Conférence
mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie
et l'intolérance qui y est associée ________________________________________________________ |
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Durban, Afrique du Sud 31 Août – 7 septembre 2001 |
DR/D/40 8 septembre 2001 |
Communiqué
final
LA CONFERENCE DE DURBAN APPELLE LES PAYS DEVELOPPES, LES NATIONS UNIES ET LEURS INSTITUTIONS A FOURNIR DES RESSOURCES FINANCIERES ADDITIONNELLES A L’AFRIQUE
Elle invite Israël et les Palestiniens à mettre
un terme à la violence et à reprendre le processus de paix
La Conférence mondiale contre le racisme,
à laquelle ont participé plus d’une centaine de délégations représentant les
Etats Membres de l’ONU et autres entités étatiques, ainsi que plusieurs
centaines d’organisations non gouvernementales (ONG), a reconnu que la pratique
de l’esclavage constitue un crime contre l’humanité et demeure au nombre des
sources de manifestations du racisme.
Elle reconnaît et regrette profondément les souffrances humaines
indicibles causées par l’esclavage, la traite des esclaves, le colonialisme et
le génocide. Elle appelle à mettre un
terme à la violence au Moyen-Orient et à reprendre les négociations afin de
permettre à Israël et aux Palestiniens de reprendre le processus de paix. Telles sont les conclusions auxquelles a
abouti la Conférence mondiale de Durban contre le racisme et qui forment
l’essentiel de deux documents, une Déclaration et un Programme d’action,
qu’elle a adoptés ce soir à la suite de neuf jours de délibérations, du 31 août
au 8 septembre à Durban (Afrique du Sud).
Ces deux documents, qui couvrent
tout un éventail de questions énumèrent des dispositions et des mesures que
devront prendre les Etats pour combattre le racisme, la discrimination raciale
et toutes ses manifestations. Les
dispositions du Programme d’action et de la Déclaration, qui portent en outre
sur l’esclavage, le génocide et le Moyen-Orient, ont fait l’objet de négociations
ardues, en particulier celles concernant la réparation pour les victimes de
l’esclavage et le Moyen-Orient, deux questions dont l’examen n’a pas permis à
la Conférence d’avancer normalement.
C’est du reste la considération de la question relative au Moyen-Orient
qui, amplifiée de façon exagérée dans le document final du Forum des ONG dans
un langage haineux pour certains, qui serait à l’origine du retrait des
Américains et des Israéliens de la Conférence.
Il aura fallu les efforts soutenus des autres délégations, en
particulier les facilitateurs (Norvège, Namibie, Brésil, Kenya, Mexique) et
l’Afrique du Sud (pays hôte) pour sortir les travaux de l’impasse et,
finalement, les faire aboutir à un dénouement que sanctionne l’adoption de deux
documents (Déclaration et Programme d’action) dont les principales
recommandations sont les suivantes :
Moyen-Orient
et autres questions
La Conférence reconnaît avec une profonde inquiétude la montée de l’antisémitisme et de l’islamophobie dans différentes régions du monde, ainsi que l’apparition de mouvements racistes et violents inspirés par le racisme et des idées discriminatoires à l’encontre des communautés juives, musulmanes et arabes. Elle est consciente que le fait que l’histoire de l’humanité abonde en injustices effroyables causées par le non-respect du principe de l’égalité des êtres humains. Elle est préoccupée par le sort du peuple palestinien vivant sous l’occupation étrangère. Elle reconnaît le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un Etat indépendant, ainsi que le droit à la sécurité de tous les Etats de la région, y compris Israël, et engage tous les Etats à soutenir le processus de paix et à le mener à bien rapidement.
La Conférence rappelle que
l’Holocauste ne doit jamais être oublié.
Elle constate avec une profonde inquiétude l’intolérance religieuse dont
sont victimes certaines communautés religieuses, ainsi que l’apparition d’actes
d’hostilité et de violence contre ces communautés au motif de leurs convictions
religieuses et de leur origine raciale ou ethnique dans diverses régions du
monde, ce qui a en particulier pour effet de restreindre leur droit de
pratiquer librement leur culte.
La Conférence reconnaît que l’esclavage et
le commerce des esclaves, y compris le commerce transatlantique, ont été des
tragédies épouvantables dans l’histoire de l’humanité, que ces pratiques
constituent un crime contre l’humanité, qu’elles figurent parmi les sources et
manifestations majeures du racisme, de la discrimination raciale, de la
xénophobie et de l’intolérance qui y est associée et que les Africains et les
populations d’ascendance africaine, les peuples d’ascendance asiatique et les
peuples autochtones ont été et continuent d’en être les victimes.
La
Conférence mondiale reconnaît que le colonialisme a entraîné le racisme, la
discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, et
que les peuples africains et les peuples d’ascendance africaine, que les
peuples d’ascendance asiatique et les peuples autochtones ont été victimes du
colonialisme et continuent d’être victimes de ses conséquences. Elle prend acte des souffrances qu’il a
provoquées et affirme qu’il faut le condamner et prévenir sa réapparition chaque
fois qu’il se produit et partout où il se produit.
La
Conférence se dit convaincue de l’importance fondamentale d’une adhésion
universelle à -ou d’une ratification de- la Convention internationale sur
l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et du respect
intégral des obligations découlant de cette Convention en tant que principal
instrument international visant à éliminer le racisme, la discrimination
raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.
Elle
note avec une grande préoccupation que les principaux objectifs des trois
Décennies de lutte contre le racisme et la discrimination raciale n’ont pas été
atteints, que le fléau du racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et
l’intolérance qui y est associée persiste et continue à occasionner des violations
des droits de l’homme, des souffrances, des souffrances et de la violence. Elle rejette fermement toute doctrine de
supériorité raciale ainsi que les théories qui tentent de déterminer
l’existence de prétendues races distinctes et réaffirme que la diversité
culturelle constitue un atout inestimable pour le progrès et le bien-être de
l’humanité.
La Conférence affirme qu’à l’aube du
troisième millénaire, la communauté internationale doit assigner un rang de
priorité élevé à la lutte mondiale contre le racisme. Elle exprime sa solidarité avec les peuples d’Afrique, reconnaît
leurs sacrifices et les efforts qu’ils déploient pour sensibiliser l’opinion
internationale à ces tragédies cruelles.
Elle affirme que tous les peuples et tous les individus constituent une
seule et même famille humaine riche de sa diversité.
La Conférence condamne le fait que
l’esclavage et les pratiques analogues existent encore aujourd’hui dans
certaines régions du monde et prie instamment les Etats de prendre des mesures
immédiates à titre prioritaire pour mettre fin à ces pratiques qui constituent
des violations flagrantes des droits de l’homme. Elle affirme la nécessité urgente de prévenir, combattre et
éliminer toutes les formes de traite des êtres humains, en particulier des
femmes et des enfants.
La Conférence stipule que les victimes de
racisme, de discrimination raciale, de xénophobie ou d’intolérance qui y est
associée sont les individus ou groupes d’individus qui sont, ou ont été,
affectés de façon négative ou visés par ces fléaux.
La Conférence exprime sa préoccupation à
l’égard de la situation qui existe dans certains Etats où des structures ou
institutions politiques et juridiques ne sont pas adaptés aux caractéristiques
multiethniques, multiculturelles et multilingues de la population et
constituent dans bien des cas le principal facteur de discrimination qui mène à
l’exclusion des peuples autochtones.
Elle reconnaît pleinement les droits des peuples autochtones conformes
aux principes de souveraineté et d’intégrité territoriale des Etats et souligne
la nécessité d’adopter les mesures constitutionnelles, administratives et
législatives appropriées. Elle indique
également que l’expression «peuples autochtones» dans la Déclaration et le
Programme d’action de la Conférence mondiale est employée dans le contexte des
négociations multilatérales actuellement en cours ayant spécifiquement trait à
de tels droits et ne préjuge pas de l’issue de ces négociations.
La Conférence prend en compte les effets de
la mondialisation et se déclare notamment résolue à tirer parti au maximum de
la mondialisation ce qui peut avoir pour effet de contribuer à éliminer le
racisme. Elle reconnaît que les
migrations se sont amplifiées sous l’effet de la mondialisation et souligne que
les politiques adoptées face à cela ne doivent pas être fondées sur le
racisme. Elle reconnaît également le
rôle du racisme dans le déclenchement des conflits armés et exprime son rejet
de la persistance du racisme dans le système pénal et l’application de la
loi.
La Conférence mondiale reconnaît les
efforts déployés par les pays en développement, en particulier, l’engagement et
la détermination manifestés par les dirigeants africains dans leurs efforts de
faire sérieusement face aux défis de la
pauvreté, du sous-développement, de la marginalisation, de l’exclusion sociale,
des disparités économiques, de l’instabilité et de l’insécurité grâce à des initiatives
telles que la Nouvelle Initiative Africaine et d’autres mécanismes innovateurs
tels que le fonds mondial de solidarité pour l’élimination de la pauvreté et
demande aux pays développés, aux Nations Unies et à ses institutions
spécialisées ainsi qu’aux institutions financières internationales de fournir,
par le biais de leurs programmes opérationnels, les ressources financières
nouvelles et additionnelles pour soutenir ces initiatives.
La Conférence reconnaît que ces injustices
historiques ont indéniablement contribué à la pauvreté, au sous-développement,
à la marginalisation, à l’exclusion sociale, aux disparités économiques, à
l’instabilité et à l’insécurité qui ont affecté plusieurs populations dans les
différentes régions du monde, en particulier dans les pays en développement. La
Conférence mondiale reconnaît la nécessité de développer des programmes pour le
développement économique et sociale de ces sociétés et de la Diaspora dans le
cadre d’un nouveau partenariat basé sur un esprit de solidarité et du respect
réciproque dans les domaines suivants : allègement de la dette,
élimination de la pauvreté, construction ou renforcement des institutions
démocratiques, promotion de l’investissement étranger direct, et l’ouverture
des marchés.
La
Conférence mondiale reconnaît et regrette profondément les souffrances
indicibles et le sort tragique de millions d’hommes, de femmes et d’enfants
causés par l’esclavage, la traite négrière, la traite négrière transatlantique,
l’apartheid, et le colonialisme et le génocide
et demande aux Etats concernés d’honorer la mémoire des victimes des
tragédies du passé et affirme que, la et ou ils ont été causés ils doivent être
condamnés et leurs répétitions prévenue.
La Conférence regrette que ces pratiques et structures politiques,
socioéconomique et culturels ont causé le racisme, la discrimination raciale,
la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.
La
Conférence note que certains Etats ont pris l’initiative de présenter des
excuses et ont payé des compensations, dans les cas appropriés, pour les
violations graves et massives commises.
Moyen-Orient et autres questions
Concernant ce chapitre, la
Conférence mondiale invite à mettre fin à la violence et à reprendre rapidement
les négociations, en tenant compte du respect des droits de l’homme universels
et du droit humanitaire, du respect du principe de l’autodétermination, ce qui
permettra à Israël et aux Palestiniens de reprendre le processus de paix et de
se développer tout en prospérant dans la sécurité et la liberté.
La Conférence engage les Etats, dans
leur lutte contre toutes les formes de racisme, à reconnaître la nécessité de
lutter contre l’antisémitisme, le racisme anti-Arabe et l’islamophobie dans le
monde entier, et prions instamment tous les Etats de prendre des mesures efficaces
pour empêcher la formation de mouvements fondés sur le racisme et des idées
discriminatoires concernant les communautés en question.
La Conférence estime que tous les
conflits et différends devraient être réglés par des moyens pacifiques et par
un dialogue politique. Nous engageons
toutes les parties à des conflits à faire preuve de modération et à respecter
les droits de l’homme ainsi que le droit international humanitaire.
Peuples autochtones
En
ce qui concerne les peuples autochtones, elle prie instamment les Etats de
coopérer avec les peuples autochtones pour les encourager à accéder à
l’activité économique et à améliorer leur situation du point de vue de
l’emploi. Elle demande aux Etats
d’honorer et de respecter les traités et accords qu’ils ont conclus avec les
peuples autochtones et de les reconnaître et les appliquer comme il se
doit. Elle leur demande instamment de
reconnaître les difficultés particulières que doivent surmonter les
autochtones, en groupes ou isolément, quand ils vivent en milieu urbain et
engage instamment les Etats à mettre en oeuvre des stratégies pour lutter
contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance
qui y est associée auxquels ils sont en butte, en prenant à ce qu’ils puissent
continuer à pratiquer leurs modes de vie.
Au titre des dispositions concernant les
migrants, il est demandé aux Etats de promouvoir et de protéger pleinement et
efficacement les droits de l’homme et les libertés fondamentales de tous les
migrants. Elle invite les Etats à
faciliter, de façon rapide et efficace, la réunification des familles qui a un
effet positif sur l’intégration des migrants sans préjudice du fait que des
membres de la famille souhaitent avoir un statut indépendant. Elle prie instamment les Etats de prendre
des mesures concrètes pour éliminer le racisme, la discrimination raciale, la
xénophobie et l’intolérance qui y est associée à l’égard de tous les
travailleurs, y compris les migrants, sur le lieu de travail.
Le Canada a regretté que la
Conférence ait été détournée de son objectif pour discuter du conflit
israélo-palestinien et observé que la traite transatlantique était moralement
répréhensible mais qu’elle ne pouvait pas être qualifiée de crime contre
l’humanité pour la seule raison qu’à l’époque de cette traite il n’existait
aucun cadre juridique.
L’Australie a regretté que la
Conférence ait consacré trop de temps à des échanges de vue amers concernant
des questions qui n’avaient rien à voir avec la Conférence. Cela est particulièrement patent en ce qui
concerne la question du Moyen-Orient.
L’Australie a une forte tradition démocratique et regrette que l’on
condamne le colonialisme dans les mêmes termes que l’on condamne l’apartheid.
La République islamique d’Iran a
observé que le manque de transparence et des méthodes non démocratiques visant
à imposer un point de vue est un fait sans précédent dans l’histoire des
conférences internationales. Il faut
espérer que cela ne se reproduira plus.
La partie des documents finaux concernant le Moyen-Orient est loin de
tenir compte des problèmes fondamentaux qui se posent dans la région, en
particulier dans les territoires palestiniens occupés.
La Suisse a notamment souligné que
la race ne doit pas servir de justification pour des pratiques
discriminatoires.
La Syrie aurait souhaité une
formulation plus claire en ce qui concerne la description des problèmes au
Moyen-Orient et a stigmatisé les «pratiques racistes» d’Israël qui sont en
vigueur dans le territoire occupé de la Palestine.
Le Chili a observé que le thème des
victimes était au centre de nos préoccupations. Il est regrettable que l’on ne soit pas parvenu à identifier les
facteurs de discrimination aggravée ou multiple.
L’Equateur a regretté que les
dispositions de la Déclaration faisant référence aux peuples autochtones
n’aient pas permis de faire progresser les droits politiques de ces peuples.
Le Kenya (au nom du Groupe des
Etats africains) a fait observer qu’il était important que cette Conférence
l’esclavage et la traite des esclaves comme un crime contre l’humanité qui en a
toujours été un. Nuremberg a fixé la
règle : les crimes contre l’humanité n’ont rien à voir avec le temps (ils
sont imprescriptibles). Nous voulons
aujourd’hui honorer la mémoire de ceux qui ont souffert les traitements
inhumains les plus horribles qui aient jamais existé.
La Haut-Commissaire aux droits de
l'homme et Secrétaire général de la Conférence, Mme Mary Robinson, a souligné
que c’est un cadre qui a été fixé ici à Durban, et il conviendra désormais de
faire en sorte que ce cadre permette d’améliorer véritablement la situation des
victimes de discrimination et de racisme.
Il n’est pas étonnant que la question du Moyen-Orient ait joué un rôle
si important car nul ne saurait rester insensible à la tragédie qui se déroule
dans cette région ou deux peuples sont séparés par un fossé croissant
s’agissant de la perception qu’ils ont l’un de l’autre.
La Présidente
de la Conférence et Ministre des affaires étrangères de l’Afrique du Sud,
Mme Nkosazana Dlamini-Zuma a observé que par le Programme d’action et la
Déclaration, nous avons convenu de lancer une armée mondiale contre le racisme
dans tous les pays pour œuvrer de manière assidue afin de l’éradiquer. Ce siècle doit marquer le combat contre le
racisme et nous libérer à jamais de toutes les idéologies inhumaines et
antisociales qui pèsent lourdement sur nos épaules, a-t-elle souligné.
Les
représentants de l’Inde, au nom du Groupe asiatique, de l’Estonie au nom du
Groupe des Etats d’Europe orientale, du Mexique au nom du Groupe des Etats
d’Amérique latine, de la Belgique au nom de l’Union européenne et des pays
associés et du Groupe des Etats d’Europe occidentale, ont pris la parole.
L’ouverture de la Conférence a été marquée
par une déclaration de la Secrétaire générale de la Conférence et Haut
Commissaire aux droits de l’homme, Mme Mary Robinson, qui a observé que «cette
Conférence doit nous permettre d’adopter de nouvelles stratégies pour lutter
contre le racisme et l’intolérance que connaît notre monde moderne. A ceux qui disent que nous n’avons pas
besoin d’une conférence mondiale sur cette question, je les prie de regarder
autour d’eux car tant de misère, d’inégalités et de conflits sont causés par le
racisme et la discrimination. Les
Nations Unies ne doivent pas seulement poursuivre leur lutte historique contre
la discrimination mais elles doivent également la renforcer».
Dans le cadre
d’une table ronde organisée le premier jour de la Conférence et à laquelle ont
participé les chefs d’Etat ou de gouvernement de la Lettonie, du Nigéria, du
Cap-Vert, de Cuba, du Gabon, de la Bosnie-Herzégovine, du Congo et du
Mozambique, ainsi que le Président de l’Autorité palestinienne, le Président
algérien, M. Abdelaziz Bouteflika, qui a estimé qu’il fallait aussi reconnaître
que leur victoire reste incomplète et fragile car certaines plaies restent
béantes du fait que, durant des siècles, des pratiques ignobles ont nié l’homme
dans ses droits les plus élémentaires.
Pour le Président de l’Ouganda, M. Yoweri Kaguta Museveni, «le racisme
n’est qu’une vision obscurantiste qui ne sert qu’à masquer l’exploitation».
Adressant un message enregistré et transmis
par vidéo à l’ouverture du débat général, qui s’est poursuivi jusqu’au
7 septembre au matin, l’ancien Président sud-africain, M. Nelson
Mandela, avait invité la Conférence à privilégier une approche globale,
appelant ses participants à prendre en main le destin de leurs populations et
de s’affranchir de l’histoire.
Sur
l’esclavage et la réparation conséquente, aux yeux des Africains du continent
et de la diaspora, les délégations ont souligné que la démarche à suivre
comporterait deux volets : une reconnaissance officielle selon laquelle
l’esclavage constitue un crime contre l’humanité et en tant que telle, les
victimes de cette période sombre de l’histoire de l’humanité devraient être
redressées dans leurs droits en créant en leur faveur
soit un fonds de compensation soit un plan de redressement économique des pays
dont elles sont ressortissantes, soit les deux mesures à la fois. Le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont toutefois
abordé la question en reconnaissant que l’esclavage a été une abomination et
que leurs gouvernements «regrettent» cette période de leur histoire pour
laquelle ils seraient disposés à présenter des «excuses». La France était la seule à reconnaître
officiellement, par une loi adoptée par son parlement en mai 2001, que
l’esclavage, la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans
l’océan indien, perpétrés à partir du XVème siècle contre les populations
africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituaient un crime contre
l’humanité.
Il est ressorti des interventions que des
pays seraient favorables à une participation soutenue au développement des pays
victimes de l’esclavage et d’autres formes de discrimination dans le cadre de
la Nouvelle Initiative Africaine. La
France a reconnu que le colonialisme a eu des effets durables sur les
structures politiques et économiques des pays concernés et que, vis-à-vis de
ces pays qui, pour beaucoup d’entre eux, avaient été victimes de la traite, la
solidarité doit s’exprimer avec une plus grande ampleur.
Formes contemporaines de discrimination
La traite des personnes, les migrants, les
populations autochtones, la protection des minorités -notamment les Roms et les
Dalits-, questions revêtant souvent un aspect multidimensionnel, ont été largement
débattues par les délégations, et en particulier par les représentants
d’ONG. La mondialisation, qui asservit
davantage les pauvres, contribue à la création d’un climat xénophobe dans les
pays accueillant les migrants. Certains
ont mis en garde contre l’usage de l’Internet pour véhiculer des messages
racistes et xénophobes.
Situation au Moyen-Orient
Les
délibérations sur la question avaient été marquées par des dissensions, tant à
la plénière que dans les autres organes de la Conférence mondiale. Les pays arabes avaient dénoncé les
pratiques israéliennes à l’encontre de la population civile palestinienne qui,
de leur avis, sont fondées sur une prétendue supériorité raciale et l’idée de
peuple élu et assimilées à celles de l’apartheid. La délégation israélienne a fait observer que la haine à
l’endroit des Juifs, qui revêt aujourd’hui la forme de l’anti-sionisme, est
profondément différente de l’antisémitisme du passé en ce sens qu’elle est
propagée et manipulée à des fins politiques.
Le conflit entre son pays et les pays voisins n’est pas de nature
raciale et n’a aucune place dans cette Conférence. Il s’agit d’un conflit politique et territorial qui doit être
résolu de manière à mettre un terme aux souffrances et apporter la paix et la
sécurité aux peuples palestinien et israélien.
Participation
des ONG
Les
organisations non gouvernementales ont participé massivement à la Conférence,
organisant un Forum des ONG et un Forum des Jeunes dont les déclarations
finales ont été présentées en plénière, le 6 septembre.
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