Fiche no 6

UNDCP

Assemblée générale des Nations Unies
Session extraordinaire consacrée au problème mondial de la drogue

New York, 8-10 juin 1998


ERADICATION DES CULTURES ILLICITES DE DROGUES ET DÉVELOPPEMENT ALTERNATIF

Les drogues extraites des plantes naturelles, telles que le cannabis et l'héroïne, demeurent les substances dont il est fait le plus large abus au niveau mondial. Le cannabis occupe la première place avec 140 millions de consommateurs, soit 2,5% de la population mondiale. Les drogues les plus dangereuses - héroïne et coca@i'ne - sont consommées respectivement par 8 et 13 millions d'individus. L´héroïne arrive systématiquement en première position dans les rapports concernant la mortalité causée par l'abus de drogues et les urgences hospitalières.

L´héroïne et la cocaïne entraînent des souffrances au niveau individuel et familial. Leur production et leur commerce illicites portent également préjudice aux économies nationales et, donc, au bien-être social et politique des nations. Les bénéfices énormes réalisés par les trafiquants de drogues leur permettent de pénétrer, de corrompre et de déstabiliser les économies et les institutions nationales, dans différentes parties du monde. Les liens qui existent entre le trafic illicite de drogues et la vente illégale d'armes destinée à faciliter les activités des mouvements insurrectionnels et des groupes terroristes sont bien connus.

La culture illicite du cannabis est largement répandue dans le monde et semble rester stable, tandis que la production mondiale d'opium et de cocaïne, qui est concentrée dans certaines régions, a considérablement augmenté durant les années 70 et 80. Près de 90% de la production illicite d'opium et d'héroïne proviennent d'Asie du Sud-Ouest et du Sud-Est. Les deux principaux producteurs d'opium sont l'Afghanistan et le Myanmar, le Laos arrivant loin en troisième position. Certaines cultures illicites de pavot à opium sont également observées en Colombie, en Inde, au Mexique, au Pakistan et au Viet Nam. La Bolivie, la Colombie et le Pérou représentent environ 98% de l'offre mondiale de feuille de coca. Des cultures sur une petite échelle existent également dans des pays voisins, notamment au Brésil, en Equateur et au Venezuela.

Dans les régions rurales d'Asie et d'Amérique latine, quelque 700 000 familles, soit environ 4 millions de personnes, dépendent des revenus de la culture de la feuille de coca et du pavot à opium. La plupart de ces familles vivent en dessous du seuil de pauvreté et dépendent de cette activité pour obtenir à peu près 50% de leurs revenus. Même si le commerce de drogue leur permet souvent de faire face aux pénuries alimentaires et aux fluctuations des marchés agricoles, leur dépendance par rapport aux cultures illicites n'est pas supportable à long terme. La culture de la feuille de coca et du pavot à opium fait que les agriculteurs sont entièrement entre les mains d'intermédiaires peu scrupuleux. Ils vivent également sous la menace constante de devoir arracher leurs plantations. Dans des pays comme la Colombie, de nombreux agriculteurs mènent une existence misérable dans de grandes fermes commerciales détenues par des trafiquants de drogue. La plupart des 700 000 familles mentionnées ci-dessus préféreraient certainement trouver d'autres sources de revenus, à condition de disposer d'alternatives valables.

Les problèmes causés par la culture du cocaier et du pavot à opium sont inextricablement liés à la consommation. Les démarches initiales, en matière de contrôle des drogues, étaient surtout ciblées sur le segment «trafic» des opérations, dans un effort en vue de briser la chaîne en son milieu, en se basant sur des mesures d'application des lois. Malgré l'intensification des efforts et des succès croissants, on estime qu'il est impossible d'intercepter plus de 1 0% de l'offre d'héroïne et 30% de celle de cocaïne.

La notion d'approche équilibrée s'est dégagée durant les années 80 et chaque étape de ce processus a été abordé avec le même dynamisme. Cette démarche a débouché sur l'adoption de stratégies et d'instruments de coopération internationale. Par la suite, les Etats ont adopté des plans multisectoriels de contrôle des drogues.

L´évolution a été la même en ce qui concerne les stratégies destinées à éliminer les cultures illicites, en offrant des sources alternatives de revenus aux agriculteurs, dans les années 70. La politique de remplacement des cultures a tout d'abord évolué, durant les années 80 et 90, en des stratégies alternatives plus larges, qui tenaient compte des origines socio-économiques de la culture du cocaier et du pavot à opium. Les aspects suivants ont été abordés: santé publique, éducation, infrastructures, approvisionnements alimentaires, accès aux marchés et au crédit, activités rémunératrices, application des lois et mesures compulsives d'éradication des cultures.

Au cours des vingt-cinq dernières années, les Etats et les agences internationales ont accumulé des connaissances considérables en matière de gestion des programmes de lutte contre les cultures illicites. Des progrès importants ont été enregistrés dans certaines zones géographiques. La culture du cocaier a été réduite de 95% dans les zones du Pérou reprises dans les projets. La culture du pavot à opium pourrait bientôt complètement disparaître du district de Dir, au Pakistan. En Thaïlande, des mesures de développement alternatif ont entraîné la quasi élimination des plantations de pavot à opium. Toutefois, l'impact global sur l'offre et la demande n'a pas été significatif, car les succès se sont toujours limités à certaines zones géographiques et ont été menacés par un «effet ballon», c'est-à-dire par le déplacement des cultures d'une zone à une autre.

Une des limites principales réside dans la pénurie de fonds destinés à appuyer des programmes de développement alternatif dans toutes les régions de production: celles-ci sont situées dans des pays en développement et dans les pays les moins développés, dont les ressources sont trop maigres pour pouvoir répondre à un large éventail de besoins socio-économiques. Dans le même temps, l'assistance technique offerte par les pays donateurs et par les institutions de développement alternatif n'ont représenté que 700 millions de dollars américains au cours des dix dernières années. Par exemple, en 1995, l'aide extérieure au développement alternatif n'a atteint que 1,5% de l'assistance totale reçue par les pays producteurs.

Il convient d'injecter plus de ressources dans les programmes de développement alternatif afin de garantir un effort durable. Ces programmes devront être repris dans les stratégies nationales de développement et dans le budget national des pays producteurs. Les donateurs extérieurs devraient accorder une assistance technique et financière renforcée, afin d'appuyer l'élimination des cultures illicites dans les pays producteurs.

L´objectif est d'utiliser l'expérience résultant des programmes géographiquement limités, appliqués jusqu'ici pour concevoir des démarches appropriées, à une plus grande échelle, couvrant toutes les zones de production. Ensemble, les plantations de cocaier et de pavot à opium couvrent une superficie relativement restreinte d'environ 4 500 km2, correspondant plus ou moins à celle de Porto Rico.

Un engagement ferme à l'égard d'un objectif audacieux

Au terme de trois décennies d'expérience, la communauté internationale dispose aujourd'hui de méthodes éprouvées et des compétences qui lui permettent d'aborder les problèmes ci-dessus. Le renforcement des capacités de lutte contre les drogues, dans les régions concernées, a ouvert la voie à une intervention de pleine échelle, et la plupart des pays producteurs ont adopté des stratégies nationales et des plans d'action clairement définis et prêts à être appliqués.

La Session extraordinaire de l'Asemblée générale constituera un événement historique, en matière de coopération mondiale. Les Etats Membres ont déjà indiqué qu'ils étaient décidés à mobiliser des ressources et à renforcer leurs actions afin d'atteindre un objectif audacieux : l'élimination ou la réduction significative des cultures de cocaier et de pavot à opium et de cannabis à l'horizon de l'année 2008.

Plan d'action pour la coopération internationale en vue de l'éradication des cultures de drogues illicites et du développement alternatif

l´histoire indique qu'il n'y a pas une seule méthode permettant d'éliminer la culture et la production de drogues illicites. Même lorsque les projets de développement alternatif réussissent, certains planteurs et transformateurs n'ont pas renoncé volontairement à la production. lis doivent comprendre qu'il existe un risque associé à la culture illicite de drogues. En conséquence, le Plan d'action qui sera examiné à la Session extraordinaire souligne l'importance de l'intégration qui doit être effectuée entre les programmes de développement alternatif et les mesures en matière d'application des lois.

Des mesures d'application des lois sont nécessaires à chaque étape du cycle de la drogue y compris le trafic illicite, le détournement des précurseurs chimiques, le fonctionnement des laboratoires clandestins, le blanchiment de l'argent et la criminalité organisée, à la fois dans les zones d'application des programmes de développement alternatif et dans les autres segments de la chaîne du trafic illicite. De plus, lorsque la criminalité organisée est impliquée dans la culture, il importe de prendre des mesures telles que l'éradication, la destruction des plantations illicites et l'arrestation des contrevenants.

Renforcement de la coopération internationale

L´élimination des cultures illicites est impossible sans l'entière participation de la communauté internationale. Les Etats, les organisations internationales, les ONG, les banques de développement régional et le secteur financier international privé ont un rôle à jouer dans cet effort commun. Des engagements financiers et politiques à long terme sont indispensables. Les liens entre les processus de développement et la production de drogues sont sensibles. Le PNUCID prépare actuellement, en consultation avec les Etats et d'autres institutions internationales, un éventail d'initiatives destinées à garantir une réponse globale effective.

La mise en place d'un système mondial de surveillance, basé sur des objectifs acceptés en commun, est fondamentale. Ce système devrait allier les technologies de détection à distance avec d'autres technologies, notamment des études de terrain afin d'obtenir une évaluation permanente de l'impact des programmes de développement alternatif. Dans le même temps, la surveillance des zones à risque empêcherait que «l'effet ballon» n'annule l'impact global des programmes d'éradication, en réagissant rapidement contre l'apparition de nouvelles cultures dans d'autres régions.

Le PNUCID et les Etats membres continueront à travailler en étroite collaboration afin de développer les initiatives ci-dessus et d'en lancer d'autres sur un plan globale.

Pour de plus amples informations, prière de s'adresser à:

M. Sandro Tucci
Porte-parole
Programme des Nations Unies pour le
  contrôle international des drogues
Centre international devienne, Bureau E 1448
A-1400 Vienne, Autriche

Tél.: (43 1) 21345-5629
Fax.: (43 1) 21345-5931
M. Bill Hass
Section du développement et des droits de l'Homme
Département de l'information de l'ONU
Bureau S- 1040
New York, N.Y. 10017

Tél.: (212) 963-0353/3771
Fax.: (212) 963-1186