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Actualité

Personnes d’ascendance africaine : avancées accomplies depuis Durban

Avril 2009

Une réunion dans une salle de conférence.

La Haut-Commissaire Navi Pillay : « Nous nous sommes tournés vers le passé pour dissiper les nuages qui menacent d’obscurcir l’avenir. »

En 2001, la Déclaration et le Programme d’action de Durban ont reconnu que la population d’ascendance africaine était depuis des siècles victime du racisme, de la discrimination raciale et de l’esclavage, et ont souligné la nécessité de veiller à ce qu’elle soit pleinement intégrée à la vie sociale, économique et politique.

Huit ans plus tard, la Conférence d’examen qui se tient à Genève évalue dans quelle mesure la communauté internationale a mis en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Durban.

Lors d’une allocution prononcée à l’occasion d’une manifestation tenue parallèlement à la Conférence, « People of African Descent and the way forward », la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, a reconnu les avancées pionnières de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée tenue en 2001.

« Nous nous sommes tournés vers le passé pour dissiper les nuages qui menacent d’obscurcir l’avenir. Nous avons pris l’engagement solennel d’œuvrer ensemble à la mise en œuvre d’un programme fonctionnel commun. »

Depuis la Conférence de Durban, des progrès considérables ont été accomplis au niveau intergouvernemental, avec la création d’un Groupe de travail d’experts sur les personnes d'ascendance africaine, et la désignation d’un Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme et d’une Experte indépendante sur les questions relatives aux minorités, qui s’intéressent en permanence aux problématiques des populations d’ascendance africaine.

Au niveau national, beaucoup de pays ont amendé leur constitution pour y inclure des références plus explicites à leur nature multiculturelle. Certains États ont mis sur pied des institutions nationales de promotion de l’égalité raciale. Quelques pays ont adopté des lois sur la discrimination positive pour l’éducation et la participation politique, des programmes de santé ciblés et d’autres initiatives présentant un intérêt spécifique pour les personnes d’ascendance africaine.

Même si toutes ces mesures ont accru la visibilité des personnes d’ascendance africaine, et ont dans une certaine mesure favorisé leur autonomisation, il reste difficile de garantir le plein exercice de leurs droits. La crise économique mondiale actuelle qui menace de saper l’accès au travail, à des moyens de subsistance et de logement abordables, aux soins de santé et à l’éducation, présente un risque majeur pour les personnes d’ascendance africaine, ainsi que pour tous les groupes marginalisés et vulnérables.

Joe Frans, président du Groupe de travail d’experts sur les personnes d'ascendance africaine, a attiré l’attention sur des enquêtes qui révèlent que les actes racistes sont sous-notifiés. Il a expliqué que les sans-papiers sont tout particulièrement vulnérables, et qu’ils sont exploités comme main-d’œuvre bon marché « privée de tout droit ».

Le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, Githu Muigai, a indiqué que l’une des dimensions centrales de la lutte contre le racisme s’articule autour du chevauchement entre la classe sociale et l’origine raciale/ethnique.

« Dans la plupart des pays, les groupes les plus vulnérables sur le plan socio-économique sont composés de manière disproportionnée de minorités raciales ou ethniques » a-t-il déclaré. « Ces groupes sont extrêmement touchés par l’échec scolaire, les faibles salaires et les logements insalubres, et sont surreprésentés dans les écoles de seconde zone, les quartiers défavorisés et en milieu carcéral. Ces tendances contribuent à accentuer les préjugés et stéréotypes, par exemple l’association de leur image avec la délinquance. »

M. Muigai a déclaré qu’il était essentiel que les stratégies de réduction de la pauvreté reposent sur des dispositions non-discriminatoires dans un cadre de réglementations relatives aux droits de l’homme.

L’Experte indépendante sur les questions relatives aux minorités, Gay McDougall, a illustré les obstacles institutionnels qui entravent la pleine participation des personnes d’ascendance africaine en expliquant qu’à New Haven, aux États-Unis, tous les pompiers noirs d’une caserne avaient raté un concours interne de promotion hiérarchique, et que les meilleurs scores avaient été obtenus par des blancs.

La Baronne Young de Hornsey, l’ambassadrice britannique pour l’Année européenne du dialogue interculturel, a parlé du rôle des arts et spectacles dans la promotion de changement positifs et effectifs. « L’art peut transmettre un message aux populations, indépendamment du niveau d’alphabétisation et des structures d’éducation » a-t-elle déclaré.

Maria Alexandra Ocles, Coordinatrice du Réseau régional latino-américain sur l’égalité raciale et Parlementaire de l’Assemblée constituante nationale de l’Équateur, a souligné que la participation politique était essentielle, en particulier pour les femmes d’ascendance africaine, mais qu’elle constituait en revanche l’un des plus grands défis.

D’autres orateurs, parmi lesquels Edna Santos Roland, Éminente experte indépendante sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban ; Claire Kamau Roberts, Rapporteuse spéciale sur les personnes d’ascendance africaine et la discrimination raciale, de la Commission interaméricaine sur les droits de l’homme ; et Alvaro Bello, Professeur de l’Université de Temuco, Chili, ont partagé des expériences nationales et régionales de lutte contre le racisme.

Dans son discours, Mme Pillay a déclaré : « Un nombre impressionnant de défis doivent encore être relevés car la pratique a énormément de retard sur la rhétorique. En outre, il est indispensable et urgent de faire preuve de la plus grande vigilance, en particulier en cette période de crise économique et financière qui fait voler en éclats les vieilles certitudes et peut donner lieu à une recrudescence de la discrimination à l’encontre des personnes perçues comme des prédateurs étrangers, en particulier les migrants. »