Nations Unies
Communiqué de Presse
Département de l'information · Division de l'information et des médias
 
7 avril 2002

CONFERENCE DE PRESSE CONJOINTE DONNEE A LA VEILLE DE L'OUVERTURE DE L'ASSEMBLEE MONDIALE SUR LE VIEILLISSEMENT PAR M. NITIN DESAI ET PAR LES REPRESENTANTS DE L'UNION EUROPEENNE ET DU GROUPE DES 77 ET LA CHINE

"Le vieillissement de la population mondiale n'est pas un problème en soi. Le fait que nous vivons plus longtemps est un progrès véritable pour les êtres humains" a déclaré M. Nitin Desaï, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales, lors d'une conférence de presse, tenue ce matin au Palais des congrès de Madrid, à la veille de l'ouverture de la Deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement. La conférence de presse a également eu la participation de Mme Concepción Dancausa, Secrétaire générale aux affaires sociales de l'Espagne et de M. Milos Alcalay, Ambassadeur permanent du Venezuela auprès des Nations Unies à New York et représentant du Groupe des 77 et de la Chine.

Le problème n'est pas tant de vivre plus longtemps, mais de permettre à tous de vivre dans de meilleures conditions, a expliqué M. Desaï. Or pour cela, il faut que l'économie et les sociétés s'adaptent à cette avancée que représente l'allongement de l'espérance de vie. A la différence de la Première Assemblée mondiale sur la question, tenue en 1982 à Vienne (Autriche) et qui avait donné naissance au premier plan d'action international sur le vieillissement, aujourd'hui l'on a pleinement conscience du fait que le vieillissement ne touche pas simplement les pays développés mais en réalité tous les pays de la planète. Les projections montrent en effet que dans les pays en développement, la proportion des personnes de plus de 60 ans va augmenter très rapidement dans les prochaines décennies. L'on prévoit par exemple, qu'en Chine, il ne faudra que 27 ans pour que la proportion de personnes âgées double, passant de 10 à 20%, alors que le même phénomène a pris plus de 100 ans en Europe. En somme, les pays en développement n'auront que 20 à 25 ans pour s'ajuster à ce changement spectaculaire, et ce en disposant de ressources beaucoup moins importantes, et en la quasi-absence de mécanismes de couverture sociale et médicale. Parmi les autres préoccupations spécifiques apparues depuis Vienne, M. Desaï a mentionné la situation des personnes âgées vivant dans la pauvreté, n'ayant pas de source de revenus ou de protection sociale, ainsi que celle des individus de plus de 60 ans vivant dans des pays où l'incidence du VIH/sida est forte. Enfin, il a souligné que l'autre grande nouveauté depuis 1982 est la rapidité avec laquelle le groupe "des plus âgés", c'est-à-dire des personnes de plus de 80 ans, augmente. Une augmentation qui pose des problèmes spécifiques d'autant que ce groupe se caractérise par sa très forte proportion de femmes (2 pour un homme en moyenne). En conséquence, l'Assemblée de Madrid revêt une importance politique particulière et devra permettre de définir un cadre pour les politiques sociales adapté à tous ces nouveaux phénomènes.

Prenant ensuite la parole, Mme Concepción Dancausa, qui s'exprimait aussi au nom de l'Union européenne, a expliqué que l'Union européenne a toujours adopté une approche flexible et ouverte en matière de vieillissement, et ce, pour deux raisons principales. D'une part parce que les pays européens ont été confrontés au vieillissement de leur population avant tous les autres et d'autre part parce qu'ils ont de ce fait pris depuis longtemps des mesures en tout genre pour relever les défis qui accompagnent le vieillissement. Forte de cette expérience, l'Union européenne a donc conscience qu'il s'agit d'une question exigeant une approche globale, n'ignorant aucun des aspects de la vie des personnes âgées. L'Union européenne est ce faisant ouvert aux suggestions et aux besoins des autres pays. Toutefois, elle attache une importance particulière à la nécessité de transmettre à l'ensemble de la société, y compris les personnes âgées elles-mêmes, une image positive du vieillissement. Vieillir est un progrès avec de forts potentiels dont il faut tirer partie. L'autre tâche essentielle pour l'Union européenne est de bien évaluer le travail non seulement des organisations et associations qui travaillent en faveur des personnes âgées, mais aussi et surtout de celles qui sont constituées de personnes âgées et qui ainsi contribuent aux efforts de solidarité entre les générations. L'égalité des chances entre les sexes et l'autonomisation des femmes âgées, l'accès aux services sociaux, la formation et la recherche scientifique, la maltraitance des personnes âgées et de manière générale la qualité de vie des personnes âgées sont les autres grands domaines auxquels l'Union européenne attache beaucoup d'importance, a aussi expliqué Mme Dancausa.

De son côté, M. Milos Alcalay a insisté sur le fait que pour le Groupe des 77 et la Chine, la préoccupation fondamentale est de rompre le cercle vicieux de la pauvreté des personnes âgées et de le convertir en quelque sorte en un " cercle vertueux " de développement humain. L'année 2002, pour les Nations Unies, a été véritablement placée sous le signe du développement, avec notamment le Sommet de Doha, la Conférence de Monterrey sur le financement du développement, la prochaine Conférence de Johannesburg pour le développement et aujourd'hui la Deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement. A ses yeux, la réunion de Madrid s'inscrit bien dans les efforts des Nations Unies d'encourager un développement centré sur les êtres humains, en ce qu'elle visera à créer de meilleures conditions de vie pour les personnes âgées dans tous les pays, développés ou en développement. Il s'agit de permettre aux personnes de plus de 60 ans, qui représenteront bientôt 20% de la population mondiale, de vivre dans la dignité. A cet effet, le plan d'action international qui sera adopté jouera un rôle fondamental. Il permettra en effet, grâce à des mesures pratiques, de traduire dans les faits la volonté universelle d'améliorer la vie des personnes âgées.

Interrogé sur les objectifs fixés pour cette Deuxième Assemblée, M. Nitin Desaï a expliqué que le plan d'action qui serait adopté suivait trois grandes priorités : les personnes âgées et le développement, l'amélioration du bien-être et de la santé des personnes âgées, et la création d'un environnement propice à leur épanouissement et à leur participation. Le plan prévoira des actions à entreprendre essentiellement à l'échelle des pays. Mais il comportera aussi un certain nombre de mesures que la communauté internationale pourrait prendre, afin notamment d'aider les pays en développement à relever les défis du vieillissement rapide et profond qu'ils vont connaître. Pour l'Ambassadeur Alcalay, l'enjeu principal est de faire prendre universellement conscience de la nécessité de se concentrer sur la réalisation d'un développement véritablement humain conjointement avec le respect des droits de l'homme. Dans ce cadre, les questions de l'emploi et de la sécurité devront recevoir une attention particulière, ainsi que celle de la dette extérieure des pays en développement dont une partie, ainsi que l'a suggéré le Président du Venezuela Hugo Chavez lors de la Conférence de Monterrey, devrait être convertie en ressources pour favoriser le développement et aider les pays en développement à faire face au vieillissement. Il s'agit en quelque sorte d'instaurer un nouvel ordre éthique international qui bénéficierait également aux personnes âgées.

A un journaliste demandant quels étaient les points de désaccord encore non réglés concernant le Plan d'action, M. Desaï a indiqué que 90% du document faisait désormais l'objet d'un consensus et que les questions en suspens avaient essentiellement trait au langage, aux activités de suivi ainsi qu'au financement et à la mise en oeuvre des mesures prévues dans le -Plan. Après le succès le succès de la Conférence de Monterrey sur le financement du développement, la difficulté pour l'Assemblée de Madrid constitue essentiellement à trouver les formulations appropriées permettant de lier les engagements de Monterrey à ce qui sera décidé à Madrid. Un point de vue confirmé par Mme Dancausa et M. Alcalay qui se sont dits optimistes car il existe en fait un consensus réel sur le fond du document et les désaccords relèvent plus du langage employé. A ce titre, M. Alcalay a estimé que l'arrivée demain des chefs d'Etat et de Gouvernement donnera un élan fondamental aux efforts de négociation, notamment s'agissant de la déclaration politique. Plus particulièrement interrogé ensuite sur les priorités spécifiques de l'Amérique latine en matière de vieillissement, M. Alcalay a souligné que les problèmes rencontrés sont en Amérique latine sont similaires à ceux de l'Afrique ou de l'Asie. La question principale est celle du développement humain et de la garantie d'une meilleure qualité de vie pour les personnes vieillissantes, avec en toile de fond la pauvreté. Cela exige d'offrir non seulement des services de santé de base mais aussi de meilleurs logements et des mesures visant à réduire la pauvreté. Bref il s'agit d'offrir un modèle de société plus humain, à la lumière des principes posés par la Déclaration du Millénaire.


* *** *