Conférence internationale sur le financement du développement

Département de l'information - Division de l'information et des médias - New York
Monterrey, NL, Mexique
18-22 mars 2002
DEV/M/15
22 mars 2002

6e séance et communiqué final

LA CONFERENCE DE MONTERREY TERMINE SES TRAVAUX SATISFAITE D'UN CONSENSUS QUI CONSACRE UN NOUVEAU PARTENARIAT ENTRE LE NORD ET LE SUD POUR LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT

 


Après cinq jours de délibérations, entamées le 18 mars dernier, la Conférence internationale sur le financement du développement a achevé, ce soir, ses travaux auxquels ont participé plusieurs milliers de personnes dont le Président du Mexique et Président de la Conférence, M. Vincente Fox et le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan. Les deux derniers jours des travaux ont été consacrés à des réunions au sommet au cours desquelles les chefs d'Etat et de gouvernement au nombre de quelque 60 ont commenté le " Consensus de Monterrey ", adopté, ce matin.

Le Consensus a été salué comme un document historique qui place les questions du développement et de son financement à l'avant-plan de l'ordre du jour international. Il a été accueilli comme la consécration du nouveau partenariat requis pour la mobilisation des ressources financières aux fins du développement.

Ce nouveau concept de partenariat a recueilli l'adhésion générale parce que, ont souligné les délégations, il attribue des responsabilités égales en importance à tous les acteurs du développement, aux niveaux national et international. Le contrat, comme l'ont nommé certains est assez clair. Selon leur entendement, le Consensus consacre le principe d'un appui des pays développés aux réformes politiques, institutionnelles et économiques des pays en développement pour mobiliser l'épargne interne et l'investissement privé national ou étranger. Quant à la forme que devra prendre cet appui, les délégations se sont félicitées que le Consensus de Monterrey réaffirme le rôle de l'aide publique au développement (APD) et des programmes d'allègement ou d'annulation de la dette. Le Consensus réaffirme aussi le principe d'une participation des pays en développement aux processus décisionnels des institutions internationales et autres pertinentes pour rechercher les solutions aux problèmes, tels que les iniquités du commerce international, la mauvaise répartition et la fébrilité des flux de capitaux privés et de l'absence de cohérence des politiques monétaires, financières et commerciales.

Pour les délégations, le Consensus de Monterrey doit être considéré non pas comme une fin en soi mais comme le début d'un long processus. Elles ont estimé qu'il s'agit d'une base de lancement des décisions à prendre, entre autres, dans les domaines de l'augmentation de l'APD, du règlement définitif du problème de l'endettement, de l'application des accords de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), de la réforme de l'architecture financière internationale, de la coordination entre l'ONU et les institutions de Bretton Woods ou du financement des biens publics mondiaux. Sur ces questions, de nombreuses propositions ont été faites, au cours de ces cinq jours de délibérations, parmi lesquelles il faut retenir celle du Président de la France de créer, au sein de l'ONU, un Conseil de sécurité chargé des questions économiques et sociales, proposition qui a recueilli l'adhésion de nombreuses délégations.

Concluant les travaux, ce soir, le Secrétaire général des affaires économiques et sociales, M. Nitin Desai, s'est félicité que le développement ait été placé au cœur des préoccupations financières internationales. La réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Doha a permis d'envisager le développement dans sa dimension commerciale, aujourd'hui à Monterrey, il est dans sa dimension financière. La prochaine étape sera Johannesburg, où il s'agira de placer le développement dans sa dimension durable.

Le Consensus de Monterrey a été soumis à Monterrey par le Comité préparatoire de la Conférence qui, présidé par Mme Ruth Jacoby de la Suède et M. Shamshad Ahmad du Pakistan, a finalisé les négociations à la fin du mois de janvier 2002, à l'issue de processus préparatoires aux niveaux national, régional et international impliquant les gouvernements, les institutions internationales, les banques régionales de développement, les commissions régionales de l'ONU, les milieux d'affaires et la société civile.

La Conférence a lancé ses travaux par une réunion officielle de haut niveau, suivi d'une réunion ministérielle et enfin d'une réunion au sommet. Outre ces manifestations, 12 tables rondes au niveau ministériel et au niveau des chefs d'Etat ont été organisées, sur les thèmes " Partenariats pour le financement du développement ", " Cohérence pour le développement " et " La Conférence de Monterrey et l'avenir ". La Conférence a été précédée par le Forum du monde des affaires et celui des ONG dont les représentants ont également été invités à participer aux tables rondes.

Les objectifs de développement ont été précisés dans la Déclaration du Millénaire, adoptée en septembre 2000 par 189 Etats membres de l'ONU qui se sont engagés, à réaliser d'ici à 2015 les objectifs en matière de lutte contre la pauvreté; d'accès à l'éducation primaire; d'égalité des sexes; de réduction de la mortalité infantile et maternelle; de lutte contre le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies; de protection de l'environnement; et de mise en place d'un partenariat mondial pour le développement.

Outre les Présidents d'Haïti et des îles Marshall, les Premiers Ministres, Vices Ministres, Ministres et Représentants des pays suivants ont pris la parole, cet après-midi : Belize, Yémen, Malawi, Kenya, Libye, Erythrée, Egypte, Cambodge, Viet Nam, Inde, Bénin, Myanmar, Islande, Maldives, Slovénie, Gambie, Antigua-et-Barbuda, Brésil, Saint-Kitts-et-Nevis, Japon, Burkina Faso, Brunei Darussalam, Bahreïn, Bulgarie, Zambie, Emirats arabes unis, Monaco, Namibie, Chypre, Bélarus, Syrie, Andorre, Soudan, Grenade et Bosnie-Herzégovine. Le Président de la Chambre de commerce international et le représentant du Forum de la société civile se sont également exprimés.



REUNION AU SOMMET

Echange de vues

M. JEAN BERTRAND ARISTIDE, Président de la République d'Haïti, a souligné la souffrance de son pays qui est l'un des plus pauvres de la planète et partage avec les 48 pays les plus pauvres un PIB équivalent aux trois plus grandes fortunes du monde. Il s'est félicité des objectifs consistant à investir dans le capital humain pour parvenir au développement durable initié à Monterrey. Il a ajouté que la politique de son pays est de maintenir le dialogue avec la société civile et avec les organisations régionales, dont la CARICOM. Il a rappelé que son pays est encore sous sanctions et a demandé la levée de ces sanctions. Se félicitant que son pays approche d'une fin de crise, le Président Aristide s'est engagé à dynamiser les marchés et à préparer le cadre propice au partenariat entre les secteurs public et privé, à l'investissement et à une croissance économique et humaine.

M. KESSAI NOTE, Président de la République des Îles Marshall, a déclaré que le réchauffement de la planète et la montée du niveau des océans sont une menace à tout développement durable des Etats insulaires. Les obstacles auxquels se heurtent nos pays sont essentiellement dûs à la difficulté d'obtenir les ressources dont ils ont besoin pour satisfaire leurs besoins élémentaires de développement. Les Iles Marshall remercient les Etats-Unis et l'Union européenne pour les engagements qu'ils ont pris d'augmenter leur aide publique au développement, cruciale pour les pays les plus vulnérables. La Déclaration de Rio reconnaissait les besoins spécifiques des pays en développement, et l'adoption de l'Agenda 21 était censée favoriser la mise en oeuvre de politiques et de programmes qui auraient aidé les petits Etats insulaires à s'intégrer à l'économie mondiale tout en préservant leur environnement et leurs écosystèmes fragiles. Avant Johannesburg, nous demandons aux Etats de faire en sorte que le Consensus de Monterrey prenne en compte la situation spécifique des petites îles.

M. JOHN BRICENO, Premier Ministre de Belize, a plaidé pour l'allègement de la dette, un accroissement de l'aide extérieure et une véritable libéralisation du commerce, en particulier les secteurs agricole et industriel. En ce qui concerne le financement extérieur, le Premier Ministre s'est voulu réaliste et a admis que le développement est impossible sans une augmentation de l'APD. Il ne faut pas oublier que la croissance économique dépend de la capacité de maintenir la stabilité mondiale qui dépend elle-même d'un partage équitable des bénéfices de la mondialisation. Les populations doivent pouvoir continuer à espérer. Les marginalisés du monde ont été patients et fidèles. Ils nous ont écouté parler depuis dix ans. Le moment est venu de leur présenter des actes concrets. Une autre conférence ne sera pas nécessaire car il faut éviter qu'en 2015, nous en soyons encore à penser le développement au lieu de le réaliser.

M. AHMED MOHAMED SOFAN, Ministre de la planification et du développement du Yémen, a souligné l'interdépendance entre les économies. Les défis de la mondialisation sont si compliqués que les efforts nationaux ne suffiront pas. Ce qu'il faut, c'est un engagement international complémentaire qui exige une approche globale. Le Yémen fait partie des PMA et, par conséquent, a un processus de développement durable qui s'inscrit dans des conditions difficiles en raison du manque de ressources et d'investissements onéreux dans l'infrastructure et les services. Le Yémen attend beaucoup de son adhésion à l'OMC et souhaite tout le succès à la Conférence.

M. FRIDAY JUMBE, Ministre des finances et de la planification économique du Malawi, a déclaré que la Conférence sur le financement du développement avait ouvert les portes de l'espoir aux pauvres du monde entier. Le Consensus de Monterrey est en soi un témoignage au monde de la détermination de leurs dirigeants à éradiquer la pauvreté. Il a rappelé qu'une quantité considérable de ressources sont nécessaires pour engager les réformes qui permettront d'engager un processus de développement durable. Pour le Malawi, qui est un Etat sans littoral, des quantités importantes d'aides sont nécessaires. Avec l'avènement de la démocratie et la promotion de la bonne gouvernance, nos pays ont pu mettre en œuvre des mesures essentielles pour la consolidation des fondements du développement, a observé le Ministre. Le Malawi a besoin de 4 milliards de dollars pour répondre aux objectifs du millénaire et il importe que notre pays dispose de l'aide internationale adéquate pour pouvoir faire de la réduction de la pauvreté un pilier de son développement.

M. CHRISTOPHER OBURE, Ministre des finances du Kenya, s'est dit convaincu de la nécessité de réexaminer l'architecture financière internationale et les accords commerciaux, avec la participation effective des pays en développement. Pour lui, le grand défi du siècle est la lutte contre la pauvreté. Même après la préparation des documents stratégiques de réduction de la pauvreté, la question des ressources est restée problématique. Les flux d'APD ont baissé au moment même où la pauvreté augmentait. Il faut un cadre nouveau qui doit mettre l'accent sur le financement. Dans ce cadre, les pays riches doivent augmenter l'APD et l'assortir de conditionnalités réalistes et souples. Les partenaires du développement et les institutions de Bretton Woods doivent être plus sensibles aux préoccupations des pays en développement.

S'agissant du commerce, il a dénoncé la situation injuste dans laquelle les pays du Sud se heurtent aux pratiques de subvention des pays développés. Il a espéré que l'esprit de Doha prévaudra. Sur la dette, il a demandé l'assouplissement des critères d'admissibilité de l'Initiative HIPC pour permettre à des pays comme le Kenya d'en bénéficier. Le Ministre a demandé la mise en place d'une démarche multisectorielle qui implique tous les acteurs concernés, y compris l'industrie pharmaceutique, dans la lutte contre le VIH/sida. Aujourd'hui que le Consensus de Monterrey est adopté, il est essentiel de mettre sur pied un mécanisme efficace de suivi, a conclu le représentant.

M. ABDURRAHAMAN M. SHALGHEM, Secrétaire du Comité populaire général pour la liaison étrangère et la coopération internationale de la Jamahiriya arabe libyenne, a rappelé que les pays en développement avaient accordé une grande importance à cette rencontre car la mondialisation des ressources financières exige que des efforts soient consentis pour lutter contre la pauvreté. Il a ajouté que la Libye, attachée à ces principes, a d'ores et déjà procédé à la mise en œuvre d'un cadre politique adapté qui prenne en compte des aspects tels que la démocratie, la primauté du droit, la bonne gouvernance, la bonne gestion des finances publiques et de la fiscalité. Il a ajouté que son pays avait fait le choix de créer des sociétés publiques et de nouer des partenariats avec le secteur privé. Il a appelé les pays développés à tout mettre en œuvre pour accorder 0,7% de leur PNB à l'aide au développement en donnant la priorité aux pays les moins avancés.

Les pays en développement doivent s'engager à mieux gérer cette aide tandis que sue les donateurs doivent d'une part rationaliser leur aide, en tenant compte des besoins prioritaires des pays récipiendaires et, d'autre part, faire preuve de souplesse et cesser d'imposer des conditionnalités. Il a jugé que le FMI et la Banque mondiale devraient établir des paramètres aux fins d'allègement de la dette des pays en développement et a appelé les pays riches à intensifier leurs efforts sur le soutien à l'initiative PPTE renforcée. Il a condamné ensuite les sanctions adoptées par les membres permanents du Conseil de sécurité qui sont des mesures coercitives unilatérales et a exhorté les Etats Membres à réformer la composition et les procédures du Conseil.

M. WOLDAL FUTUR, Ministre de la planification et du développement de l'Erythrée, a déclaré que la pauvreté extrême et la marginalisation des populations contribuent à créer et à nourrir les conflits. Notre pays s'est engagé dans la lutte contre la pauvreté dans le respect des termes de sa propre Constitution, dont l'article 8 stipule que l'Etat veillera à créer un développement équilibré et durable dans le pays et favorisera les entreprises menées par ses citoyens en vue d'améliorer leur mode de vie. Tout citoyen Erythréen a le droit d'avoir accès à des services sociaux et l'Etat devra, dans la mesure de ses moyens fournir à tous ses citoyens des moyens d'éducation, de santé et d'épanouissement culturel. Notre pays a fait des progrès dans la plupart des secteurs de l'économie depuis son accession à l'indépendance. Le système de routes et de transports, qui avait été dévasté par la guerre, a été restauré, et entre 1992 et l'an 2000, le taux de croissance moyen de l'Erythrée a été de 6%. Ces performances ont été atteintes malgré le malheureux conflit entre notre pays et l'Ethiopie.

MME FAYZA ABOULNAGA, Ministre des affaires étrangères de l'Egypte, a estimé que la tâche de relever les défis croissants et sans précédent de la mondialisation repose davantage sur les pays en développement. Il est essentiel de procéder à une répartition plus équitable des responsabilités. La communauté internationale doit réaliser que cette entreprise est dans l'intérêt de tous. Les pays développés ne pourront profiter en réalité des bénéfices de mondialisation tant qu'un nombre aussi important de pays reste marginalisé. Les dernières années, a rappelé la Ministre, ont été le témoin d'efforts de réforme de la part des pays en développement comme en atteste le NEPAD, la Nouvelle Initiative pour le développement de l'Afrique. Or, les réformes participent d'un processus long et douloureux. Les pays développés doivent donc assumer leur responsabilité et soutenir ces réformes. Dans ce contexte, il est clair que l'APD continue de jouer un rôle important en ce qu'il finance des domaines peu attrayants pour les investissements privés. Cette aide doit donc être accrue, plus efficience et libérée de toute conditionnalité. Parmi les domaines sur lesquels Monterrey a jeté la lumière, la Ministre a cité la question de la cohérence des décisions internationales qui ont un effet important sur la capacité des pays en développement à mobiliser des ressources aux fins du développement. Cette cohérence doit surtout toucher les questions commerciales qui voient les pays en développement se heurter constamment à des pratiques protectionnistes, en particulier pour les produits pour lesquels ils ont un avantage comparatif. Le Consensus de Monterrey est certes un minimum mais il constitue cependant une bonne base de lancement pour les actions à prendre par les partenaires du développement.

M. CHAM PRASIDH, Ministre du commerce du Cambodge, a admis que le Consensus de Monterrey et les engagements pris par les pays riches ici sont satisfaisants et déclaré qu'il est difficile de leur demander davantage d'efforts en raison de la situation économique mondiale actuelle. Il a espéré que d'ici Johannesburg, les engagements seront meilleurs grâce à une meilleure conjoncture internationale. Il a lancé un appel pour un nouveau partenariat solide, s'interrogeant sur la question de savoir comment se fait-il que le nombre de PMA a augmenté depuis le Sommet de Rio. Certes, c'est en raison de la diminution de l'aide internationale et de la chute des investissements, mais c'est aussi en raison de l'incapacité des 49 pays les moins avancés à mettre en œuvre des mesures de bonne gouvernance et à faire progresser les réformes. Il a abordé la question de la dette et a estimé que l'initiative PPTE renforcée devrait être accordée à tous les PMA sans discrimination car autrement, ceux qui sont les mois endettés se retrouveront pénalisés. Le Cambodge pour sa part s'est engagé à réaliser les objectifs du millénaire en investissant dans le domaine social, en nouant des partenariats avec e secteur privé et en mobilisant l'épargne nationale pour attirer les investissements publics et privés étrangers. Néanmoins, pour remplir ces objectifs, nous avons besoin, comme tous les autres PMA, d'une aide internationale importante afin d'être au rendez-vous de la réduction de moitié de la pauvreté à l'horizon 2015.

M. TRAN XUAN GIA, Ministre de la planification et de l'investissement du Viet Nam, a déclaré que le Viet Nam continue de faire face à la faim, et que son pays déploie beaucoup d'efforts pour éliminer la pauvreté, étant donné que son revenu par tête d'habitant se situe juste à 450 dollars par an. Beaucoup de gens vivent avec moins d'un dollar par jour au Viet Nam. Pour faire face à ces défis, notre pays a adopté des politiques qui d'une part, mobilisent l'épargne intérieure, et de l'autre élargissent le champ de la coopération internationale en créant un cadre favorable aux investissements étrangers directs (IED). Nous demandons une augmentation de l'APD que nous recevons de nos partenaires, et la mise en place de conditions internationales qui pourraient nous permettre d'étende notre champ d'activités commerciales. Afin de mieux s'intégrer au système commercial multilatéral, le Viet Nam est en train de négocier son entrée à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et demande l'aide des autres nations pour que ce processus soit accéléré, comme cela est souhaité par le Consensus de Monterrey.

M. ARUN SHOURIE, Ministre de la privatisation de l'Inde, a énuméré ce qui semble à son avis être les éléments du partenariat requis pour le financement du développement : la responsabilité première incombe aux pays en développement eux-mêmes en matière de développement. Aujourd'hui pourtant, on assiste à un transfert net de ressources du Sud vers le Nord. Cela est inacceptable. Les annonces de l'Union européenne et des Etats-Unis sont bienvenues mais il faut se rappeler que cela ne représente qu'1/5 des sommes nécessaires pour réaliser les objectifs - somme toute- modestes de la Déclaration du Millénaire. Il faut de nouvelles méthodes de mobilisation des ressources financières et il est trop tard pour reporter la décision en la matière. Il est clair aujourd'hui que les fonds à la disposition du FMI ne peuvent répondre aux catastrophes qui secouent les économies de nos jours. Le Consensus de Monterrey étant adopté, il faut mettre sur pied un mécanisme pour surveiller la mise en œuvre de ce qui est agréé aujourd'hui. La création d'un groupe d'experts chargés de préparer un rapport sur les mesures prises serait pertinente. Dénonçant la corruption comme un autre facteur affectant la mobilisation des ressources aux fins de développement, le Ministre a estimé qu'invoquer, par exemple, le secret bancaire dans ces cas revient à se moquer des pauvres qui ont été spoliés.

Evoquant l'iniquité du système commercial international, le Ministre a indiqué que les subventions à l'agriculture dépasse aujourd'hui 1 milliard de dollars par jour. L'Inde qui est devenu un pays exportateur de produits agricoles doit pourtant gérer des excédents qui deviennent un véritable fardeau pour son économie. Sur la question de l'IED, le Ministre a estimé que l'investissement privé est efficace lorsqu'il se dirige vers des secteurs novateurs mais très rarement lorsqu'il développe une industrie pour copier ce qui se fait ailleurs.

M. BRUNO AMOUSSOU, Ministre d'Etat du Bénin chargé de la coordination de l'action gouvernementale, de la prospective et du développement, s'exprimant au nom des Pays les moins avancés (PMA), a rappelé que la troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA, en mai 2001 à Bruxelles, avait jeté les bases d'un partenariat mondial renforcé visant à créer les conditions d'une croissance économique soutenue et d'un développement durable dans ces pays à mettre un terme à leur marginalisation ; à éliminer la pauvreté et à leur permettre de s'intégrer à l'économie mondiale et d'en tirer les bénéfices. Soulignant l'importance du Programme d'action en faveur des PMA pour la décennie 2001-2010, le Ministre a précisé que les PMA avaient retenu d'appliquer des mesures et politiques concrètes consistant notamment dans l'élimination des déficiences structurelles de leurs économies et dans la lutte contre la pauvreté. Car, éradiquer la pauvreté dans les PMA, c'est accroître le pouvoir d'achat de millions d'êtres humains et donner de nouvelles opportunités aux échanges mondiaux et relever le niveau de vie des habitants de la planète, a observé M. Amoussou. Il a réitéré, entre autres, les mesures visant à consolider les efforts de développement durable, la prévention et la résolution des conflits, la prévention de la dissémination des maladies telles que le VIH/sida, la promotion des droits de l'homme et de la bonne gouvernance. Il a estimé que la Conférence de Monterrey s'inscrit dans le prolongement du consensus intervenu à Bruxelles autour du Programme d'action sur les PMA. A ce titre, le Ministre a souligné que l'APD demeure une source de financement essentielle pour réaliser les buts et objectifs du Programme d'action des PMA et a suggéré l'examen attentif des aspects quantitatifs et qualitatifs de l'APD de même que son efficacité. Il a rappelé la nécessité d'accroître de façon significative l'APD et la volonté des PMA d'être davantage impliqués dans les prises de décisions qui concernent leur développement, que ce soit sur la coordination de l'aide ou les mesures d'allègement de la dette.

A ce titre, il a salué l'ampleur des mesures d'allègement de la dette des PMA adoptées à travers divers mécanismes mais les a toutefois jugées, dit M. Amoussou, estimant que l'annulation rapide et totale de toutes les dettes bilatérales et multilatérales des PMA contribuerait à l'éradication de la pauvreté. Il a demandé un accès préférentiel des PMA en franchise et hors contingents aux marchés des pays développés, la mise en œuvre de manière intégrale et à titre prioritaire des mesures prévoyant un traitement spécial et différencié en faveur des PMA et faciliter l'accès rapide à l'OMC des PMA qui n'en sont pas membres.

M. KHIN MAUNG THEIN, Ministre des finances et du revenu du Myanmar, a déclaré que des considérations d'ordre politique ont souvent amené des pays développés à imposer des régimes de sanctions à des pays en développement, ce qui a limité la capacité de ces derniers à attirer ou à mobiliser les investissements étrangers dont ils ont pourtant de façon cruciale. Pour permettre à tous les pays de promouvoir un développement durable, toutes formes de sanctions devraient être interdites par la communauté internationale. Le Myanmar coopère étroitement avec les pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) pour faciliter la libre circulation des biens et des services dans sa région. Des accords ont été signés contre toute mesure de double taxation, en vue de permettre aux pays de l'ANASE de bénéficier mutuellement des investissements et des échanges commerciaux bilatéraux. Cependant, les pays en développement font face à des pratiques déloyales de la part des pays riches dans le domaine commercial. Nous exhortons les pays industrialisés à ouvrir leurs marchés aux produits des pays du Sud. L'APD reste un apport indispensable aux efforts de développement des pays du Sud. Cette aide est nécessaire dans la lutte contre la pauvreté et dans la construction institutionnelle et le renforcement des capacités humaines. Nous encourageons les pays industrialisés à s'acquitter des obligations qu'ils ont contractées sur cette question.

M. GEIR ARDE, Ministre des finances d'Islande, a appuyé le Consensus de Monterrey qui, selon lui, contient l'engagement requis des pays en développement en faveur des réformes dans les pays en développement. Pour leur part, les pays développés doivent se concentrer sur l'acheminement de l'APD, sur l'ouverture de leurs marchés et sur l'allègement de la dette. Nous avons une chance unique de transformer le monde en développement. Nous avons devant nous un document historique pour la coopération internationale au développement. Ce document met l'accent sur des questions importantes de développement qui doivent passer à l'avant-plan des politiques internationales, a conclu le Ministre.

M. MOHAMED JALEEL, Ministre des finances et du trésor des Maldives, a fait part du pessimisme de son pays face à la dégradation de la situation économique mondiale consécutive aux attaques terroristes du 11 septembre contre les États-Unis. Il a recommandé que les pays riches déploient tous les efforts possibles pour parvenir au seuil de 0,7% de leur PNB alloué à l'APD et débloquer les 50 milliards de dollars d'APD annuels supplémentaires nécessaires pour atteindre les objectifs du millénaire. Notre pays, menacé comme les autres États insulaires en développement par le réchauffement de la planète, entend pouvoir répondre aux enjeux du développement durable et de protection du patrimoine environnemental. Notre pays qui dépend du tourisme et de la pêche est très attaché à la mobilisation des flux de capitaux étrangers directs, a précisé le Ministre. Notre politique gouvernementale est basée sur une gestion prudente de nos ressources limitées mais il est par conséquent difficile de régler des problèmes structurels profonds. 900 millions de personnes dans notre région d'Asie et du Pacifique vit avec moins d'1 dollar par jour et il est vital de prendre en compte leurs besoins de développement. Le développement est un bien public étroitement lié à la paix et à la démocratie, a déclaré M. Jaleel et il importe que les donateurs tiennent compte des spécificités de chaque pays dans leurs programmes de développement.

M. ANTON ROP, Ministre des finances de la Slovénie, a noté que le monde actuel, divisé entre très pauvres d'un coté et très riches de l'autre, n'est pas viable. Le résultat de Monterrey doit être un engagement clair envers des partenariats forts et la mobilisation de ressources financières suffisantes pour la promotion du développement durable pour tous. Si nous appliquons le Consensus de Monterrey et renforçons les structures d'aide internationale, alors nous aurons une chance de sortir petit à petit du besoin de l'APD. La Slovénie s'est en ce moment lancée dans des efforts de construction de structures institutionnelles fortes et performantes au niveau national, et a mis en place des programmes de renforcement de ses capacités humaines, ces deux domaines étant cruciaux pour une bonne utilisation de l'aide internationale et une gestion rationnelle des politiques de développement. Nous continuerons à mener des politiques économiques saines et augmenterons le niveau de mobilisation de nos ressources intérieures auxquelles pourront se joindre les investisseurs étrangers afin de promouvoir des relations mutuellement avantageuses.

M. FAMARA JATTA, Secrétaire d'Etat aux finances et aux affaires économiques de la Gambie, a souligné l'importance de l'APD pour la plupart des pays en développement ainsi que celle de l'allègement de la dette. Il a demandé, à cet égard, une mise en œuvre rapide et intégrale de l'Initiative HIPC/PPTE. Il a annoncé que les " Ministres PPTE " ont tenu récemment une réunion au Mozambique au cours de laquelle ils se sont engagés à utiliser les fruits de l'allègement de la dette de manière transparente et en donnant la priorité aux secteurs sociaux. Ces pays ont d'ailleurs sollicité des partenariats avec les pays du Nord dont l'aide est essentielle. En dépit des efforts nationaux, a poursuivi le représentant, l'élément déterminant du succès en matière de développement reste l'environnement international. Ainsi, le système multilatéral de l'OMC devrait être respecter, a dit le représentant, avant de se féliciter de l'initiative du Président Bush de demander à la Banque mondiale d'accorder moins de prêts et plus de dons. Le Consensus de Monterrey étant acquis, le Secrétaire d'Etat a demandé la mise en place d'un mécanisme de suivi efficace.

M. GASTON BROWNE, Ministre de la planification d'Antigua-et-Barbuda, a mis l'accent sur les conditions de pauvreté extrême des populations des petits Etats insulaires en développement. Il a regretté que le Consensus de Monterrey ne reconnaisse pas la nature hétérogène des pays en développement et en particulier celle des petits Etats insulaires en développement qui sont victimes d'un environnement fragile, entourés par la mer et disposant de peu de ressources pour financer leurs dépenses publiques, notamment dans le domaine social. Aujourd'hui, notre taux de croissance a chuté à 1,5% en raison de la détérioration des termes de l'échange, a dit M. Browne, soulignant que la chute des montants de l'APD et des flux d'investissements ont aggravé cette situation.

Nous avons pourtant joué le jeu de la mondialisation et ouvert nos marchés, a ajouté le Ministre qui a regretté les barrières tarifaires et douanières dans les pays riches et la réorientation des courants d'investissement vers d'autres régions. Il a lancé un appel pour que des efforts équitables soient consentis par les pays riches pour ériger une architecture financière internationale saine. Il a déploré le poids de la dette que subit son pays en raison du manque d'accès au marché des capitaux et d'une assiette fiscale très faible. Il a demandé un allègement de la dette des plus vulnérables sans se concentrer uniquement sur les PPTE. Il a demandé une augmentation des montants de l'APD en direction des petits Etats insulaires en développement.

M. CELSO LAFER, Ministre des relations extérieures du Brésil, a déclaré que "financer, c'est faire crédit, dans le sens de la racine latine du terme crédit qui signifie faire confiance. Dans toute relation financière, le lien qui lie le présent à l'avenir est celui de la confiance, et c'est ce que nous devons faire à Monterrey: renforcer les liens de confiance pour faire face à l'avenir de manière constructive". Le plus grand drame d'aujourd'hui, c'est la pauvreté, qui ne se limite plus à certaines zones géographiques où à l'intérieur de régions dirigées par certains types de régimes politiques. Elle est partout, même au sein des mégapoles les plus scintillantes, créant des îlots de misère absolue, des mondes marginalisés. La capacité de l'économie mondiale à se redresser dépendra largement de la restauration de la vitalité et de la prévisibilité des flux financiers internationaux. Une croissance régulière et forte des économies "émergentes", dont fait partie le Brésil, aurait un impact mondial, ces pays ayant le plus grand potentiel de croissance et de consommation de l'économie mondiale. Pour restaurer la confiance, nous devrons démocratiser le processus de décision multilatéral, surtout au sein du système financier international. Il faut améliorer le rôle des pays en développement au sein des institutions comme le FMI. Le processus issu de Monterrey devrait renforcer les arrangements de gouvernance multilatéraux, qui sont les seuls capables gérer les incertitudes et les instabilités qui menacent notre habileté à faire face à la pauvreté croissante.

M. TIMOTHY HARRIS, Ministre des affaires étrangères de Saint-Kitts-et-Nevis, a jugé de plus en plus évident que dans le village mondial, les faits et les actions extérieures ont plus d'impact que les politiques nationales sur les situations nationales. Ainsi, les mesures prises par l'OCDE ont endommagé le secteur de la production bananière tout comme les évènements du 11 septembre ont fait chuter l'industrie du tourisme. La mondialisation augmente donc de manière tragique les risques auxquels sont exposés les petits états insulaires en développement. Pour ces pays, l'APD n'est que le coût à payer pour garantir un monde pacifique et stable. Le Ministre a appuyé l'appel lancé pour le doublement de l'APD en prévenant qu'à moins de trouver le moyen de faciliter le transfert des ressources, les roues de la mondialisation seront paralysées par les craintes et les incertitudes qui saisissent le monde en développement.

M. SHIGERU UETAKE, Vice-Ministre d'État aux affaires étrangères du Japon, a rappelé que son pays est aujourd'hui le plus grand bailleur de fonds après avoir lui-même, au sortir de la seconde guerre mondiale, dépendu de l'aide internationale pour son redressement. Mais ce redressement a été un succès grâce à la force motrice la plus puissante dans le développement, à savoir la volonté du peuple, a dit M. Uetake. L'appropriation du développement est certes indispensable pour le développement, mais un partenariat efficace est encore plus important. Il a précisé que le Japon n'a fini de rembourser sa dette à la Banque mondiale que dans les années 1990. Notre aide au développement est basée sur notre propre expérience et nos amis asiatiques qui ont fondé leur politique de développement sur l'appropriation ont également réussi puisque une partie d'entre eux sont passés du stade de récipiendaires à celui de donateurs, a observé le Vice-Ministre. Il a mentionné l'initiative prise par le Japon en 1993 de lancer la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD I) et a encouragé les autres pays développés à déployer tous les efforts en faveur des pays pauvres, rappelant que la TICAD III sera organisée en 2003.

M. Uetake a plaidé par ailleurs pour une bonne gouvernance de la part des pays en développement mais aussi pour des efforts de la part des gouvernements des pays développés, des entreprises privées et des institutions internationales. Il importe de se fixer des objectifs clairs en matière de lutte contre la pauvreté, a-t-il ajouté, insistant sur les priorités du Japon, à savoir l'éducation, la santé, l'environnement et la mise en valeur des ressources humaines. Il a annoncé qu'en l'an 2000, le Japon avait mis en place un programme de 3 milliards de dollars sur 5 ans pour la santé. Ces dernières années, notre pays a octroyé près de 200 milliards de dollars sous forme d'APD et augmenté de 49% son APD qui s'élevait en l'an 2000 à 13,5 milliards de dollars. Il a ajouté qu'il fallait ouvrir les échanges avec les pays pauvres, évaluant à 200 milliards de dollars les importations du Japon en provenance des pays en développement. Le Japon doit adopter un programme de réforme structurelle pour faire face à la crise économique qu'il traverse aujourd'hui mais il continuera à forger des nouveaux partenariats pour le développement a assuré le Vice-Ministre.

MME ANNE KONATE, Ministre délégué apures du Premier Ministre chargé du développement économique du Burkina Faso, a déclaré que l'accès aux marchés développe le commerce international et contribue à la réduction de la pauvreté. Le commerce est le plus important mécanisme de mobilisation de ressources internes et externes. Cependant, le commerce extérieur burkinabé reste insignifiant, compte tenu de la faible compétitivité de son économie et des nombreux obstacles au développement du commerce mondial. Le Burkina Faso est dépendant des ressources extérieures pour le financement de son économie. L'aide publique au développement (APD) constitue pour le Burkina Faso la principale source de financement dans la mesure où il ne bénéficie pas des investissements étrangers directs en dépit de toutes les mesures et facilités accordées aux investisseurs. Si les pays donateurs avaient respecté leurs engagements de verser 0,7% de leur PNB à l'APD, nous ne serions pas ici aujourd'hui à parler de lutte contre la pauvreté. L'endettement est un problème de développement. Tout en saluant l'Initiative PPTE, nous pensons qu'elle a un caractère marginal et demeure très insuffisante dans son ampleur et sa mise en oeuvre. Concernant les conclusions de la Conférence de Monterrey, le Burkina Faso souhaite qu'un mécanisme de suivi efficace soit mis en place pour permettre de progresser véritablement dans la lutte contre la pauvreté et en faveur du développement.

M. PEHIN DATO AHMAD WALLY SKINNER, Vice-Ministre des finances du Brunéi Darussalam, a estimé que le Consensus de Monterrey est louable en ce qu'il lance un processus qui, pourtant, n'est pas exempt d'embûches tant est complexe la problématique du développement. Cette Conférence est un appel pour des partenariats nouveaux. En la matière, le rôle des Nations Unies est à souligner aux côtés de ceux du FMI et de la Banque mondiale. Tout aussi importantes sont les organisations sous-régionales et régionales.

M. EBRAHIM BIN KHALIFA AL-KHALIFA, Sous-Secrétaire du Ministère des finances et de l'économie nationale de Bahreïn, a déclaré qu'une des conséquences de la mondialisation est que l'économie est devenue mondiale et qu'il faut aujourd'hui songer à assurer un développement durable au service des pays en développement afin qu'ils ne subissent plus de préjudices. Il a exhorté les pays en développement à adopter des politiques macroéconomiques, à mettre en place des mesures de bonne gouvernance, et à prévoir des filets sociaux pour prévenir les crises. Il a appelé les pays développés à lever les barrières tarifaires et douanières et à générer ainsi les investissements pour le développement. Le Bahreïn est l'un des pays les plus ouvert et combat également le blanchiment d'argent a précisé le représentant, regrettant que l'aide soit insuffisante pour réaliser les objectifs de développement. Les pays riches doivent jouer un rôle plus important et atteindre le plus rapidement le taux de 0,7% du PNB alloué à l'APD. Un taux d'investissement étranger direct devrait être accordé aux pays en développement sur le modèle de l'APD. Il a appelé les pays riches à exempter les PMA du remboursement de la dette et à inciter une meilleure coordination entre les politiques des différents partenaires de développement, en particulier du Fonds monétaire et la Banque mondiale. Il a recommandé la mise en place d'un système d'alerte rapide par le FMI pour prévenir les crises qui devrait aussi assurer un flux de capitaux vers les pays en développement. Pour sa part, le Banque mondiale doit alléger les conditionnalités tandis que l'OMC doit tout faire pour lutter contre le protectionnisme et ouvrir les marchés des pays riches aux produits des pays en développement a jugé M. Al-Khalifa.

M. NIKOLA YANKOV, Vice-Ministre de l'économie de la Bulgarie, a déclaré que le système commercial multilatéral devrait être sensible aux besoins et aux problèmes particuliers des pays les moins avantagés en revoyant les dispositions et les arrangements relatifs aux traitements spéciaux mais différencies qui existent à l'intérieur des accords de l'OMC. La Bulgarie n'est pas capable de tirer pleinement parti des instruments qui existent dans les accords de l'OMC. Nous ne pouvons ni soutenir nos industries ni vendre normalement nos produits à cause des mesures antidumping abusives et autres normes phytosanitaires mises en place par les pays développés.

La dénomination de "pays en voie de développement" semble d'autre part faire l'objet d'un usage abusif de la part de certains Etats à l'intérieur de l'OMC, ce qui menace de miner certaines des règles de l'organisation. Notre pays a depuis longtemps proposé que de nouveaux critères, semblables à ceux qu'utilise la Banque mondiale, soient utilisés par l'OMC pour mettre les pays dans la catégorie qui est vraiment la leur. Notre pays considère d'autre part l'intégration régionale comme un outil majeur d'amélioration et de renforcement du commerce international. C'est pourquoi notre pays a conclu neuf accords de libre-échange avec 31 pays différents, au niveau de l'Union européenne, de l'Europe centrale, des Balkans, et avec Israël, la Lettonie, l'Estonie et la Turquie.

M. PATRICK KALIFUNGWA, Vice-Ministre des finances et de la planification nationale de la Zambie, a rappelé que les plusieurs pays en développement connaissent une régression économique et que 1/5 de la population mondiale continue de vivre avec moins d'un dollar par jour. Selon le Vice-Ministre, la Conférence est venue à point nommé qui offre l'occasion unique d'examiner la manière dont la mondialisation peut servir les intérêts de toute l'humanité. Evoquant la question de la mobilisation des ressources nationales, le Vice-Ministre s'est dit convaincu que les succès en la matière, en particulier pour atteindre les taux requis, dépendent de la modernisation du secteur agricole. Après les nouvelles négociations de l'OMC à Doha, a-t-il poursuivi, les engagements pris par les pays développés doivent être mis en œuvre. Il a cité, à cet égard, l'élimination de la politique des subventions agricoles. C'est par le biais du commerce international, a-t-il insisté, que l'Afrique se développera et ses produits doivent avoir un meilleur accès aux marchés du Nord.

Venant aux courants de capitaux privés, il les a jugés essentiels car ils pourraient fournir un financement à long terme de la croissance économique d'autant plus que mal utilisée, l'APD peur avoir un effet pervers sur les pays bénéficiaires. L'efficacité de l'APD exige une pleine maîtrise des programmes de développement par les pays bénéficiaires. La Vice-Ministre a estimé que pour les pays lourdement endettés, une sortie rapide de la crise est nécessaire. Même si nous envisageons de nouvelles mesures, il faut étudier les modalités pour les pays en développement de participer plus activement aux décisions internationales, ce qui passe par une démocratisation du FMI et de la Banque mondiale, a conclu le Vice-Ministre.

M. ABDULAZIZ AL-SHAMSI (Émirats arabes unis) a fait observer que les statistiques internationales montrent que depuis l'adoption d'Action 21, au Sommet de la Terre de Rio de 1992, le manque de ressources financières et les pesanteurs bureaucratiques à l'échelle internationale ont freiné sa mise en œuvre. Aussi, nous lançons un appel aux pays développés et aux institutions financières internationales afin qu'ils assument leurs engagements, à savoir le respect de l'objectif de 0,7% de PNB consacré à l'APD et les 0,2% à allouer aux PMA. Il a demandé l'annulation de la dette et la création d'un système mondial où les échanges commerciaux seraient libérés des barrières tarifaires et douanières et des autres mesures de distorsion. Notre Gouvernement développe les capacités des citoyens des Emirats arabes unis par une mobilisation de l'épargne nationale et une dynamisation du secteur privé. Il a demandé une réforme du système financier international pour répondre aux besoins de croissance économique et sociale et répondre aux objectifs de lutte contre la pauvreté.

M. JACQUES BOISSON, chef de la délégation de la Principauté de Monaco, a déclaré que si cette Conférence avait eu lieu un demi-siècle plus tôt, Monaco, posée sur une terre aride et sans ressources naturelles, aurait compté parmi les pays les plus pauvres. C'est sous l'impulsion avisée de ses Princes et grâce à l'ingéniosité de ses populations aux origines diverses que Monaco s'est inscrit parmi les Etats développés. En matière de développement, Monaco, qui s'associe au "Consensus de Monterrey" adopté ce matin, pense que la proposition "Gordon Brown" qui tend à associer l'engagement à long terme des donateurs à celui de l'amélioration de la gestion des affaires publiques et à des résultats probants dans les pays bénéficiaires d'aide, est une approche intéressante, tout comme le sont celles qui choisissent de favoriser les échanges commerciaux et l'intégration financière au niveau régional avec l'appui des institutions financières et des banques des régions concernées.

L'endettement préoccupe le gouvernement monégasque qui souhaite que le problème trouve une réponse satisfaisante sans laquelle, aucun espoir de développement conséquent et durable ne peut être offert à de nombreux pays. Monaco est très attaché au respect de la nature et de ses grands équilibres. Un développement durable, respectueux de l'environnement et des ressources naturelles, mais aussi du génie, de la diversité et de la créativité des peuples qui sont notre plus grande richesse, est indispensable. Dans cet esprit la réflexion engagée sur les "biens publics mondiaux" doit être poursuivie.


M. MARTIN ANDJABA (Namibie) faisant part des difficultés économiques de son pays et des réformes adoptées et mises en œuvre pour faciliter la mobilisation des ressources nationales et internationales, a souligné que pour compléter les efforts nationaux, les institutions internationales et régionales de même que les institutions des pays donateurs doivent accroître l'APD pour financer, en particulier les projets visant à combler le fossé numérique. A cet égard, il a appelé à une multiplication des mécanismes de prêts et de diffusion d'informations sur les opportunités d'investissement. Le rôle de l'APD ne saurait être surestimé, a insisté le représentant. Il a expliqué que ce type d'aide a servi à développer le capital humain et à améliorer les capacités de production et d'exportation des pays en développement. C'est la raison pour laquelle, a-t-il dit, la Namibie resserre ses liens avec les pays donateurs. Les conditionnalités imposées par les institutions de financement et de prêts ont souvent empêché une utilisation efficace de l'APD. Il a appelé à une réforme de l'architecture financière internationale pour y injecter plus de transparence et élargir la participation du monde en développement. Concluant sur la question de la dette, il a demandé une amélioration urgente de l'Initiative HIPC pour mobiliser davantage de ressources nationales aux fins du développement.

M. SOTIRIOS ZACKHEOS (Chypre) a mis en garde contre la misère qui touche 815 millions de personnes à travers le monde, dont 150 millions d'enfants, souffrant de sous alimentation, de malnutrition et vulnérables aux maladies. Dans le contexte du développement durable, les pays en développement et les pays en transition doivent assurer la paix et la stabilité sociale, la démocratie, la bonne gouvernance et les équilibres budgétaires. De leur côté, les pays riches doivent garantir une aide au développement adaptée aux enjeux et prévisible, ouvrir leurs marchés aux produits des pays en développement et annuler la dette de ces derniers. Il a exhorté les pays riches à atteindre l'objectif de 0,7% du PNB consacré à l'APD au plus vite et s'est félicité de l'annonce des Etats-Unis et de l'Union européenne d'augmenter leurs montants d'APD. Attirant l'attention de la Conférence sur la condition des petits États insulaires en développement, il a souligné que ces îles ont un défi de durabilité à surmonter. Il a considéré que le sous-développement et la pauvreté doivent être combattus avec la détermination la plus ferme par la communauté internationale qui doit faire preuve d'un engagement sérieux.

M. SERGEI LING, chef de la délégation du Bélarus, a dit que certains des points contenus dans le Consensus de Monterrey font déjà partie des politiques économiques du gouvernement du Bélarus. Notre gouvernement a lancé depuis longtemps des programmes de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption. Le Bélarus est devenu un pays ouvert dont les structures et la politique économiques sont tournées vers un développement durable. Cependant, nous avons besoin d'une aide d'urgence pour stabiliser et assainir toutes nos structures et notre monnaie. Mais on nous a jusqu'à maintenant répondu que nous devions utiliser nos ressources intérieures pour régler ces problèmes. Nous n'avons pas de dette extérieure, et avons rempli tous les critères qui permettent généralement à d'autres pays d'obtenir tous les crédits dont ils ont besoin. Il y a donc un fossé entre les discours et les actes de certains milieux de décisions internationaux. La question de la cohérence devrait être résolue au bénéfice de tous les Etats sans sélectivité.

M. MIKHAIL WEHBE (Syrie) a rappelé que les dirigeants mondiaux ont confirmé dans la Déclaration leur détermination de préserver une paix juste et durable dans le monde entier et dans le Consensus, ils ont réaffirmé le lien entre paix et développement. Or, au Moyen-Orient, la situation continue de compromettre le développement humain des Palestiniens. Un véritable développement durable reste un objectif lointain dans les conditions actuelles de l'occupation, a insisté le représentant. Il a demandé l'ouverture des marchés, la suppression des barrières tarifaires et l'utilisation de tous les mécanismes disponibles pour réduire la pauvreté. Pour ce faire, il a appelé à une diversification des institutions monétaires et financières et l'application des programmes d'allègement de la dette dont l'Initiative HIPC/PPTE. Le représentant a plaidé pour l'augmentation de l'APD et la création d'un fonds international pour le développement. La non-application des objectifs de la Déclaration aura des implications sur la crédibilité de ceux qui y ont souscrit, a prévenu le représentant en se félicitant qu'une Conférence comme celle de Monterrey ait montré à quel point le dialogue et la coopération sont des données importantes. Monterrey, il faut le savoir, est le début d'un processus semé d'embûches. Mais avec le dialogue et la coopération, tout devra être possible, a estimé le représentant.

M. JAUME GAYTÁN SANSA (Andorre) a assuré que l'objectif de la Principauté d'Andorre est d'encourager une nouvelle alliance entre pays développés et pays en développement. L'effort de financement du développement nécessite une mobilisation durable des ressources tant à l'échelle nationale qu'internationale. Il a ajouté que l'investissement dans le capital humain est la base de toute politique de développement durable. Andorre est également attachée à la mise en œuvre de mécanismes de stabilisation des marchés financiers internationaux et à l'allègement de la dette des pays pauvres fortement endettés. Grâce à un effort accru de la part des donateurs, les pays en développement pourraient améliorer et renforcer leurs politiques de développement par une réaffectation des fonds résultant de la mise en œuvre de l'initiative PPTE renforcée. Il a encouragé le développement des échanges commerciaux pour les pays en développement. M. Gaytan Sansa a précisé qu'Andorre a une politique d'aide au développement par l'entremise des organisations internationales et dispose également d'un mécanisme d'aide bilatérale et encourage également l'aide allouée par la société civile par le truchement des ONG.

M. KARAMELDIN ABDELMAWLA SALIH, Ministre de la coopération internationale du Soudan, a déclaré que le Soudan se félicite que l'Afrique ait, par sa propre initiative, proposé au monde la vision de son propre développement à travers le NEPAD. Notre pays a accueilli il y a quelques mois à Khartoum son premier forum d'investissements, organisé avec le soutien de la Banque mondiale. Plus de 200 investisseurs potentiels y ont pris part, et nous sommes d'accord avec la déclaration du Président de la Banque mondiale qui, ce jour là, à appelé les investisseurs privés à ne pas négliger les pays africains et à accepter d'y prendre des risques qui ne sont pas toujours plus élevés qu'ailleurs.

Notre gouvernement appuie l'initiative prise par le Secrétaire général de l'ONU quand il a demandé aux pays riches de s'engager à doubler leur APD au cours des trois à cinq prochaines années. Concernant la question de la lutte contre le terrorisme, tout en condamnant les actes terroristes et ce qui s'est passé le 11 septembre, notre pays ne croit pas que la guerre pourra résoudre les problèmes actuels, si des mesures économiques destinées à sortir les peuples de la pauvreté et du désespoir ne sont pas aussi prises.

M. LAMUEL STANISLAUS (Grenade) a espéré que l'application du Consensus de Monterrey sera proportionnelle au nombre de préparatifs méticuleux. Cela sera possible si un véritable partenariat est mis en place entre pays développés et pays en développement. Si les efforts sont déployés, le 21ème siècle pourra être celui de l'espace intérieur où la condition humaine occupe le centre des politiques. Le fait que tant de chefs d'Etat et de gouvernement soient venus à Monterrey augure bien de l'avenir. Le représentant a adhéré aux mesures préconisées dans le Consensus en ce qui concerne la mobilisation des ressources nationales. Il a souligné que le succès dans les efforts nationaux dépendront des niveaux d'APD et d'IED. Il a souhaité, à cet égard, que le niveau d'APD soit ramené au taux agréé de 0,7% du PNB. Quant à l'IED, il a rappelé qu'à l'heure actuelle les capitaux se dirigent plutôt du Sud vers le Nord. Partant, les pays en développement sont obligés d'hypothéquer leur avenir par des dettes étouffantes. Si le remboursement de la dette est un problème moral et juridique, il ne faut pas pour autant oublié les raisons qui ont poussé les pays en développement à se jeter dans ce piège. Venant à la question du commerce international, il a dénoncé les barrières commerciales en vigueur. Les partenaires commerciaux devraient libéraliser le commerce des biens et des services pour lesquels les pays en développement ont un avantage comparatif, a-t-il souhaité en concluant par ces mots " Le moment n'est pas à un optimisme béat ni à un pessimisme aveugle. Le moment est à l'espoir et il ne faut laisser le financement du développement devenir un vœu pieux ".

M. JANDRANKO PRILC, Vice-Ministre du commerce extérieur et des affaires économiques de Bosnie-Herzégovine, a déclaré que le Consensus de Monterrey permettra de partager de façon équitable les bénéfices de la mondialisation. La Bosnie-Herzégovine, a poursuivi le Vice-Ministre, a réalisé ses objectifs de reconstruction au sortir de la guerre, grâce à une conférence de donateurs consécutive à la signature de l'accord de paix. 60 pays et 30 organisations internationales ont participé à cette conférence de bailleurs de fonds et ont travaillé ensemble à la mise en œuvre d'un programme de réhabilitation. Malgré la réussite de ce programme d'assainissement et de redressement économique, a poursuivi M. Prilc, les fondements de l'économie de la Bosnie restent faibles et les sources de financement commencent à s'assécher puisque les bailleurs de fonds se détournent vers d'autres régions. Notre pays a reçu une aide de 5 milliards de dollars depuis la fin de la guerre mais, malgré tout, notre balance de paiement et notre balance commerciale restent déficitaires. Le taux de chômage est de 40% et notre PIB est inférieur de moitié par rapport au niveau d'avant guerre.

Notre Gouvernement a engagé un processus d'harmonisation des lois et du système bancaire, a mis en œuvre un système douanier simplifié mais pour autant, il reste confronté à la faiblesse des capitaux privés internationaux attirés. Il a insisté sur l'importance de la coopération régionale dans la mobilisation des ressources pour le développement, notamment en mettant en œuvre des zones de libre échange en Europe du Sud-Est. Il a renouvelé son intention d'intégrer l'Union européenne et de remplir au plus vite les conditions d'éligibilité, souhaitant que, avec les rendez-vous de Monterrey et de Johannesburg 2001 soit réellement une année clé dans la lutte contre la pauvreté.

M. RICHARD McCORMICK, Président de la Chambre de commerce internationale, a déclaré, au nom du Forum des entreprises, que le secteur privé mondial est heureux d'avoir été invité à participer aux préparatifs de la Conférence. Il est d'avis que l'APD ne sera jamais suffisante pour répondre aux besoins de financement de tous les pays en développement. Seuls les investissements privés et les apports technologiques qui les accompagnent peuvent satisfaire ces besoins. Les propositions que nous avons faites portent sur les domaines des infrastructures, le renforcement des petites et moyennes entreprises (PME), l'encouragement à la mise en valeur des sources locales de capitaux-risques, le financement de la réduction des dettes, la reconstruction de l'Afghanistan, et les études liées aux solutions à apporter aux dettes publiques et privées. Nous avons travaillé avec la CNUCED, la Banque mondiale, le FMI, la Banque interaméricaine de développement, l'USAID, le Département des affaires économiques de l'ONU et d'autres organismes pertinents. Tous les gouvernements et partenaires privés qui voudraient prendre connaissance des propositions du secteur privé n'ont qu'a contacté la CNUCED. Nous sommes venus à Monterrey la main tendue pour apporter notre contribution à la recherche de solutions pour la promotion du développement durable, et nous resterons engagés, comme partenaires, dans la mise en oeuvre du Consensus de Monterrey.

M. ARJUN KHARKI, au nom du Forum de la société civile a dit ne pas souscrire au Consensus de Monterrey qui n'est qu'une base suffisante pour combattre la pauvreté. Pourquoi adopter ce document? Où sont passées les références aux réformes que devraient entreprendre le FMI et la Banque mondiale? L'adoption à l'avance du Consensus remet toute la crédibilité du texte en question. Le représentant a rejeté l'utilisation des tables rondes pour légitimer le Consensus. Il a demandé que davantage d'efforts soient faits pour améliorer le dialogue et mettre en place un mécanisme efficace de suivi. Prenant à son tour la parole,
Mme MONICA VINCENT a défendu la position des ONG en déclarant " si vous ne nous avez pas entendus c'est que vous ne nous avez pas écoutés ". Les ONG veulent rester engagées dans tous les efforts visant à réaliser les objectifs de la Déclaration du millénaire. Les conférences à venir seront d'autres occasions pour les ONG de montrer aux délégations leur rejet du Consensus de Monterrey. Les ONG continueront de mobiliser leurs partenaires pour promouvoir une véritable application des engagements auxquels les gouvernements ont eux-mêmes souscrit, il y a dix ans.



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