NATIONS UNIES

ASSEMBLEE GENERALE

DISCOURS DE
DE SON EXCELLENCE JEAN PING
PRESIDENT DE LA 59E SESSION DE L'ASSEMBLEE GENERALE DES NATIONS UNIES

A L'OCCASION DE LA COMMEMORATION DU SOIXANTIEME ANNIVERSAIRE

DE LA LIBERATION DES CAMPS DE CONCENTRATION NAZIS


NEW YORK, LE 24 JANVIER 2005

 

Monsieur le Secrétaire général,
Messieurs les Ministres,
Excellences, Mesdames et Messieurs,


Il y a soixante ans, au terme d'une effroyable seconde guerre mondiale qui avait fait plus de 100 millions de victimes, le monde découvrait, terrifié, les horreurs des camps de concentration nazis.

Nous sommes aujourd'hui réunis pour commémorer le 60ème anniversaire de la libération, par les Forces Alliées, de ces horribles camps de la mort, où des millions d'êtres humains, Juifs et autres victimes innocentes furent odieusement exterminés, en raison de leurs origines ethniques, leurs croyances religieuses, leurs idées ou leurs engagements politiques.

Notre Assemblée peut donc se féliciter de tenir en ce 24 Janvier 2005, une session extraordinaire à la fois historique et symbolique.

Historique, parce que c'est la toute première fois que l'Assemblée générale tient une session extraordinaire pour commémorer un événement.

Symbolique, parce qu'à travers cette session, la communauté internationale peut enfin, ensemble, exorciser la tragédie de l'Holocauste, et au-delà, exprimer sa ferme volonté de faire à jamais échec à la tyrannie et à la barbarie où qu'elles se manifestent.

J'aimerais ici saluer l'initiative des Etats membres qui ont suscité la tenue de cette 28ème session extraordinaire.

Je voudrais rendre un hommage solennel aux survivants de l'Holocauste, parmi lesquels le prix Nobel de la Paix Elie Wiesel, ainsi qu'aux vaillants vétérans des Forces Alliées de la seconde guerre mondiale, au nombre desquels Monsieur Brian Urquhart, ancien Secrétaire général adjoint des Nations Unies. Ils nous font le grand honneur d'être parmi nous aujourd'hui, dans cette maison des nations et des peuples du monde.

Vous êtes, Mesdames et Messieurs, les précieux témoins de cette page sombre de l'histoire de l'humanité, dont nous n'avons hélas pas toujours su tirer tous les enseignements.

Il suffit de songer à tous ces génocides, ces crimes contre l'humanité et autres violations massives des droits de l'homme qui se sont succédés depuis 1945 sur les cinq continents.

Mais vous êtes aussi et surtout la mémoire vivante des fondements même de l'Organisation des Nations Unies, bâtie sur les cendres de l'horreur et la tyrannie pour préserver les générations futures des affres de la guerre. Votre présence nous honore donc à maints égards.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Il ne pouvait y avoir de moment plus opportun pour la présente session, qui se tient à l'heure même où notre organisation est engagée dans un processus de réformes profondes qui devront la préparer à mieux faire face aux multiples défis et menaces à la sécurité collective auxquels notre monde est confronté.

Nous avons donc l'obligation morale de faire, sans réserve, ce qu'il est désormais convenu d'appeler le " devoir de mémoire ", pour l'un des crimes les plus odieux de l'histoire de l'humanité.

Mais, si le " devoir de mémoire " constitue un rempart indispensable contre la tentation de l'oubli, il doit aussi nous porter vers l'avenir.

Cette session extraordinaire est donc aussi l'occasion de redire haut et fort " plus jamais ça ! " et de réaffirmer notre attachement aux buts et principes de la Charte des Nations Unies.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Notre monde et nos consciences ne devraient plus jamais s'accommoder de l'arbitraire qui frappe aveuglément des vies innocentes en raison de leurs différences.

Parce que nous vivons dans un monde qui s'enrichit de nos différences respectives, et parce que le droit inaliénable à la vie est l'une des valeurs universelles qui fondent notre humanité, le devoir de mémoire doit s'accompagner aussi du devoir de solidarité.

Et c'est en cela, Elie Wiesel, que je vous rejoins quand vous affirmez, avec force et talent, qu'" on ne souffre pas seul, qu'on souffre toujours avec ceux qui souffrent à cause de votre souffrance ".

Puisse notre attachement légitime à nos identités respectives se nourrir toujours de notre commune humanité.

Je vous remercie.



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59e session de l'Assemblée générale