Chronique ONU

Conversation avec...
Vivian Fernández de Torrijos

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Biographie
Photo offerte par la Presidencia de la República de Panamá
Vivian Fernández de Torrijos est la première dame de Panama depuis que son mari, Martin Torrijos Espino, a été élu Président en 2004. Publiciste et mère de trois enfants, Mme Fernandez de Torrijos s'emploie depuis longtemps à améliorer le bien-être des groupes marginalisés socialement, en particulier les personnes handicapées, les enfants et les femmes rurales.

Horst Rutsch et Marga Darao-Moris, de la Chronique ONU, se sont entretenus avec elle le 2 mars 2005, lors de sa visite au siège de l'ONU à New York pour assister à la 49e session de la Commission de la condition de la femme.

Interview
Sur le rôle de première dame du Panama
Le Panama compte 37 % de pauvres, dont 90 % dans les régions autochtones. Il nous est difficile de fournir aux pauvres les services de base - eau, électricité, éducation, santé - pour qu'ils sortent de la pauvreté. Nous devons travailler avec les jeunes et leur fournir non seulement ce dont ils ont besoin mais aussi des modèles qu'ils peuvent suivre. Et cela n'est pas toujours facile. Mais si nous voulons montrer comment fonctionne une bonne gouvernance, nous devrions au moins avoir un modèle pour les jeunes et leur donner l'occasion de faire entendre leur voix et de participer avec le reste de la population à la prise de décision sur les questions qui les concernent.

C'est ce que mon mari et moi essayons de faire - nous voulons inclure les idées, les décisions et la participation des jeunes qui sont à l'université ou dans les grandes écoles. Nous voulons un gouvernement qui, dans le cadre de ses responsabilités, accepte les jeunes et les inclut dans son processus de prise de décision. Je m'occupe de la branche sociale du gouvernement en faveur des minorités qui ont été oubliées pendant des années - les handicapés, les jeunes, les femmes âgées et les autres.

Sur la modernisation du Panama
Pour le nouveau gouvernement, les défis majeurs ont été de reconstruire le système fiscal inefficace et la sécurité sociale - ce sont les deux défis économiques auxquels il est confronté. Dès qu'il a pris ses fonctions, mon mari a changé la Constitution de la République, une initiative que le pays entier attendait. Au cours des premiers trois mois, il a changé le système fiscal : les modes de calcul des impôts n'étaient pas équitables et la fraude fiscale était généralisée, ce qui représentait un autre défi. Nous sommes aujourd'hui en cours de négociations sur la réforme de la sécurité sociale, qui nécessitera des décisions difficiles.

Le Canal, ainsi que l'élargissement de son bassin interocéanique, représentent également un autre problème. Il faut que ce Canal soit en parfait état. Cela prendra des années, mais la décision doit être prise maintenant, sinon il ne pourra satisfaire aux besoins internationaux. L'autre défi concerne la province de Colón où le commerce est développé et progressera grâce aux activités des quatre ports, non seulement sur la côte Atlantique mais aussi sur la côte Pacifique, ce qui stimulera l'économie. Le tourisme aussi est une activité que nous allons développer. Notre pays, desservi par des vols directs en provenance du monde entier, est une destination idéale pour l'écotourisme et un lieu sûr pour passer des vacances. Nous avons une population autochtone intéressante, deux océans, des forêts tropicales, de belles plages, de nombreuses espèces d'oiseaux ainsi qu'une faune et une flore variées.

Sur la reconnaissance des personnes handicapées
Fournir aux enfants handicapés tous les services, y compris ceux de santé et d'éducation, est une priorité de la première dame de Panama. Photo ONU
Il nous incombe de veiller à ce que les handicapés appartenant aux minorités soient inclus dans tous les aspects de la société. L'éducation, la santé et le travail devraient être accessibles à tous. Au Panama, les handicapés sont exclus et ont généralement des services spéciaux pour tout. Depuis des années, ils revendiquent ce droit et c'est pourquoi je travaille avec eux. Depuis 1980, je fais partie des groupes sur la santé et l'éducation. Pour suivre des études, les personnes ou les enfants handicapés sont obligés d'aller dans des écoles spécialisées. Je sais que dans d'autres pays ils sont inclus dans les écoles, ont les mêmes enseignants et bénéficient des mêmes services scolaires. Et je ne parle pas seulement des enfants souffrant d'un déficit auditif ou visuel, mais aussi de ceux qui souffrent de problèmes de mobilité et de retard mental, comme la trisomie 21.

Sur l'intégration des enfants handicapés
Dans le cadre des initiatives prises par mon mari, le gouvernement travaille avec les différents ministères ou secrétariats pour inclure les enfants handicapés et leur permettre de bénéficier de tous les services afin qu'ils soient acceptés dans toutes les écoles et qu'ils aient accès au matériel dont ils ont besoin pour suivre le programme scolaire. Par exemple, le programme INCLUYE vend des bracelets bleus, comme les bracelets jaunes (le bracelet jaune a été lancé par le cycliste Lance Armstrong pour soutenir la lutte contre le cancer). La vente aide le programme et les recettes servent à financer le matériel - nous apportons ainsi notre contribution à cette campagne. Cette initiative a été couronnée de succès. Nous avons sensibilisé le public sur ce problème, et je pense que des changements importants ont eu lieu dans notre pays.

Sur le problème de la violence à l'encontre des femmes
Nous menons actuellement une campagne contre la violence sexospécifique à l'égard non seulement des femmes mais aussi de la famille. Il faut briser le silence. Nous essayons d'aborder la question pour inciter tout le monde à en parler. Il faut encourager les femmes, les hommes et les enfants à signaler ce problème aux autorités. Cette violence est perpétrée dans nos foyers ou chez les voisins, mais nous n'en parlons pas. Il faut en parler et en discuter au grand jour.

Sur la participation de la Conférence sur les femmes à l'ONU
C'est la première fois que j'assiste à un événement aux Nations Unies. J'étais intéressée de venir à l'occasion de la Conférence de la condition de la femme réunie pour l'évaluation des politiques et le suivi du Programme d'action de Beijing de 1995. Mon mari étant Président du Panama depuis six mois, ma présence me semblait normale. Je représente le Panama et je suis ici pour donner le rapport de mon pays et discuter des questions qui sont importantes pour nous.

Sur la visite des Nations Unies
Des femmes autochtones apprennent l'horticulture. © Photo FAO/M. Sistini
La visite des Nations Unies m'a beaucoup plu. C'est comme si le monde entier se réunissait dans une pièce, ce qui permet de voir combien le monde est petit. J'ai constaté que des pays lointains avaient les mêmes problèmes que le mien et que les grandes puissances sont confrontées aux mêmes problèmes que les petits pays. J'étais ravie de partager mon temps avec des femmes venues d'Afrique, d'Asie, d'Europe et des pays de l'Amérique du Nord et du Sud, pour débattre en profondeur de l'une des questions les plus importantes qui nous unit : les femmes. Cela a été pour moi l'une des expériences les plus enrichissantes. J'étais vraiment impressionnée par la façon dont l'Organisation débat de ces questions et par le professionnalisme des personnes qui y travaillent. J'ai beaucoup apprécié ma visite ici.
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