Nations Unies
Communiqué de Presse
Département de l'information · Division de l'information et des médias
SOC/M/8
8 avril 2002
DISCOURS DU PRESIDENT DU GOUVERNEMENT ESPAGNOL ELU PRESIDENT DE LA DEUXIEME ASSEMBLEE MONDIALE SUR LE VIEILLISSEMENT
Vous trouverez ci-après le texte de la déclaration faite le 8 avril par le Président du Gouvernement espagnol, M. José Maria Aznar, en tant que Président de la Deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, à Madrid :Je vous souhaite la bienvenue en Espagne. Votre présence est un Honneur pour les Espagnols tout comme le fait que vous ayez choisi notre pays pour discuter et approuver un plan d'action qui, je l'espère et le souhaite, sera un jalon historique et une référence pour la prise de décisions futures sur les questions que nous allons traiter.
Les motifs qui ont conduit le Gouvernement espagnol à proposer aux Nations Unies d'accueillir cet événement mondial ont été multiples
- en premier lieu, il s'agit d'une expression de la volonté de notre pays de jouer un rôle actif au sein des enceintes internationales où l'on discute et travaille pour résoudre les problèmes sociaux d'intérêt général;
- moyennant cette offre, l'Espagne, veut en outre, contribuer directement à l'enrichissement du débat sur le phénomène du vieillissement qui touche de nombreux pays et dont les conséquences sont ressenties dans les domaines les plus divers de nos sociétés;
- finalement, parce que nous sommes convaincus que le fait d'être les hôtes de cet événement va nous permettre de bénéficier de l'expérience des pays qui sont déjà passé par la situation que nous vivons actuellement et permettre également que d'autres pays qui ont des populations plus jeunes, puissent prévoir les moments qu'ils vivront probablement.
Depuis la dernière Assemblée sur le vieillissement qui s'est tenue à Vienne en 1982, la structure démographique de la majeure partie de nos pays a considérablement changé et le vieillissement de la population, a même progressé plus rapidement que prévu.
Dans les pays moins développés, bien que l'on ne puisse pas parler de "vieillissement " au sens strict, l'on commence à observer certains symptômes qui font présager une importante transformation de leurs populations.
Dans les pays développés, nous assistons depuis plusieurs années à une augmentation du pourcentage de personnes âgées par rapport à l'ensemble de la population, et à la fois nous constatons, avec satisfaction, que les personnes âgées vivent plus longtemps. Les pays européens, les Etats de ce qui est appelé le "vieux continent ", possèdent déjà une vaste expérience dans ce domaine.
Il est donc logique, surtout dans le cas des pays qui ont encore des populations jeunes, d'analyser si le vieillissement est un phénomène négatif qui doit être évité ou si, au contraire, il renferme des messages favorables et porteurs d'espoir.
En premier lieu, je dois vous dire que je n'ai pas de réponse simple et univoque. Dans la vie, l'enfance, la jeunesse ou la vieillesse ne sont pas, en elles-mêmes, des périodes bonnes ou mauvaises. L'adolescent aspire à la sagesse et à l'expérience de l'adulte qui voudrait avoir la fraîcheur et l'enthousiasme des jeunes.
Le vieillissement au sein de la population d'un pays implique aussi des aspects positifs mais il y en a d'autres qui ne le sont pas tant.
Le vieillissement d'une population accompagné d'un taux de natalité suffisant pour atteindre une croissance équilibrée de la population ne peut pas être comparé au vieillissement d'une société mettant la relève des générations et sa propre subsistance en danger.
Nous ne pouvons pas comparer non plus le vieillissement d'une population dû à l'ajustement, libre et responsable, des familles à des conditions de vie nouvelles à celui qui se produit suite à la diminution de la population de jeunes à cause d'une guerre, d'un exil forcé ou d'une terrible épidémie comme le sida.
Il va sans dire que le vieillissement de la population est un phénomène complexe qui a différentes causes et dont les conséquences sont multiples.
Indépendamment de son appréciation, le vieillissement est déjà " un fait " pour beaucoup d'entre nous. Il s'agit d'un phénomène nouveau et inéluctable qui exige des changements profonds et des réponses résolues de la part de toutes les structures et de toutes les institutions de la société.
A mon avis, les institutions tout comme les gouvernements doivent être réalistes et adapter leur action à la décision libre et responsable de l'individu et non tenter d'influencer ces décisions pour qu'elles prennent place dans un modèle, sans doute logique et ordonné, qui aurait été planifié à l'avance. Néanmoins, il nous appartient aussi d'agir, principalement par le biais de l'éducation et des politiques sociales, pour garantir que les conduites individuelles assimilent naturellement des comportements solidaires et civiques. Non seulement en raison de la nécessité d'un pacte social qui rende la coexistence possible mais surtout parce que par le biais de cette conduite civique, l'homme développe pleinement son humanité et peut atteindre une véritable qualité de vie.
Quand nous constatons que dans nos sociétés, la vie n'est pas respectée, la famille n'est pas appréciée, les enfants ne sont pas désirés ou les personnes âgées ne font pas l'objet de soins, c'est alors que nous devons penser qu'il existe un dysfonctionnement. C'est alors aussi qu'il faut agir résolument parce que le problème ne serait plus dû au fait que notre société vieillit sinon au fait qu'elle est faible et malade.
Le défi que de nombreux pays doivent relever consiste à adapter notre société à cette réalité nouvelle en prévenant les possibles effets négatifs qui peuvent résulter du vieillissement et en surmontant les obstacles susceptibles d'entraver un développement équilibré et harmonieux de nos sociétés.
Comme l'indique la devise de cette Assemblée, nous devons provoquer conjointement un changement culturel permettant de "construire une société pour tous les âges " où personne ne se sente exclu: ni les personnes âgées ni aucune autre pour des raisons de sexe, de santé, de race ou de religion.
Aujourd'hui, les facultés d'une personne de 60 ans sont les mêmes que celles d'une personne d'âge moyen hier. Ce fait met en exergue le rôle important que les personnes âgées peuvent continuer à jouer dans le monde professionnel, politique, dans la vie sociale ou en matière de formation intellectuelle et culturelle.
Chaque jour davantage, les pays qui ont une population âgée devront promouvoir le
" vieillissement actif " par le biais de politiques de prévention en matière de santé, d'apprentissage permanent et d'une vie professionnelle flexible. Tout ceci, outre le fait de profiter du potentiel humain des personnes âgées, nous aidera à faire face aux possibles coûts résultant de la nouvelle structure de nos populations.Un pays qui n'offre pas d'opportunités de participation active aux personnes âgées, est un pays qui laisse passer des chances mais c'est surtout, un pays qui empêche de nombreuses personnes utiles et qualifiées de continuer à contribuer au bien-être des autres et de jouir elles-mêmes d'une vie satisfaisante. Il ne s'agit donc pas " de leur donner l'impression qu'elles sont utiles " mais de nous convaincre qu'elles le sont réellement et de leur permettre de le démontrer.
Il est nécessaire que nos sociétés reconnaissent le rôle que les personnes âgées ont joué pendant toute leur vie et qu'elles peuvent continuer à jouer. Elles devront être reconnues pour ce qu'elles sont encore capables de faire mais surtout pour ce qu'elles sont. En effet, les personnes âgées comme toute autre personne en bonne santé ou malade, plus qu'être utiles, ont leur valeur.
C'est pour cela que la famille est une institution aussi importante. En effet, c'est au sein de la famille et moyennant les relations entre générations qui s'y développent, basées sur l'affectivité et la gratuité, que nous apprenons surtout à apprécier les personnes, enfants ou personnes âgées, en bonne santé ou malades, pour ce qu'elles sont en elles-mêmes.
C'est pour cette raison qu'il est important que les gouvernements reconnaissent, facilitent et récompensent cette tâche que la famille réalise de façon désintéressée au bénéfice de toute la société. C'est pour cette raison qu'il est important que les gouvernements collaborent en leur fournissant les aides nécessaires pour prendre soin des personnes âgées et garantissent la présence de divers services d'assistance qui les aident dans leur tâche.
Outre le fait de garantir la parfaite intégration de la population âgée croissante au sein de la société, les pays qui vivent ces processus, doivent prévoir les effets du vieillissement sur les politiques économiques, sociales et sanitaires de chacun de nos pays.
Comme vous le savez, l'Espagne préside actuellement le Conseil de l'Union européenne. En tant que Président de ce Conseil, je peux vous assurer que le vieillissement de la population européenne et tous les changements économiques et sociaux que ce processus implique, sont pris en compte, directement ou indirectement, dans de nombreuses lignes de travail prioritaires que nous sommes en train d'impulser.
Il est souhaitable que non seulement les pays européens mais tous ceux qui sont ici présents, reconnaissent l'envergure des changements qui sont en train de se produire et que nous réagissions de façon responsable, en coopérant sous les auspices des Nations Unies, pour convertir ces nouveaux défis en chances et garantir le développement intégral de nos sociétés.
Je remercie l'Organisation des Nations Unies et tous ceux qui ont permis que cette Assemblée ait lieu, de nous avoir donné l'opportunité de nous rencontrer pour traiter d'une question aussi importante. Je suis convaincu que l'approbation avec un large consensus, du Plan d'action international servira de guide à nos politiques pendant les prochaines décennies.
Merci beaucoup.
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