Chronique ONU
Crise du développement
Le sida réduit l'espérance de vie dans 23 pays africains
Par Beatriz Pavon, pour la Chronique

Imprimer
Page d'accueil | Dans ce numéro | Archives | Anglais | Contactez-nous | Abonnez-vous | Liens
L'article
Selon le Rapport 2004 sur l'épidémie mondiale du sida, publié par le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), l'impact du sida sur la mortalité adulte depuis 1999 a engendré une baisse de l'espérance de vie à la naissance dans 23 pays africains. Les organismes de l'ONU ont mis en garde que l'épidémie avait réduit à moins de quarante ans l'espérance de vie dans sept pays situés en Afrique subsaharienne - la République centrafricaine, le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, le Swaziland, le Zimbabwe et la Zambie - leur indice de développement humain ayant également chuté à son niveau de 1990. L'espérance de vie d'un enfant zambien est de 32 ans alors qu'en 1990 elle était de 49 ans. Dans ces sept pays africains, l'espérance de vie moyenne d'une personne née entre 1995 et 2000 est 13 ans de moins que lorsque le sida n'existait pas. Cette maladie est la cause de ce renversement dramatique, qui en 2003 a fait 2,2 millions de morts en Afrique subsaharienne seulement.
Source: ONUSIDA/OMS, 2004
Le sida entraîne une diminution de l'espérance de vie en Afrique, affectant principalement les régions de l'Est et du Sud. Si les taux d'infection actuels se maintiennent et qu'aucun programme de traitement de grande ampleur n'est mis en place, jusqu'à 60 % des jeunes âgés de 15 ans mourront avant d'atteindre 60 ans. « Les conséquences sont extrêmement graves et indiquent des renversements plus importants dans le développement humain, car le sida touche toutes les institutions sociales qui sont nécessaires pour développer et maintenir des sociétés stables et équitables », a dit à la Chronique ONU le docteur Desmond Johns, directeur du bureau d'ONUSIDA de New York.

Le sida est bien plus qu'un problème de santé, particulièrement en Afrique subsaharienne, où l'espérance de vie en 2004 a parfois chuté au niveau des années 1970, durant les grandes famines. D'après les estimations, les pays qui atteignent des niveaux de prévalence du VIH de 15 % parmi la population adulte perdront chaque année 1 % en moyenne de leur produit intérieur brut. Comme l'indique M. Johns : « Le sida touche tous les secteurs de la société. Dans des pays très touchés, il est donc légitime de considérer cette maladie comme un indicateur social et de la productivité économique et de considérer l'épidémie comme une véritable crise du développement ». Selon les prévisions à long terme, dans ces pays fortement touchés, un nombre disproportionné de foyers seront laissés à la charge des enfants.

« Les décès dus au sida ont, à ce jour, fait 15 millions d'orphelins dans le monde ». Le fait qu'un grand nombre d'orphelins « grandissent sans soutien, sans supervision, sans éducation et sans emploi aura de graves répercussions sur la stabilité des sociétés concernées », a-t-il déclaré.

En outre, l'épidémie touche les femmes et les filles de manière disproportionnée. Les femmes représentent 57 % des nouvelles infections en Afrique subsaharienne, une vulnérabilité largement déterminée par leur statut économique et social. M. Johns a également indiqué qu'« elles avaient plus de chances de contracter le virus par des relations sexuelles entre générations différentes, de souffrir des conséquences de l'épidémie en étant retirées de l'école pour s'occuper des malades ou d'êtres contraintes à chercher du travail pour subvenir aux besoins de leur famille ». Sans une action décisive contre le sida, on estime que d'ici à 2025, quelque 38 pays africains auront une population en baisse de 14 % de plus que prévu.

L'initiative « 3 par 5 » lancée par l'Organisation mondiale de la santé/ONUSIDA vise à améliorer l'accès au traitement antirétroviral, mais ces efforts sont actuellement freinés par le manque de capacité humaine, d'infrastructure et de ressources. « Les personnes infectées ont besoin d'un traitement tout au long de leur vie et un soutien social pour mener une vie saine et productive. Il est donc important que le VIH soit considéré par la communauté internationale comme un défi au développement », a affirmé M. Johns. Selon lui, cela permettra de porter l'attention non seulement sur les personnes infectées mais aussi sur les causes de l'épidémie, telles que la pauvreté, le manque d'accès aux services de base comme l'éducation et la santé, ainsi que l'inégalité entre les sexes et la mobilité. « Nous avons une bonne idée de ce qu'il faut faire et, avec les ressources suffisantes, nous pourrons enfin passer le point critique », a-t-il déclaré.
Page d'accueil | Dans ce numéro | Archives | Anglais | Contactez-nous | Abonnez-vous | Liens
Copyright © Nations Unies
Retour  Haut