Chronique ONU
Opinion
« La vérité doit être dite » Un dialogue public
Par Nancy Kang

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L'article
De gauche à droite : Parmi les participants figuraient Lloyd Williams, le révérend James A. Kowalski, Voza Rivers, Lucille McEwen, Gamilah Shabazz, Paul Newman, Orbert Shetterly.
Au premier plan : Marcia Sells, Barbara Horowitz et le révérend William Sloane Coffin
La Commission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud a été établie pour rendre justice aux victimes et exposer les crimes commis durant l'apartheid. En plus de jeter la lumière sur l'histoire de ce système, elle a encouragé les discussions et permis au peuple sud-africain de panser ses plaies en déterminant les responsabilités et en témoignant devant l'Histoire. Les commissions de vérité sont devenues un modèle adopté par des pays comme le Rwanda, qui se remet progressivement du génocide de 1994. Depuis 2001, les tribunaux gacaca rendent justice au niveau local, permettant aux Rwandais de juger les personnes accusées d'avoir participé aux massacres.

L'honnêteté et l'intégrité figuraient parmi les sujets abordés durant le dialogue public « Ta vérité, ma vérité, la vérité », qui a eu lieu le 22 juin 2005 au Synod Hall de la cathédrale St. John the Divine. Community Works, en association avec la Harlem Arts Alliance et le New York Metropolitan Martin Luther King, Jr. Center for Non-Violence, a parrainé l'événement avec l'activiste renommé William Sloane Coffin. Vénéré par ses amis et respecté par les critiques, il s'est forgé une réputation d'agitateur politique et moral au franc-parler qui démontre l'audace et la conscience de mettre en question le statu quo. Né en 1924 à New York, le révérend Coffin est connu pour sa ferveur religieuse et son engagement politique.

Octogénaire actif présentant de légers troubles de l'élocution causés par deux attaques cérébrales, il a été un Freedom Rider (ces passagers de la liberté qui défiaient la ségrégation raciale dans le sud des États-Unis), aumônier au franc-parler à l'Université de Yale et pasteur de longue date à Riverside Church. Il a participé à des actions en faveur du désarmement et contre la guerre, notamment pendant les conflits au Vietnam et aujourd'hui en Irak. En 1979, il a dirigé SANE/FREEZE, un groupe qui a été rebaptisé Peace Action en 1993. Il a récemment publié Credo (Je crois), un manifeste primé traitant des questions qui, selon lui, méritaient un examen continu et une réponse active du public.

Le dialogue public n'était pas impartial et les participants n'étaient pas choisis au hasard. C'était un groupe ocuménique de personnes pour qui la liberté d'expression, la tolérance religieuse et raciale et respect mutuel sont essentiels. Le révérend James A. Kowalski a animé les débats. Le révérend James A. Forbes, Jr., de Riverside Church, le rabbin Rachel Cowan, de l'Institute for Jewish Spirituality, ont prononcé les allocutions d'ouverture, ainsi que l'iman Izak-El M. Pasha, de Masjid Malcolm Shabazz, qui a rendu hommage aux personnes chez qui « la vie témoigne de leurs actions ». Le rabbin Rachel Cowan a souligné qu'il était nécessaire de « rétablir l'intégrité, la complétude et la vérité en chacun de nous et dans le monde ». Le révérend Forbes a fait l'éloge du révérend Coffin, le considérant comme « un homme d'action » qui n'hésite pas à aborder les questions controversées liées à la race, au sexe, à l'orientation sexuelle, à la justice et à la guerre, quand beaucoup faisaient la sourde oreille. Karrolyn Belkis, du Junevile Reentry Network of the Harlem Community Justice Center, a décrit le révérend Coffin comme quelqu'un « qui ne faisait pas les choses à moitié » et qui encourageait toujours les fidèles à « approfondir leurs connaissances tout en restant ouvert aux nouvelles informations, aux nouvelles rencontres et aux choses nouvelles qui les aideraient à vivre chaque jour leur religion et leur spiritualité ».

Le révérend Coffin a conclu le débat en évoquant sur un ton de conservation calme et détendu des thèmes tels que le péché de fierté (« l'autosatisfaction empoisonne les relations humaines »), l'importance du doute (« le doute nous fait avancer, pas reculer »), l'importance de la souplesse dans le leadership (« l'unité n'est pas fondée sur l'accord mais sur les préoccupations communes ») et la nature mystérieuse de la vérité (« la vérité est un mystère [...] une certitude indéfinie »). Il a souligné la nécessité d'allier la spiritualité et la politique, a posé la question de savoir si la technologie ne pourrait pas détruire la capacité de l'être humain à s'émerveiller et a tenté de réconcilier la science et la religion, jugeant que ces disciplines étaient plus complémentaires que contradictoires. Dans ce rassemblement interracial et interreligieux, son but était de projeter une image de leadership critique mais bienveillante, centrée sur une multiplicité de vérités et une diversité de défenseurs de la vérité.
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