pension, elle ajoute : " La fille qui était avec Rukmani pourra maintenant élever ses deux enfants. J'espère que Dieu m'accordera cette chance. "

* Cet article fait suite à l'article de Michael Parker " Les autres maux de l'Inde : La traite des êtres humains et la propagation du VIH ", publié dans la Chronique ONU, numéro 2, 2006.

** Trafficking in Women and Children in India (2006). Institut des études sociales, Commission nationale des droits de l'homme, Fonds de développement des Nations Unies pour la femme.



 

 
 
Page d'accueil | Dans ce numéro | Archives | Anglais | Contactez-nous | Abonnez-vous | Liens
Copyright © Nations Unies
Retour  Haut