Chronique ONU

Le Rapport mondial sur la jeunesse 2005
515 millions de jeunes vivent avec moins de 2 $ par jour

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L'article
Le 6 octobre 2005, l'Assemblée générale a examiné lors de deux réunions plénières la situation des jeunes et les progrès réalisés dans la mise en ouvre du Programme d'action mondial pour la jeunesse, dix ans après son adoption en 1995. Le Rapport mondial sur la jeunesse 2005 a également fait l'objet de discussions, ainsi qu'un rapport supplémentaire intitulé Pour que les engagements aient un sens qui présente les commentaires des jeunes et des organisations de jeunes sur les réalisations du Programme.

Ces photos font partie de l'exposition intitulée « À la poursuite du rêve : les visages des jeunes des Objectifs du Millénaire pour le développement », lancée le 12 août, à l'initiative d'inter-organisations des Nations Unies au siège de l'ONU, à New York, lors de la célébration de la Journée internationale de la jeunesse dans le monde. Pour plus d'informations, visitez le site www.chasingdream.org. Photos de Diego Goldberg/PixelPress/FNUAP

Le Rapport mondial sur la jeunesse, préparé tous les deux ans par le Secrétaire général, fournit à l'Assemblée une vue d'ensemble de la situation économique et sociale des jeunes (entre 15 et 24 ans) dans 15 domaines prioritaires pour le développement des jeunes. Pour démontrer leur interaction, ces domaines sont regroupés dans trois sections : les jeunes dans l'économie mondiale, comprenant des questions telles que la faim et la pauvreté, l'éducation, l'emploi et la mondialisation; les jeunes dans la société civile, leurs inquiétudes sur l'environnement, leurs loisirs, leur participation, les technologies de l'information et de la communication (TIC) et les relations intergouvernementales; et les jeunes à risque, comprenant la santé, la toxicomanie, la délinquance, les conflits et le VIH/sida. Dans les discussions sur les questions liées à la santé et aux sexes concernant les jeunes, il faudrait souligner que l'accès aux soins médicaux et aux services sociaux, ainsi que l'égalité des sexes, sont des droits de l'homme fondamentaux et que les politiques et les programmes devraient être élaborés en partant de cette hypothèse.

Les jeunes dans l'économie mondiale : Le développement d'une économie durable dépend de la participation des jeunes à l'éducation et à l'emploi. Les forces du marché mondial influent de plus en plus sur les chances d'assurer un enseignement de qualité et des conditions de travail décentes pour tous les jeunes. Pour les responsables de l'élaboration des politiques, la difficulté consiste à aider les jeunes par le biais de programmes et de politiques qui leur permettent de tirer parti de la mondialisation et de l'essor des TIC tout en les protégeant contre les conséquences néfastes de l'économie.

On évalue actuellement à environ 209 millions, soit 18 % de la jeunesse mondiale, le nombre de jeunes qui vivent avec moins d'un dollar par jour, et à 515 millions, soit près de 45 %, ceux qui vivent avec moins de deux dollars par jour. C'est l'Asie du Sud-est, devant l'Afrique, qui compte le plus grand nombre de jeunes vivant en dessous de ces deux seuils de pauvreté - ces deux régions enregistrant également les plus grandes concentration de jeunes souffrant de malnutrition. Il est de plus en plus généralement admis qu'investir dans la jeunesse peut être salutaire à la lutte contre la pauvreté. En tant que groupe touché par la pauvreté, les jeunes sont de plus en plus consultés lors de l'élaboration des documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté.


Depuis longtemps l'éducation est considérée comme le principal moyen pour combattre la pauvreté. Depuis 1995, le nombre de jeunes qui ont achevé leur cycle d'études primaires n'a cessé d'augmenter, quatre élèves sur cinq dans le groupe d'âge admissible fréquentant l'école secondaire. Le nombre d'élèves du tertiaire a également augmenté et on estime que 100 millions de jeunes dans le monde sont inscrits dans l'enseignement supérieur. Au vu de ces statistiques, on peut dire que la génération de jeunes actuelle est mieux éduquée que jamais. Pourtant, 113 millions d'enfants d'âge scolaire n'étaient pas scolarisés en 2000. Ce sont eux qui constitueront la génération d'analphabètes qui succédera aux 130 millions de jeunes analphabètes dénombrés actuellement dans le monde. Dans les zones rurales, les jeunes ont moins facilement accès à l'éducation; l'enseignement dispensé y est de moins bonne qualité et le taux d'illétrisme chez les adultes y est plus élevé. L'écart entre le taux d'alphabétisation des garçons et des filles semble se creuser en Asie et en Afrique.

Outre l'objectif de l'éducation pour tous, il convient de chercher à améliorer la qualité de l'éducation. Si la suppression des droits de scolarité a incité les familles à envoyer leurs enfants à l'école, elle a aussi nui à la qualité de l'enseignement. Bien que que les jeunes aient un meilleur accès à l'éducation, le chômage des jeunes dans le monde est monté en flèche. Avec 88 millions de jeunes chômeurs dans le monde, c'est au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Afrique sub-saharienne que le taux est le plus élevé. La faute en revient la plupart du temps à l'absence de mise en correspondance du système éducatif avec les besoins du marché de l'emploi, mais aussi au nombre élevé de jeunes qui se retrouvent aujourd'hui en âge de travailler. Les perspectives d'emploi sur le marché du travail officiel étant inexistantes pour les jeunes, ceux-ci se tournent vers l'entreprenariat forcé et les activités individuelles du secteur non structuré, travaillant souvent dans des conditions à risque, pour un salaire de misère et sans perspectives de débouchés.

Les responsables de l'élaboration des politiques sont de plus en plus préoccupés par le sentiment de frustration des jeunes vivant en milieu urbain, victimes du chômage de longue durée, qui alimente l'agitation et la violence politiques et idéologiques. Pour répondre à ce problème, le Secrétaire général Kofi Annan a lancé en 2001 le Réseau pour l'emploi des jeunes.

Les jeunes sont très souples et sans doute mieux à même de s'adapter aux nouvelles possibilités qui se présentent et d'en tirer parti. Toutefois, beaucoup de ces jeunes, en particulier dans les pays en développement, ont été exclus du processus de numérisation et de modernisation et n'ont pas les ressources économiques nécessaires pour profiter des possibilités qu'offre la mondialisation. Et en même temps leur identité culturelle et les traditions locales sont menacées. Alors que les entreprises sont délocalisées dans des régions où les coûts de travail et de production sont moins élevés, les nouvelles technologies ont remplacé le travail manuel, ce qui a principalement eu des répercussions sur les emplois peu qualifiés. Nombre de personnes décident d'aller vivre dans les zones urbaines ou à l'étranger, et selon les données disponibles sur l'immigration, 15 % d'entre elles, soit 26 millions, seraient des jeunes. Chaque jour, des milliers de jeunes, souvent motivés par des informations irréalistes et de grandes espérances, tentent d'aller faire fortune dans un pays riche.


Les jeunes dans la société civile : Les jeunes font partie intégrante de la société civile. Leur participation aux activités de celle-ci garantit qu'ils s'emploient à construire leur avenir. Il faut les associer aux processus décisionnels qui contribuent à façonner leur propre environnement socio-économique. Durant les dix dernières années, trois nouveaux phénomènes ont changé la manière dont les jeunes s'intègrent et participent à la vie sociale. Tout d'abord, le rôle qu'ils jouent dans la société est influencé par une nouvelle culture mondiale de la jeunesse alimentée par les médias et diffusée grâce à l'essor rapide des nouvelles technologies de l'information et des communications; ensuite le vieillissement des sociétés a de profondes incidences sur les relations entre les générations.

Les jeunes du monde entier sont concernés par l'environnement et le développement durable. Ils sont préoccupés par les répercussions néfastes de la mondialisation, telles que la répartition inégale des richesses et la dégradation de l'environnement. Les médias et le système éducatif sont essentiels pour promouvoir la participation des jeunes. Mais il faut qu'ils participent plus activement à la prise de décisions. Les dix dernières années ont été marquées par une prise de conscience de l'importance que revêt la participation des jeunes, intégration qui permet de renforcer leur engagement en faveur des droits de l'homme et de la démocratie et d'améliorer les politiques et les programmes. Alors qu'auparavant les jeunes étaient représentés par des organisations fondées sur l'adhésion, on assiste aujourd'hui à l'émergence de nouvelles structures de la jeunesse qui tendent à s'appuyer sur des réseaux de collaboration et d'intérêt commun.

Par exemple, les activités sur Internet sont un moyen de renverser la tendance au déclin de la participation traditionnelle et de l'engagement civique des jeunes. Les TIC créent de nouvelles formes de « cyberparticipation » qui offrent aux jeunes des voies de participation créatrices, ouvertes et non hiérarchisées. La question est de savoir si ces technologies peuvent leur donner les moyens de mieux gagner leur vie ou si elles creusent encore davantage les inégalités et les divisions qui existent dans le monde. Les jeunes, tout autant que tout autre groupe, sont préoccupés par le fossé numérique.

Ces dix dernières années ont été marquées par une meilleure prise de conscience de l'importance que revêtent les loisirs dans l'intégration sociale, l'accès à des débouchés et l'épanouissement des jeunes d'une manière générale. Tant par nécessité que par intérêt, les jeunes recherchent de plus en plus et trouvent de nouvelles façons d'occuper leur temps libre. Dans nombre de pays industrialisés, les réductions des allocations publiques destinées aux loisirs, au sport, à la musique et à l'enseignement des arts ont compromis de nombreuses activités périscolaires organisées en milieu scolaire ou en dehors. Ces opportunités perdues donnent lieu à une multiplication des « enfants à la clef », qui regagnent un appartement ou une maison vide ou traînent dans les rues.

Le vieillissement des sociétés a de profondes incidences sur les relations intergenérationnelles. Le pourcentage de jeunes par rapport à la population totale baisse progressivement et le développement des jeunes sera de plus en plus considéré pour les avantages possibles qu'il pourra apporter aux autres générations. Le nombre des personnes âgées d'au moins 60 ans doit en principe doubler, passant de 10 à 21 % entre 200 et 2050. Le pourcentage des jeunes par rapport à la population totale baissera de 18 à 15 %. Le vieillissement de la population se perçoit déjà dans les pays développés. Il se produit à un rythme plus élevé que dans les pays en développement. Par contre, dans de nombreux cas, les infrastructures et les politiques nécessaires destinées à accompagner ces développement ne suivront pas.

Les jeunes à risque : Pour la plupart, les jeunes gèrent bien le passage de l'enfance et à l'âge adulte. Grâce au soutien de leur famille, de l'école et de leurs pairs, ils finissent pas trouver leur place d'adultes dans la société. Pour une minorité, ce n'est pas le cas, certains jeunes adoptant des comportements à risque susceptibles de nuire à leur insertion sociale et à leur santé.


Le VIH/sida est la cause de mortalité la plus prévalente parmi les jeunes, suivi de la violence et des traumatises physiques. La propagation du virus a eu un effet dévastateur sur la santé sexuelle et reproductive de jeunes qui sont particulièrement vulnérables à la maladie.

Actuellement, 10 millions de jeunes vivent avec le VIH/sida, dont 6,2 millions en Afrique subsaharienne et 2,2 millions en Asie. Dans les Caraïbes et en Afrique subsaharienne, les jeunes femmes ont deux à trois fois plus de chances d'être séropositives que les hommes. Les jeunes qui peuvent faire des choix en toute connaissance de cause sont beaucoup plus à même de réduire considérablement le nombre de nouvelles infections.

La santé peut être définie comme un état de bien-être physique, mental et social complet, et non simplement comme l'absence de maladie ou d'infirmité.

C'est très souvent à l'adolescence que les jeunes commencent à consommer de l'alcool, du tabac et des drogues illicites. Parmi les substances illicites recensées dans les traités internationaux relatifs au contrôle des drogues. le cannabis est, de loin, le plus largement et le plus fréquemment utilisé, en particulier chez les jeunes. On observe également une évolution notable de l'abus de drogues de synthèse, généralement dans les cadres festifs. Les efforts déployés pour restreindre la publicité sur l'alcool et le tabac n'ont pas permis d'empêcher leur usage élevé dans les pays en développement où la demande en substances illicites parmi les jeunes a augmenté pour atteindre les niveaux des pays industrialisés.

Dans la plupart des pays, la discrimination et les stéréotypes empêchent les filles et les jeunes femmes de se développer pleinement dans la société. Les gouvernements ont davantage pris conscience des questions sexospécifiques. Cependant, un accès égal à l'éducation et au marché du travail continuent d'être problématique dans certains pays, les stéréotypes sur les femmes continuent d'être véhiculés, tant par les médias traditionnels que par les nouveaux médias, et la violence continue d'être perpétrée contre les filles et les jeunes femmes. Les abus physiques et sexuels affectent des millions de filles et de femmes, qui sont particulièrement vulnérables à la violence dans les situations de conflit. Or, ils ne sont généralement pas signalés.

On a assisté au cours de ces dix dernières années à un accroissement sans précédent du nombre de jeunes qui ont été victimes des conflits armés ou qui y ont pris part - on estime qu'il y a 300 000 enfants soldats et de jeunes combattants. Malgré l'élaboration d'un cadre juridique international pour protéger les mineurs et empêcher leur participation aux situations de conflit, aucun progrès n'a été enregistré sur le terrain. De plus, les jeunes ne sont pas protégés par ce cadre juridique même si beaucoup étaient des jeunes pendant la période de conflit. En raison de cette « zone d'ombre sur le plan juridique », les jeunes restent vulnérables pendant le conflit et après le rétablissement de la paix. Les traumatismes et le manque de soutien et de services sociaux peuvent avoir des de graves répercussions sur les jeunes, nuire durablement à leur santé physique et mentale et compromettre leur transition vers l'âge adulte.
Cet article a été préparé par le Programme sur les jeunes de la Division des politiques sociales et du développement social, Département des affaires économiques et sociales, qui est le point focal au sein du système des Nations Unies sur les questions concernant les jeunes. Joop Theunissen, Fred Doulton, Julie Larsen, Charlotte van Hees et Sylvie Pailler travaillent actuellement avec le Programme. (Le rapport complet et ses recommandations sont disponibles à www.un.org/youth.
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