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Projet d'histoire orale de l'ONU à Yale
Par James Sutterlin et Jean Krasno

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L'article
Le Projet d'histoire orale des Nations Unies par l'université de Yale a été entrepris afin de mieux comprendre ce qui se passe dans les coulisses en matière de politique et de sécurité. Composé d'une série d'entretiens avec des personnalités éminentes ayant été associées aux activités de l'ONU, il a pour objectif de recueillir les expériences des personnes occupant des postes de direction et de permettre aux universitaires et au public de comprendre les faits en leur donnant accès à une information disponible pour l'étude et la recherche. Certaines des personnes interviewées ont écrit des livres pour relater leurs expériences mais, dans la plupart des cas, ces entretiens enregistrés sont la seule source d'information existante concernant des événements spécifiques.

Les thèmes de recherche sont délibérément centrés autour de questions spécifiques, telles que la fondation des Nations Unies, les guerres au Moyen-Orient, le Congo pendant les années 1960, le conflit des Falklands/Malouines, El Salvador, le Cambodge, la Namibie, la guerre entre l'Iran et l'Irak, les travaux de la Commission spéciale des Nations Unies (UNSCOM) sur les armes de destruction massive de l'Irak et leur élimination ainsi que d'autres sujets. Un effort concerté a été entrepris pour recueillir des points de vue différents afin de donner une interprétation variée des faits.

Le projet a été divisé en deux parties : la première partie, réalisée par l'Institution for Social et Policy Studies de l'université de Yale, couvre les années 1989 à 1991 et propose 50 entretiens, et la deuxième, réalisée par l'UN Studies Program de Yale, couvre les années 1996 à 2002 et propose plus de 100 entretiens. Cette collection, qui se présente sous forme de transcriptions, est accompagnée des bandes audio. Les personnes interrogées se sont montrées très coopératives, convaincues que l'ONU était une organisation d'une grande valeur digne d'être documentée. Chacune d'elles a pu relire les transcriptions et faire les corrections nécessaires. Les versions finales, qui comprennent le sujet, les répertoires nominatifs et les bandes audio peuvent être consultées à des fins de recherche à la bibliothèque Dag Hammarskjöld de l'ONU et à celle de l'université de Yale.

L'histoire orale présente l'avantage de recueillir le témoignage vivant de personnes qui n'écriront jamais leurs mémoires ou qui, si elles le font, peuvent passer sous silence certaines expériences qui se relatent plus facilement dans le contexte d'une conversation détendue, risquant ainsi de perdre des informations de première main.

De nombreuses conversations et décisions ne font pas partie de la collection officielle. Ces informations, conservées par le gouvernement ou par les Nations Unies, n'incluent pas nécessairement les réunions officieuses, les analyses et les points de vue personnels contenus dans les histoires orales qui sont parfois les seules sources d'information. Par exemple, savez-vous quand et comment le logo de l'ONU a été conçu ?

L'histoire orale présente certains inconvénients comme la faillibilité des souvenirs des personnes ou l'interprétation personnelle des événements. Il est donc important de prendre ses facteurs en considération lorsque les entretiens sont utilisés pour la recherche. Consulter d'autres entretiens portant sur le même sujet et comparer les faits avec d'autres points de vue historiques permet d'évaluer la véracité des informations. Des points de vue différents ne sont pas forcément une mauvaise chose. Il est important de garder à l'esprit que la diversité des perspectives culturelles peut permettre de mieux comprendre les faits et que les divers points de vue des parties concernées font partie du contexte politique.

La série d'entretiens sur l'UNSCOM ayant été réalisée au cours des dernières années du projet, les expériences des personnes interviewées étaient encore fraîches dans leur mémoire. À quelques exceptions près, nous, les auteurs, avons réalisé tous les entretiens. Pour nous préparer, nous avons fait des recherches importantes sur le sujet en procédant à une lecture minutieuse des documents et des publications de l'ONU ainsi que des livres et des articles consacrés à ce sujet. Par exemple, nous estimons qu'un grand nombre d'informations sur l'UNSCOM rassemblées pour le projet devraient être accessibles au public. Nous avons donc décidé de les utiliser pour préparer un livre qui inclut les expériences de ceux qui ont participé directement à l'UNSCOM et présente leurs divers points de vue afin de former une riche mosaïque. Nous avons tenté de faire la synthèse des informations et d'offrir une analyse des événements, des motifs, des décisions et des enseignements tirés mais, dans certains cas, le lecteur devra se faire une opinion lui-même.

Nous avons également produit un film sur l'histoire de la création des Nations Unies fondé sur les informations recueillies au cours des entretiens des personnes ayant participé à la rédaction de la Charte de l'ONU. Nous encourageons les universitaires à utiliser les histoires orales pour écrire leurs articles et leurs livres ou pour enrichir leurs recherches et leurs connaissances de l'histoire de l'ONU et des événements qui ont jalonné l'Organisation.

James Sutterlin est membre d'honneur de l'UN Studies Program, maître de conférences et directeur du Projet d'histoire orale à l'université de Yale. Il est également directeur de recherche et professeur adjoint au Long Island University Centre for the Study of International organizations.

Jean Krasno est directrice adjointe du Projet d'histoire orale de l'ONU à l'université de Yale ainsi que chargée de recherche associée et maître de conférences sur les relations internationales.

Photo : Jean Krasno (à gauche) et James Sutterlin (à droite) remettent des cassettes audio et des transcriptions à Phyllis Dickstein (au centre) de la Bibliothèque Dag Hammarskjöld de l'ONU.
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