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Actualité

L’éducation aux droits de l’homme comme catalyseur de changements

Avril 2009

Une salle de réunion.

Éducation: Combattre le racisme par l’éducation aux droits de l’homme. Photo ONU/Jean-Marc FERRE

Les visages du changement sont innombrables. Un jeune garçon dalit qui, au Tamil Nadu, apostrophe une femme d’une caste supérieure qui blâme sa belle-fille d’avoir accouché d’une fille. Des enseignants qui, de chaque côté de la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord, oublient leurs différences culturelles pour tendre vers l’objectif commun de sensibiliser les élèves aux droits de l’homme. Des ministres qui, en Afrique du Sud, se rendent dans les écoles pour s’assurer que le système d’éducation permet aux enfants de faire valoir leurs droits. Des représentations musicales et artistiques qui font comprendre ce que sont les droits de l’homme dans les écoles au Guyana et en Ouganda.

Ces différents visages de l’éducation aux droits de l’homme ont été décrits lors d’une table ronde rassemblant des orateurs et oratrices d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Europe en marge de la Conférence d’examen de Durban qui se tient aux Nations Unies à Genève.

L’importance de l’éducation aux droits de l’homme au niveau national en tant qu’outil de lutte contre la discrimination a été mise en exergue dans la Déclaration et le Programme d’action de Durban de 2001 ainsi que dans le Document final de la Conférence actuelle. Le Programme mondial en faveur de l’éducation aux droits de l'homme (2005-en cours) instaure un cadre pour sa mise en œuvre nationale.

« L’éducation peut perpétuer les préjugés sociaux et la discrimination » a déclaré Henri Tiphagne de l’ONG indienne People’s Watch. « Mais nous utilisons l’éducation aux droits de l’homme pour lutter contre la discrimination et la xénophobie, et pour créer une culture démocratique. »

M. Tiphagne a expliqué que trois années d’éducation formelle aux droits de l’homme dispensée aux enfants ont permis de faire passer la sensibilisation du campus à la famille, et de la famille au voisinage. À ce jour, les écoles de 19 États indiens ont adopté des programmes d’éducation aux droits de l’homme, et plus de 150.000 enfants et 3200 enseignants sont concernés.

Lynn van der Elst, de Media in Education Trust Africa, a expliqué que les droits de l’homme ont été intégrés aux programmes d’éducation formelle et informelle en Afrique du Sud, et que ceci a resserré les liens entre l’école, les parents, les communautés et les agences gouvernementales.

« Avec cette stratégie, les écoles deviennent des centres d’apprentissage, d’aide et de soutien ouverts à tous » a-t-elle déclaré.

« Toutes les matières sont imprégnées des principes et pratiques de la justice sociale et environnementale et des droits de l’homme, et tiennent compte d’aspects comme la pauvreté, l’inégalité, l’origine raciale, le genre, la langue, l’âge et le handicap. Une autre matière, intitulée ‘Orientation de vie’, est consacrée à l’information et à la sensibilisation au respect des autres, à la tolérance, à la justice etc. Par ailleurs, dans le cadre du programme d’éducation informelle, nous prévoyons des journées de prestation de services, lors desquelles les écoles deviennent des centres de services intégrés – en matière de santé, d’aide sociale et de loisirs. »

Gloria Geria, de l’université Kyambogo, en Ouganda, a quant à elle expliqué qu’après une éducation aux droits de l’homme, les étudiants diffusent ces enseignements auprès de la population locale. Les écoles et les communautés ont tout à y gagner.

Merle Mendonca, de la Guyana Human Rights Association, a elle aussi confirmé l’effet positif des synergies entre éducation formelle et informelle aux droits de l’homme sur les écoles et les communautés. Elle a indiqué qu’après une formation sur l’éducation aux droits de l’homme, les enseignants se sentent plus en confiance pour aborder des problématiques complexes. Mais elle est également consciente qu’il sera difficile d’obtenir des écoles un engagement à long terme.

Cet écueil a aussi été mis en relief par Calin Rus, de l’ONG roumaine Intercultural Institute of Timisoara. M. Rus a ajouté que les meilleurs résultats sont obtenus quand la direction de l’école et l’équipe d’enseignants sont associés aux programmes, et quand on y intègre des possibilités de réseau et de suivi constructif.

Le rôle crucial des enseignants dans l’éducation aux droits de l’homme a été mis en exergue par Avril Hall-Callaghan, du syndicat Ulster Teachers’ Union. Elle a décrit le rôle pivot des syndicats d’enseignants au Royaume-Uni concernant la mise sur pied et le développement des programmes en étroit partenariat avec des organisations gouvernementales et non gouvernementales.

L’animatrice de la table ronde, Elena Ippoliti, du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, a attiré l’attention sur le fait que bon nombre des exemples cités avaient débuté par un projet pilote avant de se développer de manière exponentielle dans un pays ou même une région, ce qui démontre qu’un petit pas en avant peut mener très loin.