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Fédération de Russie

Son Excellence Sergey V. Lavrov, Ministre des Affaires étrangères

Résumé

M. SERGEY V. LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a dit qu’il y avait, de nos jours, une contradiction entre la nécessité de faire des efforts collectifs pour trouver des réponses aux défis qui interpellent la communauté internationale, et l’aspiration de quelques États à affirmer leur domination et à faire revivre des « blocs archaïques » basés sur les conquêtes militaires et la logique erronée du « ami ou ennemi ».  L’alliance occidentale menée par les États-Unis, a-t-il noté, qui se dit championne de la démocratie, de l’état de droit et des droits de l’homme, rejette le principe démocratique d’égalité de tous les États comme le mentionne la Charte des Nations Unies, et essaye de décider pour tous de ce qui est bon ou mauvais, a-t-il ajouté.  « Washington a ouvertement déclaré son droit d’user unilatéralement de la force n’importe où pour défendre ses intérêts », a-t-il affirmé. 

La viabilité du système international a été sévèrement mise à mal par les bombardements de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Yougoslavie, en Iraq, les attaques en Libye et les opérations ayant été couronnées d’échec en Afghanistan, a dit le Ministre.  Il a dit avoir l’impression que le but de toutes ces « révolutions folkloriques » est de changer des régimes indésirables et de provoquer le chaos et l’instabilité.  L’Ukraine est aujourd’hui victime de ce type de politique.  Après que l’Occident a déclaré sa victoire sur la guerre froide et proclamé la fin de l’histoire, a dit M. Lavrov, les États-Unis et l’Union européenne ont opté pour l’expansion de leur sphère d’influence géopolitique sans tenir compte des intérêts légitimes des pays d’Europe.  L’Occident, a-t-il ajouté, a rejeté les propositions de la Fédération de Russie d’établir un traité de sécurité européen, répondant que seuls les membres de l’OTAN ont droit à la sécurité.  Il a aussi déploré l’expansion de l’OTAN, de plus en plus vers l’Est, malgré des promesses contre cette option, et il a déploré la construction, par l’OTAN, d’infrastructures militaires aux frontières de la Fédération de Russie.

Le Ministre a affirmé que les États-Unis et l’Union européenne ont soutenu le coup d’État en Ukraine, dénonçant les autorités autoproclamées de Kiev.  Il a relevé que c’est la violation des droits de l’homme qui a poussé les populations de la Crimée à faire le choix de l’autodétermination, un choix absolument libre, a-t-il indiqué.  M. Lavrov a regretté qu’aucune poursuite judiciaire n’ait été engagée contre les auteurs d’exactions de février dernier sur la place Maidan de Kiev, et dans d’autres régions et villes de l’Ukraine comme Odessa et Marioupol.  Il a déclaré que le bilan laissé par les Forces armées ukrainiennes dans le sud-est du pays a été volontairement atténué.  Il a également relevé que malgré l’adoption de la résolution 2166 (2014) du Conseil de sécurité, la mise en place d’une enquête précise et indépendante sur les circonstances du crash de l’avion de la Malaysian airlines, au-dessus de l’Ukraine, soit toujours reportée.  La Fédération de Russie a un grand intérêt à voir son voisin, l’Ukraine, revenir à la paix, a dit le Ministre, en notant que le chemin de la paix au sud-est de l’Ukraine est ouvert après l’Accord de paix signé récemment sur l’initiative des Présidents ukrainien et russe. 

M. Lavrov a convoqué l’histoire, rappelant qu’à l’établissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et la Fédération de Russie en 1933, les premiers avaient expressément demandé à leur vis-à-vis de s’abstenir de toute ingérence dans leurs affaires intérieures, et que son pays avait exigé la réciprocité de cette mesure, ce qui fut agréé.  Il a ensuite souhaité que cette exigence soit appliquée à l’échelle planétaire, demandant par la même occasion que l’Assemblée générale adopte une déclaration à cet effet.  Il a affirmé que le blocus de Cuba, mis en place par les États-Unis, était contre-productif, ajoutant que « la politique des ultimatums et la philosophie de la suprématie et de la domination ne cadrent pas avec les exigences du XXIe siècle ».  Il a souhaité que des discussions soient menées, sans idéologie ni visée politico-militaire, dans la région euro-atlantique, que tous les pays y prennent part, et non pas seulement les membres de l’OTAN et de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC).  Ces discussions doivent porter sur la sécurité de  l’Ukraine, de Moldova et de la Géorgie, au lieu, a-t-il précisé, du choix fallacieux du « avec nous ou contre nous ».  Nous voyons, a-t-il constaté, un déficit de démocratie dans les relations internationales et quelqu’un devrait mettre fin à ces stéréotypes centenaires de l’unicité dans les relations internationales.  Il a plaidé pour le triomphe du respect mutuel comme cela se vit au sein des pays du groupe BRICS (Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), de l’Organisation de Shanghai pour la coopération, du G-20 ou encore du Conseil de sécurité.

Sur la question de la crise libyenne, M. Lavrov a demandé à avoir « des informations authentiques » sur la question des armes chimiques ayant appartenu à l’ancien régime.  Après le bombardement du pays par l’OTAN, « en violation des résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il dit, rien n’a été fait pour réparer les dommages créés, notamment la propagation des armes chimiques.  Il a invité le Secrétaire général des Nations Unies à prendre ses responsabilités sur cette question.  Il a voulu que la lutte contre le terrorisme s’appuie sur le droit international, ajoutant que les tentatives d’agir en marge de la Charte des Nations Unies ne contribueront pas à la réussite des efforts collectifs dans la lutte contre le terrorisme.  Il a ainsi souligné que la lutte contre les terroristes en Syrie doit se faire en coopération avec le Gouvernement syrien qui a fait savoir, a-t-il noté, sa disponibilité à y participer.  Il a rappelé qu’au début du printemps arabe, la Fédération de Russie avait mis en garde contre toute tentative de s’allier avec tous ceux qui se réclamaient ennemis du Président syrien. 

L’élimination du terrorisme passe par l’identification de ses causes profondes et la Fédération de Russie envisage de lancer, sous les auspices du Conseil de sécurité, une étude sur les menaces de l’extrémisme et du terrorisme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  Le Ministre a aussi estimé que l’absence d’une solution durable entre Israéliens et Palestiniens, depuis des décennies, est l’un des facteurs majeurs d’instabilité de la région, car cela permet aux extrémistes de recruter plus de djihadistes.  Il a terminé en indiquant que les personnels médicaux russes sont déjà à pied d’œuvre en Afrique contre le virus Ebola, et que davantage d’assistance sera envoyée pour appuyer la toute nouvelle mission des Nations Unies pour la réponse d’urgence à Ebola (UNMEER) en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria.

Source: AG/11564