Chronique ONU
Un film vaut mille mots
Par Roberta Seret

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L'article
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Lorsque j'étais étudiante invitée en France, j'attendais avec impatience le mercredi soir quand la faculté de lettres se transformait en ciné-club. C'était un moment magique. J'ai vu des films de Truffaut, Felllini, Bergman, Man Ray et Kurosawa, et j'ai été transportée dans des mondes qui dépassaient de loin mon imagination. Pour la première fois, j'étais exposée à des cultures étrangères, ce qui a stimulé mon immense soif de savoir.

De retour aux États-Unis, je me suis promise qu'un jour, j'offrirai la même expérience à d'autres. Et pour ce faire, quelle meilleure salle de cinéma que l'auditorium de la Bibliothèque Dag Hammarskjold (DHL) au siège de l'ONU ? Et quel autre meilleur moyen que les films pour confronter les jeunes à d'autres cultures ?

En tant que directrice du département d'anglais professionnel au Comité d'accueil des Nations Unies, j'ai commencé à concevoir l'idée de réaliser mon rêve : sensibiliser les étudiants aux pays étrangers grâce au cinéma. C'était un projet intimidant mais pas insurmontable. D'abord, il me fallait passer voir l'auditorium, qui était en cours de rénovation. Je me suis jointe à la campagne de collecte de fonds et ai aidé le Président de la Société cinématographique à obtenir des contributions pour la modernisation de la salle et l'achat d'un projecteur 35 mm.

L'autre défi était d'obtenir l'accord du Conseil d'éducation de la ville de New York pour que les élèves participent au programme. Le Président des Écoles Joel Klein et d'autres responsables se sont engagés à soutenir ce projet, lequel commençait à prendre forme. La prochaine étape, et la plus cruciale, était d'obtenir l'autorisation des Nations Unies. Le Département de l'information des Nations Unies (DPI) soutient la promotion de projets communautaires et, chaque mois, ouvre ses portes à 175 élèves de lycées publics de la ville de New York. Les guides de l'ONU adaptent leurs visites afin qu'ils comprennent les objectifs de paix et de liberté.

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Dans ces temps difficiles, le message de non-violence et de compréhension universelle offre à nos étudiants l'espoir d'un monde meilleur. Avides d'apprendre et de comprendre, ils sont nos futurs citoyens.

Les Missions permanentes auprès des Nations Unies ont accepté avec enthousiasme de diffuser un film de leur pays : chaque mois, un pays organise la manifestation, présentant le film et répondant aux questions, ce qui me rappelait les séances de ciné-club à Paris. Cela fait maintenant deux ans que le programme a été créé et que les États Membres de l'ONU participent au programme.

Nous avons choisi un film correspondant à un thème des Nations Unies, tel que les droits de l'homme, la non-violence, la famille, l'environnement, la paix, les enfants et le respect envers les personnes âgées. Depuis janvier 2003, nous avons projeté des films qui ont suscité des discussions passionnantes : Au-delà su silence (Allemagne), Le voyage de l'espoir (Suisse), Gare centrale (Brésil), La bicyclette de Pékin (Chine), Cinéma Paradis (Italie), Le cercle (Iran), Rêves (Japon), Ma vie de chien (Suède) et Osama (Afghanistan), Retour au pays (Corée du Sud), Avant la pluie (Macédoine) et Bloqué en Irak (Iran).

La projection du film primé Osama, suivie d'un débat passionnant animé par les membres de la Mission en Afghanistan, a été pour moi un moment fort. Les jeunes ont posé des questions sur la situation actuelle en Afghanistan : « La situation des droits de l'homme pour les femmes a-t-elle changé ? » « Est-ce que tout le monde peut voter pour le gouvernement de son choix ? » « Le peuple afghan a-t-il trouvé la paix ? »

Alors que je m'apprêtais à sortir de l'auditorium DHL, un élève est venu vers moi et m'a demandé : « Est-ce que je pourrai être stagiaire à l'ONU cet été ? » Je lui ai répondu et son ami a ajouté : « Nous avons passé un après-midi super. Cela a changé ma vie. » J'ai souri, satisfaite. Grâce à lui et aux 1 700 élèves qui ont participé à la « classe ouverte » de l'ONU, mon rêve s'est réalisé. Cet élève m'a rappelé que si nous n'avons pas de rêves pour nos élèves, comment pouvons-nous avoir de l'espoir pour leur avenir ? En éduquant leurs esprits, nous personnalisons les idéaux des Nations Unies.
Biographie
Roberta Seret est directrice exécutive du Festival cinématographique international pour les élèves du secondaire et directrice d'anglais professionnel au Comité d'accueil des Nations Unies. Professeur auxiliaire d'anglais au New York Institute of Technology, elle est titulaire d'un doctorat en littérature comparée et d'une maîtrise de français à l'université de New York.
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