Le Réseau latino-américain pour la prévention du génocide et des atrocités massives a été créé en 2012 à l’initiative de l’Argentine et du Brésil. Les 18 États suivants y sont représentés : Chili, Colombie, Costa Rica, El Salvador, Équateur, Guatemala, Honduras, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Uruguay and Venezuela. Le Réseau se veut un espace de collaboration visant à améliorer les capacités nationales et régionales de renforcement des politiques de prévention du génocide et d’autres atrocités criminelles. Il a notamment pour objectifs institutionnels d’élaborer un programme d’enseignement sur la prévention des atrocités criminelles et de l’intégrer dans les programmes de formation obligatoires des agents de l’État, de promouvoir la coopération régionale sur ce sujet, et de stimuler les initiatives nationales pour la prévention des génocides dans chaque État participant.

Le Réseau reçoit l’appui de l’Auschwitz Institute for Peace and Reconciliation (AIPR) , qui assure son secrétariat, du Bureau de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger, et de la Stanley Foundation . Au sein du Réseau, chaque État doit nommer un ou plusieurs points focaux, qui sont chargés de déterminer les domaines de travail et les activités pouvant être menées en application des programmes nationaux de prévention des atrocités criminelles. Le Réseau organise également régulièrement des réunions des points focaux de tous les États participants. Ces réunions sont l’occasion d’échanger des informations et de confronter les expériences sur les activités en cours et de planifier d’éventuelles actions communes.

Dans son cinquième rapport sur la responsabilité de protéger, publié en 2015, le Secrétaire général de l’ONU a explicitement salué l’expérience du Réseau latino-américain comme un exemple de « partenariat pour la prévention ». Le Bureau de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger a accompagné et soutenu toute une série d’activités du Réseau depuis son lancement en 2012. Parmi celles-ci figure la coorganisation des éditions consacrées à l’Amérique latine du séminaire Raphael Lemkin pour la prévention du génocide .

En 2006, les États membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) (Angola, Burundi, Congo, Kenya, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Soudan et Zambie) ont adopté le Protocole pour la prévention et la répression du crime de génocide, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ainsi que de toute forme de discrimination (le Protocole). En vertu du Protocole, les États membres sont tenus : de traduire dans leur législation interne les dispositions du Protocole et d’assurer leur application en adoptant des lois qui permettent de prévenir et de réprimer le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité ; de prendre des mesures tendant à éliminer la discrimination ; d’enseigner et d’encourager la tolérance entre nations et entres groupes raciaux et ethniques ; de lutter contre l’impunité et extrader les criminels.

Le Protocole a également établi un mécanisme de suivi de l’application de ces obligations sous la forme d’un comité régional composé de représentants de chaque État membre. Le Comité régional est chargé d’examiner régulièrement les situations et peut alerter le Sommet des chefs d’État ou le Comité interministériel régional de toute situation où il existe une menace d’atrocités criminelles.

En 2010, le Bureau de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger a aidé la CIRGL à mettre en place son Comité régional pour la prévention et la répression du génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ainsi que de toute forme de discrimination. Depuis lors, le Bureau a financé toutes les réunions ordinaires du Comité régional et fourni un soutien technique.

Les fonctions du Comité régional sont notamment les suivantes : a) examiner régulièrement la situation dans les États membres en vue de prévenir les génocides, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et la discrimination ; b) rassembler et analyser les informations relatives au génocide, aux crimes de guerre, aux crimes contre l’humanité et à la discrimination ; c) alerter le Sommet de la Conférence en temps utile afin que des mesures urgentes soient prises pour prévenir les conflits potentiels ; d) proposer des mesures spécifiques pour lutter efficacement contre l’impunité de ces crimes ; e) contribuer à la sensibilisation et à l’éducation à la paix et à la réconciliation par des programmes régionaux et nationaux ; f) proposer des mesures visant à garantir les droits des victimes.

Le Protocole exige également que chaque État membre de la CIRGL établisse un comité national pour la prévention et la répression du crime de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ainsi que de toute forme de discrimination. À ce jour, huit États membres de la CIRGL ont créé leur comité, à savoir le Congo, le Kenya, l’Ouganda, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la République-Unie de Tanzanie, le Rwanda et le Soudan du Sud (qui a rejoint la CIRGL à son indépendance en 2011). Le Bureau fournit un financement, un soutien technique et une formation aux comités nationaux qui ont été créés depuis 2010, à l’exception du Rwanda, qui disposait d’une commission aux fonctions semblables avant la création du Comité régional. La formation vise à développer les connaissances des membres des comités nationaux sur les crimes internationaux les plus graves, à savoir les génocides, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, et sur les moyens de les prévenir. Le Cadre d’analyse des atrocités criminelles du Bureau est utilisé pour aider les membres des comités à reconnaître les éléments de ces crimes, leurs dynamiques ainsi que les facteurs de risque associés aux crimes, et à connaître les mesures qui peuvent être prises pour les prévenir. Le Bureau a également prêté appui aux comités nationaux dans l’exécution des activités définies dans les plans de travail établis lors du lancement de chaque comité, et qui visent normalement à concourir au travail de prévention dans les cadres nationaux respectifs.

Le Séminaire mondial Raphael Lemkin pour la prévention du génocide  tire son nom de Raphael Lemkin (1900-1959), l’avocat juif polonais qui a inventé le terme « génocide » et qui a mené la campagne à l’ONU en faveur de la ratification de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide en 1948. Le Séminaire, qui a lieu chaque année, crée une communauté d’agents de l’État formés aux stratégies politiques de prévention du génocide qui s’aident mutuellement à définir les meilleures pratiques pour ce qui est de faire face au processus de génocide et autres atrocités criminelles. Il est organisé par l’Auschwitz Institute for Peace and Reconciliation  en partenariat avec le Bureau de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger et le Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau . Chaque programme d’une semaine réunit vingt à vingt-cinq haut fonctionnaires d’au moins quinze États, qu’ils soient des États à risque, en crise ou sortant d’un conflit, des pays donateurs et ou des pays peu actifs dans le domaine des droits de l’homme au niveau international. Le Séminaire accueille des participants et participantes qui ont des responsabilités professionnelles dans des domaines pertinents, notamment la prévention des atrocités, les droits de l’homme, la justice pénale internationale. Le lieu du séminaire mondial Lemkin, à savoir l’ancien camp de concentration et d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau, à Oświęcim (Pologne), permet une immersion émotionnelle et intellectuelle dans le thème du génocide. Le « pouvoir du lieu » offre aux participants et participantes la possibilité de s’investir et de s’engager personnellement dans le domaine de la prévention du génocide. Le dialogue avec les participants et participantes se poursuit une fois le Séminaire terminé, et plusieurs partenariats et projets de coopération ont vu le jour grâce à ces échanges.