Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée
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Durban, Afrique du Sud
31 Août – 7 septembre 2001
DR/D/38
6 septembre 2001
Séance plénière
après-midi

PLUSIEURS ONG SOULEVENT LA QUESTION DES POPULATIONS AUTOCHTONES ET
DES INTOUCHABLES DEVANT LA CONFERENCE CONTRE LE RACISME

Réunie cet après-midi dans le cadre de son débat général, la Conférence mondiale contre le racisme a entendu les déclarations d'une trentaine d'organisations non gouvernementales (ONG) qui ont formulé des suggestions dans la perspective du programme d'action et de la déclaration qu'adoptera la Conférence à sa séance de clôture initialement prévue pour demain, 7 septembre. Celles-ci ont porté essentiellement sur la prise en compte des droits et conditions des minorités, des peuples autochtones, des populations victimes de l'occupation étrangère ou encore de celles victimes du système des castes.

Des organisations ont à ce titre abordé la question des discriminations dont sont victimes les Dalit, comme l'a souligné à l'instar du représentant du Dalit Caucus qui a rappelé que son organisation représente 260 millions de personnes dans le monde qui sont victimes de discrimination fondée sur la caste, l'emploi ou l'ascendance. Il a fait observer que si certains pays ont adopté des normes juridiques progressistes, la violence discriminatoire à l'égard des Dalit est endémique. Il a souhaité que cette Conférence soit l'occasion de faire entendre la voix des victimes du système des castes. Pour sa part, la représentante de l'organisation Asian Pacific Caucus a déclaré que l'intouchabilité est un crime contre l'humanité et demandé que le paragraphe 73 du projet de déclaration qui traite de cette question soit maintenu.

Intervenant sur la question des discriminations dont sont victimes les peuples autochtones, le représentant de Sovereign Union of Aboriginal Peoples of Australia a dénoncé le Gouvernement australien pour n'avoir pas respecté les droits des peuples aborigènes et demandé que, en conformité avec la Convention de 1948 sur la répression du crime de génocide, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme désigne un rapporteur spécial sur le génocide des aborigènes en Australie. Il a rappelé que les peuples aborigènes ont fait l'objet de déplacements forcés et exigé que la Cour internationale de justice se prononce sur les droits de propriété des peuples autochtones sur leurs terres.

Au cours du débat, les représentants des organisations suivantes ont pris la parole : Fundacion Ideas, Confédération internationale des syndicats libres, Fundacion Ecuatoriana de Accion y Education para la Promocion de la Salud, World Evangelical Fellowship, Samiraddi, International Centre for Human Rights and Democratic Development, Professional Institute for Advanced Wound Recovery, International Federation of Social Workers, Minority Rights Group, European Network Against Racism, Sikh Human Rights Group, Conference of NGOs - CONGO, Asian Descendent Caucus, Caribbean Caucus, International Criminal Justice Caucus, Race Poverty And Globalization Caucus, Dalit Caucus, Palestinian Caucus, Eastern and Central Europe Caucus, Girl Child Caucus, Labour Caucus, Cultural Diversity Caucus, Asia Pacific Caucus, International Indian Treaty Council, Franciscans International, Interfaith International, Sovereign Union of Aboriginal Peoples of Australia, Congrès mondial amazigh, CISM-Veneto, Inclusion International, Académie mexicaine des droits de l'homme et World Sindhi Institute.

La Conférence mondiale contre le racisme achèvera son débat général demain, à partir de 10 heures.

CONFÉRENCE MONDIALE CONTRE LE RACISME, LA DISCRIMINATION RACIALE, LA XÉNOPHOBIE ET L'INTOLÉRANCE QUI Y EST ASSOCIÉE

Déclarations

Le représentant de la Fundacion Ideas a attiré l'attention de la Conférence sur les manifestations de racisme en Amérique latine et aux Caraïbes où les populations aspirent à une démocratie participative et égalitaire sans exclusion aucune. Dans cette région, la pauvreté est raciste, a-t-il fait observer. La lutte contre le racisme doit être une lutte de toute l'Amérique. À cet égard, les États et la société civile doivent assumer une responsabilité conjointe.

La représentante de la Confédération internationale des syndicats libres a déclaré que la Confédération contribue à la lutte contre le racisme et de la discrimination sous toutes ses formes. Si les gouvernements condamnent ces fléaux, comment se fait-il que dans la pratique on n'a noté aucune évolution positive. Le mouvement syndical a permis d'améliorer la situation sociale et les conditions des travailleurs, indépendamment de leur race ou nationalité. Les normes internationales garantissant la non-discrimination sont nombreuses mais les gouvernements qui ne font pas preuve d'une volonté politique suffisante pour prévenir et vaincre la discrimination sous toutes ses formes. La Conférence de Durban ne sera pas jugée pour les nobles objectifs qu'elle s'est fixés mais pour les mesures qu'elle adoptera et que les gouvernements appliqueront.

La représentante de la Fundacion Ecuatoriana de Accion y Educacion para la promocion de la Salud a estimé que la Conférence de Durban est l'occasion de rappeler les principes d'indivisibilité et d'universalité des droits de l'homme et d'insister sur la nécessité de faire respecter les droits humains. Elle a regretté les cas d'exclusion des minorités, des autochtones et des personnes affaiblies par la maladie. Elle a souhaité une définition claire de ce que l'on entend par victimes du racisme et de l'exclusion. Elle a condamné les situations d'exclusion sociale et souhaité que la Conférence s'attaque sérieusement à ce problème, en particulier le sexisme et l'homophobie et les dégâts collatéraux qu'impliquent ces pratiques. Elle a lancé un appel pour que les délégués trouvent une approche exhaustive du racisme qui leur permette de prendre en compte toutes les exclusions.

La représentante du World Evangelical Fellowship s'est félicitée que le chapitre 5 du projet de déclaration finale de la Conférence reconnaisse le rôle central de la spiritualité et de la croyance dans la vie des individus. Il conviendrait d'ajouter le terme "repentir" au paragraphe 13 de ce chapitre qui souligne notamment que l'esclavage, la traite des esclaves et le colonialisme sont à l'origine du racisme. Il faudrait en outre que le projet de déclaration dresse une liste précise des victimes de racisme.

La représentante de Samiraddi, rappelant que son organisation défend les droits des minorités samis se trouvant dans les pays scandinaves, a déclaré qu'elle n'adhérait pas aux dispositions discriminatoires du paragraphe 27 du projet de déclaration. Un Forum se tiendra en mai prochain pour examiner la question des minorités. Dans le cadre de la Conférence de Durban, Samiraddi souhaite qu'un suivi sera assuré dans l'intérêt des minorités et populations autochtones du monde.

Le représentant de l'International Centre for Human Rights and Democratic Development a exprimé sa déception, en tant que militant des droits de l'homme issu d'une population autochtone, face au fait que les Etats Membres aient adopté le paragraphe 27 de la déclaration qui est totalement discriminatoire et raciste. Il a déclaré que ce paragraphe viole l'article 1 de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de racisme et de discrimination raciale car il fait obstacle à la reconnaissance des droits des peuples autochtones. Il a estimé qu'on ne saurait écarter les droits des autochtones et décider que le droit qui s'applique à tous les autres ne les concerne pas. Il a expliqué qu'en tant qu'ancien Ministre des affaires indiennes et du Nord du Canada, il avait une longue expérience en matière de droits de l'homme. Par conséquent, il a demandé le retrait du paragraphe 27 de la déclaration qui jette selon lui l'opprobre sur toute la Conférence.

Le représentant du Professional Institute for Advanced Wound Recovery a observé que les blessures du racisme et de la discrimination affectent particulièrement les personnes économiquement défavorisées, surtout les minorités raciales. La coopération internationale dans le domaine de la fourniture des soins de santé doit constituer une priorité de la présente Conférence, a-t-il poursuivi. En tant qu'institution basée aux États-Unis, notre Institut doit faire part de sa profonde déception face à la décision de ce pays de retirer sa délégation de la Conférence de Durban. Ce retrait est un caprice qui atteste d'un manque total de maturité et d'une incapacité des États-Unis à reconnaître leur histoire. Il faut que la traite des esclaves soit reconnue comme un crime contre l'humanité.

Le représentant de l'International Federation of Social Workers a indiqué que sa Fédération est convaincue que tous les êtres humains sont égaux devant la loi. La discrimination sous toutes ses formes est inacceptable. La mise en œuvre de tous les droits économiques, sociaux et cultures et de développement est essentiel à l'épanouissement de tous. Nous nous engageons à assurer des changements sociaux qui garantissent à tous des conditions de vie décentes.

Le représentant du Minority Rights Group a expliqué qu'il craignait que le programme d'action et la déclaration aient une teneur minimaliste. Il a estimé qu'il est impératif d'axer toute l'attention de la communauté internationale sur des mesures de nature à prévenir et sanctionner le racisme et la discrimination raciale. Il a ajouté que les minorités devraient bien évidemment au cœur des préoccupations de la communauté internationale et a souhaité que les victimes soient entendues plus souvent. Il a regretté que seuls 34 Etats Membres de l'ONU acceptent la présence de pétitionnaires. Il s'est prononcé en faveur d'excuses et de réparations par rapport à la traite et à l'esclavage. Il a souhaité l'application immédiate de la Convention internationale contre toutes les formes de racisme et de discrimination raciale. Il a rappelé que certaines ONG ont reçu des menaces dans leurs pays d'origine avant de venir témoigner ici. Il a souhaité la mise en place de mécanismes et la mise à disposition de fonds nécessaires pour faire avancer la cause de la lutte contre le racisme.

La représentante de European Network Against Racism (Réseau européen contre le racisme) a indiqué que son organisation est composée de bénévoles et reçoit des fonds de l'Union européenne. Le Réseau s'efforce d'améliorer les normes de prévention et de lutte contre le racisme et la discrimination raciale au niveau européen en promouvant des normes juridiques qui pourront prévaloir pour tous les citoyens européens. Il conviendrait de réfléchir un moment à la manière dont nos politiques d'immigration sapent le développement durable. Si nous volons les ressources humaines des pays en développement, comment ces pays pourront-ils se développer, s'est interrogée la représentante du Réseau? Il est donc indispensable de mettre un terme à la fuite des cerveaux dont pâtissent ces pays. Il faut que le principe de libre circulation si cher au processus de mondialisation s'applique aux individus comme dans le cas des biens.

Le représentant de Sikh Human Rights Groupe (Royaume-Uni) a estimé qu'il faut faire tout ce qui est possible pour édifier un monde qui soit épargné par le racisme et toutes les formes de discrimination. Les Sikhs sont une communauté qui a toujours refusé l'oppression. Les Sikhs sont souvent victimes d'une discrimination invisible. La Conférence de Durban doit tenir compte des droits de cette communauté dans ses textes finaux.

La représentante de la Conférence des organisations non gouvernementales (CONGO) a expliqué que son organisation représente la diversité des positions des ONG accréditées auprès des Nations Unies. Elle a ajouté qu'au cours des Conférences mondiales des années 1990, CONGO avait toujours été mobilisée pour faire avancer les mesures et recommandations adoptées. Elle a ajouté qu'elle plaçait toutes ses attentes dans la Conférence mondiale contre le racisme. Elle a admis la difficulté à adopter un langage commun mais souhaité que les voix des victimes soient entendues afin que l'on rectifie et compense les actions et omissions du passé pour agir face aux défis du présent. Elle a déclaré que sa structure voulait participer à l'émergence d'une société mondiale libérée du racisme et de la discrimination raciale aux côtés des Etats Membres et des Nations Unies.

La représentante de Asian and Asian Descendent Caucus a recommandé que la déclaration finale qui sera adoptée à l'issue de la Conférence de Durban reflète bien la discrimination dont continuent d'être victimes les descendants d'Asiatiques qui sont souvent utilisés comme main d'œuvre bon marché dans nombre de pays. Les femmes, en particulier, sont exploitées comme domestiques ou prostituées. Souvent, dans les pays dans lesquels ils se trouvent, les travailleurs asiatiques servent de boucs émissaires pour tous les maux économiques et sociaux rencontrés. La représentante a dénoncé les politiques d'immigration en vertu desquelles les descendants d'Asiatiques se voient empêcher de rejoindre leurs familles à l'étranger.

Le représentant du Carribean Caucus a expliqué que les questions de l'esclavage des Africains et ses conséquences devaient être prises en compte plus sérieusement par cette Conférence. Il a estimé que la question des réparations ne doit même pas faire l'objet d'un débat mais qu'elle constitue une dette. Il a rappelé les méthodes de traite négrière qui tuaient les Africains en route vers le Nouveau Monde et rappelé aussi les conditions de vie de ces esclaves qui n'avaient une durée de vie que de 7 années une fois sur le sol américain. Il a estimé que tous les biens volés à l'Afrique devaient être restitués et la dette annulée dans sa totalité. Il a suggéré en outre la construction de monuments à la mémoire des esclaves et de la traite dans le monde pour entretenir la mémoire. Il a demandé la renégociation des accords internationaux en matière de commerce, OMC et Accords de Cotonou, pour rendre plus accessibles les produits africains et caribéens.

La représentante d'International Criminal Justice Caucus a estimé que la Conférence mondiale devrait prévoir dans son projet de déclaration un moratoire pour la peine de mort et appeler les gouvernements qui appliquent encore la peine capitale à l'abolir. La discrimination raciale existe au niveau des décisions judiciaires, de la détention et ses services pénitentiaires. Les gouvernements doivent rendre responsables tous les personnels de police, des services pénitentiaires et de la justice qui commettent des actes discriminatoires à l'encontre des individus. Le respect des droits des personnes en garde à vue, en détention préventive ou en détention n'est pas respecté et les droits de la défense des plus démunis sont bafoués. Il est urgent que les gouvernements en prennent conscience et agissent de manière concrète.

La représentante de Race, Poverty and Globalization Caucus a estimé qu'il est indispensable que les gouvernements reconnaissent que les processus actuels de mondialisation se fondent sur des pratiques et des politiques, anciennes et présentes, faites d'exploitation et de discrimination. Ces politiques ont pour effet de renforcer le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée. Les bénéfices de la mondialisation sont de ce fait inégalement répartis. Les pauvres sont marginalisés et la majorité d'entre eux appartiennent aux minorités raciales et ethniques, au Nord comme au Sud.

Un exemple qui illustre parfaitement le lien entre mondialisation et racisme est fournit par l'attitude des pays qui choisissent de sacrifier les protections environnementales ainsi que dans le monde du travail pour pouvoir attirer les investissements directs étrangers. Les gouvernements devraient reconnaître que les institutions multilatérales comme la Banque mondiale, le FMI et l'OMC, promeuvent un type de mondialisation qui ne fait qu'approfondir les inégalités raciales et économiques héritées du passé. Du fait de la privatisation des services sociaux essentiels, l'éducation, la santé et d'autres services de base sont devenus inaccessibles pour les pauvres et les marginalisés. Les gouvernements devraient par ailleurs veiller à garantir et protéger les droits de leurs citoyens en réglementant et en contrôlant les activités du secteur privé et des sociétés transnationales.

Le représentant de Dalit Caucus a expliqué que son organisation représente 260 millions de personnes dans le monde victimes de discrimination sur la base de la caste, de l'emploi ou de l'ascendance au Bangladesh, au Sri Lanka, en Inde, mais aussi dans d'autres pays tel que le Nigéria. Si certains pays ont adopté des normes juridiques progressistes, la violence discriminatoire à l'égard des Dalit est endémique. Les femmes sont les principales victimes de ces discriminations et la police et l'administration des districts y sont insensibles. Des mesures devraient être prises par les Etats Membres pour lutter contre les pratiques discriminatoires à l'égard des intouchables, a-t-il précisé. Il a expliqué que les caractéristiques visuelles de différences ne sont pas évidentes et que les critères sont basés sur la pauvreté. Il a ajouté que les Dalits et d'autres peuples sont victimes d'un apartheid caché et que les Nations Unies ne peuvent accepter cette réalité et devaient saisir l'opportunité de cette Conférence pour faire entendre la voix de ces victimes des castes. Il a observé qu'un paragraphe pour traiter des conditions de 260 millions de personnes n'était pas trop exigeant.

La représentante de Palestinian Caucus a regretté que le projet de déclaration de la Conférence mondiale ne contient plus les références à la situation tragique de la population palestinienne, en raison de la nouvelle proposition de texte qui en dilue le contenu. Les violations flagrantes commises par Israël sont bien réelles. Il y a escalade d'une guerre lancée par Israël contre la population civile palestinienne. Le fait de pointer le doigt sur Israël pour condamner les actes racistes assimilés à des actes du régime d'apartheid ne visaient pas les Blancs d'Afrique et n'avait aucune intention antisémite. Les crimes racistes commis contre la population civile palestinienne ont été largement documentés par la presse, les organisations de défense des droits de l'homme et des institutions des Nations Unies. Elle a reproché à Mme Mary Robinson, Haut Commissaire aux droits de l'homme, de ne pas admettre le caractère raciste des actes de génocide commis à l'égard des Palestiniens par les Israéliens, rappelant les massacres de Sabra et Chatila de 1982 au Sud-Liban qui ont coûté la vie à 3 500 personnes. Elle a accusé l'actuel Premier Ministre israélien d'être responsables de ces actes criminels, qui avait dirigé à l'époque ces attaques.

Le représentant de Eastern and Central Europe Caucus a affirmé que les problèmes concrets du racisme et de la discrimination touchent 50 millions de personnes visant sur près de 20% du territoire mondial. Il a constaté la tendance alarmante à la hausse de l'ethnocentrisme et du nationalisme le plus extrémiste. Chacun sait comment la haine aboutit trop souvent aux conflits ethniques. Il convient d'accorder une attention prioritaire à la situation des réfugiés et des personnes déplacées internes, dont la majorité sont des membres de minorités. Trop souvent, les systèmes de justice pénale à travers le monde sont fondés sur des stéréotypes renforçant les préjugés raciaux. Le représentant a par ailleurs attiré l'attention de la Conférence sur les violations scandaleuses des droits de l'homme dont sont victimes les Tchétchènes. Un problème du même genre a miné le processus devant mener à la rédaction des documents finaux de la Conférence de Durban, a-t-il ajouté.

La représentante du Girl Child Caucus a expliqué que la petite fille est aujourd'hui victime de racisme et mesures discriminatoires de toutes formes. Elle a ajouté que les discriminations et autres formes d'intolérance mènent aux guerres qui privent les enfants de leurs parents et conduisent le plus souvent à se servir des filles comme des marchandises. Elle a expliqué que dans de nombreux pays, les différences entre les garçons et les filles sont manifestes en défaveur des filles. Elle a souhaité que cette Conférence veille à l'application des textes et normes juridiques sur les droits de l'enfant. Elle a souhaité que des mesures soient prises pour promouvoir le développement de la petite fille en Afrique.

Le représentant de Labour Caucus a déclaré que la Conférence mondiale offre une occasion unique de reconnaître les discriminations sur le lieu du travail, qui sont liées à la race, la langue, l'origine ethnique, le sexe et d'autres facteurs. Les pays occidentaux et leurs alliés devraient prendre des mesures qui allègent le fardeau de la dette des pays en développement afin de les aider, par ce biais, à adopter des programmes garantissant le respect des droits de leur population dans le processus de développement. Le racisme et toutes les formes de discrimination, a-t-il espéré, seront éradiqués comme a été éradiqué l'apartheid.

Le représentant de Cultural Diversity Caucus a observé que cette Conférence a été ouverte un vendredi et s'est poursuivie un samedi, empêchant les Juifs qui respectent le shabat de participer pleinement à ses travaux. Le conflit au Moyen-Orient est un conflit politico-culturel et non pas un conflit racial, de sorte que cette question n'a pas à être traitée dans cette Conférence. Il est faux de prétendre qu'Israël commet un génocide ou applique une politique d'apartheid. Il faut identifier les textes de lois qui, à travers le monde, sont à l'origine du racisme, a poursuivi le représentant.

La représentante de l'organisation Asian Pacific Caucus a expliqué que dans la région asiatique, les peuples autochtones, les minorités et les Dalits font l'objet de discriminations. Elle a ajouté que ces peuples méritent qu'on prenne en compte leurs droits au cours de cette Conférence. Elle a estimé que la mondialisation avait accentué la division entre les communautés et aggravé l'exclusion des populations les plus vulnérables. Elle a demandé que le programme d'action renforce les poursuites contre les auteurs d'actes racistes et demandé à ce que les militaires soient empêchés de nuire aux droits des minorités, des réfugiés, des peuples autochtones ou des Dalits. Elle a condamné l'occupation étrangère qui entraîne d'immenses souffrances et des déportations comme c'est le cas au Tibet où la population est victime d'une véritable oppression.

Elle a demandé que les questions relatives aux réfugiés soient aussi abordées ici et elle a exigé que les droits des migrants soient davantage pris en compte. Elle a dénoncé la discrimination fondée sur la caste qui déshumanise les 250 millions d'individus de basses castes en Asie, y compris les Dalits. Elle a affirmé que l'intouchabilité est un crime contre l'humanité et demandé que le paragraphe 73 qui traite de cette question soit maintenu pour que cette Conférence marque un progrès dans la lutte contre les discriminations.

Le représentant de l'International Indian Treaty Council a estimé que les pratiques spirituelles et religieuses des Indiens ont fait leur preuve pour le bien-être des personnes. A ce jour, on compte 40 Indiens qui sont condamnés à mort. Il est urgent que la peine capitale soit abolie. Son organisation appuie le projet de déclaration de la Conférence mondiale, à l'exception de son article 51 qui ne garantit pas les intérêts des populations autochtones.

La représentante de Franciscans International a exhorté la Conférence à adopter à l'issue de ses travaux un programme d'action significatif orienté vers l'avenir. Elle a également recommandé que les ressources appropriées soient fournies au Haut Commissariat aux droits de l'homme afin que celui-ci soit en mesure de mettre en place un service spécifiquement chargé des questions de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d'intolérance y relative. La représentante a fait observer que les femmes ont toujours été une cible privilégiée de la discrimination et que cette situation perdure encore aujourd'hui. Dire la vérité, reconnaître les faits, demander pardon et réparer : telles sont les étapes incontournables de tout processus de réconciliation. Il serait opportun de créer une commission de vérité et de réconciliation, de rendre leurs terres à tous ceux qui en ont été dépossédés et d'effacer la dette.

Le représentant d'Interfaith International (également au nom du Forum against Islamophobia and Racism) a recommandé que tous les Etats qu'ils prennent des mesures adéquates pour prévenir les actes d'hostilités commis contre les Musulmans à l'école, dans les lieux publics, au travail, dans les médias et en politique. Le Bangladesh devrait reconnaître les droits des populations autochtones. La Commission des droits de l'homme devrait assurer le suivi du programme d'action qui sera adoptée par la Conférence de Durban.

Le représentant de la Sovereign Union of Aboriginal Peoples of Australia a dénoncé le Gouvernement australien pour n'avoir pas respecté les droits des peuples aborigènes et a demandé que la Convention de 1948 contre le génocide soit respectée afin qu'on mette fin à l'injure de l'humanité. Il a demandé la désignation par la Haut-Commissaire aux droits de l'homme d'un rapporteur spécial sur le génocide des aborigènes en Australie. Il a rappelé que les peuples aborigènes ont fait l'objet de déplacements forcés et de plusieurs autres formes d'exclusion et de discrimination. Il a demandé que la Cour internationale de justice se prononce sur les droits de propriété des peuples autochtones sur leurs terres. Il a demandé également que la liberté de culte soit également respectée par l'Australie et que la communauté internationale agisse en ce sens dans le prolongement de cette Conférence.

Le représentant du Congrès mondial Amazigh a indiqué que la communauté amazigh (berbère) compte entre 30 et 40 millions de personnes qui vivent surtout dans les pays d'Afrique du Nord. Il a observé que dans ces pays, c'est la règle de l'unicité absolue qui est implacablement imposée : l'arabe étant la langue unique et l'islam, la religion imposée à tous. Par conséquent, tout ce qui est amazigh est combattu systématiquement par l'assimilation, les interdits, l'emprisonnement et même le crime institutionnel, alors que de gros budgets financent la promotion de l'arabo-islamisme. D'une main de fer, les régimes tunisien et libyen interdisent toute forme d'expression de l'identité amazighe. La langue amazighe est restreinte au cercle familial et aucune expression publique dans cette langue n'est tolérée. Au Maroc, c'est la minorité panarabiste détenant les pouvoirs politique et économique qui impose sa dictature à la majorité amazighe. En Algérie, la même politique est poursuivie avec acharnement. A Durban, le Congrès lance un appel aux délégations qui croient aux valeurs universelles de démocratie et de droits de la personne humaine, aux ONG et à l'ensemble de la communauté internationale pour dénoncer la ségrégation et les discriminations dont sont coupables les Etats nord-africains à l'encontre du peuple amazigh.

Le représentant de CISM-Veneto a indiqué que son organisation a pour objet de faciliter l'intégration des immigrés dans tous les aspects de la vie politique, économique et sociale de l'Italie. L'Italie, hier pays d'émigration, est devenue un pays d'immigration dans lequel le racisme augmente rapidement, en particulier dans les quartiers à forte concentration d'immigrés. Pourtant, les immigrés ne prennent pas les emplois aux Italiens puisqu'ils effectuent des travaux dont les Italiens ne veulent pas. Il faut absolument parvenir à ce que l'immigré soit reconnu comme une personne dotée de droits et de devoirs.
Si le continent africain est le théâtre de déchirements si sanglants et d'une telle pauvreté, c'est à cause de la longue période catastrophique qu'a constituée la traite des esclaves, laquelle s'est prolongée durant des siècles. La traite des esclaves a incontestablement constitué un crime contre l'humanité. Ce n'est qu'en reconnaissant juridiquement cette traite pour ce qu'elle a été que le monde pourra se tourner vers l'avenir en vue de lutter efficacement contre les phénomènes de racisme et de discrimination raciale.

Le représentant de l'Inclusion International -International League of Societies for Persons with Mental Handicaps- a fait observer que les droits civils et politiques ne leur sont pas reconnus car on estime qu'il s'agit de cas pathologiques. Il y a un certain nombre de résolutions adoptées par l'Assemblée générale des Nations Unies et les organes compétents d'autres organisations qui appellent à une protection des droits des personnes handicapées mais les gouvernements n'en tiennent pas toujours compte dans leurs politiques et programmes nationaux. Il est nécessaire qu'un nouvel instrument soit adopté pour garantir le respect de leurs droits et éliminer les différentes formes de discrimination à leur égard.

Le représentant de l'Académie mexicaine des droits de l'homme a relevé que le Forum des ONG est parvenu à traiter en profondeur des problèmes importants que la raison d'État et les intérêts des gouvernements empêchent souvent de soulever. Les Africains demandent réparation, les Dalits demandent qu'il soit mis fin au système des castes, les Roms réclament un espace dans lequel vivre dignement et les autochtones veulent obtenir l'égalité des droits. Mais l'arrogance des États les a amenés à prendre de haut ces aspirations, comme en témoigne le faible niveau de représentation qui a dès le début caractérisé la délégation des Etats-Unis avant que celle-ci ne se retire finalement de la Conférence. Il faut espérer que la regrettable décision des États-Unis ne signifie pas que l'on renonce à recourir à la diplomatie pour lui préférer la confrontation. Le représentant a dénoncé les lois concernant les autochtones au Mexique que l'Armée zapatiste de libération nationale a jugées racistes, discriminatoires et porteuses d'exclusion.

Le représentant du World Sindhi Institute (Etats-Unis) a rappelé que les terres des Sindhi sont actuellement placées sous le contrôle du Pakistan. Deux à trois millions d'Hindous vivent au Pakistan, mais leur nombre a considérablement décliné en raison des différentes formes de discrimination dont ils font l'objet. Le Pakistan a fermé aux femmes d'origine Sindhie les portes du développement et de l'éducation. Elles sont nombreuses à subir les "crimes d'honneur", qui en réalité sont des "crimes d'horreur".


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