UN Chronicle Online

Dans ce numéro
Archives
Anglais

Contactez-nous
Abonnez-vous
Liens
L’Année internationale de l’écotourisme

L’histoire d’une expédition


Une expédition, envoyée dans l’Himalaya pour évaluer la santé environnementale de l’une des chaînes montagneuses les plus connues au monde, a réuni des preuves confirmant l’impact du changement climatique sur l’environnement. Soutenue par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’équipe a découvert que le glacier d’où Sir Edmund Hillary et Tenzing Norgay étaient partis, il y a près de cinquante ans, pour conquérir le Mont Everest s’est retiré de cinq kilomètres. Roger Payne, Directeur des sports et du développement à la Fédération internationale de l’alpinisme et de l’escalade (UIAA) et l’un des chefs de l’expédition a dit : “ Il est clair que le réchauffement de la planète représente l’une des plus grandes menaces pour les régions montagneuses. Les effets du changement climatique étaient visibles tout autour de nous, que ce soit les immenses cicatrices creusées dans le paysage par les crues glaciaires soudaines ou les lacs gonflés par la fonte des glaciers. Mais ce sont les observations des personnes que nous avons rencontrées, dont beaucoup ont vécu toute leur vie ici, qui nous ont le plus bouleversés. ”

Composée de sept membres, l’expédition était partie de Katmandou le 16 mai 2002 et était de retour le 1er juin après avoir fait l’ascension d’Island Peak, à 6 189 m au-dessus du niveau de la mer, dans la région de Khumbu, au Népal. Elle a visité le monastère de Thyangboche et discuté avec des spécialistes, y compris ceux du Parc national de Sagarmatha (Everest). C’est au cours d’une discussion avec le sherpa Tashi Janghu, Président de l’Association népalaise pour la protection des montagnes, que l’équipe a d’abord pris connaissance des préoccupations de la population locale concernant les impacts du réchauffement climatique.

Les propos d’Ian McNaught-Davis, Président de l’UIAA, ainsi que ceux d’un autre chef d’expédition sont clairs : “ Les changements rapides et importants, survenus ces vingt dernières années, ont affecté les champs de glace, et ces changements semblent se produire à un rythme de plus en plus rapide. Aujourd’hui, Hillary et Tenzing devraient marcher pendant deux heures pour se rendre au bord du glacier, auprès duquel ils avaient établi leur camp de base en 1953, ce qui signifie que le glacier s’est retiré de quatre à six kilomètres. Autour d’Island Peak, appelé ainsi parce qu’auparavant il ressemblait à une île au milieu d’une mer de glace, il y avait autrefois un réseau de petits étangs. Aujourd’hui, ces étangs forment un grand lac de plusieurs kilomètres de long alimenté par la fonte des glaciers. M. Janghu craint que les glaciers continuent de se retirer et que les eaux inondent la vallée en déversant de grandes quantités de débris et de boue. ”

Au monastère de Thyangboche, où vivent soixante moines bouddhistes, l’équipe a rencontré le lama Rinpoche qui vit dans ce lieu depuis trente ans et qui a été témoin de deux grandes inondations causées par la fonte des glaciers qui ont fait déborder les lacs de la région. Récemment, une inondation a détruit les vieux ponts en bois situés en aval. De nouveaux ponts métalliques mesurant 100 mètres de plus, ont été construits plus haut afin d’empêcher qu’une catastrophe similaire ne se produise à nouveau. “ Le lama était également d’avis que ces phénomènes étaient de plus en plus fréquents depuis les huit à neuf dernières années ”, a dit M. McNaught-Davis.

Il craignait également que l’augmentation du nombre de touristes et le changement climatique n’aient un impact sur la végétation de la région.

On estime que 27 000 personnes visitent chaque année la région, une augmentation significative par rapport aux quelques touristes qui la visitaient au début des années 60. Aujourd’hui, le nombre de touristes dépasse celui de la population de sherpas locale, qui compte 3 000 habitants dans la région de Khumbu, dans le district de Solu Khumbu (Népal).

Julia-Ann Clyma, un autre membre de l’expédition originaire de Nouvelle-Zélande, a dit que, juste au-dessous du village de Thyangboche, la population cultivait un jardin afin de préserver les plantes médicinales et le savoir médicinal. “ La population locale a fait des efforts impressionnants pour moins dépendre des importations alimentaires, notamment en développant des cultures en serre et des vergers ”, a-t-elle précisé.

L’équipe a également été impressionnée par les nombreux projets de reboisement en cours destinés à trouver un équilibre entre les besoins en bois de chauffage de la population locale et des touristes et la préservation de forêts saines. Cela semble aller dans le sens de la recherche réalisée par l’Institut de la montagne, selon laquelle la couverture forestière, située au-dessous de la limite de la neige et de la glace, “ reste inchangée depuis les années 1950. La régénération forestière semble être de plus en plus fréquente dans de nombreuses régions et la croissance des arbres dans les environs de Namche Bazaar et d’autres villages a été améliorée grâce aux efforts de plantation menés au cours des quinze dernières années. ” Mais au-dessus de 4 000 m, l’utilisation abusive de genévriers et de plantes en coussinet comme bois de chauffage, principalement pour satisfaire aux besoins des touristes, a un impact grave sur l’environnement, se traduisant par une érosion du sol et la disparition de la faune.

Cependant, des groupes d’action communautaires locaux ont été mis sur pied pour restaurer ces habitats. Les projets comprennent l’interdiction de couper les genévriers alpins et l’octroi de subventions pour encourager l’exploitation durable des arbres, telle que celle des bouleaux et des rhododendrons. La construction d’abris destinés aux porteurs dans les principaux villages de trekking fait également l’objet de discussion. Actuellement, de nombreux porteurs dorment à l’extérieur et brûlent du bois pour se réchauffer.

Pour Pemba Geljen, le sherpa guide de l’expédition qui a vécu dans cette région toute sa vie, les changements sont importants. Les costumes traditionnels et les coutumes disparaissaient rapidement, a-t-il dit, même s’il reconnaît que c’est une conséquence inévitable du monde moderne. “ Tout change. Les danses et les chants traditionnels sont différents de ceux de la génération de mes parents. ” Mais il n’est pas d’accord pour limiter le tourisme. “ Nous devons développer le tourisme, et non pas le réduire, afin de favoriser l’essor de l’économie, fournir des emplois et des revenus aux gens et développer l’éducation. Je crois que nous pouvons réussir, à condition que ce type de tourisme adéquat respecte la population locale et l’environnement. Une chose sur laquelle nous n’avons aucun contrôle, c’est le réchauffement de la planète - ce problème est entre les mains des autres. Nous, au Népal, produisons une toute petite quantité de gaz lié au réchauffement de la planète. La responsabilité de sauver les montagnes et l’environnement dont dépendent nos moyens d’existence incombe aux pays industrialisés d’Europe, d’Amérique du Nord ainsi qu’au Japon. ”


Liens:
Année internationale de l'écotourisme
l’Institut de la montagne



Dans ce numéro || Archives || Anglais || Contactez-nous || Abonnez-vous || Liens

Chronique Page d’accueil
 
Copyright © Nations Unies