Chronique ONU
Le défi de l'inégalité
Perspective sur la croissance, la pauvreté et l'inégalité
Par Namrita Talwar, pour la Chronique

Imprimer
Page d'accueil | Dans ce numéro | Archives | Anglais | Contactez-nous | Abonnez-vous | Liens
L'article
Photo UNCHS
Dans une grande mesure, la pauvreté a été un obstacle sur le chemin du progrès et du développement pour un grand nombre de nations dans le monde, et ce ne sont pas les économistes qui diront le contraire. Face à ce fléau, de nombreux chercheurs ont été amenés à étudier les questions liées à la pauvreté et à sensibiliser davantage les gouvernements.

Mettre au premier plan l'effort mondial est l'un des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui vise à réduire de moitié d'ici à 2015 la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour en 1990. De telles initiatives sont encourageantes, mais de nombreux chercheurs estiment qu'un changement d'objectif et de politique est nécessaire avant de pouvoir traiter de l'inégalité entre les revenus.

« L'inégalité est une question importante », a indiqué Anthony Shorrocks, directeur de l'Institut Mondial de recherche sur l'économie des pays en développement de l'Université des Nations Unies (UNU/WIDER) lors de la présentation de trois nouvelles études sur la croissance, l'inégalité et la pauvreté au siège de l'ONU, à New York. « L'inégalité est un sujet important auquel il faut accorder plus d'attention lors de l'élaboration des politiques de développement économique destinées à atténuer la pauvreté ».

Alors que de nombreux pays aux économies fermées ont ouvert leurs portes à la libéralisation nationale et à la mondialisation, initiative connue sous le nom de Consensus de Washington, l'étude d'UNU/WIDER montre que les questions concernant les fortes inégalités et leur augmentation, leur impact sur la pauvreté et la croissance, ainsi que les mesures pour les contenir ont largement été mises sur la touche. Malgré l'essor de la croissance économique dans un grand nombre de pays en développement, les conditions de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté n'ont pas été améliorées. « Nous sommes très inquiets des différences de plus en plus marquées entre les revenus », a indiqué M. Shorrocks.

Selon l'étude, les réformes économiques lancées en Chine en 1978, qui ont été poursuivies sur une plus grande échelle au cours des deux décennies suivantes, ont entraîné un boom économique important dont ont profité de larges sections de la population qui s'est traduit par une baisse importante des taux de pauvreté. Cependant, pendant la période de croissance de 1978 à 1984, les inégalités sont restées relativement stables, ne présentant aucun signe de fléchisssement; mais elles se sont accentuées depuis 1985. Cette tendance menace les progrès en matière de réduction de la pauvreté, ainsi que le maintien des taux de croissance rapides. Il existe de fortes disparités entre la ceinture côtière, une région désindustrialisée, où les nombreuses entreprises publiques obsolètes qui y sont établies ont besoin d'être radicalement restructurées et les régions occidentales en développement où de nombreux services sont à créer, indique l'étude.

Avec l'entrée de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce, le facteur d'inégalité risque d'être exacerbé, indique également l'étude, quand les tarifs agricoles devront être réduits de moitié en 2004 et les tarifs des produits manufacturés encore plus, ce qui aggravera la situation des secteurs les plus vulnérables. C'est pourquoi il était nécessaire de remodeler les politiques de réforme en fonction des conditions spécifiques de chaque pays, a dit Giovanni Andrea Cornia, professeur d'économie pour le développement à l'université de Florence et ancien directeur d'UNU/WIDER. Les OMD ne seront réalisés que si la réduction de la pauvreté est abordée par chaque pays « aux niveau national et sous-national ». Une telle restructuration peut déterminer si les politiques prennent en compte les pauvres ou non, la libéralisation du commerce pouvant être un test pertinent à cet égard. La conclusion est que « nous devons nous attaquer davantage à la pauvreté, et que cela contribue à une croissance économique durable », a ajouté M. Cornia.
Page d'accueil | Dans ce numéro | Archives | Anglais | Contactez-nous | Abonnez-vous | Liens
Copyright © Nations Unies
Retour  Haut