Trois des six régions mondiales devraient, selon le rapport
de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publié
le 22 mars 2006, atteindre les objectifs fixés pour la lutte
antituberculeuse.
D'après le rapport sur la lutte antituberculeuse dans le
monde 2006, les Régions des Amériques, de l'Asie du
Sud Est et du Pacifique occidental devraient atteindre les cibles
fixées par l'Assemblée mondiale de la Santé,
à savoir le dépistage de 70 % des cas de tuberculose
et le traitement avec succès de 85 % de ces cas à
la fin de 2005. Le rapport confirme que 26 pays avaient atteint
les objectifs avec un an d'avance, dont deux pays à forte
charge de morbidité tuberculeuse, à savoir les Philippines
et le Viêt Nam. Il indique également que cinq autres
pays à forte charge de morbidité - le Cambodge, la
Chine, l'Inde, l'Indonésie et le Myanmar - devraient avoir
atteint les cibles pour 2005 mais que l'on n'en aura confirmation
définitive qu'à la fin de 2006.
Le Directeur général de l'OMS, Lee Jong-wook a déclaré
: " Il est manifeste que les investissements dans la lutte
antituberculeuse sont efficaces. Même dans les pays à
faible revenu où les difficultés financières
sont énormes, les programmes fonctionnent bien et donnent
des résultats. Il faut parvenir à obtenir le même
engagement dans les pays africains et dans d'autres régions
où le financement de la lutte antituberculeuse et son rang
de priorité restent fragiles. "
D'après les dernières estimations publiées
dans le rapport, 1,7 million de personnes seraient mortes de la
tuberculose en 2004. On a également enregistré 8,9
millions de nouveaux cas en 2004, le nombre de cas par habitant
atteignant 1 % par an au niveau mondial suite à la crise
de la tuberculose en Afrique, attribuée en partie aux complications
de la co-infection tuberculose/VIH et à des systèmes
de santé déficients. La forte prévalence de
la tuberculose polypharmacorésistante en Europe orientale
continue également d'avoir des effets défavorables
sur les taux de succès thérapeutique au niveau mondial.
Malgré la rentabilité de la lutte antituberculeuse,
on craint que les dirigeants africains n'y consacrent toujours pas
des investissements suffisants. Le fait que la tuberculose ait été
déclarée urgence de santé publique en Afrique
en 2005 n'a suscité que de très timides réactions.
Le rapport publié aujourd'hui souligne l'importance d'une
réponse beaucoup plus rapide et beaucoup plus ferme face
à la situation d'urgence en Afrique, et notamment de plans
plus ambitieux soutenus par un financement plus important des gouvernements
africains et des donateurs. Le Kenya est l'un des pays qui a réagi
à la déclaration de situation d'urgence en adoptant
des " mesures d'urgence extraordinaires " pour lutter
contre la tuberculose et la co-infection tuberculose/VIH : "
Le Kenya est déterminé à apporter un réel
changement. Nous sommes en train de prendre des mesures résolues
et décisives de lutte antituberculeuse dans le cadre de notre
plan national d'urgence. Il s'agit d'un plan stratégique
qui définit les mesures à prendre et les ressources
nécessaires pour réduire les souffrances infligées
par les décès prématurés dus à
la tuberculose " a déclaré la Ministre kenyane
de la santé, Mme Charity Kaluki Ngilu.
D'autres
initiatives nouvelles ayant aussi pour but d'accélérer
l'accès aux traitements antituberculeux pour tous seront
lancées à Genève avant la Journée mondiale
de la tuberculose le 24 mars. Ont été également
publiés le 22 mars un ensemble de Normes internationales
pour le traitement de la tuberculose décrivant le niveau
de soins auquel tous les praticiens devraient se conformer ainsi
qu'une nouvelle Charte du patient pour le traitement de la tuberculose
énonçant pour la première fois les droits et
responsabilités du tuberculeux. Les deux documents sont des
éléments importants de la nouvelle stratégie
en six points Halte à la tuberculose élaborée
par l'OMS et sont cités dans le plan mondial Halte à
la tuberculose 2006-2015 publié par Partenariat Halte à
la tuberculose en janvier 2006.
Les six composantes de la nouvelle stratégie Halte à
la tuberculose sont les suivantes :poursuivre l'extension et le
renforcement d'un traitement DOTS de qualité; s'atteler au
problème de la co-infection tuberculose/VIH, de la tuberculose
polypharmacorésistante et autres difficultés existantes;
contribuer au renforcement des systèmes de santé;
faire participer tous les dispensateurs de soins; doter les tuberculeux
et les communautés des moyens d'agir; et faciliter et promouvoir
la recherche. L'élan accru imprimé à la lutte
antituberculeuse a été favorisé par les engagements
en faveur du plan mondial, qui reposent sur la stratégie
Halte à la tuberculose. Toutefois, pour que le plan promette
de sauver 14 millions de vies supplémentaires, un déficit
de financement de 31 milliards d'USD sur 10 ans doit être
comblé. Cela équivaut à peine à 2 USD
par habitant des pays industrialisés.
LE TRACHOME CÉCITANT
des progrès vers l'élimination mondiale d'ici à
2020
Plusieurs pays sont sur le point d'éliminer la maladie oculaire
infectieuse, connue sous le nom de trachome cécitant, a annoncé
le 10 avril 2006 l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Ces progrès sont le résultat d'efforts déployés
pour atteindre l'objectif mondial fixé par l'Assemblée
générale en 1998 pour éliminer cette maladie
d'ici à 2020.
Selon certaines estimations, le nombre de personnes affectées
par la maladie oculaire infectieuse du trachome cécitant
est passé de 360 millions en 1985 à environ 80 millions
aujourd'hui - le résultat d'efforts de l'Alliance pour l'élimination
mondiale du trachome cécitant (GET 2020), associés
au développement socio-économique des pays endémiques.
La maladie touche les régions rurales les plus pauvres et
les plus reculées de 56 pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique
centrale et du Sud, d'Australie et du Moyen-Orient.
Lors d'une réunion du GET 2020 à Genève, en
avril, la République islamique d'Iran, le Mexique, le Maroc
et l'Oman ont rapporté la mise en uvre efficace des
stratégies nationales pour l'élimination du trachome,
fondées sur la stratégie SAFE recommandée par
l'OMS, qui met l'accent sur une action de santé publique.
Les quatre composantes de la stratégie sont les suivantes
: soins chirurgicaux; antibiotiques pour traiter la maladie; hygiène
faciale; et amélioration de l'environnement. Si elle est
efficacement appliquée, la stratégie pourrait permettre
de prévenir tous les cas de cécité. "
Si les pays continuent à ce rythme, l'objectif mondial d'éliminer
le trachome cécitant en tant que danger pour la santé
publique sera atteint d'ici à 2020 ", a estimé
le directeur général de l'OMS, le docteur Lee Jong-wook.
L'OMS établit actuellement des critères d'évaluation
épidémiologiques spécifiques pour déterminer
si les pays ont entièrement éliminé le trachome,
qui seront finalisés à la fin de 2006. Elle sera alors
à même d'évaluer l'efficacité des stratégies
nationales et d'assurer la certification de l'élimination
de la maladie pays par pays.
Le trachome est une maladie infectieuse des yeux qui se propage
d'une personne à une autre, souvent d'un enfant à
un autre et ou à sa mère, notamment dans les zones
subissant des pénuries d'eau, où il y a des mouches,
et où les gens vivent dans des conditions de surpeuplement.
Contenu dans les sécrétions oculaires d'une personne
infectée, le trachome est ensuite transmis par les mains,
par les vêtements ou par des mouches. Habituellement, l'infection
survient la première fois durant l'enfance et devient chronique.
Si la maladie n'est pas soignée, la paupière se retourne
vers l'intérieur et les cils viennent frotter sur le globe
oculaire. La douleur est intense et la cornée subit des lésions
cicatricielles, entraînant une cécité irréversible.
Les femmes sont deux ou trois fois plus souvent touchées
que les hommes, probablement parce qu'elles sont en contact direct
avec les enfants affectés.
Lancée en 1997, GET 2020 est un partenariat destiné
à soutenir l'application de la stratégie SAFE. Les
membres de l'Alliance comprennent l'OMS, des gouvernements nationaux,
des organisations non gouvernementales, des instituts de recherche,
des fondations et l'industrie pharmaceutique. Elle est ouverte à
tous les secteurs désireux de travailler avec les gouvernements
pour mettre en uvre la stratégie. Pfizer et sa fondation
ont été des partenaires essentiels dans la lutte contre
le trachome. Elles ont fait don de 37 millions de doses d'azithromycine
- un antibiotique de longue durée d'action, utilisé
comme composant de la stratégie SAFE - et se sont engagées
à fournir 100 millions de doses supplémentaires d'ici
à 2008.
DROITS DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE ET INNOVATION
l'accès aux médicaments et aux vaccins nouveaux et
existants
Une Commission indépendante sur les droits de la propriété
intellectuelle, l'innovation et la santé publique, a présenté
son rapport au directeur général de l'OMS, le docteur
Lee-Jong-wook, recommandant des actions essentielles pour que les
pauvres des pays en développement aient accès aux
produits diagnostiques nouveaux et existants pour traiter les maladies
qui les touchent le plus. Ce rapport présente plus de
50 recommandations qui servent de feuille de route pour s'attaquer
à ces questions dans les différents pays. " Nous
sommes heureux que les membres de la commission aient entrepris
cette tâche difficile. Avec ce rapport, la commission a établi
une base solide pour la poursuite des progrès. J'encourage
tous les pays à penser sérieusement au rôle
qu'ils doivent jouer pour répondre à ces questions
difficiles ", a déclaré le Dr. Lee.
Plus de la moitié des personnes vivant dans les régions
les plus pauvres d'Afrique et d'Asie n'ont pas accès de manière
continue aux médicaments essentiels existants parce qu'elles
n'ont pas les moyens de les acheter ou parce que le système
de santé du pays est trop faible. En plus, d'autres produits
de santé, notamment pour les maladies qui touchent les pays
en développement de manière disproportionnée,
ne sont simplement pas mis au point parce que ces médicaments
ne sont pas rentables faute de demande solvable. La relation entre
les droits de la propriété intellectuelle, l'innovation
et la santé publique ont été au cur du
débat.
Le rapport, intitulé Santé publique, innovation et
droits de la propriété intellectuelle, est le résultat
d'une analyse menée pendant deux ans sur les actions que
les gouvernements, l'industrie, les scientifiques, le droit international
et le financement des mécanismes devraient prendre pour relever
les défis. " Il existe aujourd'hui un élan mondial
pour aborder ces questions dont nous devons tirer profit. Nous bénéficions
d'une meilleure sensibilisation, d'une possibilité d'un financement
accru, d'une meilleure utilisation de la capacité scientifique
dans les pays en développement et de nouvelles institutions,
telles que les partenariats public-privé ", a indiqué
Ruth Dreifuss, présidente de la Commission. Le rapport établit
clairement que nous devons contribuer à cette synergie pour
assurer que les pays en développement ont un accès
durable aux médicaments, aux vaccins et aux produits diagnostiques
dont ils ont besoin, a-t-elle ajouté. " Il établit
un plan pour y parvenir. "
Le rapport sera examiné par l'Assemblée de la santé
mondiale durant sa réunion annuelle en mai 2006, qui décidera
comment appliquer ses conclusions.
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