Le Sommet en direct Sommet mondial pour le développement durable

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Site de l'ONU
Johannesburg, Afrique du Sud
26 août-4 septembre 2002
ENV/DEV/J/23
2 septembre 2002

12e séance plénière - matin

NOUS DEVONS NOUS ATTACHER A METTRE EN ŒUVRE… LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT
DE LA DECLARATION DU MILLENAIRE, DECLARE M. ANNAN

Le Sommet de Johannesburg sur le développement durable
entame ses travaux au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement

 

A Partir de maintenant, nous devons nous attacher à mettre en œuvre les nombreux accords conclu, et notamment à réaliser les objectifs de développement de la Déclaration du Millénaire, a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, à l'ouverture de la rencontre de haut niveau du Sommet mondial de Johannesburg pour le développement durable. M. Annan qui, à l'instar de plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement ainsi que des ministres chargés de l'environnement et de l'économie des différentes régions du monde, a souligné la nécessité de passer à l'action étant donné l'ampleur et la persistance des menaces qui pèsent sur le monde et sur son environnement.

Le Président de l'Afrique du Sud et Président du Sommet, M. Thabo Mbeki, a déclaré qu'il serait juste que Johannesburg, où le legs de l'apartheid est évident partout, envoie au monde un message sur l'attachement des chefs d'Etat et de gouvernement à l'avenir de l'humanité et de la planète, au concept de solidarité humaine et à l'élimination de "l'apartheid mondial" entre riches et pauvres.

La responsabilité collective a été soulignée, entre autres, par le Président français, M. Jacques Chirac qui a mis l'accent sur la part de responsabilité des pays du Nord. Il a souhaité que Johannesburg scelle une alliance mondiale pour le développement durable par laquelle le monde en développement s'engagerait sur la voie de la bonne gouvernance et du développement propre, et les pays développés sur celle de la solidarité envers les pays pauvres et la révolution écologique. Le Premier Ministre du Canada, M. Jean Chrétien, a fait part de la décision du parlement canadien de ratifier, d'ici à la fin de l'année, le Protocole de Kyoto. Il a fait part en outre de la décision de son gouvernement de lever les tarifs et autres frais de douanes qui font obstacle aux exportations des pays en développement. L'Union européenne, par la voix de son Président, le Premier Ministre du Danemark et celle du Président de sa Commission a réitéré son intention de travailler de bonne foi à cette question sur la base des accords de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Doha.

S'agissant de l'aide publique au développement (APD), l'Union européenne a annoncé sa décision d'y consacrer 22 milliards de dollars par an d'ici à 2006, pour se rapprocher de l'objectif de 0,7% du PNB, en fixant comme priorités l'éducation, la santé et l'accès à l'eau. Le Chancelier allemand M. Schröder a exprimé l'intention de son gouvernement de consacrer une somme de 500 millions d'euros à la coopération sur les énergie renouvelables.

La création d'un Fonds humanitaire international, financé par des contributions obligatoires dont la réduction de 10% des dépenses militaires mondiales, a été défendue par le Président du Venezuela et Président du Groupe des 77 et la Chine.

Le Sommet, outre les Présidents cités plus haut, a entendu les chefs d'Etat et de gouvernement des pays suivants : Indonésie, Iles Marshall, Guyana, Namibie, Lesotho, Royaume-Uni, Ouganda, Turquie, Portugal, Algérie, Brésil, Arménie, Kenya, Mali, Maroc, Burundi, Botswana, Colombie et Bolivie.

Le Sommet de Johannesburg poursuivra son débat de haut niveau cet après-midi à 14 heures.

Déclarations liminaires

M. THABO MBEKI, Président de l'Afrique du Sud et Président du Sommet mondial pour le développement durable, a déclaré que les milliards de personnes dans le monde qui ont donné mandat aux chefs d'Etat et de gouvernement attendent une réponse claire à la question de savoir si leurs dirigeants sont en mesure de répondre aux défis pressants du développement durable. Il y a deux jours, a rappelé le Président sud-africain, le peuple est descendu dans la rue pour manifester son souhait de voir des résultats pratiques et précis. Nous pouvons agir de façon unie, a-t-il estimé, pour assurer un processus de développement pratique et visible qui conduira à l'élimination de la pauvreté et au progrès dans la protection de la planète Terre.

Le Sommet devra se fixer des orientations et des objectifs concrets et accepter le processus de mise en oeuvre et de surveillance du respect des accords mondiaux que les chefs d'Etat et de gouvernement doivent prendre. Les populations ordinaires, a souligné le Président, savent que les moyens et les connaissances existent dans la société humaine pour réaliser les objectifs du développement. La question est de savoir pourquoi en tant qu'êtres humains nous n'agissons pas sachant que nous avons la capacité de régler des problèmes créés par l'être humain lui-même. Qui bénéficie de cette situation perverse actuelle? Et qui est à blâmer? S'est demandé le Président, ajoutant que Johannesburg devra répondre aux préoccupations actuelles. Les pauvres savent que les changements intervenus dans le monde ont créé la possibilité de faire une pause et de répondre aux questions urgentes.

Les décisions du Sommet nous montreront s'ils ont raison. Nous avons toutes les possibilités de faire de ce Sommet un moment essentiel. Telle est la tâche qui est la nôtre. Il y a moins de dix ans que le système inhumain de l'apartheid dont le legs est évident partout était en cours dans ce pays. Il serait donc juste qu'à partir d'ici, le Berceau de l'humanité, les chefs d'Etat et de gouvernement lancent un message qui fasse savoir qu'ils se préoccupent de l'avenir de l'humanité et de la planète, qu'ils comprennent le concept de solidarité humaine et qu'ils proclament leur détermination à éliminer l'apartheid mondial. Il faudrait que les dirigeants du monde envoient un message quant à leur disposition à être jugés non pas sur le nombre de résolutions mais sur la rapidité et la détermination avec lesquelles ils mettront en oeuvre les accords sensés servir les peuples du monde, a-t-il Thabo Mbeki.

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que s'il est un mot que tous devraient avoir à la bouche lors de ce Sommet, un concept qui représente tout ce qu'il faut espérer de Johannesburg, c'est celui de la responsabilité. La responsabilité, vis-à-vis des pauvres, de la planète et de l'avenir des enfants. Le Sommet est axé sur un élément central du programme d'action élaboré, ces dix dernières années, au cours des conférences et sommets internationaux, à savoir le rapport entre les êtres humains et leur milieu naturel.

Invoquant les problèmes engendrés par les changements climatiques, la désertification et la dégradation des sols, la pollution de l'eau et l'amenuisement des ressources aquatiques, le Secrétaire général a déclaré "cessons de nous dissimuler l'état de danger dans lequel se trouve la Terre, ou de prétendre que protéger l'environnement coûte trop cher quand nous savons très bien que ne rien faire coûtera bien plus cher".

M. Kofi Annan a appelé à l'abandon de la frilosité économique et au courage politique. Il a stigmatisé le mode actuel de développement comme étant celui qui a conduit à léser la majorité et a plaidé non pas pour la destruction du tissu de la vie moderne mais pour sa consolidation grâce au savoir et à la coopération. A partir de maintenant, a souhaité le Secrétaire général, nous devons nous attacher à mettre en oeuvre les nombreux accords conclus et notamment à réaliser les objectifs de développement de la Déclaration du Millénaire.

Au nombre de ces objectifs, il a cité, l'adoption de pratiques viables qu'il a perçue, comme une condition indispensable à la réalisation de tous les autres objectifs. Le Secrétaire général a appelé les pays les plus riches à ouvrir la voie en raison des moyens financiers et technologiques qu'ils disposent et leur responsabilité vis-à-vis d'"une part disproportionnée" des problèmes écologiques mondiaux. Les gouvernements, ne sont pas en mesure de tout faire, à eux seuls. M. Annan a souligné le rôle essentiel de la société civile en tant que partenaires activistes et observateurs vigilants, et le secteur privé auquel il a demandé non pas de faire autre chose que celle de conduire ses activités normales, mais de les diriger autrement.

Avec les politiques, les connaissances scientifiques et les technologies propres dont nous disposons, des progrès pourront être accomplis beaucoup plus vite qu'on ne le pense dans les cinq domaines de l'eau, de l'énergie, de la santé, de l'agriculture et de la diversité biologique, a souligné le Secrétaire général. Il est temps d'entrer dans une ère de transformation et de gestion avisée. Une ère au cours de laquelle nous investirons dans la survie et la sécurité des générations à venir.

M. HAN SEUNG-SOO, Président de l'Assemblée générale, a estimé que, malgré les nombreux progrès enregistrés dans la mise en œuvre des engagements pris à Rio et du Plan d'Action 21, la situation s'est détériorée dans certains secteurs et le nombre de personnes vivant dans la pauvreté extrême ne cesse d'augmenter. La dégradation de l'environnement pose de graves menaces à la sécurité de la planète, a-t-il dit, et le seul moyen d'inverser cette tendance, que l'on pourrait qualifier de "retro-développement", est de promouvoir un développement durable. M. Han Seung-soo a insisté sur les progrès qui doivent être réalisés dans les cinq domaines prioritaires identifiés par le Secrétaire général, à savoir l'eau, l'énergie, la santé, l'agriculture et la biodiversité, et a exhorté les participants au Sommet à envisager une étroite coopération pour relever les défis du développement. Le Sommet du Millénaire a donné une nouvelle impulsion aux efforts déployés par les Nations Unies et l'ensemble de la communauté internationale dans la lutte contre la pauvreté et la prise en compte des grands défis liés au développement, a indiqué le Président de l'Assemblée générale, ajoutant que le Sommet de Johannesburg doit être l'occasion de réaffirmer les engagements pris à Doha et à Monterrey et de s'assurer de la collaboration de toutes les parties prenantes, au premier rang desquelles les grands groupes, les organisations non gouvernementales et la société civile. Il a souhaité que le Plan d'action de Johannesburg soit ambitieux et qu'il intègre des mécanismes de suivi rigoureux.

Allocutions

Mme MEGAWATI SOEKARNOPUTRI, Présidente de la République d'Indonésie, a regretté qu'en dépit des accords passés il y a dix ans à Rio et des progrès réalisés, la menace de la détérioration de l'environnement ne diminue pas. La cause principale des retards pris en matière de développement durable réside dans l'absence de volonté politique en ce qui concerne la mise en oeuvre d'Action 21. Ce Sommet doit par conséquent être en mesure de régler les problèmes et de relever les défis actuels grâce à une action rigoureuse et à une approche intégrée et globale. A Doha, nous avons décidé de nous doter de moyens supplémentaires afin d'instaurer un système commercial ouvert, prévisible, équitable et non discriminatoire. A Monterrey, nous nous sommes mis d'accord pour créer un meilleur cadre d'action pour le financement du développement au sein duquel les dirigeants des pays développés se sont engagés à consacrer 0,7% de leur PNB annuel au financement du développement. Il a également été reconnu que la bonne gouvernance aux niveaux national et international est l'élément clef de la réalisation des objectifs du développement durable. Dans nos efforts pour atteindre les objectifs définis au cours de ces rencontres internationales, nous devons tenir compte des différents niveaux de développement des pays. A cet égard, le principe de responsabilité commune mais différenciée est essentiel. Il est également important d'observer attentivement l'impact considérable de la mondialisation sur la plupart des pays en développement. Afin de contrecarrer ses conséquences négatives, il faut renforcer l'accès aux marchés, fournir davantage de ressources financières et améliorer les capacités technologiques des pays en développement.

M. HUGO CHAVEZ, Président de la République bolivarienne du Venezuela, intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que si la communauté internationale écoutait les enfants du monde, elle pourrait trouver la voie du développement durable. M. Chavez a salué les peuples d'Afrique et d'Amérique latine, berceaux des civilisations et épicentre de l'espoir avant de souligné que la voie de la liberté est longue. Le peuple du Venezuela a fait le choix d'une révolution démocratique inspirée par la doctrine bolivarienne, a-t-il dit, avant de fustiger les fascistes, les totalitaires et les élites privilégiées du Venezuela qui, avec l'aide de leurs alliés internationaux, ont tenté le 11 avril dernier de renverser le Gouvernement qui s'attaque de front au développement durable et s'est engagé à mettre en œuvre un développement humaniste en s'opposant aux élites néolibérales.

Le modèle néolibéral a causé des ravages sociales dans le monde en développement comme en témoignent les statistiques qui établissent que 17 personnes meurent de faim chaque minute dans le monde. La pauvreté est la conséquence immédiate des modèles de développement qui ont été imposés aux pauvres par les plus puissants et le modèle de développement actuel n'est pas viable, a-t-il dit. Lançant un appel à une plus grande prise de conscience, le Président a demandé aux dirigeants de la planète de lutter contre les causes de l'incendie et de ne pas toujours tenter de l'éteindre comme le fait la communauté internationale depuis Stockholm et Rio. Il ne peut y avoir de développement sans humanisme, a-t-il dit, plaidant pour un développement humain, global et intégré. Nous avons besoin d'une nouvelle éthique si nous voulons réussir dans la mise en œuvre d'Action 21 et il importe par exemple de créer un Fonds humanitaire international rigoureusement obligatoire qui pourrait être financé en réaffectant 10% des dépenses militaires mondiales ou encore 10% des montants verses aux pays riches au titre du service de la dette. N'oublions pas que depuis vingt ans, l'Amérique latine a payé trois fois le montant de sa dette d'origine et cette injustice n'est plus tolérable.

M. ANDERS FOGH RASMUSSEN, Premier Ministre du Royaume du Danemark, au nom de l'Union européenne, a souligné l'urgence qu'il y a à faire de la mondialisation une force positive pour tous. Il a réitéré l'attachement de l'Union européenne à la lutte contre la pauvreté, convaincue qu'il n'est pas viable que 15% de la population mondiale s'arroge 80% des richesses mondiales. La lutte contre la pauvreté peut être gagnée par une croissance économique durable et une amélioration de l'accès aux marchés. Le libre-échange et l'accès aux marchés sont des éléments clefs de la lutte contre la pauvreté. L'Union européenne travaillera activement aux négociations prévue dans la Déclaration de Doha et est disposée à l'instar de l'Initiative "Tout sauf les armes" à prendre d'autres mesures. Elle appelle d'ailleurs les autres pays industrialisés à en faire autant.

Le commerce ne suffit pas. Le monde industrialisé doit accroître son aide au développement en vue de réaliser l'objectif de 0,7% du PNB. Il faudrait coopérer avec les pays en développement afin d'améliorer les secteurs de l'éducation, de la santé, de l'administration publique et des services. En matière de santé, la priorité devra être la lutte contre le VIH/sida. Les pays industrialisés doivent aussi aider les pays du Sud à mettre en place un climat favorable à l'initiative privée et l'investissement. L'Union européenne a l'intention d'augmenter son aide combinée au développement pour s'acheminer vers l'objectif 0,7%. Elle insiste, par conséquent, sur la bonne gestion des affaires publiques, une politique macroéconomique saine, des institutions démocratiques comme éléments capitaux pour le fonctionnement du monde des affaires et partant du développement et de la croissance économique.

Dans le domaine de l'environnement, l'Union européenne souligne l'importance des questions de la biodiversité, de la sécurité dans les manipulations des produits chimiques, de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement, des énergies renouvelables et du réchauffement de la planète. L'Union européenne a déjà pris des mesures dans ces secteurs. Pour l'Union européenne, il est temps de mettre la croissance économique et les technologies au service de tous les peuples du monde. Il nous fait un accord qui permette de remplacer le désespoir et l'obscurité par l'espoir et la lumière.

M. KESSAI H. NOTE, Président de la République des îles Marshall, a regretté qu'en dépit des mesures concertées prises à Rio il y a dix ans, l'écart entre les riches et les pauvres ne cesse de s'accroître. Le Sommet qui nous réunit aujourd'hui revêt une importance cruciale et l'initiative prise par l'Union européenne en matière d'énergie doit à ce titre être saluée. Les îles Marshall ont pris des mesures importantes dans le domaine du développement durable et ont mené des actions concertées avec un nombre croissant de pays à travers un processus de consultation avec tous les acteurs de la société. Cependant, le développement durable requiert la mobilisation de ressources supplémentaires et le renouvellement des engagements pris à Monterrey et à Doha, de même que le renforcement des partenariats de type II sous-tendus par une approche nationale en vue de leur application. Les îles Marshall se heurtent à de nombreux défis, au rang desquels se trouvent les changements climatiques qui peuvent avoir des incidences sur les questions de paix et de sécurité, de vie et de mort. Les océans représentent des moyens de subsistance fondamentaux mais peuvent aussi se retourner contre nous sous l'effet de causes extérieures. C'est pourquoi, nous encourageons la ratification du Protocole de Kyoto.

M. ROMANO PRODI, Président de la Commission de la communauté européenne, a rappelé que les populations du monde ont des doutes légitimes face aux conséquences négatives de la mondialisation et face à la dégradation de l'environnement. Il nous incombe ici à Johannesburg de ne pas décevoir les milliards d'êtres humains qui se tournent vers nous pour obtenir des réponses concrètes aux défis de la faim, de la pauvreté extrême, du manque d'assainissement, de la pandémie du VIH/sida. Il nous appartient de bâtir un monde plus juste, plus humain et plus solidaire si l'on aspire à la durabilité du développement. C'est dans cette optique que l'Union européenne accorde une place centrale à la promotion des droits de l'homme, de la bonne gouvernance et de la solidarité internationale. Lançant un appel à la mise en œuvre des objectifs de développement du Millénaire, M. Prodi a plaidé en faveur de la ratification et de l'entrée en vigueur rapide du Protocole de Kyoto.

S'agissant du développement, M. Prodi a plaidé pour une augmentation des échanges et des investissements entre pays développés et pays en développement, évaluant à 4 milliards de dollars les importations annuelles de l'Union européenne provenant des pays en développement. L'Union européenne est disposée à négocier une ouverture plus large de ses marchés sur la base des accords de Doha et nous avons déjà pris des dispositions concernant les pêcheries, domaine dans lequel nous avons renoncé à une aide liée à la production pour la réaffecter vers le développement rural. Nous pouvons faire beaucoup plus dans le domaine de l'aide au développement et nous devons respecter les engagements que nous avons pris à Monterrey. Pour sa part, l'Union européenne consacrera 22 milliards de dollars d'ici 2006 à l'aide au développement en accordant une priorité à l'éducation, à la santé et à l'accès à l'eau. Demain, une initiative importante en matière d'accès à l'eau sera lancée en marge du Sommet mondial pour réduire de moitié le nombre de personnes n'ayant pas accès à l'eau en Afrique.

M. BHARRAT JAGDEO, Président de la République de Guyana, a souligné l'importance des partenariats pour atteindre les objectifs fixés à Rio et ceux qui le seront à Johannesburg. Il a déclaré ces partenariats doivent être basés sur la confiance, l'intérêt de toutes les parties, l'équité et la transparence. Plus de 250 000 hectares de forêts tropicales, soit 2% du territoire national, a-t-il indiqué, ont été aménagés en zone protégée. Nous avons également promulgué des lois adéquates pour protéger notre patrimoine naturel. Tous ces efforts ont été entrepris en dépit de nos faibles ressources, et les difficultés que nous rencontrons pour répondre aux besoins essentiels de nos concitoyens en eau, électricité ou logement, alors que 40% de notre budget servent à rembourser la dette.

Le Président guyanais a également exhorté les pays développés à traduire en mesures concrètes leurs promesses. Il ne suffit pas, a-t-il ajouté, d'annoncer des initiatives et de formuler des plans d'action, il faut également s'assurer que les montants promis soient versés. En ce qui concerne le débat sur la développement durable, M. Jagdeo a déclaré qu'il serait irresponsable de le dissocier de la question de la lutte contre la pauvreté. Il a formé le vœu que ce Sommet mondial réaffirme la connexion entre ces deux questions et que des objectifs clairs soient établis pour mettre en œuvre les principes d'Action 21 et de la Déclaration du Millénaire. Il a également exhorté le Sommet à fournir les moyens nécessaires pour promouvoir la Plan d'action, adopté à la Barbade en 1994 par la Conférence internationales des petits pays insulaires en développement et des États côtiers à faibles revenus.

M. GERHARD SCHROEDER, Chancelier de la République fédérale d'Allemagne, a évoqué les désastreuses inondations qui ont touché l'Allemagne, la République tchèque et l'Autriche et les catastrophes naturelles qui ont frappées l'Amérique et l'Asie et tout particulièrement la Chine. Tout ceci nous montre que les conséquences du changement climatique sont devenues une réalité amère face à laquelle il faut réagir. C'est pourquoi, il a formé le vœu que ce Sommet appelle les Etats à ratifier le Protocole de Kyoto le plus rapidement possible pour qu'il puisse entrer en vigueur dès la fin de l'année. Le Chancelier fédéral a dit que la promotion des énergies durables forme la meilleure réponse à apporter aux problèmes climatiques.

En ce qui concerne les gaz à effet de serre, M. Schröder a précisé que son pays a réduit les émissions de dioxyde de carbone de 19%. Il a invitée les délégations à participer à une Conférence internationale qui se tiendra en Allemagne sur les énergies renouvelables : Il a également informé que l'Allemagne participera au Réseau pour l'énergie mondiale mis en place hier et qu'elle développera sa coopération avec les pays en développement dans le domaine de l'énergie. Il a précisé que son pays consacrera 500 millions d'euros dans les cinq prochaines années à la promotion des énergies renouvelables. Il a salué l'effort des membres de l'Union européenne dont l'aide au développement qui est actuellement de 26 milliards d'euros pas ans et devra atteindre 35 milliards en 2006. Il s'est félicité de l'initiative des pays africains, traduite par la naissance du NEPAD, et s'est fait le défenseur du libre accès aux marchés des pays développés pour les produits des pays en développement. Il a conclu que les dirigeants ont la responsabilité d'améliorer les conditions de vie et de préserver les ressources naturelles de ce monde pour ne pas décevoir les espoirs que les peuples du monde ont placés en nous.

M. SAM NUJOMA, Président de la République de Namibie, a souhaité que le Sommet de Johannesburg symbolise la volonté collective commune de préserver la planète dans l'intérêt de tous. Action 21 exprime une vision d'un monde où les êtres humains sont au centre des activités de développement et agissent de façon responsable. Les véritables juges de ce processus sont ceux qui tous les soirs se couchent le ventre vide et n'ont pas de toit sur leurs têtes. Ces pays ont dû choisir entre servir la dette extérieure et assurer des conditions vie convenables à leurs citoyens et sont les mêmes que ceux qui ne choisissent pas les prix de base de leurs produits.

La Namibie attache une grande importance à la Convention des Nations Unies contre la désertification et est en faveur de la création d'un fonds pour la sécheresse afin de mettre en place un réseau de sécurité sociale pour les cultivateurs des zones rurales, d'adopter une politique de gestion des ressources naturelles fondée sur les communautés et de permettre le développement de l'écotourisme. L'idée de responsabilité commune mais différenciée est très importante car elle se fonde sur la reconnaissance des capacités diverses des Etats à relever les défis du développement durable et à se partager les bénéfices inégaux de la mondialisation. Nous devons réduire l'écart entre pays pauvres et pays riches grâce à un commerce équitable et à des investissements plus importants. Les engagements pris en ce qui concerne la mise en oeuvre d'Action 21 doivent être réalisés selon un calendrier précis et avec des ressources financières suffisantes.

M. PAKALITHA BETHUEL MOSISILI, Premier Ministre du Royaume du Lesotho, a estimé que le Sommet de Johannesburg offre l'occasion à la communauté internationale de dresser un bilan rigoureux de la mise en œuvre du Plan d'action de Rio et d'identifier les politiques à suivre pour corriger les insuffisances. Depuis Rio, les principes de démocratie, de respect des droits de l'homme et de bonne gouvernance sont considérés comme des préalables en matière de développement durable. Pour leur part, les pays africains ont mis en œuvre des réformes démocratiques courageuses, à l'instar du Lesotho qui dispose maintenant d'un Parlement représentatif de toutes les tendances politiques et sociales. Les pays en développement connaissent toujours cependant des niveaux inacceptables d'inégalités, aggravés par le VIH/sida et par la dégradation de l'environnement. Cette situation est due en grande partie de l'incapacité des pays développés à s'acquitter de leurs engagements de Rio en matière d'aide publique au développement et d'ouverture de leurs marchés. M. Mosisili a plaidé pour un développement équilibré et durable entre régions du monde grâce à la mise à disposition des ressources nécessaires par les pays développés.

M. TONY BLAIR, Premier Ministre du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, a dit que la solution aux problèmes du monde se trouve dans le développement durable et la volonté politique. Compte tenu de l'interdépendance du monde, il faut agir et assurer d'autres progrès. Ce Sommet a la possibilité d'initier des changements pour le mieux. Pour le Royaume-Uni, le développement est une priorité et l'Afrique une passion. Le Royaume-Uni est fier de son programme d'allègement de la dette et de son assistance au développement, domaine dans lequel il entend faire davantage. Le Premier Ministre a appelé Johannesburg à prendre des mesures concrètes dans les domaines de la pauvreté, de l'éducation, des réserves halieutiques, de l'assainissement et de la diversité biologique. Mais le Sommet doit surtout montrer la voie vers la libéralisation du commerce et l'accès des produits du Sud, en particulier les produits agricoles, aux marchés du Nord. C'est la voie d'un développement équitable et durable qui passe inexorablement par un partenariat avec l'Afrique. D'ici à 2006, le Royaume-Uni entend consacrer 1 milliard de livres par an à cette coopération et augmenter de 50% son niveau global d'assistance dans le monde. Ce n'est pas de la charité mais un investissement dans l'avenir collectif de l'humanité. Nous devons, a conclu le Premier Ministre, changer la façon dont nous consommons, en particulier l'énergie. Il est urgent d'assurer l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto et de commencer par une réduction substantielle des émissions de gaz à effet de serre. Rien n'est aisé mais nous connaissons les problèmes et avec la volonté politique, nous trouverons ensemble les solutions.

M. JEAN CHRÉTIEN, Premier Ministre du Canada, a estimé que les engagements les plus admirables doivent se traduire par des résultats concrets. Les partenariats représentant le meilleur moyen de réaliser les objectifs du développement durable et le Canada se félicite du nombre important de partenariats novateurs qui résulteront de ce Sommet et il encourage les investissements dans les technologies durables à tous les niveaux de l'économie. La bonne gestion des affaires publiques est une condition essentielle à un meilleur avenir. Elle implique le respect des droits de l'homme qui doit être le pilier des plans mis au point en faveur du développement durable.

Cependant, les pays en développement ne pourront pas sortir de la pauvreté si un meilleur accès aux marchés mondiaux ne leur est pas offert. C'est pourquoi le Canada s'engage à lever les tarifs et les contingents sur les produits des pays en développement. Les subventions à l'agriculture représentant un obstacle majeur, les pays développés doivent prendre les mesures nécessaires en vue de leur élimination. Le Canada appuie les mesures prises en faveur de la préservation de la biodiversité mondiale et s'engage à déployer des efforts pour préserver le cadre de vie dans l'Antarctique. Les changements climatiques requièrent des mesures à l'échelle mondiale. A cet égard, sur la base de consultations importantes en cours avec différents acteurs, le Canada s'apprête à mettre en oeuvre des plans pour réaliser les objectifs fixés par le Protocole de Kyoto et le Parlement canadien sera prié de voter sur sa ratification avant la fin de l'année en cours.

M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de la République ougandaise, a estimé que le Sommet de Johannesburg constitue un jalon dans le processus de développement durable et doit procéder à une évaluation des acquis et des expériences dans la mise en œuvre d'Action 21 afin d'identifier des partenariats pour développer les domaines de l'eau, de l'agriculture, de l'énergie et de la santé. En dépit des engagements pris à Rio, notamment en matière d'équité du développement durable, peu a été accompli en raison d'un manque d'objectifs clairs, de volonté politique, de ressources financières et des restrictions imposées par les pays riches à l'accès à leurs marchés des produits des pays en développement. En Ouganda, nous avons placé l'élimination de la pauvreté au cœur de notre programme national de développement et nous avons obtenu des résultats tangibles dans les secteurs de l'éducation primaire, de la santé de base et dans les zones rurales agricoles où nous avons encouragé une diversification des productions.

Comment faire pour que l'humanité participe à un développement durable pour tous, a demandé le Président ougandais, proposant des actions urgentes dans les domaines du développement des ressources humaines, de la libéralisation et de la stabilisation des économies et de l'abolition des barrières protectionnistes. Abordant la question de l'accès des produits africains aux marchés de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), M. Museveni a dénoncé l'avidité et l'insensibilité des sociétés consommatrices des pays riches qui génèrent 84% des gaz à effets de serre et prêchent le libre-échange tout en pratiquant le protectionnisme.

De leur côté, les populations des pays en développement, privées de ressources énergétiques, ont tendance à surexploiter les ressources forestières et à polluer l'atmosphère à cause de la biomasse. A cet égard, M. Museveni a regretté l'attitude de certaines ONG qui empêchent le Gouvernement ougandais de construire des barrages hydroélectriques. Le monde en développement a besoin de plus d'électricité et de moins de résolutions, a dit le Président ougandais.

M. AHMET NECDET SEZER, Président de la République de Turquie, a appelé à la mise en place de mécanismes de coopération plus complets et plus efficaces aux niveaux national et international, pour atteindre les objectifs de la Déclaration du Millénaire. Par expérience, a-t-il dit, la Turquie sait que contre la pauvreté, il faut une démarche souple pour s'adapter aux changements structurels, et des institutions démocratiques pour permettre la participation de tous. La bonne gouvernance internationale est également importante. Insistant sur la vulnérabilité écologique et la riche biodiversité de son pays, le Président a attiré l'attention sur le fait que les conclusions de Rio sont reflétées dans le plan quinquennal de développement que vient compléter un programme d'action pour la protection de l'environnement. Face aux objectifs fixés au Sommet du Millénaire, aux résultats de la Réunion de Doha et de la Conférence de Monterrey, le Sommet de Johannesburg marquera le début d'une nouvelle époque. Le plan d'action qui sera adopté doit contribuer aux efforts visant à créer des conditions saines et sûres pour les générations futures.

M. JOSE MANUEL BARROSO, Premier Ministre de la République Portugaise, a déclaré que la pauvreté était notre ennemi commun, rappelant que 300 millions de personnes vivent dans une pauvreté extrême et que 2 millions de personnes meurent chaque année du fait de l'insuffisance des services de santé. Il a formé le vœu que le Sommet de Johannesburg saura stimuler une nouvelle coopération internationale pour assurer la mise en œuvre d'Action 21. A cet effet, il a souligné le rôle primordial des Nations Unies pour coordonner les efforts déployés dans ce domaine. Il a souhaité qu'Action 21, les objectifs développement de la Déclaration du Millénaire, les accords de Doha et le consensus de Monterrey servent de base à cette démarche d'intégration des piliers économique, social et environnemental du développement. Il a également souligné la nécessité de lier le développement durable à la bonne gouvernance.

Le Premier Ministre a, par ailleurs, annoncé que son pays adoptera un plan national pour le développement durable en 2003, tout en poursuivant sa coopération avec les pays en développement en matière de santé, d'éducation, d'agriculture et de protection de l'environnement. Il a également précisé que le Portugal, à l'instar des autres pays de l'Union européenne, a augmenté son aide au développement pour atteindre le chiffre de 0,39% de son PNB d'ici à 2006. Il a en outre évoqué la nécessité de préserver les écosystèmes marins et leurs ressources en soulignant qu'en 2025, 6,3 milliards de personnes -soit 75% de la population mondiale- vivront dans des zones côtières. Le Premier Ministre s'est dit convaincu que le Sommet de Johannesburg contribuera à éveiller la conscience du monde et s'est félicité de l'attention particulière que les participants accordent aux problèmes de l'Afrique.

M. ABDELAZIZ BOUTEFLIKA, Président de la République algérienne démocratique et populaire, a déclaré que le défi du développement durable continue de se poser avec acuité du triple point de vue de l'insuffisance de la croissance, de l'aggravation de la pauvreté et de la dégradation accélérée de l'environnement, avec toutes les conséquences sur la sécurité économique et écologique de la planète. Il a souligné la nécessité de répondre de façon concertée à ces enjeux économiques, sociaux et écologiques. C'est pourquoi, il a formé le vœu que les étapes franchies dans les domaines du commerce et du financement du développement lors des Conférences de Doha et de Monterrey soient amplifiées et complétées par la recherche de moyens technologiques, humains et institutionnels nécessaires à la mise en oeuvre d'Action 21.

Le Président a déclaré que l'ampleur et la nature du défi du développement durable appellent la contribution conjuguée des États, du secteur privé et de la société civile. Car, la société civile joue un rôle qui mérite d'être encouragé et soutenu. C'est pourquoi, l'Algérie a accueilli, il y a quelques mois, un Sommet des ONG des pays en développement sur le développement durable, au cours duquel d'importantes conclusions ont été adoptées. Il a souligné la nécessité de faire en sorte que les mécanismes du marché prennent en compte les besoins de préservation de l'environnement, ce qui contribuera à la création de richesses nouvelles et à une croissance économique soutenue et qualitative. Il a soutenu qu'il est essentiel que le plan d'action auquel doit aboutir ce Sommet s'articule autour d'engagements fermes et concrets aux plans national, régional et mondial, pour faire face à la dégradation de l'environnement et répondre à une satisfaction plus rationnelle des besoins croissants de nos pays en eau et en énergie. Il a salué le rôle du NEPAD qui s'est fixé comme objectif de sortir l'Afrique de sa situation de marginalisation et de valoriser les apports de ce continent à la préservation des écosystèmes de la planète pour ainsi contribuer à l'édification d'une nouvelle civilisation où les hommes vivront enfin en symbiose avec leur milieu naturel.

Notre maison brûle et nous regardons ailleurs et la nature, mutilée et surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer, a déploré M. JACQUES CHIRAC, Président de la République française. Nous refusons de l'admettre, nous refusons d'admettre que l'humanité souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et que nous soyons indifférents. Sur tous les continents, les signaux d'alerte s'allument, l'Europe est frappée par des catastrophes naturelles et des crises sanitaires, l'économie américaine, souvent boulimique en ressources naturelles, paraît atteinte d'une crise de confiance dans ses modes de régulation. L'Amérique latine est à nouveau secouée par la crise financière et sociale, en Asie, la multiplications des pollutions s'étend et menace d'empoisonnement un continent entier, tandis que l'Afrique est accablée par les conflits, le sida, la désertification et la famine, et que certains pays insulaires sont menacés de disparition par le réchauffement climatique.

Notre responsabilité collective est engagée, a poursuivi le Président, en premier lieu celle des pays développés, de par leur histoire, leur puissance et leurs niveaux de consommation car, si l'humanité entière se comportait comme les pays du Nord, il faudrait deux planètes supplémentaires pour faire face aux besoins. La responsabilité des pays en développement est aussi engagée, car nier les contraintes à long terme au nom de l'urgence n'a pas de sens, et ces pays doivent admettre qu'il n'est d'autre solution pour eux que d'inventer un mode de croissance moins polluant. Dix ans après Rio, la conscience de notre défaillance doit nous conduire, ici à Johannesburg, à conclure l'alliance mondiale pour le développement durable, alliance par laquelle les pays développés engageront la révolution écologique, la révolution de leurs modes de production et de consommation, une alliance par laquelle ils consentiront l'effort de solidarité nécessaire en direction des pays pauvres, une alliance à laquelle la France et l'Union européenne sont prêtes et par laquelle le monde en développement s'engagera sur la voie de la bonne gouvernance et du développement propre.

Présentant les cinq chantiers prioritaires qui importent à la France, M. Chirac a estimé que le changement climatique nous menace d'une tragédie planétaire et que de Johannesburg doit s'élever un appel solennel vers tous les pays du monde, et tout d'abord vers les grands pays industrialisés, à ratifier et appliquer le Protocole de Kyoto. L'éradication de la pauvreté, second chantier, suppose d'appliquer les décisions de Doha et de Monterrey en augmentant l'aide au développement pour atteindre dans dix ans les 0,7% du PNB et en trouvant de nouvelles sources de financement en créant par exemple un

prélèvement de solidarité sur les richesses engendrées par la mondialisation. Troisième chantier, l'affirmation du droit à la diversité et l'adoption d'engagements juridiques sur l'éthique. Concernant les modes de production et de consommation, la France proposera à ses partenaires du G-8, lors du Sommet d'Evian de juin prochain, l'adoption d'une initiative pour stimuler la recherche scientifique et technologique au service du développement durable.

Enfin, s'agissant du dernier chantier, la gouvernance mondiale, le Président a estimé qu'il est temps de reconnaître l'existence de biens publics mondiaux et d'humaniser et de maîtriser la mondialisation. M. Chirac a réitéré sa proposition de créer un Conseil de sécurité économique et social et d'une Organisation mondiale de l'environnement et proposé que, pour vérifier l'application d'Action 21 et du Plan d'action de Johannesburg, la Commission du développement durable soit investie d'une fonction d'évaluation à laquelle la France est prête à se soumettre la première.

M. FERNANDO HENRIQUE CARDOSO, Président de la République fédérative du Brésil, a rappelé que le Brésil s'est engagé à ne pas se contenter de contempler la façon dont l'environnement est attaqué mais à prendre des mesures concrètes dès à présent. Il est de notre responsabilité commune de surmonter la force de l'inertie et de l'indifférence. Il faut établir un équilibre entre la prospérité économique et le développement social et renforcer le nouveau paradigme du développement qui repose sur le principe de responsabilité commune mais différenciée. La préservation de la biodiversité pour les bénéfices qu'elle offre à tous de même que la préservation des connaissances traditionnelles doivent être assurées par la mise en place d'un fonds pour la conservation de la variété biologique.

Le Brésil lance aujourd'hui un appel à la communauté internationale pour qu'elle appuie cette initiative et s'engage à défendre un système énergétique propre. Dès 2010, 10% de la production énergétique devraient venir de sources renouvelables. Le Brésil est disposé à collaborer avec ses partenaires pour mettre en oeuvre des mécanismes de collaboration et trouver une réponse à la question des modes de production non viables qui s'accompagnent de niveaux inacceptables de pauvreté. Cette situation est aggravée par une mondialisation asymétrique. Il faut donc déployer des efforts pour que l'accès aux marchés devienne plus équitable et pour mettre un terme aux subventions et aux obstacles tarifaires.

M. ANDRANIK MARGARAN, Premier Ministre de la République de l'Arménie, a indiqué que son pays a adopté un programme stratégique de lutte contre la pauvreté impliquant une forte coopération entre le Gouvernement, la société civile et les organisations internationales. Au mois de juillet 2002, l'Arménie a créé la Commission nationale du développement durable dirigée par le Premier Ministre et bénéficiant de l'aide de la Banque mondiale. Parmi les problèmes écologiques, l'Arménie est confrontée à une utilisation non durable des ressources hydriques ainsi qu'à des problèmes liés à la biodiversité. En la matière, les initiatives régionales ont beaucoup d'importance comme en témoigne la stratégie écologique régionale visant l'optimisation des politiques environnementales. Ces efforts régionaux devraient aussi inclure le Caucase du Sud. Pour l'Arménie, le Plan d'action et la déclaration politique de Johannesburg doivent devenir les bases d'une bonne coopération multilatérale dans le domaine du développement durable.

M. DANIEL TOROITICH ARAP MOI, Président de la République du Kenya, a estimé que les résultats obtenus depuis Rio sont plutôt décevants. C'est pourquoi, il a formé le vœu que le Sommet mondial pour le développement durable puisse donner un nouvel élan à la communauté internationale pour assurer la mise en œuvre des objectifs du Sommet de Johannesburg. Soulignant que l'éradication de la pauvreté est cruciale pour réaliser le développement durable, il a souhaité que le Sommet mondial contribue à la mise en place de programmes sociaux innovants en matière de santé, d'éducation, d'eau et assainissement, de préservation de l'environnement, de développement d'infrastructures et d'accès à une énergie à un coût abordable. Il a également évoqué le problème de la pandémie du VIH/sida qu'il a qualifiée de promoteur de pauvreté.

Par ailleurs, le Président de la République du Kenya a regretté que son pays ne puisse profiter de l'initiative adressée aux petits pays très endettés et a proposé que les critères d'éligibilité soient revus. Le Sommet de Johannesburg doit se construire sur la bases des objectifs de Doha, Monterrey et du Sommet du Millénaire afin de promouvoir un système commercial multilatéral équitable et transparent. Il a exhorté les pays développés à permettre le plein accès de leurs marchés aux produits des pays en développement et de répondre à leurs engagements en matière d'aide publique au développement (APD), en atteignant l'objectif de 0,7% au cours des cinq prochaines années. La mondialisation doit profiter à tous les peuples du monde et la mobilisation des ressources par le biais d'initiatives de développement devraient être au centre des priorités afin de libérer l'Afrique de la pauvreté et du sous-développement. Le Sommet mondial doit mettre en place un cadre institutionnel efficace qui assurera la mise en œuvre du plan d'action arrêté.

M. AHMED MOHAMED AG HAMANI, Premier Ministre de la République du Mali, a souligné les défis auxquels est confronté le monde en développement, à savoir l'extrême pauvreté et ses conséquences, défis qui sont aggravés dans le cas du Mali par l'aridité des terres, la sécheresse et la désertification. L'Afrique et le Mali ont encore plus besoin qu'à Rio du soutien financier de la communauté internationale, car au Mali, les indicateurs économiques restent inacceptables malgré dix années de réformes axées sur la bonne gouvernance et la démocratie. Un Malien sur cinq meurt avant l'âge de 5 ans, plus de la moitié du pays n'a pas accès à l'eau potable, deux tiers des filles ne sont pas scolarisées, près de deux tiers des Maliens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Aussi, le Sommet de Johannesburg doit être le moment d'une solidarité renouvelée afin de promouvoir une gouvernance à l'échelle mondiale, régionale, nationale et locale au service d'un développement durable. Le Sommet de Johannesburg doit déboucher sur un plan d'action concret, assorti d'un calendrier de mise en oeuvre ambitieux et réaliste, et assorti également d'un mécanisme d'évaluation. Pour sa part, le Mali entend associer le secteur privé et la société civile dans les efforts visant à mettre en œuvre les objectifs définis à Johannesburg et relever les défis de la santé, de l'éducation, de la gestion de la biodiversité, de l'eau et de l'assainissement. Le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) aura besoin de la contribution des partenaires au développement de l'Afrique, a dit le Premier Ministre, pour qui la gestion saine des ressources naturelles est une des composantes essentielles du développement durable qui devra être promue dans le cadre du NEPAD.

Sa Majesté le Roi MOHAMMED VI, Chef d'Etat du Royaume du Maroc, a déclaré que les limites des progrès enregistrés dans la mise en oeuvre d'Action 21 suscitent des interrogations pressantes sur les défaillances qui ont empêché son application. Le Maroc s'est employé à relever les défis posés les effets néfastes des changements climatiques, de la sécheresse de la désertification, en mettant en oeuvre un plan national ambitieux et réaliste fondé sur une approche démocratique et participative. Toutefois, quelles que soient leur bonne volonté

et l'ampleur de leur contribution, le Maroc, comme les autres pays du Sud, demeure encore aux prises avec les défis du développement durable. Etait-il possible de relever des défis malgré l'insuffisance de la coopération internationale, surtout en matière de financement et dans le domaine du transfert des technologies nouvelles? a demandé le Roi.

Les Etats d'Afrique, au même titre que les autres pays en développement, ont besoin que la communauté internationale s'intéresse à leur stabilité et à leur développement. Toutefois, il incombe aux pays du Sud de veiller à l'exploitation optimale et judicieuse des ressources humaines et naturelles qu'ils recèlent. La démocratie doit être consolidée pour libérer les potentialités individuelles et collectives. Nous devrions adopter une stratégie collective et globale sur la base d'un partenariat véritable, d'une solidarité effective et d'une proximité efficiente. Nous avons également le devoir d'établir les normes nécessaires pour endiguer la menace des changements climatiques, de la surexploitation des ressources hydriques, sylvestres et halieutiques.

M. DOMITIEN NDAYIZEYE, Vice-Président du Burundi, a estimé qu'il faut veiller à ce que la mondialisation soit bénéfique pour tous plutôt que de la laisser polariser le monde en camps hostiles. Il faut préserver les acquis déjà obtenus à New York, à Doha et à Monterrey et une attention particulière doit être accordée aux petits pays insulaires en développement et aux pays africains. Les maux économiques et sociaux de ces dernières années sont très réels. Pour réussir le pari de l'élimination de la pauvreté, la seule voie est celle de la coopération et du partenariat où les Etats, le secteur privé, les institutions du savoir et la société civile conjuguent leurs efforts. Cette démarche doit reposer sur une bonne gouvernance et la transparence et la flexibilité dans les systèmes financiers, monétaires et commerciaux. Le Burundi, par exemple, aura besoin de l'appui politique et économique de la communauté internationale. Or, certains bailleurs de fonds semblent revenir sur les promesses et lient désormais leur aide à la stabilité dans le pays et à la conclusion d'un accord avec le FMI. Les négociations de paix et celles avec le FMI sont en cours et le Burundi lance un appel pressant aux Amis de Burundi pour libérer l'aide promise aux Conférences de Paris et de Genève afin de donner tort à ceux qui préfèrent l'option militaire à la solution politique.

M. SERETSE KHAMA IAN KHAMA, Vice-Président de la République du Botswana, a rappelé que lors du Sommet de Rio, la communauté internationale s'était engagée à promouvoir un développement centré sur l'homme. Cependant, l'optimisme de Rio n'a pas été suivi d'effets concrets en raison d'une part de faibles ressources financières versées par des pays développés, et d'autre part d'un déficit de bonne gouvernance qui ont privé des milliards d'êtres humains de progrès socioéconomique. Le Botswana a fait le choix d'une démarche intégrée de développement axée sur l'utilisation durable des ressources naturelles et l'élimination de la pauvreté que la stratégie nationale prévoit d'atteindre d'ici à 2016. Cependant, pour obtenir de tels résultats, nous devons pouvoir bénéficier d'un environnement adéquat, notamment dans les domaines du commerce, des investissements étrangers directs (IED), des transferts de technologies, et d'aide publique au développement (APD).

C'est là l'un des défis que devra relever le Sommet de Johannesburg, mais l'aide ne suffit pas à elle seule et il faut examiner de nouveaux moyens novateurs pour assurer la durabilité du développement. L'ouverture des marchés des pays du Nord, les transferts de technologies, les flux d'IED, et la lutte contre le VIH/sida font partie de ces mesures urgentes car, pour ce qui est du sida, c'est une tragédie qui peut être empêchée par l'homme. Le Botswana lance donc un appel à la communauté internationale afin qu'elle accorde les

financements adéquats au Fonds mondial pour la lutte contre le sida, la malaria et la tuberculose. Par ailleurs, le Botswana qui a consacré 17% de son territoire à des parcs naturels et des réserves forestières insiste pour que soient ratifiés et appliqués le Protocole de Carthagène sur la biosécurité et le Protocole de Kyoto.

M. LEVY PATRICK MWANAWASA, Président de la République de Zambie, a regretté que nombre de pays de l'Afrique sub-saharienne aient vu s'effacer les acquis des années soixante, notamment sous l'effet de la propagation du virus du sida qui a des incidences négatives sur tous les aspects du développement. Les conflits menacent également la capacité de la population à se développer et la mauvaise gestion des déchets solides et l'accès limité à l'eau potable ont des incidences négatives sur la qualité de vie.

Il n'y aura pas de développement durable sans réduction de la pauvreté et des maladies. Le Sommet mondial nous permet de synchroniser les objectifs du développement durable et d'identifier des zones de coopération. Les pays riches devraient augmenter l'aide publique au développement qui est arrivée à son niveau le plus bas en 2000. Les pays en développement ont de leur côté la responsabilité d'instaurer la transparence dans la gestion des affaires publiques. La bonne gouvernance crée de bonnes conditions permettant aux citoyens de vivre librement et aux marchés de s'épanouir. Les enfants étant ceux qui ont le plus grand intérêt face à l'objectif du développement, il faut créer un monde digne d'eux et c'est pourquoi, nous accordons la haute priorité aux programmes d'aide en faveur des enfants. Les questions de commerce et de développement doivent être mises au centre des perspectives de développement durable car les pays en développement sont loin de réaliser tout leur potentiel d'exportation compte tenu des subventions aux produits agricoles des produits riches qui ne font qu'affaiblir les prix des produits agricoles africains.

M. FRANCISCO SANTOS CALDERON, Vice-Président de la République de Colombie, a souligné que son pays serait bien différent s'il ne subissait pas les conséquences du problème mondial du trafic illicite des drogues. En Colombie, ce trafic est la cause principale de l'inexistence de la frontière entre le licite et l'illicite et du recul dans le respect de la vie, de la propriété, de la loi et de l'environnement. Le monde commence à comprendre, comme la Colombie, les conséquences de la terrible alliance entre le trafic illicite des drogues et le terrorisme. Les groupes armés en Colombie tirent, en effet, leurs ressources financières du trafic des drogues. Aujourd'hui 30 000 homicides et 3 000 enlèvements sont perpétrés chaque année. En outre, les trafiquants de drogues et les groupes armés concentrent leurs activités sur des écosystèmes sensibles; la forêt humide pour le pavot et les jungles de l'Amazone pour la coca. Ces régions sont extrêmement riches en diversité biologique et il faut savoir que pour produire un hectare de coca, il faudra détruire 4 hectares de jungle; 136 000 hectares de forêt humide tropicale ont déjà été détruits depuis le début de ce conflit.

Les cultures illicites font appel à une large gamme de produits chimiques fatales à la biomasse. La transformation des drogues impliquent l'utilisation de produits très nocifs dont les déchets sont évacués dans les cours d'eaux. De plus, la Colombie a connu un cauchemar écologique occasionné par les attentats perpétrés contre les oléoducs et qui ont entraîné des fuites de pétrole brut. Pour défendre sa démocratie et ses réserves naturelles, la Colombie demande au monde de faire preuve de volonté politique pour lutter contre les produits stupéfiants, le blanchiment d'actifs, le commerce de précurseurs chimiques et le trafic d'armes qui profite surtout aux pays développement. Sur le plan commercial, il faut offrir, par l'élargissement de l'accès aux marchés, offrir d'autres alternatives aux agriculteurs pour lesquels la production des drogues est très lucratif.

M. JOSE GUILLERMO JUSTINIANO SANDOVAL, Chef du Conseil ministériel économique et social et Ministre de l'environnement durable et de la planification de la République de Bolivie, a dit même si la responsabilité de la réalisation des objectifs du développement durable est collective, elle doit être mise en oeuvre de façon différenciée. Pour nous, le développement durable a, en plus des trois composantes traditionnelles, c'est-à-dire économiques, sociales et environnementales, une quatrième dimension, condition sine qua non de la durabilité politique: c'est l'action citoyenne, la participation populaire. En Bolivie, notre objectif est de déléguer davantage de pouvoir à la base, de favoriser la participation populaire et d'autonomiser les communautés locales. Il revient à la communauté internationale de transformer la mondialisation en un ensemble d'opportunités plutôt que de menaces, en un réseau de réciprocités et d'obligations et de droits. Si nos taxes à l'importation sont contrecarrées par des subventions à l'étranger, alors c'est une attitude irresponsable qui prévaut. En Bolivie, nous avons avancé dans la bonne direction, nous avons démantelé le circuit de production de la coca, mais le cercle du développement vertueux demande encore à être bouclé. Nous manquons encore de marchés, de technologies accessibles et d'un mécanisme qui rétribue les efforts environnementaux fournis par les secteurs productifs et les gouvernements. M. Sandoval a proposé que le Plan d'action qui sera adopté à l'issue de la Conférence soit nommé Responsabilité 21, pour bien marquer qu'il s'agit d'un engagement renouvelé pour accélérer la mise en oeuvre de l'Agenda 21.



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