Chronique ONU

" DU COMBUSTIBLE POUR LA VIE "
Énergie à usage domestique et santé

Par Erika Reinhardt

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L'article

La pollution de l'air à l'intérieur des habitations due à l'utilisation de combustibles solides, comme le bois, la bouse de vache et le charbon, pour la cuisine et le chauffage, est responsable d'au moins 1,5 million de décès par an dans le monde. Elle cause des infections des voies respiratoires aiguës chez les enfants de moins de cinq ans et des maladies pulmonaires obstructives chroniques chez les adultes.

" Il est révoltant que 1,5 million d'êtres humains - pour beaucoup des enfants dont la vie n'a même pas encore commencé - meurent tous les ans pour avoir été exposés inutilement à de la fumée à l'intérieur des habitations. Nous disposons de solutions simples et peu coûteuses. Faisons en sorte qu'elles deviennent accessibles à ceux qui sont susceptibles d'en profiter et de survivre grâce à elles en les mettant en œuvre ", a déclaré le docteur Maria Neira, directrice du département de la santé publique et de l'environnement à l'OMS ". Les niveaux d'exposition, qui sont particulièrement élevés parmi les femmes et les enfants qui passent une grande partie du temps à l'intérieur, auprès du feu, ont causé près de 800 000 décès parmi les enfants et plus de 500 000 parmi les femmes en 2002. Dans les pays en développement, la pollution de l'air intérieure est la principale cause de décès après la malnutrition, les rapports sexuels sans protection et le manque d'assainissement. Avec respectivement 396 000 et 483 000 décès par an, l'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud-Est sont particulièrement touchées.

© photo OMS/P. Virot

L'emploi de combustibles inefficaces et polluants porte gravement atteinte à la santé des familles pauvres des pays en développement qui n'ont pas les moyens de se procurer des combustibles et des appareils plus propres et plus efficaces, ce qui compromet le développement économique, perpétuant ainsi le cycle vicieux de la pauvreté. Un nouveau rapport de l'OMS intitulé Du combustible pour la vie : énergie à usage domestique et santé, publié pour coïncider avec la Quatorzième réunion de la Commission du développement durable des Nations Unies, démontre qu'investir dans une énergie domestique plus propre peut permettre de multiplier par sept les bénéfices économiques en matière de santé et de gain de productivité. Il donne une vue d'ensemble de l'impact de la pollution sur la santé et propose des solutions pour améliorer la santé et le développement afin de relever le défi. Il indique que des mesures politiques innovantes sont nécessaires, que le rythme des investissements doit être accéléré pour sauver des vies et permettre le développement et que les progrès vers l'emploi de combustibles modernes pour cuisiner ont été négligeables depuis 1990.

Pour réduire de moitié d'ici 2015 la population qui a recours à des combustibles solides, 485 000 personnes devront avoir accès à des combustibles plus propres chaque jour au cours des dix prochaines années. Le rapport indique que le coût total de 13 milliards de dollars par an pour réduire de moitié d'ici 2015, au niveau mondial, le nombre des personnes qui utilisent des combustibles solides pour cuisiner, en leur donnant accès au gaz de pétrole liquéfié, dégagerait un bénéfice annuel de 91 milliards de dollars, ce qui permettrait de progresser vers les Objectifs du Millénaire pour le développement. Les pratiques énergétiques des ménages encouragent l'éducation, l'autonomisation des femmes et sauvent des vies - principalement celles des enfants et des mères - et sont bénéfiques pour les forêts et le climat. De plus, l'évaluation de l'impact des projets et des programmes permettra de rendre les solutions techniques plus efficaces pour maximiser les bénéfices sanitaires, sociaux et environnementaux. En faisant le bilan des leçons apprises, il sera possible de fournir un modèle pour mettre en pratique des projets à grande échelle qui soient efficaces.

Le gaz de pétrole liquéfié ainsi que d'autres combustibles plus propres constituent l'alternative la plus saine, indique le rapport. L'emploi d'un fourneau amélioré permet de réduit la fumée à l'intérieur des habitations. En moyenne, 100 millions de foyers supplémentaires qui utiliseraient ces combustibles modernes pour faire la cuisine éviteraient à 473 millions de femmes, d'enfants et d'hommes d'être exposés aux effets nocifs de la pollution de l'air à l'intérieur des habitations et réduiraient de 282 000 le nombre annuel de décès dus aux maladies respiratoires. Pour seulement six dollars, les familles peuvent installer des fourneaux mieux ventilés utilisant les combustibles de manière plus efficace. En équipant de fourneaux améliorés la moitié des ménages qui continuent à utiliser des fourneaux traditionnels, on pourrait réduire de 34 milliards par an les dépenses pour l'achat de combustibles et dégager un bénéfice annuel de 105 milliards de dollars sur une période de 10 ans.

L'OMS a mis au point un programme détaillé sur la pollution de l'air à l'intérieur des habitations centré sur la recherche et l'évaluation, le renforcement des capacités et le recueil de données destinées aux responsables. Il repose sur quatre piliers : la collecte des informations sur le fardeau sanitaire représenté par la pollution de l'air à l'intérieur des habitations et l'énergie à usage domestique, l'évaluation de l'efficacité des solutions techniques et de leur mise en œuvre, l'action de sensibilisation menée sur le plan mondial pour faire de la santé un élément central des politiques énergétiques internationales et nationales et le suivi de l'évolution des habitudes en matière d'énergie à usage domestique. L'OMS travaille en étroite collaboration avec des partenaires, notamment Partnership for Clean Indoor Air, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la Banque mondiale, ainsi qu'avec de multiples institutions de recherche et organisations non gouvernementales. Elle prend aussi une part active à des projets au Kenya, en République démocratique populaire lao, en Mongolie, au Népal et au Soudan, visant à améliorer les fourneaux et à introduire d'autres solutions techniques pour réduire la pollution de l'air à l'intérieur des habitations. Elle s'est associée à l'étude scientifique la plus en pointe jamais entreprise à ce jour, qui se poursuit au Guatemala, afin d'évaluer comment un fourneau amélioré peut être bénéfique pour la santé des enfants et des femmes.

Pollution de l'air intérieure, énergie domestique et OMD

L'OMS a été chargée d'évaluer les progrès menés pour réduire la pollution de l'air à l'intérieur des habitations due à l'usage de combustibles solides pour cuisiner et pour se chauffer, l'un des principaux facteurs à risque environnementaux, en surveillant régulièrement la proportion des foyers utilisant ces combustibles au niveau national afin de refléter les progrès accomplis dans le développement et la réduction de la pauvreté et de servir d'indi+cateur pour mesurer les progrès en matière de santé publique.

Améliorer l'accès à une énergie plus propre et adopter des pratiques énergétiques plus propres peut contribuer à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). L'énergie à usage domestique et la pollution de l'air à l'intérieur des habitations sont étroitement liées à la réalisation de ces objectifs, en particulier en ce qui concerne la réduction de la mortalité infantile, la promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, la promotion des activités génératrices de revenus, l'éradication de la pauvreté extrême et la recherche d'un environnement durable. L'OMS est l'organisme qui est chargé de communiquer la proportion de la population utilisant des combustibles solides en tant qu'indicateur permettant de rendre compte des progrès réalisés vers l'objectif 7 du Millénaire pour le développement, assurer un environnement durable. Cet indicateur est, certes, utilisé pour évaluer les progrès vers l'intégration des principes du développement durable dans les politiques et les programmes nationaux et contrer la perte de ressources écologiques.

1. Éradiquer l'extréme pauvreté et la faim. La sécurité des moyens d'existence des ménages dépend de la santé de ses membres. Le fait de tomber malade ou de devoir s'occuper des enfants malades réduit la capacité de gagner sa vie et entraîne des dépenses supplémentaires en soins de santé et en médicaments. Améliorer les pratiques énergétiques des ménages offre des possibilités de génération de revenus et de développement de petites entreprises : les fourneaux améliorés qui utilisent moins de combustibles facilitent la préparation des aliments; l'électricité est une source de lumière qui permet d'avoir des activités économiques le soir.

2. Assurer l'éducation primaire pour tous. Consacrant moins de temps à rechercher des combustibles et étant moins souvent malades, les enfants auront davantage de temps pour aller à l'école et faire leurs devoirs. Un meilleur éclairage leur permet d'étudier le soir sans que cela nuise à leur vue.

3. Promouvoir l'égalité des sexes. L'emploi d'appareils plus efficaces allégera la corvée du ramassage de combustibles et réduira le temps consacré à la cuisine, ce qui permettra aux femmes d'entreprendre des activités génératrices de revenus, de suivre des cours pour adultes et de s'occuper des enfants. La participation des femmes aux décisions du foyer contribue à promouvoir l'égalité des sexes et à donner une certaine autonomie aux femmes. Le fait de posséder un fourneau moins polluant rehausse le prestige de la femme indirectement car elle bénéficie ainsi d'une cuisine exempte de suie et de fumée.

4. Réduire la mortalité infantile. Le fait de réduire l'exposition à la pollution à l'intérieur des habitations contribuera considérablement à faire baisser la morbidité et la mortalité infantiles, responsable de près d'un million de décès chez les enfants de moins de cinq ans.

5. Améliorer la santé maternelle. Les femmes, qui sont généralement chargées de la préparation des repas, sont davantage exposées au risque de problèmes respiratoires chroniques. Le fait de réduire la pollution de l'air à l'intérieur des habitations permettra aux habitants de mieux respirer, notamment aux jeunes mères qui passent beaucoup de temps auprès du feu après la naissance de leur enfant.

6. Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies. L'exposition à la pollution de l'air à l'intérieur des habitations accroît le risque de tuberculose. Responsable d'environ 1,6 million de décès par an, la tuberculose est l'une des principales causes mondiales de décès.

7. Assurer un environnement durable. La dépendance envers le bois de chauffage peut exercer de fortes contraintes sur les forêts, en particulièrement lorsque la biomasse est rare et que la demande en bois dépasse le reboisement naturel. En fonction du contexte environnemental, la déforestation est une cause importante de la dégradation des sols et de la désertification. Les fourneaux traditionnels ont généralement un faible rendement calorique. En conséquence, un grand pourcentage d'énergie est perdu sous la forme de produits de combustion incomplète. Ceux-ci comprennent le méthane dont l'effet de serre est bien plus important que le CO2. Des technologies rationnelles sur le plan écologique, telles que des appareils à fort rendement énergétique et utilisant des sources renouvelables, permettent de réduire considérablement les répercussions néfastes sur l'environnement et la santé de l'homme.

8. Mettre en place un partenariat pour le développement. Les programmes de développement et les partenariats doivent reconnaître le rôle fondamental que les pratiques énergétiques propres des ménages jouent dans le développement socio-économique.

Biographie

Daniel Shepard, fonctionnaire de l'information au Département de l'information de l'ONU (DPI), a beaucoup travaillé sur les questions du développement durable. En plus des articles et des rapports réalisés sur le développement social et environnemental, il a été rédacteur de CHOICES, publié par le Programme de l'ONU pour le développement.

Renata Sivacolundhu, fonctionnaire de l'information au DPI, travaille sur les droits de l'homme et l'établissement du nouveau Conseil des droits de l'homme. Elle a travaillé sur les questions du développement durable, notamment la Commission du développement durable, le Forum de l'ONU sur les forêts et la Décennie internationale 2005-2015 intitulée " L'eau, source de vie " Décennie : 2005-2015.

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