Chronique ONU
UN ÉQUILIBRE PRÉCAIRE
CONSERVER LA BIODIVERSITÉ
Par Paritosh Srivastava

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L'article
Photo PNUE
La Journée internationale de la biodiversité biologique est célébrée le 22 mai. Selon le Secrétaire général Kofi Annan, le thème de 2005, La biodiversité : une assurance vie pour un monde en évolution, « nous rappelle le rôle central que joue la biodiversité dans le développement durable et la protection de la société contre les conséquences des chocs inattendus, telles que la pénurie d'eau, l'apparition de nouvelles maladies infectieuses, les phénomènes climatiques extrêmes et la vulnérabilité génétique des cultures et du bétail ». Cependant, la biodiversité continue de s'appauvrir et l'équilibre écologique continue d'être menacé. Environ 60 % de l'écosystème est détruit ou utilisé de manière non durable, engendrant une perte de la biodiversité, avec des conséquences nuisibles qui pourraient s'aggraver considérablement dans les 50 prochaines années.

L'Union mondiale pour la nature reconnaît sept facteurs majeurs contribuant à la perte de la biodiversité : la perte et la fragmentation de l'habitat; la prolifération des espèces envahissantes; la pollution; le changement climatique mondial; la désertification; la croissance démographique; la surconsommation; et l'utilisation non durable des ressources naturelles. Nombre de ces facteurs sont dus aux activités humaines. Les modifications du paysage, dues au déboisement ou aux incendies, et l'urbanisation fragmentent les habitats et rendent la survie de nombreuses espèces complexe. Les infrastructures, telles que les routes, les autoroutes et les centrales électriques, sont souvent construites au détriment des espèces. En raison de cette fragmentation de vastes zones, de nombreuses espèces, incapables de s'adapter, disparaissent. La désertification, causée en grande partie par la variabilité climatique et les activités humaines, engendre une perte de la biodiversité. Les coupes d'arbres, pratiquées sans que des solutions alternatives de régénération soient prévues, et le surpâturage du bétail entraînent une baisse de la productivité économique des terres et le départ des habitants vers d'autres régions productives.

La croissance démographique et l'exploitation des ressources naturelles sont aussi des causes majeures de la perte de la biodiversité. En raison des taux de fécondité élevés, un grand nombre de communautés sont obligées d'exploiter les ressources au-delà de leurs capacités. Pour répondre aux besoins d'une population en expansion, les limites de la ville sont continuellement redessinées et les forêts déboisées, limitant et perturbant l'habitat des espèces, souvent incapables de s'adapter aux changements de l'environnement (voir encadré à la page suivante).

Des progrès ont été réalisés pour prévenir la perte de la biodiversité et sensibiliser le public sur son rôle crucial pour maintenir l'équilibre écologique. En 1975, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) est entrée en vigueur. De même, la Convention sur la biodiversité biologique a été ratifiée par plus de 160 pays et est entrée en vigueur en décembre 1993. De son côté, l'ONU s'est engagée à assurer un environnement durable d'ici à 2015 dans le cadre de ses Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

La mauvaise utilisation des ressources naturelles, telle que le bois de chauffage, les terres de pâturages pour le bétail et l'eau pour les tâches domestiques, contribue à la perte de la biodiversité. Les pauvres sont entièrement dépendants de l'environnement pour gagner leur vie. Alors que la population augmente, les pressions sur les écosystèmes s'intensifient. Il faut bien comprendre que la réduction de la pauvreté et la durabilité de l'environnement sont profondément liées entre elles, et qu'on ne peut s'attaquer à une question sans s'attaquer à l'autre. De nombreuses stratégies ont été développées, comme l'écotourisme, l'agro-écologie, l'éco-aquaculture et le développement de produits forestiers autres que le bois, qui combinent la réduction de la pauvreté et les mesures visant assurer un environnement durable.

Le tourisme écologique a été créé dans les années 1980 et, en 2002, l'ONU a lancé l'Année internationale de l'écotourisme. Il comprend, entre autres, la conservation de la diversité biologique et culturelle, la promotion de l'utilisation durable de la biodiversité en créant des emplois, en partageant les profits socio-économiques avec les communautés, en améliorant les connaissances sur l'environnement et la culture et en réduisant l'impact du tourisme sur l'environnement. Parmi les pays qui ont mis en place l'écotourisme figurent le Brésil, l'Indonésie, le Népal et le Pérou. L'agro-écologie est une approche et une technique destinées à rendre l'agriculture plus durable; de même l'éco-aquaculture applique les principes écologiques à l'élevage des animaux aquatiques.

De plus, grâce aux OMD, les initiatives de « conservation communautaire », qui intègrent les objectifs de conservation et de développement, ont reçu une plus grande attention au cours des années. Elles visent à améliorer la vie des gens tout en préservant les régions en créant des parcs nationaux ou des réserves naturelles. Malgré leurs taux de réussite bas, ces initiatives sont plus pratiques que la plupart des stratégies de conservation conventionnelles. Cette approche est plus large et mieux applicable, permet de réduire la pauvreté et reconnaît le rôle des mesures d'incitation non monétaires pour encourager la conservation, telles que l'autonomisation des communautés par l'amélioration du savoir et le partage du pouvoir.

Divers pays ont adopté cette initiative. Par exemple, en Inde, le Projet d'éducation et d'extension en recherche forestière implique les communautés locales dans le développement écologique, et cherche de nouveaux moyens de générer des revenus au lieu d'exploiter les ressources naturelles. Cela a pu se faire en renforçant la confiance des populations locales et en les faisant participer à la création et à la mise en ouvre de micro-projets. Dans le Programme de gestion des ressources locales en zone communale, le gouvernement de Zimbabwe a transféré aux communautés la propriété de la faune sur les terres communales, lesquelles vendent des concessions aux organisateurs de safaris chasse ou photos. Dans chaque zone communale, le Département de la gestion des parcs nationaux,de la faune et de la flore du Zimbabwe fixent des quotas de chasse et des frais pour emporter un trophée, tandis que les autorités locales sont chargés de la protection et de la gestion de la faune et de la flore. Autre initiative : le projet Matetsi, regroupant divers micro-projets, tels que la gestion des pâturages qui réunit les éleveurs afin de mettre en place des projets holistiques visant à améliorer l'aération des sols, la pénétration de l'eau, la germination des semences et la couverture du sol. D'autres projets comprennent la création de banques dans les villages, s'inspirant du concept du microcrédit et de la formation par les entreprises qui apprennent aux villageois comment commercialiser et financer les outils pour rendre leurs produits disponibles sur les grands marchés.

Il est crucial de s'attaquer aux facteurs qui contribuent à la perte de la biodiversité, tels que la croissance démographique et l'expansion des habitats urbains. Le contrôle de la croissance démographique permettrait d'empêcher la perte des habitats et de la biodiversité. Les programmes de conservation devraient cependant être lancés conjointement à ceux destinés à réduire la croissance démographique, et devraient être créés au niveau local. Afin d'obtenir le soutien du grand public aux programmes gouvernementaux, il faudrait donner aux populations locales le privilège et la reconnaissance que leur savoir autochtone est vital pour la conservation de la biodiversité.

Les espèces menacées de disparition

Voici la liste de quelques espèces en voie de disparition :

Les tigres : En raison de la croissance démographique importante, les tigres sont en danger, en particulier en Inde où vivent 60 % d'entre eux. Confinés dans des zones limitées, ils disputent leur habitat aux êtres humains, et leur population diminue au cours des années par manque de proies. Souvent menacées par les tigres et cherchant de nouvelles terres pour leurs cultures et les pâturages, les populations locales les empoisonnent et les tuent.

Les éléphants : Comme toutes les autres espèces en voie d'extinction en Afrique et en Asie, les éléphants sont vulnérables, menacés par le braconnage et la perte de leur habitat. En plus d'être le plus grand mammifère terrestre, il est important pour l'équilibre écologique. Quand il se nourrit, il déracine les plantes et les éparpillent, dispersant ainsi les graines et la nourriture pour les herbivores plus petits. Nombre de ces graines ne peuvent germer que si elles sont passées par l'appareil digestif de l'éléphant. La disparition des éléphants peut donc avoir des conséquences considérables sur les micro-organismes et les macro-organismes liés à l'alimentation de l'éléphant.

Les chimpanzés : En Afrique, la faune et la flore font face à des défis similaires. Alors que la population mondiale continue d'augmenter, la perte de l'habitat est critique pour les chimpanzés, les gorilles et les bonobos. L'expansion des terres, le commerce de la viande et celui pratiqué pour les loisirs et la recherche biomédicale ont mis en danger la diversité écologique de zones riches en espèces.

Les pandas : L'exploitation forestière d'abattage et le déboisement pour l'agriculture ont laissé aux pandas géants un espace limité, rendant leur survie difficile alors qu'ils vivent seulement dans des forêts de bambous qui leur fournissent nourriture et abri. Malgré les fortes amendes imposées pour le braconnage et le commerce illégal des peaux de pandas, ces animaux continuent d'être capturés illégalement.

Les récifs coralliens : Souvent appelés les « forêts humides de la mer », les récifs coralliens sont importants parce qu'ils sont les niches et les sources de nourriture pour de nombreuses espèces marines. D'après des estimations, deux tiers de ces récifs dans le monde meurent, principalement à cause de la surpêche, de l'utilisation abusive des systèmes hydrologiques ainsi que de la pollution causée par les eaux usées, les engrais et le rejet de sédiment.
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