PRESIDENT - 64ème Session
Assemblée générale des Nations Unies

Logo de l'ONU

Réunion ministérielle spéciale du Mouvement des pays non alignés sur le dialogue interconfessionnel et la coopération au service de la paix et du développement

Manille, Philippines, le 17 mars 2010

Votre Excellence Madame Gloria Macapagal-Arroyo,
   Présidente de la République des Philippines,
Votre Excellence Monsieur Mahmud Hamdi Zaqzuq,
   Ministre des waqf de la République arabe d’Égypte,
Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je voudrais remercier le Gouvernement philippin de m’avoir invité à me joindre à vous, aujourd’hui, à l’occasion de cette réunion qui rassemble la plus importante communauté des Nations en dehors des Nations Unies. Cette réunion porte sur l’un des thèmes qui figurent au premier rang des préoccupations de la communauté internationale, notamment si l’on tient compte de la résolution de l’Assemblée générale proclamant 2010 Année internationale du rapprochement des cultures, sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.

La promotion du dialogue, de la compréhension et de la coexistence entre toutes les races, les religions, les cultures et les civilisations est essentielle à l’édification d’un système multilatéral international fondé sur le respect mutuel, au renforcement de l’intérêt général, à la consolidation des concepts et principes de coexistence pacifique entre les peuples, à l’instauration de la paix et à l’élimination des causes des conflits et des crises.

Tout au long de son histoire, l’humanité a connu des tensions plus ou moins vives entre les cultures et les religions. Il y a eu des périodes où certains ont proclamé la domination d’une seule civilisation et tenté d’imposer leurs croyances à l’ensemble des sociétés. À d’autres moments, ce sont des modèles de conflits que l’on a essayé d’imposer tout en désignant une civilisation ou une religion particulière comme l’ennemi principal, contre lequel toutes les nations devaient s’unir pour l’anéantir. C’est là méconnaître le fait que si l’humanité a pu progresser c’est grâce aux réalisations accomplies par les civilisations précédentes au fil des ans.

On ne peut que rendre hommage aux efforts et aux initiatives de ceux qui croient fermement en la valeur du dialogue, de la compréhension, de la modération et de la médiation et rejettent l’intolérance et l’extrémisme, efforts sans lesquels les conflits et les guerres se multiplieraient.

Je tiens à remercier les Philippines pour avoir mis en lumière tout ce que les peuples, les confessions et les civilisations ont en commun, compte tenu de sa vaste expérience à cet égard. Les Philippines sont l’exemple même d’un pays qui a su susciter une communauté d’intérêts et instaurer une harmonie entre ses diverses cultures, langues, religions et croyances.

L’une des questions les plus importantes qu’il nous faut aborder, au niveau du Mouvement ou au niveau international dans son ensemble, est la nécessité de définir des mesures concrètes et constructives afin d’accroître la tolérance et la compréhension et d’éviter de stigmatiser toute une religion ou une culture comme un ennemi à abattre. Mais nous ne pourrons y parvenir sur la seule base du dialogue. Il est tout d’abord essentiel de créer une dynamique internationale suffisamment forte pour que le dialogue prime sur les conflits ... pour que l’action collective prime sur l’unilatéralisme. Nous devons veiller à ce que les peuples puissent pratiquer librement leur culte et leurs croyances, sans crainte de l’extrémisme ou du spectre des mesures et lois qui restreignent cette liberté ou qui sont discriminatoires à l’égard d’un groupe religieux en particulier, en contradiction avec les obligations des États découlant du droit international et des conventions internationales relatives aux droits de l’homme. Pour cela, il est nécessaire de concrétiser le dialogue par des mesures et politiques nationales, régionales et internationales axées sur la réalisation de ce noble objectif.
En outre, nous ne pouvons pas tolérer les attaques contre les religions et les croyances ou leurs symboles, et nous devons veiller à ce qu’il ne soit pas fait usage de cette liberté d’expression pour nuire à d’autres religions.

Je me félicite par conséquent du document final de cette réunion de haut niveau, qui contient un programme de travail précis et des mesures concrètes et bien définies. Il ne fait aucun doute que sa pleine mise en œuvre contribuera grandement à créer la dynamique que nous attendons tous.

Dans ce contexte, et conformément aux travaux de l’Assemblée générale à cet égard, je voudrais vous informer que j’ai l’intention d’organiser un débat thématique de haut niveau à l’Assemblée générale, à New York, le 25 mai 2010, sur le dialogue entre les civilisations. Cette réunion portera essentiellement sur la manière dont le dialogue peut contribuer à favoriser la paix et la sécurité internationales ainsi qu’à résoudre des conflits régionaux et internationaux de longue date. Il complètera les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale ainsi que les initiatives et activités d’autres parties prenantes, y compris l’Alliance des civilisations et le Programme mondial pour le dialogue entre les civilisations. Je vous encourage tous à participer de manière constructive à cet événement important, afin de défendre les valeurs et principes de la diversité et de renforcer le rôle de l’Assemblée en tant que principal organe directeur de l’Organisation des Nations Unies.

Loin de déclencher une conflagration, le dialogue et une meilleure compréhension entre les religions et les cultures peuvent jouer un rôle positif dans l’élimination des causes de conflits incessants ou chroniques. Ils devraient contribuer à renforcer la paix et la coexistence, favorisant ainsi le développement durable dans un environnement socialement et économiquement stable. Les sociétés en développement doivent faire face à de multiples difficultés : l’élimination de la pauvreté et de la faim, la lutte contre la crise économique et financière qui sévit actuellement dans le monde ainsi que la menace posée par le changement climatique outre les récentes catastrophes naturelles. Pour ce faire, l’harmonie doit régner entre les cultures, les langues et les religions qui abondent sur cette Terre. La communauté internationale ne devrait pas se laisser ébranler par des affrontements montés de toutes pièces qui jettent les adeptes de différentes religions les uns contre les autres sur la base de leurs convictions. La persistance de ces obstacles nourrit les tensions et les frustrations entre les communautés. Le développement est donc intimement lié à la tolérance et à l’élimination de l’extrémisme. Cette réunion, me semble-t-il, tente de relever ces défis de manière positive et concrète, et de contribuer ainsi à la réalisation de la paix dans le monde.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Les événements auxquels nous assistons actuellement à Jérusalem, Hébron et Bethlehem sont un exemple frappant de conflit entre une puissance occupante et un peuple sans défense, lequel supporte le coût humanitaire, culturel et religieux de l’occupation. Il ne s’agit pas d’une guerre de religions, de cultures ou de civilisations, comme certains voudraient nous le faire croire. C’est un conflit politique qui se manifeste dans tous les aspects de la vie, une lutte entre un occupant qui usurpe les terres et leurs véritables et légitimes propriétaires.

Cette importante réunion devrait rejeter toute tentative de recouvrir les conflits politiques d’un vernis religieux, en vue d’oblitérer une identité au profit d’une autre. La communauté internationale doit se montrer ferme; elle ne peut rester silencieuse face aux violations du droit humanitaire et des libertés religieuses ainsi qu’à la politique de deux poids, deux mesures. Les adeptes de toutes les religions et de toutes les croyances doivent, sans distinction, pouvoir jouir de leur droit de pratiquer librement leur culte. Aucun groupe ne peut proclamer que ses croyances sont supérieures à celles d’un autre.

Je vous remercie et vous souhaite tout le succès possible.

Que la paix, la miséricorde et la bénédiction de Dieu soient sur vous.

Haut de page