Hafiz Abdalla fait partie d'une équipe nationale dévouée et résiliente du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Soudan, déterminée à aider les autres. Il nous raconte son parcours, du chaos, de la violence et de l'incertitude à la sécurité et à la détermination.

Une vie dans l’ombre de la violence

Ayant grandi au Soudan, j'ai été inspiré par les travailleurs humanitaires et rêvais d'atténuer les souffrances des populations.

Rejoindre OCHA Khartoum en 2023 m'a donné un but, un mois seulement avant l'éclatement des violences.

Originaire du Darfour, je connaissais bien les conflits. Mais ma femme et mes enfants, qui découvraient cette réalité, étaient terrifiés.

Nous vivions à Al-Riyad, près des bases des RSF, et avons dû fuir vers Ad-Damazine, espérant que la région resterait sûre.

Très vite, les routes ont été bloquées et j'ai craint des pénuries alimentaires, la fermeture des écoles et un danger pour ma famille. Je n'ai eu d'autre choix que de fuir.

Un périple éprouvant

Nous avions prévu de rejoindre l'Ouganda via le Soudan du Sud. Sous une pluie battante, nous avons quitté ad-Damazine en minibus avec d'autres familles.

Les routes boueuses nous ont bloqués pendant deux jours, nous laissant sans eau ni nourriture. Lorsque le bus est tombé en panne, les secours n'ont pas pu nous atteindre. Nous avons dû choisir : attendre ou marcher.

Les routes étant submergées, marcher signifiait nager. J'ai attaché notre groupe avec une corde pour traverser un ruisseau en toute sécurité. Nous y sommes parvenus.

Nous avons atteint une zone appelée But, toujours au Soudan, puis avons pris un camion pour Renk, au Soudan du Sud. Après trois jours à travers la jungle, nous avons trouvé refuge dans un hôtel, où nous avons enfin pu nous doucher et manger.

De Renk, nous avons pris un avion-cargo sans sièges pour Juba. Ma fille, effrayée, s'est approchée du pilote et lui a demandé un vol en douceur. Son innocence était désarmante.

Prendre soin de sa famille de loin

Après deux jours à Juba, nous sommes partis pour Kampala, en Ouganda. Nous étions devenus des réfugiés.

Il est difficile de décrire la douleur d'être contraint de quitter son foyer et tout ce que l'on connaît.

Quelques mois plus tard, je suis retourné à Ad-Damazine pour travailler, tandis que ma famille est restée sur place. Ma mère et mes proches sont restés à El Fasher, où la violence s'est intensifiée. Après vingt tentatives infructueuses, ils ont finalement réussi à s'échapper et à me rejoindre.

Depuis, je ne vois mes enfants que deux fois par an. Les permissions limitées et les longs voyages rendent les visites rares.

La vie sans eux est douloureuse, mais je vis au jour le jour.

Un dévouement sans faille

Je puise ma force dans la foi et la conviction qu'aider les autres apporte un soutien divin. L'équipe du bien-être du personnel d'OCHA, et en particulier Mojgan, a été une immense source de réconfort.

La vie est parfois difficile, mais elle offre aussi des moments de lumière, et en tant que père, je dois croire qu'un avenir meilleur attend mes enfants.

En partageant mon histoire, j'espère rassurer mes collègues qui vivent des situations similaires : ils ne sont pas seuls et ils s'en sortiront.

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