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Une nouvelle façon de travailler et de vivre dans les Andes
Par Christina Anderson, pour la Chronique

(Photo/Desarrollo Forestal Comunitario)

Dans un article du Times, William Cowper a observé que “ les montagnes faisaient des nations des ennemis, qui autrement, comme les gouttes d’eau, seraient unies. ” Ces propos s’appliquent également aux conflits internes engendrés par le partage des ressources des montagnes dont nous dépendons tous. En 1999, 23 des 27 conflits ayant lieu dans le monde se déroulaient dans les régions montagneuses, qui occupent un quart de la terre émergée. Quelques années auparavant, 14 de ces conflits internationaux avaient pour objet le contrôle des ressources en eau. “ Pour un grand nombre de communautés qui vivent tant dans les régions montagneuses que dans les plaines, les conflits internationaux en matière de contrôle des eaux de montagne sont une menace beaucoup plus réelle que les menaces internationales, et peuvent être aussi catastrophiques ” (Année internationale de la montagne).

La lutte pour le contrôle des ressources n’est qu’un facteur parmi d’autres qui menace les écosystèmes des montagnes, comme l’érosion des sols, la perte de la biodiversité et l’appauvrissement des éléments nutritifs du sol causés par l’exploitation des mines et des forêts, le déboisement et les pratiques agricoles non saines. Plus de la moitié de la population mondiale dépend de l’eau de montagne. Un avenir durable signifie protéger ces régions en s’assurant que les populations rurales peuvent demeurer dans leurs communautés et vivre des ressources de leur terre. Le Desarrollo Forestal Communitario (DFC), un projet de développement d’exploita-tion forestière pour les communautés, mis en place par le Plan d’action forestier de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture conjointement avec le Ministère de l’environnement de l’Équateur, aide les communautés rurales andines à développer des petites industries et des pratiques agricoles qui intègrent le savoir traditionnel ainsi que les méthodes d’agriculture et d’exploitation forestière respectueuses de l’environnement.

Un des moyens de gérer l’agriculture de manière durable est d’avoir recours à l’agroforesterie qui intègre la plantation des arbres ainsi que la gestion des cultures et du bétail. Associer les technologies forestières et la plantation des arbres permet de conserver l’écosystème naturel et d’empêcher l’érosion du sol, tout en permettant à la population rurale de vivre de ses terres. Lorsque les arbres sont abattus pour faire place à l’exploitation minière ou forestière et à l’agriculture, l’érosion du sol qui s’ensuit rend les terres et les communautés plus vulnérables aux catastrophes naturelles, telles que les inonda-tions et les avalanches. La plantation d’arbres indigènes, tels que les aulnes et les noyers, à la périphérie des cultures, par exemple, empêche l’érosion du sol, permet de maintenir la biodiversité naturelle et enrichit le sol, ce qui se traduit par un meilleur rendement des cultures. Le DFC travaille avec plus de 50 essences d’arbres et arbustes, dont 80 % sont indigènes.

L’agroforesterie a également permis d’inverser la tendance de la migration. Trop souvent, les décisions concernant les ressources qui affectent les moyens d’existence des populations rurales sont prises en haut lieu, marginalisant les fermiers locaux et les forçant à abandonner leurs communautés afin de chercher ailleurs de quoi faire vivre leur famille. En Équateur, où 80 % de la population vivent dans la pauvreté, il est difficile, voire impossible, de trouver du travail dans la région des plaines. Les populations des montagnes sont, en général, plus pauvres de manière disproportionnée car elles ne reçoivent aucun dédommagement pour l’exploitation des ressources ou pour les dégâts que l’accès à ces ressources, souvent considérées comme des biens nationaux, causent à l’environnement.

Lorsque les Andins sont forcés d’abandonner leurs communautés, la région est privée d’une importante source de savoir. La perte du “ savoir ancestral ”, qui est transmis de génération en génération et qui enseigne des compétences telles que les méthodes de reproduction d’essences indigènes ou l’extraction et le stockage des graines qui sont utilisées pour la reproduction, met en danger la durabilité potentielle des écosystèmes des montagnes. Comme le dit Pascual Cordero, un fermier et un promoteur de sa communauté : “ Nous sommes nés ici. La solution ne consiste pas à partir ailleurs mais à apprendre de nouvelles manières de travailler ici. ”

Les objectifs fixés par le DFC lorsque le projet a commencé en 1993 ont été atteints deux ans plus tôt que prévus. Cinq cent communautés, un tiers de celles répertoriées dans les Andes équatoriennes, ont été ciblées, et 700 promoteurs du projet, des leaders choisis par et dans la communauté locale pour évaluer les besoins de la communauté et aider à la mise en œuvre du projet, ont été formés. Au total, 40 % des promoteurs sont des femmes. Bien que les femmes aient été traditionnellement exclues du processus de prise de décision, une composante majeure du projet a été de leur donner les moyens de jouer un rôle important dans leurs communautés. Au début, devant les résistances que cette initiative soulevait, le FDC a dû organiser des sessions de formation stratégique. “ La première année, les hommes étaient opposés à l’idée. Puis, nous avons décidé de les éduquer et de les sensibiliser sur le rôle des femmes dans notre société. D’immenses progrès ont été accomplis. En fait, les hommes sont maintenant plus favorables que les femmes ”, dit Paulina Eraso, une assistante du projet.

Les petites entreprises forestières contribuent également à la croissance économique de cette région, grâce à des produits comme les champignons secs, les produits du bois, les ustensiles, l’artisanat, la vannerie, la culture et l’exportation de plantes médicinales et d’articles d’artisanat tels que les sculptures en ivoire végétal taillées dans les graines de palmier indigène. Ceci renforce le respect de soi des communautés et leur permet de rester dans leur région natale, d’évaluer leurs propres besoins et de contrôler les ressources générées par leurs activités. Des projets comme le DFC permettent d’améliorer la qualité de la vie des communautés montagnardes et, finalement, d’assurer une meilleure qualité de vie pour nous tous.


Liens:
Année internationale de la montagne



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