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La violence à l’égard des femmes ‘ Si ce n’est pas maintenant, quand donc ? ’
Par Herminia Roque, pour la Chronique

(Photo/UNHCR)

Tout au long de l’histoire, la violence sexuelle a fait partie des conflits armés. Un nouveau rapport publié par le Reproductive Health for Refugees Consortium (RHRC) présente certaines questions importantes, les efforts entrepris ainsi que les lacunes des programmes en matière de prévention et de réponse à la violence sexuelle dont sont victimes les populations touchées par les conflits. Le rapport, intitulé “Si ce n’est pas maintenant, quand donc ? Examiner la violence sexuelle à l’égard des réfugiés, des personnes déplacées et dans les situations après les conflits”, fait état de la violence exercée à l’égard des femmes et des fillettes (et, dans un moindre degré, des hommes et des garçons).

Il apparaît que dans les douze pays qui figurent dans le rapport, trois en Afrique, trois en Asie, trois en Europe et trois en Amérique latine, les diverses formes de violence sexuelle, telles que le viol, la violence familiale, le mariage précoce et le trafic de femmes et de fillettes, ont augmenté pendant les conflits armés et la période de bouleversement sociale qui a suivi. Après avoir interrogé pendant deux semaines des survivants, des organisations locales qui s’occupent de la violence à l’égard des femmes, des organisations internationales d’aide humanitaire et des droits de l’homme, des représentants de gouvernement et des Nations Unies, neuf profils ont été établis - la République démocratique du Congo, le Rwanda, la Sierra Leone, l’Afghanistan/Pakistan, la Birmanie/Thaïlande, le Timor oriental, l’Azerbaïdjan, la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo. Les profils de la Colombie, du Guatemala et du Nicaragua ont été établis à partir d’études théoriques effectuées à New York.

Selon le rapport, les causes de la violence à l’égard des femmes, particulièrement des sévices sexuels commis pendant un conflit armé, varient. La violence sexuelle peut se manifester de manière arbitraire, sans but préconçu, résultant de l’effondrement des systèmes sociaux et moraux. Elle peut également être perpétrée de manière systématique afin de déstabiliser les populations et détruire les liens qui unissent des communautés, promouvoir le nettoyage ethnique, exprimer la haine pour l’ennemi ou fournir des services sexuels aux combattants. En Bosnie, par exemple, le viol public des femmes et des fillettes a précédé la fuite ou l’expulsion de populations musulmanes entières de leur village, et les stratégies de nettoyage ethnique comprenaient la fécondation forcée. Au Rwanda, les extrémistes hutus ont encouragé le viol collectif et la mutilation sexuelle des femmes tutsies, leur transmettant parfois le sida de manière délibérée.

Jusqu’à ces dix dernières années, la plupart des violences à l’égard des femmes durant les conflits armés ont été ignorées. Ce silence est, dans une large mesure, dû aux idées profondément ancrées dans la culture selon lesquelles la violence et l’exploitation des femmes et des fillettes est inévitable. Néanmoins, des événements internationaux interdépendants récents ont permis de placer au premier rang des préoccupations la violence sexuelle dans les conflits armés ainsi qu’à l’égard des réfugiés et des personnes déplacées et dans les situations après les conflits.

Ces événements comprennent entre autres:

  • Le nombre de plus en plus important de mouvements féministes et des droits de l’homme dans le monde qui ont reconnu la violence à l’égard des femmes non seulement comme un phénomène mondial mais aussi comme une violation des droits fondamentaux de l’homme;
  • Le changement dans la nature et l’ampleur de l’aide humanitaire accordée aux populations touchées par les conflits, notamment l’attention accordée aux besoins spécifiques des femmes et des enfants et la création de programmes de santé en matière de reproduction;
  • L’importance de plus en plus marquée des instruments et des institutions juridiques internationaux concernant la promotion et le renforcement des normes de droits de l’homme s’appliquant à la fois aux femmes et au conflit;
  • Les avancées des technologies ainsi que le changement d’attitude concernant la guerre qui a modifié la nature de la propagande de guerre et des reportages, qui ont donné lieu à une couverture importante par la presse de la violence sexuelle perpétrée pendant les conflits en Bosnie, au Kosovo et au Rwanda.
  • Un changement fondamental dans le caractère de la guerre, où les engagements militaires entre les forces armées ont fait place à la violence qui prend pour cible les populations civiles.
Il est possible de réduire le nombre de cas de violence à l’égard des femmes. Les efforts de prévention et de réponse les plus efficaces sont le résultat d’activités coordonnées entre la communauté, les services sociaux de santé et les secteurs juridiques et la sécurité. Cependant, aucun des pays dont le profil a été établi n’a mis en œuvre cette approche " multisectorielle " de manière adéquate. Les programmes-pilotes et les pratiques présentées dans le rapport fournissent une base à partir de laquelle des activités de prévention et de réponse plus complètes et plus efficaces peuvent être développées dans le cadre de l’aide humanitaire.

Le rapport est l’un des résultats d’une initiative globale sur deux ans lancée par le RHRC. Il vise à améliorer les moyens dont disposent les organisations internationales et locales pour mettre fin à la violence à l’égard des réfugiés, des personnes déplacées ainsi que dans les situations après les conflits. D’autres résultats, y compris une bibliographie importante des ressources en matière de violence à l’égard des femmes accessible sur le web, et un manuel du RHRC consacré à l’évaluation des cas de violence sexuelle et à la création de programmes, sont destinés à compléter les conclusions du rapport en fournissant des outils pratiques et faciles à utiliser, ainsi qu’un matériel pédagogique et de formation.

Le rapport a été produit avec l’espoir que les informations qui y sont présentées encourageront non seulement la création de programmes liés à la violence à l’égard des femmes, qui font état de la vulnérabilité des femmes et des fillettes, mais aussi l’examen de méthodes pour prévenir la violence dont sont victimes les garçons, les fillettes, les hommes et les femmes. L’objectif du RHRC est d’augmenter l’accès à des services de santé de qualité en matière de reproduction destinés aux réfugiés et aux personnes déplacées dans le monde.


Liens:
Reproductive Health for Refugees Consortium (RHRC)
If Not Now, When? Addressing Gender-based Violence in Refugee, Internally Displaced, and Post-conflict Settings



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