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Regard du Secrétaire général vers l'avenir
Des marchés ouverts, des valeurs universelles


Par Secrétaire général Kofi Annan

Il y dix-huit mois, lors du Forum économique mondial qui s'est tenu à Davos, j'ai mis en garde les dirigeants des grandes entreprises internationales de ne pas sous-estimer la fragilité de la mondialisation. Depuis, les incidents survenus à Seattle et ailleurs ont étayé mon avertissement. Mais il serait tragique que les communautés locales et nationales répondent aux défis et aux carences de la mondialisation en répétant les erreurs de l'histoire et en les apprenant à leurs dépens.

Les marchés ouverts offrent le seul espoir réaliste de sortir des milliards de pauvres de la misère tout en soutenant la prospérité dans le monde industrialisé. Il nous faut faire en sorte que les valeurs et les pratiques communes largement partagées soient intégrées dans le marché mondial et reflètent les besoins sociaux mondiaux, et que tout le monde partage les bienfaits de la mondialisation. C'est pourquoi, à Davos, j'ai proposé le Contrat mondial comme étant une étape en vue d'atteindre ces buts.

Le Contrat est fondé sur neuf principes fondamentaux tirés de la Déclaration universelle des droits de l'homme, de l'Organisation internationale du travail relative aux principes et droits fondamentaux du travail et de la Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, qui ont été approuvés et bénéficient du consensus universel dans tous les Etats du monde entier.

Les dirigeants de grandes entreprises, qui se montrent prêts à embrasser les principes du Contrat et à les mettre en pratique, font preuve de leadership et assument la responsabilité que leur confère leur rôle dans l'économie mondiale. La participation des dirigeants des organisations de travailleurs et de la société civile à notre partenariat ne signifie pas qu'ils ont abandonné la cause pour laquelle ils luttaient. Mais ils ont décidé, semble-t-il, de placer cette cause dans un contexte plus large, car les chances de réussite sont plus grandes dans un monde libre et prospère.

Certains affirment que le monde des affaires devraient se cantonner aux affaires, et qu'il appartient aux Etats de traiter les questions plus vastes. Certes, ni les entreprises ni les groupes de bénévoles ne peuvent remplacer le rôle indispensable de l'Etat. D'ailleurs, nous nous efforçons de mettre en pratique les principes définis par les Etats — dans chaque situation, après de longues négociations parfois difficiles. Mais nous ne pouvons attendre que les gouvernements prennent tout en charge.

La mondialisation est à l'heure d'Internet. Les organisations de travailleurs et de la société civile possèdent des compétences et des ressources qui sont vitales pour édifier une communauté mondiale plus forte. Au cours de l'année dernière, nombreux sont ceux qui ont travaillé avec mon équipe en vue de définir ce rôle. Les dirigeants d'entreprises ont accepté trois points :

Ils se feront le champion du Contrat dans leurs déclarations définissant la mission des entreprises, leurs rapports annuels et autres présentations. Au moins une fois pas an, ils proposeront sur notre site web des exemples spécifiques des progrès accomplis ou des leçons qu'ils ont tirées en mettant les principes en pratique dans leurs propres domaines. Ils participeront à des projets de partenariat avec les Nations Unies, soit au niveau politique — par exemple, un dialogue sur le rôle des entreprises dans les zones de conflit — ou au niveau opérationnel tel qu'aider les villageois africains ou asiatiques du Sud à se connecter à Internet ou renforcer les petites et moyennes entreprises dans les pays en développement.

Nos partenaires, les organisations de travailleurs et de la société civile, nous aideront à construire et à approfondir le Contrat et apporteront leur savoir-faire et leur soutien dans la conception et la mise en œuvre de ces initiatives. L'initiative la plus importante que nous ayons prise au cours des 12 derniers mois a été d'obtenir que ces organisations au Contrat deviennent des partenaires. Notre nouvelle coalition mondiale lie des leaders éclairés du monde des affaires, des organisations de travailleurs et de la société civile. Nous sommes en mesure de lancer un appel pour que d'autres se joignent à nous. Nous devons obtenir l'appui d'un très grand nombre de grandes entreprises et avoir accès à leur processus d'approvisionnement, pour que le Contrat puisse véritablement être appelé "mondial".

Les dirigeants des grandes entreprises peuvent convaincre leurs pairs de suivre leur exemple. Les associations du monde des affaires peuvent informer leurs membres. Les syndicats de travailleurs peuvent mobiliser leur force de travail — car, après tout, les cadres ne sont pas les seuls éléments d'une entreprise. Les organisations de la société civile peuvent mener des campagnes publiques — comme elles savent si bien le faire ! — afin de créer un contexte dynamique propice à l'accomplissement de nos objectifs. J'espère que nous pourrons établir le Contrat lui-même comme forum pour un dialogue entre les trois partenaires, en cherchant des solutions communes à des problèmes communs. Ce qui est le plus important, c'est de décider des priorités et de trouver les mécanismes pour traduire nos bonnes intentions en actions, qui font une différence dans la vie des gens. Ce ne sont pas les idées qui manquent. Le vrai défi est de les réaliser. Je tiens à vous assurer que j'ai personnellement l'intention de continuer à offrir mon engagement total et que je suis prêt à établir le Bureau du contrat mondial afin de coordonner le soutien des divers partenaires au sein du système des Nations Unies.


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Extrait des remarques de M. Kofi Annan lors de la réunion de haut niveau sur le Contrat mondial, le 26 juillet 2000 à New York.

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