Fédération de
Russie
Déclaration de M. Shcherbak
Le 26 avril 2006, 20 années jour pour jour se sont écoulées depuis l’accident survenu à la centrale nucléaire de Tchernobyl, dont l’ampleur des dommages et la gravité des conséquences en a fait la plus grande catastrophe causée par l’homme au XXe siècle.
Je voudrais rappeler qu’en août 2005, les chefs d’État et de gouvernement des pays membres de la Communauté d’États indépendants (CEI), réunis dans la ville russe de Kazan, se sont adressés aux peuples de la CEI et à la communauté internationale pour leur rappeler cette date tragique. Dans la déclaration adoptée à cette occasion (voir А/60/734, annexe), ils indiquaient que, du fait de l’accident, des millions de personnes ont été frappées par une catastrophe dont elles ont eu du mal à prendre conscience et contre laquelle elles n’ont pu se protéger. De nombreuses familles se sont ainsi retrouvées privées de logement, ont perdu leurs moyens de subsistance et ont dû changer de lieu et de mode de vie.
L’ampleur de la catastrophe aurait pu être infiniment plus grande n’eût été le courage et l’abnégation de centaines de milliers de personnes qui ont participé aux efforts visant à éliminer les conséquences de l’accident de Tchernobyl. Au risque de leur vie et de leur santé, elles se sont acquittées de leur devoir pour protéger la population contre les suites funestes de l’accident et la prorogation des radiations.
Malgré les vastes mesures d’urgence adoptées juste après la catastrophe et dans les années qui ont suivi afin d’atténuer le plus possible les conséquences de la catastrophe, la centrale de Tchernobyl continue d’être une source de danger potentiel au centre de l’Europe. Il est dans l’intérêt de tous que cette menace soit réduite dans un bref délai au moyen des technologies de pointe. Pour régler ce problème, il importe que l’ensemble de la communauté internationale mobilise des ressources techniques, scientifiques et financières.
La tâche la plus importante à laquelle il faut à présent s’attaquer pour venir à bout des conséquences de cette tragique catastrophe est la décontamination et le redressement socioéconomique des régions touchées.
La catastrophe de Tchernobyl a provoqué la contamination radioactive de plus de 59 000 kilomètres carrés de territoire répartis sur 14 sujets de la Fédération de Russie et abritant, à l’époque, quelque 3 millions de personnes. À l’heure actuelle, les régions les plus fortement contaminées sont celles de Briansk, de Toula, d’Orel et de Kalouga. Plus de 200 000 Russes ont pris part à l’élimination des conséquences de l’accident.
Aujourd’hui, ces régions se trouvent dans des conditions particulièrement difficiles, par suite de la destruction de leurs infrastructures écologiques, de l’exode de la main-d’œuvre et des problèmes démographiques. Du fait de l’état de l’environnement après l’accident de Tchernobyl, les activités de la population sont limitées. L’état de santé des habitants de ces régions, de même que celui du personnel chargé d’éliminer les effets de l’accident, est très préoccupant.
L’élément central de la politique poursuivie par le Gouvernement russe concernant Tchernobyl est l’intégration constante du facteur radiologique dans les activités visant à assurer la pleine réhabilitation des zones touchées. Les dépenses engagées ces dernières années par notre pays ont dépassé 5 milliards de dollars. La priorité est donnée au développement social, à la réadaptation psychologique de la population et à la mise en place d’une base solide de la reprise économique dans les régions touchées. À cette fin, toute une série de programmes fédéraux ont été mis enœuvre dans le pays. Durant la période 2002-2005, plus de 35 000 mètres carrés de logements, d’écoles et d’établissements préscolaires accueillant plus de 2 500 enfants, et de dispensaires pouvant prendre en charge 930 personnes par jour ont été réhabilités. Plus de 205 kilomètres de conduites de gaz et d’eau ont été construites.
La stratégie russe de redressement accorde une place centrale à l’information de la population sur les problèmes liés à la catastrophe de Tchernobyl. Ainsi, un centre d’information russo-bélarussien rattaché à l’Institut de sûreté nucléaire de l’Académie des sciences de Russie est en place depuis 2004. Un programme de préservation et de restauration de la fertilité des terres arables à l’horizon 2010 prévoit la mise en œuvre d’un ensemble de mesures destinées à réhabiliter 20 000 hectares contaminés après l’accident de Tchernobyl.
Pour que puissent être éliminées les conséquences de la catastrophe, il est important que la stratégie de redressement s’appuie sur les connaissances scientifiques. Nous notons avec satisfaction que nos travaux dans ce domaine rejoignent les conclusions des instances scientifiques qui font autorité. Il s’agit en premier lieu du Forum sur Tchernobyl, réuni à Vienne en septembre dernier sous l’égide de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Il est évident que les recommandations du Forum sont d’une grande utilité. À cet égard, je voudrais souligner qu’il sera tout aussi important à l’avenir de vérifier les résultats des études scientifiques et d’adopter un accord à leur sujet.
Toutes ces années, la communauté internationale a joué un rôle extrêmement important dans le règlement de la complexe question de Tchernobyl. Nous prenons note de l’importance que la communauté internationale attache à ce problème, à travers le développement de liens scientifiques, l’octroi d’une aide concrète dans le domaine de la santé, l’appui à la réhabilitation de l’agriculture et l’édification de réseaux d’échanges d’information. Nous avons toujours considéré que l’Organisation des Nations Unies avait un rôle de catalyseur et de coordination à jouer à cet égard. De notre point de vue, l’adoption par consensus, en novembre dernier, de la résolution 60/14 de l’Assemblée générale sur Tchernobyl et le nombre record de ses coauteurs, 69, sont autant de preuves de la solidarité internationale à l’égard de l’action menée par les pays touchés et de la volonté internationale d’accorder à la question de Tchernobyl toute l’attention voulue.
Je note également que la communauté internationale tend à renforcer son aptitude à réagir aux catastrophes anthropiques, en particulier aux situations d’urgence radiologiques. Compte tenu des nouvelles menaces et des nouveaux dangers auxquels notre civilisation est confrontée, cela s’impose plus que jamais. On connaît l’expérience acquise dans ce domaine par le Ministère russe des situations d’urgence et sa propension à coopérer avec la communauté internationale.
Nous exprimons notre reconnaissance au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), chargé depuis 2004 de coordonner la coopération internationale dans ce domaine, pour sa contribution au renforcement de cette coopération, dont le but louable est d’améliorer le sort des populations vivant sur les territoires contaminés. Notre reconnaissance va également aux autres organisations, notamment les organisations humanitaires qui ont travaillé toutes ces années à nos côtés.
Source : A/60/PV.77