Chronique ONU

L'IMPORTANCE DU RÔLE DES FEMMES RURALES EN CHINE

Par Mikel Flamm et Windy Xie
Photos de Mikel Flamme

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L'article

Le rôle des femmes chinoises se limitait principalement à la famille, à l'élevage et au tissage. Les hommes cultivaient les champs, prenaient les décisions de la vie quotidienne et consultaient rarement leur partenaire féminine sur les questions ayant trait au commerce.

La récolte du riz à Xin Yang, dans la province du Gungdong, en Chine.
Dans les communautés rurales, les terres appartenaient à quelques propriétaires terriens, tandis que les villageois vivaient avec des revenus très bas, bien au-dessous du seuil de pauvreté. Cela a commencé à changer dans les années 1950 avec la réforme agraire, dont l'objectif était de donner aux familles des terres à cultiver. Le rôle des femmes a également commencé à changer, mais le changement de leur statut s'est accompagné d'une augmentation de leur charge de travail. Non seulement elles s'occupaient de leur famille mais elles prenaient de plus en plus part aux activités liées à l'agriculture et à la production.

Elles ont commencé à prendre part au travail collectif et ont joué un rôle plus important, gagnant leur vie et participant à la production, avec les possibilités que cela représente. Représentant 41 % de la force de travail dans l'agriculture, elles ont également joué un rôle plus égal dans la famille. Leur participation à la production agricole a permis d'augmenter les revenus de la famille et de satisfaire aux besoins de la vie moderne. Les tâches ménagères ont été également partagées de manière plus équitable parmi les membres de la famille.

Lors d'une conférence qui a eu lieu à Pékin en décembre 2005, à laquelle assistaient le Premier ministre chinois Wen Jiabao et le Vice-premier ministre Huang Ju, la discussion s'est concentrée sur la nécessité de développer les secteurs agricole et rural au cours des cinq prochaines années ainsi que sur l'importance d'augmenter la production céréalière et les revenus. Selon un document du forum, " ce n'est que lorsque les problèmes liés à l'agriculture, aux zones rurales et aux agriculteurs seront résolus que l'économie chinoise progressera dans la bonne voie ".

Dans les campagnes chinoises, la pauvreté est un phénomène courant et un style de vie pour une grande partie de la population. Mais, au sein de cette pauvreté, existent une force et une détermination à joindre les deux bouts avec ce qui est disponible. Confrontés à de nombreux défis, les garçons et les filles travaillent dès l'âge de six ans avec leurs parents dans les champs, souvent au détriment de l'éducation. Peu de familles possédant un moyen de transport, la plupart se rendent à pied dans leurs champs qu'ils cultivent à flancs de coteaux.
Li Kaifend, 78 ans (photo à droite), s'occupe de ses trois petits-enfants, dont la garde lui est confiée pendant que son plus jeune fils et sa femme travaillent à la ville. Les enfants, âgés de 5 à 9 ans, vont à l'école du village et aident aux champs où sont cultivés pommes de terre, maïs et choux. " Je ne suis jamais allée à l'école ", raconte Kaifeng. " Ma famille était trop pauvre pour nous y envoyer. Nous avons travaillé avec nos parents dans les champs pour nourrir la famille. C'était une vie très difficile. On ne pouvait cultiver que pour subvenir à nos besoins, mais cela ne semblait jamais assez pour nous. Nous étions cinq enfants, trois garçons et deux filles. Chaque jour, on se levait tôt et on travaillait toute la journée dans les champs. On élevait aussi des porcs et des poulets. "

" À 18 ans, je me suis mariée et j'ai fondé une famille. J'ai quatre fils et quatre filles. Après la mort de mon mari en 2001, la vie est devenue très difficile pour moi, mais les enfants m'ont aidée ", affirme-t-elle. Ce sont mes filles et mes deux plus jeunes fils qui m'ont le plus aidée. Mais quand mon plus jeune fils m'a confié la garde de ses enfants, il a fallu que je vienne vivre ici. Jusqu'ici, nous avons assez de céréales pour nourrir toute la famille, et mes filles apportent de la nourriture quand elles viennent me rendre visite. " Kaifen continue de travailler dans les champs avec ses enfants, et ses petits-enfants aident à la maison. " Notre vie est simple. Je suis heureuse que tous mes petits-enfants puissent aller à l'école. Aujourd'hui, il y a plus de possibilités pour les femmes et les enfants car ils peuvent aller à l'école. La pauvreté existe toujours, mais notre vie est plus facile qu'avant. "

Xue Tianwu, 55 ans, et sa femme Hu Yuanbi, 50 ans, habitent dans le village de Youzhafang. Pendant que Tianwu travaille dans la forêt locale, sa femme tient un double rôle : elle s'occupe de leur petit-fils âgé de cinq ans, travaille tous les jours dans les champs et, en plus, fait la cuisine pour la famille. Elle commence sa journée avant huit heures, prépare le déjeuner pour la famille, va aux champs situés à flancs de coteaux, à 20 minutes à pied, et revient à la maison pour préparer le déjeuner de son mari et de son petit-fils. Mari et femme partagent les tâches ménagères. Par le travail et la détermination, ils ont réussi à sortir de la pauvreté et à mener une vie confortable.

" Avant, on habitait dans une vieille maison avec ma mère, trois de ses frères, leur femme et plusieurs enfants. On n'avait pratiquement aucune vie privée et on vivait les uns sur les autres ", se rappelle Yuanbi. " Les femmes chinoises ont aujourd'hui plus de chances qu'avant. Je n'ai jamais pu aller à l'école et je ne sais ni lire ni écrire. Nous étions très pauvres et avions peu de vêtements. Il était difficile d'économiser de l'argent ", ajoute-t-elle. " Même s'il reste encore beaucoup à faire dans notre village, j'ai vu des changements au cours des dernières années. On aimerait qu'une organisation nous enseigne de nouvelles méthodes, par exemple comment mettre en œuvre des projets générateurs de revenus pour aider davantage nos familles. "

Chi Xuebi, 31 ans, a franchi le premier pas pour assurer un avenir plein de promesses à ses jeunes enfants. " Quand nous nous sommes mariés, il y a 14 ans, nous étions très pauvres comme tout le monde ici. Nous vivions dans une maison en terre d'une pièce et nous travaillions dans les champs tôt le matin jusqu'au soir. " Elle a grandi dans une famille nombreuse - quatre filles et un garçon - avec une mère ayant des problèmes d'élocution et un père handicapé, blessé à la jambe à la suite d'une chute sur son lieu de travail. " Nous étions très pauvres. Mes parents ont fait du mieux qu'ils pouvaient étant donné les circonstances, et nous avons toujours mangé à notre faim. Mais aucun d'entre nous n'est allé à l'école. Nous nous aidions les uns les autres, nous étions très proches. "

Chi Xuebi et sa famille devant leur maison, à côté de leur camionnette qu'ils utilisent pour transporter les villageois à la ville de Zhaotong.

Étant l'aînée, Chi Xuebi a commencé très jeune à travailler dans les champs avec ses parents. Elle devait aussi s'occuper de ses parents et de ses jeunes frères et sœurs. Elle a épousé un garçon du village, Zhai Xinde, âgé aujourd'hui de 35 ans, qui travaille à mi-temps pour le gouvernement local et gagne 4 800 RMB (600 dollars) par an. Ils étaient tous deux déterminés à améliorer leur vie et celle de leurs enfants. Avec la camionnette neuve qu'ils ont achetée il y a quelques mois, ils ont créé un service de navette qui assure plusieurs fois par jour la liaison entre le village et la ville, ce qui devrait leur rapporter 6 000 RMB par an (750 dollars). Ce couple travailleur cultive aussi des champignons, une activité qui génère 4 800 RMB par an.

" Nous sommes si heureux d'avoir eu la chance d'améliorer notre vie et de pouvoir envoyer nos enfants à l'école. Mon mari et moi étions déterminés à leur donner les chances que nous n'avions pas eues ", confie Chi Xuebi. Leur grand-mère de 80 ans vit aussi avec eux. " Nous savons ce que c'est que de vivre dans la pauvreté pendant de nombreuses années. Mais ici, la vie des gens change. Nous avons de l'espoir et voyons un avenir pour nos familles et nos parents qui ont connu des temps très difficiles. Nous apprécions de vivre dans une maison propre et bien rangée, avec des lits confortables et des décorations au mur. La vie est plus facile pour notre grand-mère et elle est heureuse d'être avec nous dans cette maison. Nous sommes vraiment heureux ", confie Chi Xuebi.

La surpopulation : la principale cause de la pauvreté rurale

La population de Chine, estimée à 1,3 milliard d'habitants, compte 48,5 % de femmes, dont 27,7 % ont moins de 15 ans. La ville de Zhaotong, située au nord-est de la province du Yunnan, borde les provinces du Yunnan, du Guizhou et du Sichuan.

La commune de Panhe, où Habitat for Humanity a mis en place des projets dans trois villages -Youzhafang, Touhai et Xindian - est située à 27 kilomètres de la ville et occupe une superficie totale de 54 km2. Construites en pierre, en terre, en bois avec des toits en chaume, les maisons traditionnelles sont sombres, humides et en mauvais état. La majorité des villageois vivent de l'agriculture. Les cultures principales sont la pomme de terre, le maïs et le chou chinois, la principale ressource économique étant le konjak (champignon utilisé à des fins médicinales et comestibles) ainsi que l'élevage de porcs, de poulets, de chèvres et de vaches.

En 2002, la population locale de Zhaotong était estimée à près de 23 000 habitants et dominée par l'ethnie Han, majoritaire à près de 86,5 %. Les minorités ethniques comprennent les Bai, les Miao, les musulmans et les Yi. La population rurale représente 98 %, les femmes constituant 47 % de la population totale.

Cette commune fait face à deux grands problèmes : un taux de fécondité élevé et une disproportion des nouveaux-nés de sexe masculin. Dans les campagnes, les familles sont autorisées à avoir deux enfants, celles qui en ont plus de deux devant payer environ 4 000 RMB (497 dollars). Chaque famille a en moyenne trois à quatre enfants. La communauté étant pauvre, la majorité des familles comptent sur les autres membres de la communauté pour les aider à cultiver la terre. Toutefois, les récoltes sont destinées uniquement à la famille. Même si elles ont suffisamment de nourriture pour vivre, elles ne peuvent générer aucun revenu de leurs cultures.

La plupart des jeunes du village ont migré vers les villes à la recherche de travail pour aider financièrement leur famille, laissant aux femmes et aux personnes âgées, restées dans leur village, le soin d'assumer les travaux agricoles. Même si les revenus annuels moyens vont de 1 800 à 2 500 RMB (225 à 312 dollars), la surpopulation est devenue la principale cause de la pauvreté, restreignant les possibilités d'éducation pour certains enfants. Le gouvernement local de la commune de Panhe a lancé une campagne pour encourager les familles à suivre les politiques gouvernementales en matière de contrôle des naissances.


Biographie
Mikel Flamm, un photojournaliste établi à Bangkok, en Thaïlande, et Windy Xie, une coordonnatrice du bureau de projet pour Habitat for Humanity China, qui aide à créer des projets, à collecter des fonds et encourage l'aide mutuelle ainsi que l'interaction parmi les enfants, les femmes et les handicapés, posent avec Deng Guoyu, 5 ans, dans le village de Youzhafang.
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