Le Sommet en direct Sommet mondial pour le développement durable

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Site de l'ONU
Johannesburg, Afrique du Sud
26 août-4 septembre 2002
ENV/DEV/J/28
3 septembre 2002

Table ronde 2

LE PROJET DE FONDS HUMANITAIRE INTERNATIONAL RECOIT UN LARGE SOUTIEN DE LA PART DES PARTICIPANTS A LA TABLE RONDE


Chargés de réfléchir sur les entraves qui pèsent sur la mise en oeuvre des objectifs du Sommet, les participants à la table ronde de ce matin ont dans leur ensemble mis le manque de ressources au ban des accusés, ainsi que les insuffisances du système financier international. Au titre des remèdes, le Fonds humanitaire international proposé par le Président du Venezuela a reçu un appui important. La formation de compétences et les échanges technologiques ont été prônés. La table ronde était présidée par Mme Massoumeh Ebtekar, Vice-Présidente de la République islamique d'Iran, et a entendu 12 Chefs d'Etat et de gouvernement.

"La proposition faite dans le cadre du Sommet, et qui consiste à créer un Fonds de solidarité qui serait financé par des contributions volontaires, non seulement ne suffit pas, mais ne sert à rien", a déclaré le Président du Venezuela. Il a proposé que soit créé un Fonds humanitaire international. Ce fonds, consacré à la lutte contre les maladies et à la promotion de l'éducation, pourrait être alimenté par un pourcentage de la dette extérieure ou un impôt sur les transactions financières internationales, notamment de nature spéculative. Le Ministre des affaires étrangères de Cuba, favorable à la création de ce fonds, a ajouté qu'il pourrait être financé par des capitaux venant de la corruption. Le Ministre des affaires étrangères de l'Inde, ainsi que le Ministre de l'environnement de la Namibie, ont demandé que cette proposition soit prise au sérieux. Le Premier Ministre du Montenegro l'a qualifiée "d'extrêmement bonne".

La Ministre du développement et de la coopération de la Finlande s'est montrée favorable à la création d'un impôt mondial permettant notamment de financer des biens publics mondiaux.

"Le langage diplomatique maquille la réalité et permet à nos consciences de rester tranquilles mais les reculs sont notables dans tous les domaines de la lutte contre la pauvreté, a indiqué le Président du Venezuela, citant le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour développement. Au rythme auquel nous allons aujourd'hui, il nous faudra 130 ans pour nous débarrasser de la pauvreté. Alors ne disons pas qu'en 2015 nous aurons réduit la pauvreté de moitié, car c'est un mensonge".

Le manque de ressources a été identifié comme la principale entrave au développement. La Directrice générale de l'OMS a demandé une augmentation massive des flux d'aide. "Je crois que cela est possible car tous les pays de l'OCDE sont bien en dessous des objectifs d'aide en pourcentage de leur PNB. Avec de tels financements, nous réussirions, car les objectifs sont clairs et les moyens pour les atteindre connus de tous".

Le service de la dette, qui prive les pays de précieuses ressources, a été mis en accusation. Le Ministre de l'économie du Gabon a déclaré que dans son pays, le service de la dette absorbe 47 % des ressources budgétaires. Soulignant que cela empêche de mettre en oeuvre des programmes sociaux de lutte conte la pauvreté, il a demandé que le service de la dette soit plafonné à 10 % des ressources budgétaires. Lui aussi s'est prononcé en faveur de la mise en place d'un nouveau Plan Marshall et de l'établissement du Fonds humanitaire proposé par le Venezuela.

Second point saillant de la table ronde, la mise en cause des institutions financières internationales par le Président du Brésil. "Les institutions de Bretton Woods sont insuffisantes pour relever les défis immenses auxquels fait face le monde d'aujourd'hui. Depuis 8 ans que je suis Président, 5 crises internationales majeures ont secoué mon pays. Avec de telles turbulences sur les marchés internationaux, il est imposible de mettre en oeuvre des politiques sociales viables et de long terme", a-t-il déclaré. Les institutions créées en 1945 ne sont pas à la hauteur des problèmes et l'aide du FMI n'est pas suffisante. Plaidant en faveur d'un "autre Plan Marshall", il a également appelé les opinions publiques à se mobiliser en faveur du développement durable. "Aujourd'hui les gouvernements sont faibles, et plus encore s'ils ne peuvent compter sur l'opinmion publique". Il a été appuyé par la représentante de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale pour qui "les crises financières à répétition perturbent les efforts en faveur du développement".

L'accent sur les transferts de technologie et la nécessité de promouvoir la coopération dans les domaines de la science et de la technologie a été vigoureusement mis en avant par le Premier Ministre de la Chine. "Les hautes technologies peuvent venir en soutien du développement durable. La coopération bilatérale et multilatérale, sous forme d'échange de consultants techniques et de formation de personnel, doit permettre d'adapter du capital, des technologies avancées et une expertise en matière de gestion", a-t-il indiqué.

Il a été relayé par le Vice Premier Ministre de la Malaisie qui a demandé que les échanges de bourses et de chercheurs soient plus nombreux et que des transferts de technologie viennent réduire le fossé technologique. "Nouvelles technologies et commerce électronique vont devenir le moteur de la croissance et j'ai peur que les pays en développement n'accusent du retard et que le fossé numérique ne cesse de s'accroître", a-t-il déclaré. Pour le représentant de International Council for science, les technologies et les connaissances sont abondantes mais il n'est pas toujours facile de savoir les utiliser. Il a regretté qu'il n'existe pas de plate-forme pertinente où discuter de façon efficace ces questions. Le Ministre des affaires étrangères de Cuba a fait à ce sujet observer que 9 brevets sur 10 appartiennent à de grandes sociétés industrielles, ce qui rend l'accès à la technologie est difficile.

Au-delà des transferts de technologie, c'est l'éducation et la nécessité de former des ressources humaines qui importe, a déclaré le Premier Ministre du Japon. "Le Japon n'a jamais eu de ressources énergétiques, mais il a accordé la priorité à la mise en place d'un système éducatif universel. Nous avons besoin d'éducation pour que les gens puissent profiter des sciences et des techniques", a-t-il fait observer. Reconnaissant que le développement de son pays a été acquis au prix de grosses erreurs en matière d'environnenement, il a émis le souhait que les pays en développement ne répètent pas ces erreurs.

"Ne reproduisons pas les erreurs du monde développé, car cela conduirait à la destruction de la planète" lui a fait écho le Ministre des affaires étrangères de l'Inde. Mais les pays en développement ne peuvent pas attendre beaucoup plus, a-t-il mis en garde, fustigeant les "déclarations d'intention et les platitudes". En disant que "nous ne sommes pas satisfaits de l'état du consensus actuel", la Vice-Présidente de la Hongrie semblait exprimer un sentiment partagé. Regrettant que plusieurs questions fondamentales, comme celle du commerce, n'aient pas reçu une attention suffisante, elle a plaidé en faveur de la prise en compte de la parité entre les sexes dans les projets relatfs au développement durable.

Le renforcement de la capacité des plus pauvres à s'adapter au changement climatique a été réclamée par plusieurs représentants. Le Président de la Mongolie, a indiqué que "la Mongolie, pays enclavé, est en état d'urgence permanent. Les températures ont augmenté de 10 degrés en été et baissé de 10 degrés en hiver, et le cheptel du pays a été ravagé". Exprimant les préoccupations des petits Etats insulaires en développement, le Président des Maldives a dit que si le niveau de l'océan augmente selon les prévisions, les Maldives seront englouties au cours du siècle qui vient. Cette menace exige que des mesures soient prises. Nous vivons de la pêche et du tourisme, deux secteurs qui dépendent de l'environnement. Appuyé par le Président de Kiribati, il a demandé un engagement fort de la part de tous les pays.

La situation énergétique de certains pays requiert des mesures urgentes. Ainsi, le Premier Ministre de l'Arménie a indiqué que dans son pays, 40 % de l'énergie du pays est produite par une centrale nucléaire qui se trouve sur une zone sismique. Nous avons besoin, a-t-il dit, d'1,5 milliards de dollars pour arrêter cette centrale et trouver des sources d'énergie alternatives.

Le Président du Venezuela s'est interrogé sur l'utilité de ces tables rondes, faisant observer que ce débat réunissant 40 chefs d'Etat et de gouvernement n'aurait aucune influence sur les résultats du Sommet. Il s'est indigné de ce qu'aucune suite n'ait été donnée aux recommendations issues d'une table ronde qu'il a présidée il y a deux ans. Le Vice Président du Botswana a demandé si les propositions faites dans le cadre de ces tables rondes peuvent être le point de départ de nouvelles initiatives.

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales a répondu que les tables rondes sont suivies de très près et archivées. Ce qui y est négocié peut effectivement servir de point de départ à des nouvelles initiatives. Cependant, en l'occurrence, les tables rondes sont axées vers la discussion des entraves qui pèsent sur le développement durable et la mise en oeuvre des décisions du Sommet. Et bien que cette table ronde ne soit pas une table de négociations, tout consensus qui se dégage peut être très important.

Se sont également exprimés lors du débat: le Vice Président du Ghana, le Premier Ministre de la Nouvelle Zélande, les Ministres de l'environnement du Népal et de la Slovaquie, le Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine, ainsi que la Directrice exécutive de la Convention des Nations Unies pour les changements climatiques.


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