Établissement des responsabilités

Une femme témoigne dans le procès de l’ancien dictateur militaire guatémaltèque.
Photo © Elena Hermosa/Trocaire

Justice et paix sont étroitement liées. Si elle est correctement mise en œuvre, la démarche consistant à amener les auteurs d’atrocités criminelles à répondre de leurs actes peut non seulement être très dissuasive, mais elle est également essentielle au succès des processus de réconciliation et à la consolidation de la paix dans les sociétés qui sortent d’un conflit. L’impunité détruit le tissu social d’une collectivité et perpétue la méfiance entre différents groupes ou envers l’État, ce qui compromet les chances d’instaurer une paix durable. La certitude que justice a été rendue et que les responsables d’infractions graves sont tenus de rendre des comptes contribue à prévenir les sentiments d’impuissance et d’amertume et la volonté de vengeance que peuvent éprouver les victimes, leur famille et les personnes de même origine ethnique, raciale ou nationale ou de même confession, et qui pourraient donner lieu à de nouvelles violences et atrocités. Ainsi, paix et justice se renforcent et se nourrissent mutuellement.

De la même manière qu’il incombe en premier lieu aux États de protéger leurs populations contre les atrocités criminelles, les États sont également tenus, en vertu du droit international conventionnel et coutumier, d’amener les responsables d’actes de génocide, de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre à rendre des comptes et de garantir aux victimes le droit à un recours effectif. Parallèlement à d’autres mécanismes de justice transitionnelle, les poursuites pénales permettent de prendre en compte la souffrance des victimes et de leur famille et aident à rétablir en partie la dignité ou l’intégrité qu’elles ont perdues ou auxquelles il a été gravement porté atteinte.

Le fait de savoir ce qui s’est passé, pourquoi, et qui en est responsable permet d’éviter que la violence ne se reproduise et facilite la mise en place de mécanismes d’alerte rapide et, plus généralement, l’élaboration de stratégies de prévention. À cet égard, le travail accompli par les juridictions nationales ainsi que par les juridictions internationales telles que la Cour pénale internationale, les tribunaux internationaux ad hoc et les tribunaux mixtes dans leur quête de justice a contribué de manière décisive à cultiver un esprit de responsabilité dans le monde entier, à sensibiliser les sociétés et à influencer les générations futures quant à l’importance du respect des normes et principes des droits humains et quant aux leçons que nous pouvons tirer des crimes passés.

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