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Le développement durable mondial :
la responsabilité des entreprises

Une participation publique dans les décisions commerciales

Par Namakau Kaingu

Photo ONU

Les appels en faveur du développement durable au niveau mondial ont été lancés, et ce depuis quelque temps déjà. Il est donc temps que ce concept se traduise en actions concrètes. Le seul moyen d’y parvenir est de continuer de frapper à la porte des petites et moyennes entreprises aux niveaux local et mondial afin qu’elles comprennent le rôle important qu’elles jouent dans la réalisation du développement durable par l’exercice de leur responsabilité dans leurs entreprises.

Il est crucial que les chefs d’entreprises examinent leurs activités commerciales afin d’apporter des changements positifs dans tous les domaines, en tenant compte des préoccupations et des intérêts, des actionnaires, des salariés, des clients, des communautés et des groupes de revendication. En effet, la concentration du pouvoir économique, le pouvoir des entreprises et les inégalités des revenus constituent un obstacle, sans que rien ne soit fait pour apporter un équilibre en maximisant la productivité du facteur travail. Cette situation a considérablement contribué à la pauvreté mondiale. Tant que les chefs d’entreprises détiendront le pouvoir économique, c’est à eux qu’il reviendra de prendre les premières mesures correctives. Ils ont les moyens financiers. Ils devraient donc inclure dans les prévisions de leurs dépenses annuelles l’octroi de fonds publics pour répondre aux défis ayant trait aux droits des consommateurs, aux droits de l’homme, aux conditions de travail et à la gestion des conflits, afin d’assurer une participation publique significative de toutes les parties intéressées au sein des entreprises.

Pour que celles-ci s’acquittent pleinement de leurs responsabilités, il faut que les gouvernements mettent en place des règles et des réglementations qui permettront de s’assurer que les investissements sont viables et responsables sur les plans économiques, environnemental et social afin d’encourager un comportement positif des entreprises. À la fois les gouvernements et les sociétés devraient jouer un rôle important dans la lutte contre la corruption, gardant à l’esprit que la pauvreté ne peut pas être éradiquée ou réduite si les questions de corruption, de transparence et de responsabilité ne sont pas sérieusement examinées. La corruption entraîne des revenus gouvernementaux bas, une augmentation des coûts d’investissements publics, des dépenses peu élevées en matière de développement et d’entretien des infrastructures et le non-respect des projets de développement nationaux élaborés avec, pour résultat, de mauvaises performances économiques et une augmentation de la pauvreté dans le monde.

Pour que le développement durable soit un objectif pleinement atteint pour le profit de tous, il est essentiel que les entreprises adhèrent aux principes suivants :

  • Le travail : Il faudrait que les entreprises et les gouvernements reconnaissent que les travailleurs et les représentants syndicaux sont des partenaires essentiels aux niveaux local, national et international. Ces derniers sont, en effet, les mieux placés pour surveiller les performances et les pratiques économiques, ce qui peut contribuer à la durabilité dans le lieu de travail, en cherchant les moyens d’assurer le respect de questions telles que la protection des droits des travailleurs et de l’environnement, en jouant un rôle important dans la mise en place de normes de bonnes pratiques et en créant des espaces pour que les employés aient accès aux informations relatives aux droits des travailleurs et à leur situation professionnelle.
  • La photo ci-dessus a été prise lorsque l’auteur a visité une carrière d’argile à Calcutta (Inde). Les parents des enfants qui figurent sur la photo, sont des mineurs qui travaillent à partir de six heures du matin, durant douze heures par jour ou plus. Mme Kaingu estime que la société d’exploitation aurait pu construire une école ou un centre de loisirs pour accueillir ces enfants qui sont livrés à eux-mêmes toute la journée, la garde des bébe étant confiée aux fillettes.
  • Le VIH/sida : Il faudrait que les entreprises investissent dans des programmes de sensibilisation sur le VIH/sida en tant que contribution à la protection et au développement de leurs ressources humaines. Plus la pandémie du VIH/sida fera des victimes parmi le personnel, plus l’entreprise devra mobiliser ses efforts pour recruter et former de nouveaux employés.
  • La communauté : Il faut que les entreprises adoptent des pratiques sociales responsables en développant des relations étroites avec les communautés où elles sont implantées et agissent comme partenaires, de façon que ces communautés se sentent incluses dans le processus. De ce fait, l’entreprise se sentira obligée de tenir compte de la communauté ou, dans le cas d’une société minière où les ressources en minerais sont épuisées, de laisser en place, après la fermeture des mines, une activité économique durable. Il n’est pas normal qu’une entreprise utilise les pauvres comme une main-d’œuvre bon marché et récolte les profits sans se préoccuper de leur bien-être ni de leurs moyens d’existence.
  • Les questions sexospécifiques : Il est indispensable que les entreprises reconnaissent le rôle des femmes et des enfants ainsi que leur contribution au développement économique. Dans l’exercice de leur responsabilité, les entreprises pourraient mettre sur pied des programmes d’éducation destinés aux femmes et aux enfants afin d’améliorer les niveaux d’alphabétisme et de construire la capacité des femmes.
  • Le commerce : Il faudrait que les entreprises examinent la façon dont elles contribuent et participent au commerce mondial. Les marchés sont devenus mondiaux, mais les produits des pays pauvres sont-ils inclus dans le processus ? Les pays pauvres participent-ils de manière équitable à l’économie mondiale et bénéficient-ils de leur participation aux marchés mondiaux ? Si la réponse est non, les grandes entreprises et les pays riches devraient alors créer sans plus tarder des systèmes commerciaux qui permettraient aux pays pauvres de participer de manière équitable au marché mondial, en particulier en assurant l’accès des produits des pays en développement aux marchés mondiaux.
Mais cela doit se faire sans imposer des conditions défavorables qui les tiendraient à l’écart, laissant le monopole des produits aux pays industrialisés qui seraient les seuls à bénéficier de la mondialisation.

Somme toute, nous savons que la responsabilité des entreprises est la réponse au développement durable mondial car les entreprises détiennent la clé des finances mondiales par le biais de leurs activités, qui offrent des emplois dans le monde. Nous devons tous prendre une part active à ce processus.




Namakau Kaingu est Présidente régionale de la Communauté de développement de l’Afrique du Sud (CDAS) Women in Mining Trust et Présidente-directrice générale de Kaingu Mines. Elle est également coordonnatrice des Femmes africaines dans le Réseau de l’exploitation minière et travaille avec la communauté du secteur des mines afin de construire une école, à partir de matériaux locaux, pour les 250 enfants qui n’ont pas d’école.

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