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Décennie internationale d'action « L'eau, source de vie », 2005-2015

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Eaux transfrontières

« La concurrence féroce que se livrent les pays pour les ressources en eau fait craindre que cet enjeu renferme les germes de conflits violents. [...] Nous pouvons, si tous les peuples du monde travaillent ensemble, garantir à tous un approvisionnement durable en eau à l'avenir. »
-- Kofi Annan, ancien Secrétaire général de l'ONU

Lorsque la qualité de l'eau se dégrade ou que la quantité disponible doit satisfaire une demande de plus en plus importante avec le temps, la compétition entre les usagers de l'eau s'intensifie. Ce phénomène n'est nulle part plus déstabilisant que dans les bassins fluviaux qui chevauchent des frontières politiques. L'expérience prouve cependant que, dans bien des situations, la nécessité de partager l'eau peut engendrer une coopération inattendue, au lieu de générer des conflits ouverts.

Malgré la complexité des problèmes, le passé montre que les conflits liés à l'eau peuvent être résolus de façon diplomatique. Seuls 37 conflits graves impliquant des violences ont eu lieu au cours des 50 dernières années, alors que 150 traités ont été signés. Les nations accordent de l'importance à ces traités parce qu'ils rendent les relations internationales liées à l'eau plus stables et plus prévisibles.

Distribution sectorielle des 145 accords sur des eaux transfrontalières

Graphique représentant la distribution sectorielle des 145 accords sur des eaux transfrontalières

L'histoire des traités internationaux liés à l'eau remonte à 2500 av. J.-C, lorsque les deux cités-États sumériennes de Lagash et d'Umma forgèrent un accord mettant fin à un conflit lié à l'eau le long du Tigre, accord souvent cité comme le premier traité toutes catégories confondues. Depuis, de nombreux traités ont été signés. Selon l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture, plus de 3.600 traités liés aux ressources internationales en eau ont été rédigés depuis 805 ap. J.-C. La majorité d'entre eux porte sur la navigation et la démarcation des frontières. Au cours du siècle dernier, les négociations et les traités ont délaissé la navigation pour se focaliser sur l'utilisation, le développement, la protection et la conservation des ressources en eau.

Des accords légaux sur le partage de l'eau ont été négociés et maintenus alors même que des conflits persistaient sur d'autres questions. Le Cambodge, le Laos, la Thaïlande et le Vietnam ont pu collaborer depuis 1957 dans le cadre de la Commission du Mékong et ont entretenu des échanges techniques tout au long de la guerre du Vietnam. Depuis 1955, Israël et la Jordanie ont régulièrement tenu des pourparlers au sujet du partage du fleuve Jourdan, alors même qu'ils étaient officiellement en guerre jusqu' à il y a peu. La Commission du fleuve Indus a survécu à deux guerres entre l'Inde et le Pakistan. Un accord cadre pour le bassin fluvial du Nil, qui abrite 160 millions de personnes et est partagé entre 10 pays, a été scellé en février 1999 afin de combattre la pauvreté et de stimuler le développement économique dans la région en encourageant une utilisation équitable des ressources communes en eau pour le bien de tous. Les neuf pays du bassin fluvial du Niger ont convenu d'un accord cadre pour un partenariat du même type. Ces exemples illustrent deux aspects importants de la coopération internationale en matière de ressources en eau : le besoin d'une institution qui élabore efficacement un processus d'engagement et le soutien d'une tierce partie bénéficiant de bons financements et ayant de la confiance de toutes les factions.

Si les plus de 3.600 accords et traités signés sont une réussite en eux-mêmes, un examen plus attentif révèle néanmoins des faiblesses importantes. Ce sont des dispositions de suivi applicables, des mécanismes d'application et des dispositions précises de répartition de l'eau qui tiennent compte des variations du débit des eaux et des besoins fluctuants qui sont nécessaires. La Convention des Nations Unies sur le droit relatif aux utilisations des cours d'eau internationaux à des fins autres que la navigation de 1997 est un instrument international qui se focalise sur les ressources communes en eau. Elle a posé deux principes clés pour guider le comportement des nations en ce qui concerne les cours d'eau communs : « une utilisation équitable et raisonnable » et « l'obligation de ne pas causer de dommages significatifs » aux pays voisins. Cependant, c'est aux pays eux-mêmes de clarifier la signification précise de ces termes dans leurs bassins versants.

Les experts s'accordent pour reconnaître que les accords internationaux sur les cours d'eau doivent être plus concrets, énonçant des mesures d'application des traités et incorporant des mécanismes de résolution des conflits détaillés en cas de litige. Une meilleure coopération implique également de définir un système de répartition des eaux clair tout en restant flexible, qui tienne compte des phénomènes hydrologiques, de la dynamique changeante des bassins et des valeurs sociétales.

Le saviez-vous?

Initiatives de l'ONU qui contribuent à mettre la question en valeur

Groupe de travail ONU-Eau sur les eaux transfrontières

Le Groupe de travail ONU-Eau sur les eaux transfrontières doit servir de plateforme pour encourager la cohérence et la coordination des activités par les membres de l'ONU-Eau et ses partenaires dans le domaine des eaux transfrontières. Il y parvient en favorisant un échange constant d'informations, d'expériences et de leçons apprises et en encourageant les efforts conjoints.


Sources :