Chronique ONU
LA FISTULE OBSTÉTRICALE :
Natalie Imbruglia Jette La Lumière Sur Une Affection Dévastatrice
Par Saira Stewart

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L'article
Natalie Imbruglia, porte-parole de la Campagne pour éliminer la fistule, s'entretient avec Hajia Nafisat Ade Ajagu, infirmière en chef responsable de l'aile consacrée au traitement des fistules, lors d'une visite à l'hôpital Babbar Ruga, à Katsina. © Lucian Read/WpN/de la part du FNUPA

La fistule obstétricale est peut-être un terme peu connu du grand public et l'actrice et chanteuse australienne Nathalie Imbruglia compte bien changer cela. Porte-parole de la Campagne pour éliminer les fistules lancée par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), elle a, lors d'une visite récente au Nigeria, attiré l'attention du public sur cette infirmité liée à l'accouchement qui touche plus de 2 millions de femmes dans les pays en développement. C'est Richard Branson, président-directeur général de Virgin Group, qui lui en a parlé pour la première fois. En janvier 2005, elle s'est rendue dans des hôpitaux spécialisés dans la chirurgie des fistules au Nigeria et en Éthiopie, avec des représentants du FNUAP et de Virgin Unite, la division caritative de Virgin Group et partenaire de la campagne. Profondément émue par ce qu'elle a vu, elle a voulu faire quelque chose. « Cela a touché une corde sensible chez moi. J'ai été profondément affectée de voir que toutes ces femmes souffraient d'une condition qui pouvait être évitée. Je ne pensais pas qu'une telle chose puisse être possible aujourd'hui, au XXIe siècle. »
La fistule obstétricale, causée par un accouchement prolongé sans une intervention médicale rapide, généralement une césarienne, entraîne l'incontinence chronique et, dans la plupart des cas, la mort du bébé. Incapables de contrôler leurs fonctions excrétoires, les femmes atteintes d'une fistule sont souvent abandonnées par leur mari et exclues de la société.
En août, elle est retournée au Nigeria pour rencontrer des patientes, des chirurgiens, les autorités gouvernementales et des chefs religieux, accompagnée, cette fois, de journalistes, de photographes et de cinéastes américains, britanniques et australiens. Le but était de recueillir le plus d'informations possibles auprès de personnes connaissant bien le problème afin de se faire le champion de cette cause dans son pays. Pourquoi une autre visite ? « Il faut commencer quelque part. Avec plus de 400 000 cas de fistules seulement au Nigeria, cela semblait le lieu indiqué pour commencer. Les fistules sont courantes dans les communautés pauvres d'Afrique subsharienne et d'Asie du Sud, où l'accès aux soins obstétriques sont limités. Les études montrent que le Nigeria a l'un des taux de prévalence les plus élevés en Afrique : on estime que 400 000 à 800 000 Nigérianes en sont atteintes, et on recense 20 000 nouveaux cas par an.

Lors d'une visite dans la communauté ou d'une visite de sensibilisation, Maimuna Ibrahim, une volontaire de la Croix-Rouge, parle avec Mariam Adbull Karim, une patiente qui a été traitée d'une fistule. © Lucian Read/WpN/de la part du FNUPA

En août, Natalie Imbruglia compte retourner au Centre de rééducation de Kwalli, un établissement qui fournit une assistance aux femmes pendant les deux semaines critiques qui suivent l'opération et leur enseigne des compétences de base, comme la lecture, le tricot et la couture. Il vise à donner aux femmes les outils dont elles ont besoin pour être autonomes quand elles retournent dans leur communauté. La première fois qu'elle est venue au centre, en janvier, on lui a dit qu'ils avaient besoin d'une nouvelle camionnette pour assurer le transport des patientes de leur village au centre et vice-versa ainsi que vers l'hôpital local Murtal Muhammad. Le véhicule de l'établissement allait bientôt les lâcher. Elle a donc collecté des fonds - un « petit gage de soutien » qui fera sans aucun doute une différence dans les opérations quotidiennes du Centre. Avec plusieurs patientes de Kwalli, elles ont ajouté leur note personnelle en apposant l'empreinte de leurs mains sur le véhicule. « Je voulais que ces jeunes filles aient vraiment l'impression que c'était leur véhicule », a-t-elle expliqué. « C'était une manière de faire ensemble quelque chose de spontané et d'amusant. » Pendant qu'elle était dans l'État de Katsina, elle s'est rendue à la maternité soutenue par le FNUAP qui fournit des soins prénatals et réalise des césariennes - des interventions essentielles pour prévenir les fistules. « Dans des endroits comme ici, on peut voir que cela commence à changer », a-t-elle indiqué, ajoutant que beaucoup de femmes tiraient avantage de ces services. Plus tard dans la journée, elle a accompagné un groupe de volontaires de la Croix-Rouge dans un village voisin, dans le cadre d'une visite de sensibilisation des communautés, où elle a rencontré une patiente dont la fistule avait été traitée et qui avait réintégré sa communauté sans problème. « Sa mère et sa grand-mère la soutenait. Sa famille lui manifestait de l'affection et elle ne semblait pas ostracisée de quelconque manière », a-t-elle commenté. « C'était important de le voir soi-même et sans intermédiaire. »

Des plans pour la construction d'un centre de rééducation à côté de l'hôpital sont présentés à Natalie Imbruglia. © Lucian Read/WpN/de la part du FNUPA

L'histoire d'Aisha, 27 ans, une patiente à l'hôpital Babbar Ruga, spécialisé dans la chirurgie des fistules, est plus dramatique. Elle est arrivée à l'hôpital il y a trois ans souffrant de blessures graves inhabituelles. Depuis, elle a subi quatre opérations sans succès. Sa mère est décédée, son mari a demandé le divorce et elle a perdu tout contact avec le reste de sa famille. « Cela m'a brisé le cour parce qu'elle avait tout perdu. Tout ce que je pouvais faire, c'était lui souhaiter bonne chance pour sa cinquième opération », a-t-elle ajouté. Lors de son voyage, elle a retrouvé Zainab Ibrahim, une patiente qu'elle avait rencontrée durant sa dernière visite et qu'elle espérait voir dans son village. « On m'a appris la mauvaise nouvelle, qu'elle était de retour à Babbar Ruga pour une deuxième opération », a-t-elle expliqué. « Quand elle est rentrée chez elle, elle a eu des rapports sexuels avec son mari trop tôt. » Il est recommandé aux femmes atteintes d'une fistule de ne pas avoir de rapports sexuels pendant six mois après l'opération pour que les plaies puissent cicatriser. Pour ce faire, il est essentiel d'éduquer les hommes.

Natalie Imbruglia avec des patientes à côté d'une camionnette dont elle a fait don au Centre de rééducation de Kwali. Elles ont décoré le véhicule en y apposant l'empreinte de leurs mains. © Lucian Read/WpN/de la part du FNUPA
Reconnaissant le rôle essentiel que les chefs traditionnels et religieux peuvent jouer, N. Imbruglia a rencontré l'émir de Katsina et le Wambai de Kano (deuxième dans la hiérarchie). « Le Commissaire aux affaires féminines à Kano m'a dit : "Si le gouvernement essaie de mettre en ouvre quelque chose, les gens peuvent faire la sourde oreille. Mais si l'initiative est soutenue par l'émir, ils la prendront à cour" », a déclaré la porte-parole de la campagne. Elle a été spécialement encouragée par l'initiative de l'émir de réunir des fonds pour assurer la distribution gratuite de nourriture à toutes les femmes traitées à l'hôpital local. « Il s'est réellement engagé. »

Ce qu'il faut, c'est une action répétée. « Il faut que nous revenions sur les mêmes lieux et continuons de transmettre les mêmes messages », a expliqué Natalie Imbruglia, reconnaissant que le processus risque d'être lent. Le partenariat avec le gouvernement, les groupes de la communauté, les organisations non gouvernementales et les professionnels de la santé est également vital pour le succès de la Campagne d'élimination des fistules. De retour au Royaume-Uni, elle s'est dit plus que jamais déterminée à sensibiliser le public sur la fistule et à collecter des fonds pour la cause. « Je suis engagée à 100 % et je suis sûre qu'on peut réduire le nombre de femmes atteintes d'une fistule. D'ailleurs, il le faut. Nous n'avons pas le choix. »
Saira Stewart est une journaliste qui travaille actuellement comme consultante médias pour la Campagne d'élimination des fistules lancée par le FNUAP. (Pour toute information complémentaire, visitez le site www.endfistula.org)
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