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Maintien de la paix
Tout aussi dangereux que la cigarette
Dossier préparé par Russell Taylor, pour la Chronique

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Le Conseil de sécurité s'accorde sur des arrangements transitoires en Irak
Alors que la Chronique ONU était sous presse, le Conseil de sécurité a adopté le 22 mai, presque à l'unanimité, une résolution conférant de larges pouvoirs aux États-Unis et à ses partenaires de la coalition pour gérer le pays et définissant la participation de l'ONU. Adoptée par 14 voix, la Syrie ayant décidé de ne pas participé au vote, la résolution 1483 (2003) prévoit la levée des sanctions imposées à l'Irak il y a presque 13 ans, après l'invasion du Koweït, la reprise des ventes de pétrole pour rétablir l'activité économique, la mise en place d'une infrastructure gouvernementale sous la nouvelle Autorité et appelle le Secrétaire général à nommer un Représentant spécial. Elle prévoit également l'examen de l'application de la résolution dans 12 mois. M. Annan a déclaré qu'il nommerait le Représentant général " sans délai ", et a demandé au Conseil son soutien total.

Un technicien de déminage des Nations Unies en action dans le champ de mines de Grdy Sakal, à Kasnazan, dans le nord de l'Irak. Photo/Sonia Dumont/UNOHCI/OIP Programme Pétrole contre nourriture (Mars 2003)
Le personnel international de l'ONU est retourné en Irak le 23 avril. Le 1er mai, le Coordonnateur pour l'Irak, Ramiro Lopes da Silva, à la tête d'une équipe de responsables de l'ONU, a rétabli la présence permanente du personnel international à Bagdad pour les opérations de secours, lequel avait été évacué à la veille des hostilités. Il était accompagné des représentants en Irak de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Ghulam Popal; du Programme alimentaire mondial (PAM), Torben Due; du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF),Carel de Rooy, et du Programme de l'ONU pour le développement (PNUD), Francis Dubois. Les organisations de l'ONU évalueront les besoins les plus urgents, la priorité étant donnée aux installations d'eau et d'assainissement, l'assistance aux groupes vulnérables, l'approvisionnement en électricité, l'action anti-mines ainsi qu'à la santé et à l'éducation primaire.

Le retour des organisations dépend de la sécurité dans le pays et de la déclaration des domaines d'intervention que les États-Unis ont attribués à l'ONU. Le PAM a lancé l'opération de secours la plus importante depuis sa création : au 8 mai, plus de 100 000 tonnes d'aide alimentaire (quantité suffisante pour nourrir 6,75 millions de personnes pendant un mois) ont été fournies depuis le début du conflit.

En plus des 12 millions de litres d'eau, l'UNICEF a fourni des vaccins à 240 000 enfants, distribué du lait thérapeutique et des biscuits à haute teneur en protéines à 240 000 enfants mal nourris et à 130 000 femmes enceintes et qui allaitaient. Elle a également mis en ouvre le programme " École en boîte " afin d'accélérer la réouverture des écoles.

L'ONU se charge de remettre en place les systèmes d'envoi humanitaire avec le Ministère irakien du commerce et d'autres ministères. Les techniciens locaux aident à cibler les besoins de la population. Le 8 mai, le PAM a évalué près de 300 établissements de santé et fourni des kits de santé pour 150 000 patients, suffisamment pour pourvoir à leurs besoins pendant trois mois. Le PNUD est chargé de la réparation des réseaux électriques et de l'évaluation des dégâts dans plusieurs grandes villes. Des programmes de création d'emplois sont lancés pour remettre en place le ramassage des ordures et reconstruire l'infrastructure de base. Habitat-ONU procède à la vérification des habitations et des bâtiments publics endommagés par la guerre et évalue l'évacuation des déchets solides et des eaux usées à Bassorah.

Le Service d'action anti-mines de l'ONU (UNMAS), par l'intermédiaire des Services d'appui aux projets de l'ONU (UNOPS), a effectué des évaluations dans le sud et établi un Groupe de coordination d'action anti-mines à Bassorah. L'UNMAS aidera à coordonner les activités du système de l'ONU, des organisations de spécialistes non gouvernementales et des forces de la coalition liées à l'élimination du matériel non explosé. L'UNOPS compte reprendre son programme de déminage dans les trois gouvernorats situés au nord. Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a plaidé la cause de 1 000 demandeurs d'asile au sort indéfini et a envoyé des tentes, des matelas, des couvertures et d'autres articles similaires à Bagdad afin de secourir 2 000 réfugiés palestiniens expulsés de chez eux. Une aide similaire est fournie dans le nord de l'Irak aux Irakiens de retour dans leur pays. Le HCR a lancé un projet préliminaire de rapatriement et de réintégration afin d'aider 500 000 réfugiés irakiens à revenir dans leur pays.

Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) travaille avec des groupes d'aide pour acheminer le matériel médical et les approvisionnements en Irak. Le Bureau de l'ONU pour la coordination des Affaires humanitaires et le Bureau du coordonnateur de l'ONU pour l'Irak fournissent des outils de coordination tels que le Centre d'information humanitaire.

Pendant le conflit, les opérations humanitaires de l'ONU en Irak ont été maintenues le plus longtemps possible. Dans les trois gouvernorats du nord, le personnel national du PAM a organisé des distributions de nourriture aux personnes déplacées à l'intérieur du pays, évalué le système de distribution publique, soutenu la livraison des vivres, ouvré pour ouvrir des couloirs aériens à partir de la Turquie, de la Jordanie, de l'Iran et de l'Irak, et livré 37 000 m3 de tonnes de vivres depuis le début de la guerre jusqu'au 23 avril. Dans le nord de l'Irak, le personnel local de l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture a continué de fournir des apports de base aux fermiers, de surveiller les flambées possibles de maladies animales ainsi que les infestations de plantes et d'apporter son appui pour protéger les récoltes actuelles. Le personnel local de l'UNICEF a fourni des vivres humanitaires, travaillé à maintenir l'approvisionnement en eau potable, empêché des pertes supplémentaires d'articles humanitaires et stoppé l'épidémie de diarrhées chez les enfants à Bagdad. Le personnel de l'OMS a évalué la situation sanitaire et celles des hôpitaux et a apporté son appui aux professionnels de santé irakiens. L'UNOPS, Habitat-ONU, l'Organisation internationale de l'immigration et le HCR ont surveillé et aidé les ressortissants d'un pays tiers ainsi que les demandeurs d'asile.

Mission de la paix : L'ONU et Ralph Bunche
La Première journée internationale du personnel chargé du maintien de la paix de l'ONU sera célébrée le 29 mai 2003, 55 ans après le lancement par le Conseil de sécurité de la première opération de maintien de la paix de l'ONU.

L'Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST) au Moyen-Orient a été une mission sans précédent. C'était la première fois que le Conseil envoyait des militaires internationaux sous le nouveau drapeau de l'ONU avec, pour mission, de maintenir la paix et la sécurité internationales.

Ralph Johnson Bunche, dont le centenaire sera commémoré dans le prochain numéro, était entré à l'ONU depuis seulement un mois lorsqu'il s'est vu confier la tâche de mettre sur pied le premier groupe d'observateurs militaires de l'ONUST. C'était le début d'une longue aventure. Depuis, quelque 1 800 hommes et femmes en poste, dans un total de 58 opérations de maintien de la paix de l'ONU, ont perdu leur vie — dont près de 40 à l'ONUST. Aujourd'hui, près de 37 000 agents du maintien de la paix sont déployés dans 14 missions, ainsi que plus de 10 000 autres personnels internationaux et civils, issus d'une centaine de pays.

La Première journée internationale du personnel chargé du maintien de la paix de l'ONU est destinée à commémorer le sacrifice et l'engagement de tous les casques bleus qui ont servi, et continuent de servir, dans un si grand nombre de pays et sur de si nombreux champs de bataille.

AFRIQUE
Notant les défis à rétablir la stabilité de la Côte d'Ivoire, après la tentative du coup d'état en septembre 2002, le Conseil de sécurité a adopté, le 13 mai, une résolution autorisant une nouvelle Mission des Nations Unies en Côte d'Ivoire (MINUCI) afin d'aider à la mise en ouvre des Accords de Linas-Marcoussis, un accord de paix parrainé par la France et signé en janvier qui appelle le gouvernement, les rebelles et l'opposition politique à partager le pouvoir dans un gouvernement transitoire jusqu'aux élections en 2005. La MINUCI comprendra une équipe militaire, fondée sur une option proposée par le Secrétaire général, Kofi Annan, qui complète les opérations des forces françaises et de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Ces militaires auront pour mission d'encourager la préparation du désengagement, du désarmement et de la démobilisation, et d'identifier les tâches futures, afin de conseiller le gouvernement et d'épauler les forces françaises et celles de la CEDEAO.

Au début mai, face à la violence qui a touché la région d'Ituri, en République démocratique du Congo (RDC), le Conseil a appelé toutes les parties à mettre fin aux actions qui menaçaient l'accord de cessez-le-feu dans la région. Les membres " ont exhorté toutes les parties congolaises et tous les États de la région à soutenir le processus initié par la Commission de pacification de l'Ituri et de s'abstenir de mener des activités qui pourraient saper ce processus ". Pour mettre fin à près de cinq ans de conflits violents, la milice militaire et les groupes tribaux dans le nord de la RDC avaient convenu, à la mi-avril, d'établir un organe intérimaire pour gérer la région jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement national prenne la relève. Les 177 délégués de la Commission ont adopté une série de mesures transitoires pour mettre fin aux hostilités et établir une administration provisoire dans le district d'Ituri, renforcée par la création d'une Assemblée intérimaire spéciale de 32 membres. Sous la présidence du Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour la RDC, Behrooz Sadry, la Commission de la pacification a convenu que la Commission de prévention et de vérification composée de 18 membres examineraient les causes du conflit et établirait les mesures nécessaires pour prévenir l'escalade.

Citant le " soutien actif " des groupes rebelles par le Liberia, qui avait un effet déstabilisant en Afrique de l'Ouest, le Conseil de sécurité a renouvelé en mai les sanctions contre ce pays, comprenant l'interdiction des exportations de bois en plus des embargos sur les armes et les diamants. Le Conseil avait imposé des sanctions en mai 2001, pour mettre un terme au soutien que le gouvernement du Président Charles Taylor apportait au Front révolutionnaire uni en Sierra Leone pour combattre le gouvernement en place. Suite à une enquête, le Groupe d'experts chargés de la surveillance des sanctions internationales par le Liberia a indiqué que le conflit en cours avait gagné la Sierra Leone, la Guinée et la Côte d'Ivoire, menaçant l'ensemble de la région. Selon les experts, Monrovia et les groupes de rebelles rivaux continuaient de violer l'embargo sur les armes imposé par l'ONU.

ASIE-PACIFIQUE
Après un exposé de l'envoyé des Nations Unies en Afghanistan, Lakdhar Brahimi, le Conseil de sécurité a exprimé le 6 mai sa profonde inquiétude devant la détérioration de la sécurité dans de nombreuses régions du pays et les attaques récentes contre le personnel de l'ONU et d'autres organisations humanitaires. Les rivalités entre les factions et les chefs locaux, l'impunité en matière de violations des droits de l'homme et le harcèlement quotidien des citoyens par les chefs et les forces locales de sécurité constituent une violation de l'Accord de Bonn, conclu par les dirigeants afghans en décembre 2001, qui visait à établir un gouvernement représentatif d'ici à 2004. Les forces soupçonnées d'être associées aux talibans, à Al-Qaida et à Hekmatyar ont multiplié les attentats contre la coalition, selon M. Brahimi, qui s'est déclaré préoccupé par la sécurité de l'ONU et celle du personnel civil.

Considérant que l'Organisation devait continuer de jouer un rôle central pour aider le peuple afghan à consolider la paix et à reconstruire leur pays, le 28 mars, le Conseil a prolongé la Mission d'assistance de l'ONU en Afghanistan (MANUA) de 12 mois.

La Commission sociale et humanitaire de l'ONU présentera à l'Assemblée générale pour adoption un projet d'accord entre les Nations Unies et le Cambodge afin de créer un tribunal chargé de traduire en justice les anciens dirigeants des Khmers Rouges responsables de crimes de guerre. La résolution exhorte le Secrétaire général, Kofi Annan, et le gouvernement cambodgien de " prendre toutes les mesures pour permettre la mise en vigueur et l'application de l'accord ". Elle prévoit la création de " Chambres extraordinaires ", comprenant le tribunal de première instance et la Cour suprême avec des juges internationaux et cambodgiens.

Le Chef de la Mission de soutien de l'ONU au Timor oriental (ATNUTO) a dit au Conseil de sécurité que le nouveau calendrier du retrait progressif des agents du maintien de la paix au Timor-Leste devait prendre en compte les menaces motivées par des raisons criminelles ou politiques." Un regain de violence en ce moment pourrait avoir un effet démoralisant sur la population ", a affirmé Kamalesh Sharma. L'ambassadeur du Timor-Leste, José Luis Guterres, a dit au Conseil que la violence qui avait éclaté en décembre dernier et les activités terroristes en janvier 2003 avaient suscité des craintes pour la sécurité future du pays. La réponse ferme et transparente de l'ONU et de son gouvernement avait cependant apporté un sentiment de réassurance et rétabli la confiance et la stabilité. L'ATNUTO avait été, et continue d'être, efficace. De nombreux progrès ont été réalisés dans la mise en place de la force de police et des capacités militaires timoraises, a-t-il ajouté.

MOYEN-ORIENT
En avril, le quartet diplomatique a lancé sa " feuille de route " pour un règlement permanent et complet du conflit israélo-palestien, une initiative accueillie favorablement par le Secrétaire général, Kofi Annan, qui a exhorté les deux parties à approuver le plan. Dans une déclaration jointe, les représentants du Quartet — le Secrétaire d'État Colin Powell (États-Unis), le Premier ministre des Affaires étrangères Igor Ivanov (Russie), le Haut-représentant de l'Union européenne (UE) pour la sécurité et la politique étrangère Javier Solana et le Secrétaire général ont déclaré : " Le Quartet présente aujourd'hui au gouvernement israélien et à l'Autorité palestinienne une feuille de route pour la réalisation de la vision, partagée par les États-Unis, l'Union européenne, la fédération de Russie et les Nations Unies, de deux pays vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. Les membres du Quartet ouvreront avec les parties et les auteurs clés de la région pour mettre en ouvre la feuille de route, dans la logique de cette vision. "

Quelques heures après la formation du nouveau gouvernement palestinien, le document a été remis à son Premier ministre, Abu Mazen, par le Coordonnateur spécial de l'ONU chargé du processus de paix au Moyen-Orient, Terje Roed Larsen, le Consul général des États-Unis à Jerusalem-est, Jeff Feldman, l'Envoyé de la Fédération de Russie au Moyen-Orient, Andrei Vodvin et l'Envoyé de l'UE au Moyen-Orient, Miguel Moratinos. Au même moment, l'ambassadeur américain, Dan Kurtzer, remettait la feuille de route au Premier ministre israélien, Ariel Sharon.

EUROPE
Bien qu'un pas important ait été franchi au début de 2003 dans le processus de transfert des responsabilités de la mission de l'ONU aux autorités locales, le Kosovo est encore loin d'avoir atteint les objectifs, à savoir l'établissement des institutions représentatives, a déclaré le Secrétaire général, Kofi Annan, dans un rapport rendu public en avril sur les activités de la Mission intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK). Il a appelé tous les dirigeants locaux à collaborer pour consolider les institutions provisoires en cherchant à obtenir des résultats importants et pratiques au lieu de freiner le processus au nom de différences politiques ou ethniques.

" La formation d'institutions administratives séparées ne conduira pas à la création du Kosovo multi-ethnique que nous voulions tous ", a affirmé M. Annan. " Travailler dans le cadre des structures établies nécessite la volonté des communautés minoritaires et la réceptivité de la communauté majoritaire. " Malgré ces défis, il a estimé qu'" il fallait procéder au transfert, de sorte que les institutions provisoires soient responsables devant le peuple du Kosovo des services et de l'administration qui leur sont confiés. " Il a également noté les progrès réalisés, y compris la préparation de projets et la sensibilisation des communautés, afin de s'assurer que les retours auront lieu dans un environnement aussi sûr et fiable que possible. " Cependant, les actes d'intimidation, les menaces et la violence contre les minorités ont toujours lieu et visent à décourager la participation des minorités à la vie publique ".
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