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États-Unis d’Amérique

Son Excellence Barack Obama, Président

Résumé

M. BARACK OBAMA, Président des États-Unis, a déclaré que les États Membres se réunissaient aujourd’hui à la croisée des chemins entre la guerre et la paix, entre le désordre et la réintégration, entre la crainte et l’espoir.  Après avoir souligné les progrès réalisés jusqu’aujourd’hui, qui font qu’au sud de Manhattan ou dans le village de sa propre grand-mère, à 200 kilomètres de Nairobi, on peut tenir dans une main plus d’informations que n’en détiennent les plus grandes bibliothèques.  M. Obama a rappelé une phrase qu’il a l’habitude de prononcer devant les jeunes Américains: « Aujourd’hui est le meilleur moment pour naître sur cette terre ».  Et pourtant, a-t-il ajouté, « il y a un malaise qui ne passe pas sur cette terre ».

Le monde a l’impression que les forces qui se rassemblent ont occasionné de nouveaux dangers, a déclaré le Président américain, citant l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, qui risque de se propager hors des frontières de la région, l’agression russe en Ukraine ou la brutalité du terrorisme en Syrie et en Iraq.  Chacun de ces problèmes requiert une action immédiate, a-t-il ajouté, relevant l’incapacité de la communauté internationale à faire face à un monde interconnecté. 

« Nous n’avons pas suffisamment contré l’intolérance, le sectarisme, ce désespoir qui nourrit le terrorisme à travers le monde », a estimé M. Obama.  Un choix est à faire entre « renouveler le système international qui a permis tant de progrès ou reculer face à l’instabilité », a-t-il dit, précisant que les États-Unis, pour leur part, avaient fait le « choix clair » de « l’espoir et non la crainte ».  « Nous ne voulons pas être fatalistes ou cyniques lorsqu’il s’agit de l’humanité », a-t-il dit.  « Nous œuvrons pour un monde tel qu’il devrait être, que nos enfants méritent. »

Le Président des États-Unis a affirmé qu’« ensemble, nous pourrons bloquer le cancer de l’extrémisme violent ».  « Nous devons assumer notre responsabilité de faire appliquer les normes internationales », a-t-il poursuivi.

M. Obama a rappelé qu’il y a 100 ans, une guerre mondiale avait coûté la vie à des millions de personnes.  Puis, a-t-il expliqué, il a fallu une autre guerre mondiale pour repousser les forces du fascisme.  Le Président américain a souligné que, récemment, les actions de la Russie en Ukraine avaient remis en question l’ordre de l’après-guerre.  Il s’agit là, a-t-il dit, d’une « vision d’un monde dans lequel la force fait le droit, où les frontières peuvent être redessinées par une autre nation ».  « L’Amérique défend d’autres valeurs », a-t-il soutenu, affirmant que « les grandes nations ne peuvent opprimer les plus petites » et que « les gens doivent être en mesure de choisir leur propre avenir ».

M. Obama a indiqué la volonté des États-Unis de renforcer les alliés de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de respecter les engagements en faveur de la défense collective.  « Nous allons imposer un coût à la Russie pour l’agression, et contrer les mensonges avec la vérité », a-t-il dit appelant les autres « à nous rejoindre du bon côté de l’histoire ». 

Une autre voie est possible, celle de la diplomatie et de la paix, des idéaux que défend cette Organisation, a-t-il observé.  Si la Russie suit cette voie, « alors nous lèverons nos sanctions et saluerons son rôle pour relever les défis communs ».

M. Obama a indiqué qu’il se tenait devant les États Membres, aujourd’hui, pour exprimer l’engagement de son pays à investir sa puissance « dans le travail commun pour résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés au XXIe  siècle ».

S’agissant d’Ebola, il faut, a-t-il dit, un « effort plus large pour arrêter une maladie qui pourrait tuer des centaines de milliers de personnes, infliger des souffrances horribles, déstabiliser les économies, et qui se déplace rapidement à travers les frontières ».  « C’est pourquoi nous allons continuer à mobiliser d’autres pays pour prendre des engagements tangibles et concrets en vue de lutter contre cette épidémie et améliorer la sécurité sanitaire mondiale à long terme. »

Par ailleurs, a ajouté le Président américain, « l’Amérique vise une solution diplomatique à la question nucléaire iranienne, dans le cadre de son engagement à arrêter la propagation des armes nucléaires et à poursuivre la paix et la sécurité d’un monde qui en est exempt ».  « Ce n’est possible que si l’Iran saisit cette occasion historique. »  Il a ainsi lancé un message aux dirigeants et au peuple de l’Iran qu’il a qualifié de « simple »: « Ne laissez pas passer cette opportunité.  Nous pouvons parvenir à une solution qui répond à vos besoins en énergie tout en assurant le monde que votre programme est pacifique. »

Il a souligné que les États-Unis étaient engagés dans un programme de développement qui élimine l’extrême pauvreté d’ici à 2030.  « Nous assumerons notre part pour aider les gens à se nourrir, à développer leurs économies et à garantir des soins aux malades.  Si le monde agit ensemble, nous pouvons faire en sorte que tous nos enfants puissent profiter d’une vie d’opportunités et de dignité. »

Les États-Unis poursuivent également leur objectif de réduire de manière ambitieuse les émissions de carbone, a-t-il dit, notant qu’ils avaient augmenté leurs investissements dans l’énergie propre.  « Nous ferons notre part et aideront les pays en développement à faire la leur.  Mais nous ne pouvons réussir dans la lutte contre le changement climatique que si nous sommes rejoints dans cet effort par toutes les grandes puissances.  C’est ainsi que nous pouvons protéger la planète pour nos enfants et nos petits-enfants. »

Alors que l’on se tourne vers l’avenir, « les risques d’un cycle de conflits pourraient faire dérailler ces progrès », a-t-il déclaré, citant « le cancer de l’extrémisme violent qui a ravagé de nombreuses parties du monde musulman ».

« Dans ce siècle, nous sommes confrontés à un type de terrorisme plus brutal » que la terreur utilisée par des groupes au XXe siècle, « qui a manipulé une des plus grandes religions au monde ».  « Avec un accès à la technologie qui permet aux petits groupes de faire beaucoup de mal, ils ont adopté une vision cauchemardesque divisant le monde entre les fidèles et les infidèles, tuant autant de civils innocents que possible, et utilisant les méthodes les plus brutales pour intimider les gens au sein de leurs communautés. »

Il a assuré que son pays rejetait toute suggestion d’un choc des civilisations.  « La croyance en une guerre de religion permanente est le refuge erroné des extrémistes qui ne peuvent ni construire ni créer quoi que ce soit, et colportent ainsi le fanatisme et la haine. »

« Ensemble, il nous faut agir concrètement pour contrer la menace posée par des fanatiques religieux déterminés et les tendances qui nourrissent leur recrutement », a-t-dit, soulignant la nécessité de relever quatre défis à cet égard. 

Tout d’abord, le groupe terroriste connu sous le nom d’État islamique en Iraq et au Levant doit être affaibli, puis détruit.  Aucun dieu n’avalise la terreur que ce groupe sème, a-t-il dit, précisant que « le seul langage que ces tueurs connaissent est celui de la force ». 

Par conséquent, a-t-il déclaré, « les États-Unis travailleront avec une large coalition en vue de démanteler ce réseau de la mort ».  « Dans cet effort, nous n’agissons pas seuls.  Et nous ne comptons pas envoyer des troupes américaines d’occupation de terres étrangères.  Au lieu de cela, nous allons soutenir les Iraquiens et les Syriens à se battre pour récupérer leurs communautés ».

M. Obama a annoncé que les États-Unis utiliseraient leur puissance militaire dans une campagne de frappes aériennes pour faire reculer l’ « État islamique ».  « Nous allons former et équiper les forces qui luttent contre ces terroristes au sol.  Nous allons œuvrer à couper leur financement, et à arrêter le flux de combattants dans et hors de la région. »

Signalant que plus de 40 pays avaient proposé de se joindre à cette coalition, il a demandé au monde à se joindre à cet effort.  « Nous ne céderons pas aux menaces, et nous allons démontrer que l’avenir appartient à ceux qui construisent, non à ceux qui détruisent », a-t-il affirmé.

Deuxièmement, il est temps pour le monde, en particulier les communautés musulmanes, de toujours rejeter l’idéologie d’Al-Qaida et de l’« État islamique ».  « Le temps est venu d’établir un nouveau pacte entre les peuples civilisés de ce monde pour éradiquer la guerre à sa source la plus fondamentale: la corruption des jeunes esprits par l’idéologie violente. »  Cela signifie, a-t-il dit, de couper le financement qui alimente cette haine, de réparer l’espace que les terroristes occupent, y compris l’Internet et les médias sociaux.  « Nous devons offrir une vision alternative », a-t-il dit.

L’idéologie de l’« État islamique », d’Al-Qaida ou de Boko Haram ne périra dès lors qu’elle sera condamnée et combattue au grand jour, a estimé M. Obama.  Plus tard dans la journée, le Conseil de sécurité doit adopter une résolution qui souligne la responsabilité des États pour contrer l’extrémisme violent, a-t-il indiqué, notant que les résolutions devaient être suivies par des engagements concrets.

En troisième lieu, il convient de s’attaquer aux cercles vicieux des conflits sectaires qui créent des conditions propices au terrorisme, a-t-il dit, évoquant les antagonismes entre sunnites et chiites.  « Il est temps que les dirigeants politiques, civils et religieux rejettent les conflits sectaires », a-t-il déclaré.  « C’est un combat que personne ne gagne », a-t-il ajouté, constatant que la guerre civile brutale en Syrie avait déjà tué près de 200 000 personnes et fait des millions de déplacés et que l’Iraq était au bord du gouffre.

Ensemble, avec leurs partenaires, les États-Unis ont formé et équipé l’opposition syrienne à être un contrepoids face aux terroristes de l’« État islamique » et à la brutalité du régime Assad.  « Mais la seule solution durable à la guerre civile en Syrie est politique », a—t-il dit, mettant l’accent sur la nécessité d’assurer une transition politique inclusive qui réponde aux aspirations légitimes de tous les citoyens syriens, indépendamment de leur origine ethnique ou de leur religion.

Quatrièmement, « les pays du monde arabo-musulman doivent se concentrer sur le potentiel extraordinaire de leur peuple, en particulier les jeunes. »  Lorsque les jeunes ont les outils nécessaires pour réussir, les sociétés s’épanouissent, a-t-il affirmé, précisant que son pays collaborerait avec ceux qui promeuvent cette vision.  De même, lorsque les femmes participent pleinement à la vie politique ou à l’économie d’un pays, les sociétés sont plus susceptibles de réussir.  C’est pourquoi nous soutenons la participation des femmes dans les parlements et dans les processus de paix, dans les écoles et l’économie. 

Ces changements positifs ne doivent pas se faire au détriment des traditions ou de la foi, a-t-il assuré, affirmant que les États-Unis seraient un partenaire constructif et respectueux.  « Nous ne tolèrerons pas des refuges pour les terroristes » et « nous ne serons pas une puissance occupante », a-t-il notamment déclaré.

Le Président américain a, en outre, mis l’accent sur la nécessité de faire preuve d’initiative pour tenter de régler le conflit israélo-palestinien.  « Le panorama est sombre, mais les États-Unis ne renonceront pas à la quête de la paix. »  « Que les choses soient claires: le statu quo en Cisjordanie et à Gaza n’est pas durable », a-t-il lancé, avant d’ajouter: « Tant que je serai Président, nous défendrons le principe selon lequel les Israéliens, les Palestiniens, la région et le monde ne connaîtront la justice et la sécurité qu’avec deux États vivant côte à côte, dans la paix et la sécurité ».

« C’est ce que les États-Unis sont prêts à faire, a-t-il dit: prendre des mesures contre les menaces immédiates, tout en poursuivant l’objectif d’un monde où la nécessité d’une telle action est diminuée ».  « Si les États-Unis n’hésiteront jamais à défendre leurs intérêts, ils ne se déroberont pas face à la promesse de cette institution et sa Déclaration universelle des droits de l’homme, l’idée que la paix n’est pas simplement l’absence de guerre, mais la présence d’une vie meilleure. »

M. Obama a conclu en citant Eleanor Roosevelt pour qui les droits universels commençaient « dans de petits endroits, près de chez nous, dans des lieux si petits qu’ils ne peuvent être vus sur aucune carte du monde.  Pourtant, ils sont dans le monde de l’individu, le quartier où il habite, l’école ou le collège qu’il fréquente, l’usine, la ferme ou le bureau où il travaille. »

« En cette croisée des chemins, les États-Unis ne se détourneront pas de ce qu’il convient de faire », a ajouté le Président américain, qui a appelé les États Membres à se « joindre à cette mission commune, pour les enfants de demain et d’aujourd’hui ».

Source: AG/11560