Nations Unies
Communiqué de Presse
Département de l'information · Division de l'information et des médias
9 avril 2002CONFERENCE DE PRESSE DU DIRECTEUR GENERAL DE L'ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL, M. JUAN SOMAVIA
Invité spécial du point presse quotidien du porte-parole de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, M. Juan Somavia, le Directeur général de l'Organisation internationale du travail (OIT) a expliqué, ce midi, comment la création d'emplois constituait l'une des meilleures solutions à nombre des problèmes liés au vieillissement et comment il fallait intégrer pleinement la question du vieillissement à toutes les politiques mises en oeuvre.
De l'avis de M. Somavia, le vieillissement a partie liée avec d'autres défis comme ceux de l'éducation, de la santé, du travail des enfants, de la place des jeunes filles et de la famille en général. Avec l'allongement de l'espérance de vie, il faut désormais parvenir à l'allongement de la vie active et productive des personnes âgées. En somme, il faut revoir notre approche de la retraite et envisager des formes de travail nouvelles, rémunérées ou non, pour tirer partie de ce formidable potentiel que représentent les personnes âgées. En fait, l'enjeu est de comprendre que le vieillissement n'est pas seulement un problème. Pour l'OIT, le fait qu'un individu prenne sa retraite ne doit plus être vu comme se retirer du monde, de la vie, de sa famille. Il faut à la vérité éliminer les stigmates associés à la retraite.
Interrogé sur la manière dont, dans une certaine mesure, les conventions adoptées par l'OIT pouvaient aller à l'encontre de la flexibilité quant à l'âge de la retraite prônée ce matin, M. Somavia a expliqué que ces conventions sont le résultat de négociations entre les Etats Membres. Une fois adoptées, elles sont ouvertes à ratification, ce qui est une décision individuelle de chaque pays. Ce n'est que lorsqu'un Etat ratifie l'une des ces conventions que l'OIT peut jouer un rôle de suivi de son application et de son respect.
A un correspondant qui lui demandait d'évaluer les effets des politiques de préretraités adoptées par de nombreuses entreprises pour financer leur restructuration ou tout simplement pour engager une main-d'ouvre plus jeune et meilleur marché, M. Somavia a reconnu que le modèle économique actuel qui repose sur la compétitivité avait tendance à encourager l'exclusion des plus âgés. Hormis s'ils correspondent à un choix personnel des individus, les départs à la préretraite, lorsqu'ils deviennent une pratique généralisée doivent être considérés comme une discrimination directe à l'encontre de ces personnes. C'est pourquoi, à l'image des principes adoptés récemment par l'Union européenne, il est important d'adopter une approche économique plus dynamique, plus axée sur la création d'emplois et plus soucieuse de ses effets au plan social. Une création importante d'emplois permettrait en effet d'augmenter d'autant les personnes contribuant au financement des systèmes de protection sociale et ainsi d'apporter une solution viable aux problèmes de financement de ces systèmes rencontrés essentiellement en Europe. Une telle approche permettrait aussi de donner la possibilité aux personnes âgées de continuer à contribuer à la société et d'assurer leur intégration véritable. Un débat national et international sur cette question devrait donc être encouragé.Quant à savoir si cette situation encourageait l'OIT à revoir certaines de ses conventions, M. Somavia a expliqué que les conventions sont en évolution constante et ne sont pas immuables. Il y a deux ans, une nouvelle Convention sur le travail des enfants a été adoptée afin de tenir mieux compte les nouvelles réalités économiques, sociales et du développement. Toute convention adoptée il y a 30 ans a nécessairement besoin d'être révisée si l'on veut qu'elle continue de correspondre au monde contemporain.
A une journaliste qui se demandait s'il n'était pas en quelque sorte " curieux " de mettre ainsi l'accent sur la flexibilité de l'âge de départ à la retraite alors que tant de personnes dans le monde n'ont même pas le droit à la retraite, le Directeur de l'OIT a répondu que c'est précisément la raison pour laquelle il insiste tant sur l'emploi. Avoir un emploi est souvent la seule protection sociale disponible, même si cet emploi appartient au secteur informel. C'est pourquoi, il faut impérativement que les pays industrialisés comme les pays en développement fassent le choix politique de favoriser la création d'emplois.* *** *