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Rapport du Secrétaire
général
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Les pays donateurs et les institutions financières et de développement internationales devraient élaborer un programme mondial et entièrement autofinancé pour aider les pays en développement intéressés, notamment les PMA et les autres pays à faible revenu, à libéraliser, le cas échéant, le secteur commercial de leur économie, en renforçant les capacités nécessaires en termes de politiques, de potentiel matériel de production et de ressources humaines pour devenir compétitifs au niveau des échanges de biens et de services, et en garantissant que la libéralisation commerciale progressive et intégrée est conforme aux stratégies de développement et de réduction de la pauvreté. |
69.
Les mesures prises par les pays développés pour protéger
l’accès à leurs marchés imposent actuellement aux
pays en développement des coûts qui excèdent considérablement
les apports d’aide. Les gains que les pays en développement pourraient
tirer de diverses mesures de libéralisation sont estimés
entre 100 et 150 milliards de dollars. Une libéralisation continue
des marchés des biens pourrait donc permettre aux pays en développement
de réaliser des profits considérables. Dans le même
temps, ces pays possèdent de grandes capacités d’exportation
des services, notamment de ceux exigeant des mouvements de maind’oeuvre,
et ils tireraient largement profit d’un accès élargi aux
marchés des services dans les pays à haut revenu. Cependant,
l’évaluation du système commercial ne devrait pas reposer
sur ses capacités à maximiser les flux commerciaux d’un
pays en développement mais plutôt sur la mesure dans laquelle
il contribue à la croissance durable et maximise les possibilités
de développement au niveau national.
70.
Même après la pleine application des accords issus des négociations
d’Uruguay, la moyenne des droits sur les exportations des pays en développement
vers les pays développés dépassera 12 % et les droits
les plus élevés pour certains des produits importants atteindront
350 % (bien que les moyennes pondérées des importations
soient légèrement inférieures). La tarification des
quotas et les autres mesures non tarifaires dans le secteur agricole ont
débouché sur un certain nombre de tarifs élevés
limitant au seul cadre des quotas tarifaires les possibilités d’accès
à de nombreux secteurs. Le secteur du textile et de l’habillement,
qui présente un intérêt crucial pour de nombreux pays
en développement, est soumis à des restrictions quantitatives
diminuant progressivement jusqu’à 2005, la libéralisation
la plus concrète n’intervenant qu’à la fin de cette période
et les droits dans ce secteur resteront élevés. En outre,
l’intégration dans le secteur du textile et de l’habillement et
l’accès au marché agricole sont entravés par la lenteur
de la libéralisation de ces secteurs par les pays à revenu
élevé.
Tous les partenaires commerciaux devraient libéraliser le commerce des biens et des services les plus importants pour les économies en développement, afin d’offrir un accès au marché garanti, élargi et qui présente un réel intérêt commercial en la matière. Il faudrait s’attacher en priorité à intégrer pleinement le secteur des textiles et des vêtements dans les accords de l’OMC; à réduire les barrières commerciales en ce qui concerne les produits agricoles; à éliminer les crêtes et les escalades tarifaires qui nuisent aux produits d’exportation des pays en développement; et à élargir les schémas de préférences, le cas échéant. |
71. La Commission européenne a proposé l’ouverture totale des marchés des pays de l’Union européenne à toutes les marchandises, sauf les armes, en provenance des pays les plus pauvres. Cette proposition comprend l’admission en franchise de droits et hors quota des produits en provenance des 48 pays les moins avancés. Il faut espérer que d’autres pays développés feront de même. La crainte que ces mesures ne détournent les échanges des pays en développement qui ne comptent pas parmi les pays les moins avancés semble injustifiée. Cependant des mesures similaires devraient être étendues à d’autres pays en développement et pays en transition économique.
Tous les pays développés devraient accorder, sans délai, une admission en franchise de droits et hors quota à toutes les exportations autres que des armes provenant des pays les moins avancés et des pays pauvres très endettés et envisager de faire de même pour les autres pays en développement, notamment les pays d’Afrique, les petits États insulaires en développement, les pays sans littoral, les pays de transit en développement et les autres pays en développement ainsi que les pays en transition économique pour lesquels il est particulièrement difficile d’attirer des capitaux pour financer le développement. |
72.
De nombreux pays estiment que l’application des accords de l’OMC a fait
apparaître des déséquilibres et des asymétries
et que les dispositions relatives à un traitement spécial
et différencié n’ont pas été correctement
appliquées. La plupart de ces dispositions sont des incitations
à « faire tout ce qui est possible pour » et ne comportent
pas d’engagements juridiques fermes. En outre, l’utilisation croissante
sur tous les marchés de normes industrielles, de spécifications
techniques et de règles sanitaires et phytosanitaires de plus en
plus complexes constitue de nouvelles difficultés pour les pays
en développement. De surcroît, les mesures d’intervention
et notamment les mesures antidumping concernent de plus en plus les secteurs
intéressant les pays en développement tels que les produits
alimentaires préparés, les produits agricoles frais, le
poisson, les métaux, les matières plastiques, les textiles,
les vêtements, la chaussure et les chapeaux. Certains pays en développement
ont également éprouvé des difficultés à
appliquer les accords de l’OMC en raison de contraintes humaines, institutionnelles
et financières.
73.
De nombreux analystes s’accordent également à penser qu’une
nouvelle approche du traitement spécial et différencié
est nécessaire. Elle proposerait des dispositions contraignantes
assorties de délais appropriés pour l’application des accords
de l’OMC; une assistance utile pour le renforcement des capacités
humaines et institutionnelles; et un environnement propice à la
mise en place de politiques de développement opportunes afin de
créer une capacité d’approvisionnement suffisamment compétitive
pour satisfaire aux possibilités offertes par l’ouverture des marchés.
Certains insistent sur la nécessité de mesures politiques
directes et d’un soutien international renforcé en ce qui concerne
la production structurelle et les conditions d’investissement. De surcroît,
plusieurs pays s’opposent également en général à
l’introduction à l’OMC de considérations autres que d’ordre
commercial, qui pourraient être utilisées à des fins
protectionnistes.
Les pays membres de l’OMC devraient garantir que les Accords de l’organisation et leurs règles connexes soient appliqués dans le souci de favoriser le développement. Les pays développés membres de l’OMC et les institutions financières internationales devraient veiller à ce que les pays en développement bénéficient d’une assistance financière et technique suffisante pour leur permettre d’appliquer les accords de l’OMC. Les pays membres de l’OMC ne devraient pas avoir recours à des mesures d’intervention et à des règles restrictives et devraient garantir que les normes, spécifications techniques et mesures sanitaires et phytosanitaires ne soient pas utilisées pour entraver les échanges commerciaux, qu’elles peuvent être respectées par les pays en développement et que ceuxci reçoivent une assistance suffisante à cet effet. |
74. Des modifications importantes ont été apportées ces derniers temps aux mécanismes de financement compensatoire du FMI et de l’Union européenne en ce qui concerne les fluctuations à court terme des déficits des recettes d’exportation et les principaux filets de sécurité protégeant les différents agents du secteur des marchandises contre les effets nocifs de l’instabilité des prix. Dans le cadre du Mécanisme de financement compensatoire simplifié du FMI, la balance des paiements pourra normalement être financée à l’aide d’un fonds normal. Le nouvel accord UEACP offre un nouvel accès à un compte spécial devant servir à compenser les déficits des recettes sur les exportations tant agricoles que minérales grâce à la création et à l’utilisation de mécanismes basés sur les marchés, notamment par l’adoption de stratégies fondées tant sur les marchés à terme de marchandises que sur les marchés hors cote.
Les institutions financières internationales devraient continuer d’adapter et d’accroître la souplesse des mécanismes qui leur permettent de soutenir les balances des paiements lors des périodes de fluctuations importantes des prix des marchandises. |
75. L’évolution du secteur des marchandises a accusé
un véritable bouleversement de tendance, et les politiques agricoles
et minérales ont été profondément modifiées
dans un nouvel environnement fondé sur le marché. Pour faire
face à cette situation et depuis le début des années
90, la communauté internationale a élaboré des approches
novatrices faisant appel à des instruments basés sur le
marché pour protéger les opérateurs du secteur des
produits de base (producteurs, exportateurs et négociants, gouvernements
et organismes paraétatiques ainsi que les importateurs de ces produits,
les sociétés de transformation et les consommateurs) contre
les effets négatifs de l’instabilité des prix.
76.
Les fluctuations des prix sont sources de problèmes pour les pays
tributaires des produits de base, aux niveaux macro et microéconomiques.
Pour les gouvernements, les fluctuations imprévues des prix des
exportations et des importations compromettent la planification budgétaire
et la réalisation des objectifs en ce qui concerne la dette. Pour
les exportateurs locaux et les sociétés de transformation,
l’instabilité des prix accroît la précarité
des flux de trésorerie et diminue la valeur de nantissement des
stocks, qui à son tour augmente les coûts des emprunts. De
même, les petits exploitants agricoles, qui ont souvent un accès
limité aux différentes modalités d’épargne
et d’assurance, sont lourdement frappés par une baisse des prix
et n’ont que peu de possibilités de bénéficier des
mesures de protection. Les conséquences de la libéralisation
commerciale et des interventions limitées sur la stabilité
des prix ne sont pas claires : certains analystes estiment que la libéralisation
contribuera à stabiliser les prix, alors que d’autres jugent que
la faiblesse des stocks renforcera l’instabilité. Il est donc nécessaire
d’envisager des stratégies qui, si elles n’éliminent pas
les risques susmentionnés, peuvent tout du moins aider à
y faire face et à les gérer efficacement.
77.
Depuis avril 1998, sur la base de travaux essentiellement réalisés
par la CNUCED, une équipe de travail sur la gestion des risques
pour ce qui est des produits de base dans les pays en développement
a examiné le rôle de la coopération internationale
en explorant de nouvelles approches fondées sur les marchés
pour faire face aux fluctuations de ces produits au cours d’une même
année. Les possibilités envisagées comprennent la
fourniture d’instruments de gestion des risques, l’intermédiation,
la garantie des transactions par une structure internationale, un dispositif
de protection des prix, la création d’instituts de gestion des
risques et l’apport d’une assistance technique à cet égard.
Les organisations internationales concernées devraient élaborer de toute urgence des mesures pour aider les pays en développement à faire face aux fluctuations des prix des produits de base, comprenant la possibilité de créer un nouveau dispositif mondial pour leur permettre d’accéder plus facilement à des mécanismes de gestion des fluctuations des prix des produits de base ainsi qu’à des mécanismes structurés de financement des produits de base et les aider à stimuler les échanges régionaux et nationaux de ces marchandises. |
78.
En réduisant la vulnérabilité par une plus grande
diversification de la base de production et d’exportation, les pays peuvent
exploiter toute une panoplie de politiques autorisées par les règles
de l’OMC, y compris des subventions non spécifiques et des subventions
allouées au développement régional, à la modernisation
technologique et à la mise en conformité des industries
aux normes de protection de l’environnement. À cet égard,
le secteur agricole mérite une attention particulière. Des
couches importantes de la population dans les pays en développement,
notamment les femmes, restent tributaires de ce secteur tant pour leur
alimentation de base que pour leurs sources de revenus.
79.
L’extrême vulnérabilité des petites économies
aux chocs externes est due à trois groupes de facteurs interdépendants
: géographiques (taille et emplacement du pays), démographiques
et économiques. Un degré élevé d’ouverture
commerciale et une structure plus rigide et concentrée d’exportations
engendrent des risques particuliers. Les exportations traditionnelles
et non traditionnelles des petits pays ont tendance à se concentrer
dans des domaines critiques tels que les produits agricoles, les textiles
et les vêtements. Chacun de ces domaines est sensible aux pressions
protectionnistes dans les pays industrialisés.
80.
Les pays qui ont un niveau moyen de revenu par habitant et une gamme de
produits d’exportation plus diversifiée sont néanmoins vulnérables
aux mesures arbitraires des marchés d’importation. Malgré
le succès des accords issus des négociations d’Uruguay en
ce qui concerne la diminution des mesures discriminatoires et de la zone
grise, on constate un recours disproportionné aux mesures antidumping
et une résurgence des arrangements d’autolimitation des exportations,
notamment dans les secteurs des technologies éprouvées.
Il est évident qu’un accès au marché stable et prévisible
pour les exportations des pays en développement est indispensable
pour maintenir des niveaux élevés d’investissement dans
le secteur des exportations.
Les banques multilatérales de développement devraient encourager l’élaboration d’un programme majeur d’aide aux pays en développement, notamment aux pays de taille modeste et vulnérables sur le plan économique pour les aider à diversifier leur base d’exportation en termes tant de la gamme de produits (biens et services) que des marchés destinataires. Les donateurs bilatéraux ainsi que tous les organismes multilatéraux d’aide devraient tenir compte de l’importance des programmes de diversification des exportations lors de l’examen des priorités en matière de dépenses et d’assistance. L’OMC devrait suivre avec beaucoup d’attention toute mesure antidumping et tout accord d’autolimitation des exportations, notamment lorsque ceuxci visent les pays en développement. |
81. Ce qui a été constaté tant au cours des négociations d’Uruguay que par la suite a permis de mettre en lumière l’insuffisance de la capacité institutionnelle de la plupart des pays en développement à formuler, à négocier et à mettre en oeuvre des politiques commerciales ainsi que la nécessité qui en découle d’élaborer le cadre analytique et politique nécessaire pour intégrer les échanges dans les stratégies nationales de développement. Le Cadre intégré, mis en oeuvre en faveur des 48 pays les moins avancés afin de répondre à ce besoin essentiel, n’a toujours pas reçu les financements nécessaires et il n’existe pas d’équivalent pour les autres pays en développement qui pourraient également tirer parti d’un renforcement similaire des capacités.
Les pays donateurs devraient contribuer rapidement et généreusement au fonds d’affectation spéciale créé dans le contexte du Cadre intégré. Les pays membres de l’OMC devraient étendre le cadre intégré audelà des seuls pays les moins avancés afin de couvrir d’autres pays en développement, notamment les pays d’Afrique, les petits États insulaires et sans littoral et les pays de transit en développement. |
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15 janvier 2002
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