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La situation mondiale
Une lente reprise économique est prévue
Par Nucchi Currier, pour la Chronique

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L'article
Selon deux récents rapports économiques de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) : " La situation économique mondiale et les perspectives en 2003 ", une publication faite avec le concours du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, et le Rapport sur les investissements mondiaux 2002, l'économie mondiale amorce une reprise lente mais les obstacles à la croissance persistent sous la forme de surcapacité, de surévaluation des prix des éléments d'actif, de la perte de confiance des investisseurs et de déséquilibres macroéconomiques.

Les incertitudes associées aux tensions géopolitiques résultant de l'augmentation du prix du pétrole, de la faiblesse des dépenses d'investissement des entreprises, de la morosité du marché de l'emploi et de la baisse du prix des actions, ainsi que les déséquilibres extérieurs, la fragilité du système financier international et du secteur des entreprises dans certains pays et d'autres problèmes encore laissent présager une vulnérabilité de l'économie mondiale à moyen terme.

Les deux rapports recommandent une meilleure coordination politique macroéconomique entre les économies. Ils préconisent également une diminution du protectionnisme et une réduction des tarifs et des subventions parmi les pays développés afin de permettre aux économies en développement d'exploiter leur avantages comparatifs en assurant un meilleur accès aux biens et aux services locaux. Selon le CNUCED, l'objectif du renforcement de la compétitivité à l'exportation devrait être les gains de développement à long terme. " La priorité doit être donnée au renforcement des capacités nationales car celui-ci permet non seulement d'attirer des investissements étrangers directs de qualité mais aussi de faciliter la modernisation des activités existantes ", affirme Rubens Ricupero, secrétaire général du CNUCED.

Le nombre croissant de scandales dans le monde des affaires, particulièrement aux États-Unis, l'agravation des problèmes posés par la dette fiscale et extérieure dans plusieurs pays d'Amérique latine ainsi que les graves inondations et la sécheresse dans d'autres pays ont exacerbé la faiblesse de l'économie mondiale mais ont été atténués par des facteurs de support clés, tels que les incitations monétaires et fiscales, une légère augmentation des dépenses des consommateurs et le réapprovisionnement des stocks. Dans la constellation de plus en plus globalisée de la production, du commerce et de la finance, les économies individuelles sont devenues de plus en plus dépendantes de la demande mondiale. Ceci s'applique en particulier au secteur de la technologie de pointe. La perte d'emplois ainsi qu'une inflation bénigne contribuent au ralentissement du redressement économique mondial, représentant un défi politique à long terme et un obstacle majeur dans la réduction de la pauvreté.

On estime que le produit mondial brut a augmenté de 1,7 % en 2002, soit une légère augmentation par rapport à l'année dernière, qui avait connu le niveau le plus bas en dix ans. Le commerce mondial, qui s'était ralenti en 2001, a légèrement progressé de 2 %. Seuls quelques pays en développement ont augmenté leur revenu par habitant de plus de 3 % au cours des deux dernières années. Cette croissance mondiale anémique, due à la baisse du revenu par habitant pendant deux années consécutives, constitue un problème important dans la réalisation de l'objectif du millénaire visant à réduire la pauvreté mondiale.

L'amélioration de la situation économique mondiale ne sera possible qu'avec une réduction de la surcapacité des économies développées et une stimulation de la demande intérieure dans les pays en développement où les produits et les services de haute technologies représentent un potentiel énorme.

Selon les prévisions, la croissance commerciale sera de 6 % en 2003, contre 2 % en 2002 et une baisse en 2001. Les prix des produits de base autres que le pétrole devraient continuer à baisser et les flux de capitaux privés devraient rester à un niveau bas en raison de la perte de confiance des investisseurs entraînant le transfert net des ressources financières en provenance des pays en développement pendant plus de six années consécutives. Selon les chiffres du CNUCED, les IED dans les pays en développement ont baissé de plus de 25 % en 2002, tombant à 540 milliards de dollars.

Le commerce entre les pays est une condition essentielle à la croissance économique soutenue et au développement. Pour que les pays en développement puissent sortir du cycle de la privation et de la pauvreté, il faut qu'ils participent à l'économie mondiale. Cela est possible par une expansion et une diversification des exportations. Les sociétés transnationales (TNC) renforcent leur rôle dans le processus en fournissant les ressources, la technologie et l'accès aux nouveaux marchés.

Les sociétés transnationales continuent de se développer. Selon le Rapport sur les investissements dans le monde 2002, il existe aujourd'hui quelque 65 000 sociétés transnationales qui comptent 850 000 filiales étrangères, produisant le dixième du produit mondial brut et un tiers des exportations mondiales. Les plus importantes sociétés transnationales dominent le paysage, à la fois en termes de chiffre d'affaires et d'effectifs, leur nombre augmentant progressivement chaque année par le biais de fusions et d'acquisitions (F&A). En 2001 seulement, les filiales étrangères comptaient environ 54 millions de salariés, contre 24 millions en 1990. Leurs chiffres d'affaires, de l'ordre de près de 19 billions de dollars, étaient deux fois supérieurs aux exportations mondiales en 2001, par rapport à 1990 où ils étaient pratiquement les mêmes.

Le ralentissement économique mondial en 2001 a engendré une diminution du nombre de F&A transfrontalières- leur valeur totale (594 milliards de dollars) étant seulement la moitié de celle de 2000. Résultat : la diminution des flux d'IED s'est principalement concentrée dans les économies développées, atteignant près de 59 %, contre 14 % dans les pays en développement. Les flux mondiaux d'IED se sont élevés à 735 milliards de dollars, dont 503 milliards dans les pays développées, 205 milliards dans les économies en développement et les 27 milliards restants dans les pays en transition de l'Europe centrale et de l'Est.

Selon le CNUCED, cinq entreprises ayant leur siège dans les pays en développement se sont classées dans les 100 premières pour l'année 2000. Ces entreprises, établies à Hong Kong, en Chine, au Mexique, au Venezuela et en République de Corée, ont été les principaux acteurs de la transnationalisation des 50 premières sociétés de pays en développement.

Les parts des pays en développement ainsi que celles de l'Europe centrale et de l'Est dans le total des flux d'IED ont atteint respectivement 28 % et 4 % en 2001, contre une moyenne de 18 % et de 2 % les deux années précédentes. Les 49 pays les moins avancés restent à l'écart de ce mouvement puisqu'ils n'ont accueilli que 2 % du total des flux d'IED vers les pays en développement et 0,5 % du total mondial.

Les États-Unis continuent d'être le plus grand investisseur dans le monde, les pays de l'Union européenne étant leurs principaux partenaires commerciaux ; les partenaires des États-Unis dans le cadre de l'Accord de libre-échange nord-américain ont également bénéficié de cette relation. Malgré l'impact négatif du fléchissement de la demande dans les principales économies du monde, les perspectives à long terme de l'IED restent positives.

Le renforcement de la compétitivité à l'exportation permet aux pays de développer et d'accroître leurs parts de marché mondial par la diversification de la composition des exportations, la mise à niveau de la technologie et des compétences des activités exportatrices ainsi que par le renforcement des industries nationales. Les TNC peuvent aider à accroître la compétitivité dans les pays en développement. Mais il n'est pas facile de préserver la compétitivité à l'exportation lorsque le niveau des salaires augmente et que les conditions du marché changent. Des politiques d'appui cohérentes sont indispensables et doivent être considérées comme un moyen, la fin étant le développement.

Les produits les plus dynamiques dans le commerce mondial sont pour la plupart des produits qui demandent peu de ressources naturelles, comme les produits électroniques, les automobiles et les vêtements. Les TNC ont joué un rôle important dans le développement des exportations de ces produits.

Le réseau international de production comportent trois éléments clés : la gouvernance, la chaîne de la valeur ajoutée et la configuration géographique. L'évolution des stratégies d'entreprise et des systèmes de production offre aux pays en développement de nouvelles possibilités de pénétrer dans des activités à forte composante technologique et à vocation exportatrice, et de s'intégrer dans des réseaux internationaux de production. De plus, les normes rigoureuses appliquées aux fournisseurs créent des obstacles à l'entrée pour les petits fournisseurs des pays en développement qui ne possèdent pas les avantages compétitifs qu'exigent les systèmes de production modernes.

Perspectives mondiales
La reprise des économies asiatiques devrait se prolonger parmi les pays en développement tant que celles des pays développés se maintiennent. En Afrique, la croissance a atteint 4 % ou plus, principalement en raison de facteurs intérieurs, mais le revenu par habitant ne devrait pas augmenter dans un grand nombre d'entre eux. Dans la plupart des pays de l'Asie occidentale qui exportent du pétrole, l'augmentation des prix de celui-ci ne générera que des gains limités. Dans les pays d'Amérique latine, les perspectives sont peu prometteuses suite à la chute de leur produit intérieur brut (PIB) en 2002.

Parmi les pays développés, le Japon et l'Europe de l'Ouest continuent de souffrir de la faiblesse de la demande intérieure qui impose des contraintes sur leurs activités économiques; la situation est meilleure en Australie, au Canada et en Nouvelle-Zélande. Les économies en transition montrent une augmentation de la demande intérieure due aux incitations fiscales et aux avantages cumulatifs des récentes réformes structurelles. L'entrée dans l'Union européenne devrait fournir des incitations. Les économies de l'Europe centrale et de l'Est souffrent des déficits extérieurs et des contraintes fiscales, tandis que le Commonwealth des États indépendants continue de souffrir des contraintes créées par les goulets d'étranglement de l'offre.

Les États-Unis continuent d'être le moteur de la croissance économique mondiale mais leur reprise devrait être anémique, les industries naissantes, les déficits du gouvernement ainsi que le déclin de la valeur du dollar posant des risques de baisse à l'échelle mondiale. La Chine est la seule grande économie exerçant une influence et donnant une impulsion aux économies dans sa région et, pour la première fois, a dépassé les États-Unis en se plaçant en tête du palmarès pour le montant des investissements étrangers directs en 2002.
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