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Déclaration

Discours de clôture de Mme Navanethem Pillay Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme

24 avril 2009

Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Je tiens à féliciter tous ces hommes et toutes ces femmes de bonne volonté qui ont travaillé si intensément pour assurer le succès de la Conférence d'examen de Durban.  Je souhaiterais, en particulier, exprimer ma reconnaissance au Président de la conférence pour la façon compétente avec laquelle il a dirigé le processus et à tous les groupes régionaux pour leur flexibilité, ce qui a facilité le consensus des États membres.  Je tiens également à remercier le Gouvernement de la Suisse d'avoir accueilli cette conférence. 

Malgré les réticences de certains critiques, la Conférence s'est révélée être ce qu'elle était destinée à être depuis le début: une célébration de la tolérance et de la dignité pour tous.  Nous allons quitter cette salle ce soir avec un sentiment certain d'accomplissement, avec une détermination et un objectif renouvelés et redynamisés.  Cette expérience soutiendra le travail qui nous attend tous: le travail difficile de la réalisation de nos engagements, la tâche urgente de la mise en œuvre concrète des résultats de la Conférence, le besoin pressant d'effacer la honte séculaire du racisme. 

Dans mon discours d'ouverture de la Conférence d'examen de Durban, j'ai loué l’engagement sans faille des États membres à aller de l'avant tous ensemble dans la lutte contre le racisme.  Ils ont été et sont pleinement conscients que les immenses défis du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l'intolérance qui y est associée exigent la mise en commun de la volonté, des forces et des ressources politiques.  C'est pourquoi les États membres ont sagement et généreusement choisi de rejeter des positions qui sèment la discorde.  Au cours de cette semaine, ils ont renforcé leur engagement dans un accord global, le document final, pour réaliser des changements réels pour les millions de victimes du racisme et de la discrimination raciale. 

Comme je l'ai souligné à maintes reprises au cours des huit dernières années, la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban a été entravée par de nombreux défis, anciens et nouveaux.  Parmi les conséquences désastreuses de la crise financière et de la récession économique actuelles, la pauvreté et l'exclusion continueront à représenter des défis majeurs.  La convergence de ces crises et les effets du changement climatique ont, en effet, affecté de façon disproportionnée tous les groupes vulnérables au sein des sociétés. 

La mondialisation met en lumière le défi d'assurer le respect mutuel pour et par des personnes de milieux différents dans des sociétés multiculturelles.  Avec l'augmentation des mouvements à travers les frontières nationales, les migrants sont souvent perçus comme des concurrents pour des ressources rares et comme des menaces pour les moyens d'existence des autres.  Enfin, l'exploitation de la différence - ethnique, raciale ou religieuse - continue d'alimenter les conflits armés ou d'entretenir le feu des luttes communautaires. 

Distingués participants,

Le document que vous avez adopté cette semaine est un document final soigneusement équilibré et toutefois significatif renfermant une aspiration commune: celle de défier le racisme dans toutes ses manifestations et de travailler à son élimination partout où il pourrait exister. 

Il concilie des opinions divergentes qui ont été présentées à tort comme une confrontation entre les cultures, plutôt que comme les perspectives franches différentes qu’elles étaient en réalité. 

Il englobe plusieurs grandes réalisations.  En réaffirmant la Déclaration et le Programme d'action de Durban, il donne un nouvel élan à l'engagement politique des États membres à poursuivre l’agenda de la lutte contre le racisme face à de nombreux défis, anciens et nouveaux. 

Le document exhorte les États à empêcher les manifestations de racisme, de discrimination raciale et de xénophobie, spécialement à l’encontre des migrants, des réfugiés et des demandeurs d'asile.  Les États sont également invités à promouvoir une plus grande participation et à offrir plus d’opportunités aux personnes d'ascendance africaine et asiatique, aux peuples indigènes et aux personnes appartenant à des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques. 

De plus, le document réaffirme l’importance fondamentale de la liberté d'expression et insiste sur sa compatibilité avec l'interdiction de l'incitation à la haine, conciliant ainsi ces deux principes aussi fondamentaux l’un que l’autre du droit international des droits de l’homme. 

Excellences,

La Conférence d'examen de Durban a fourni une plate-forme pour un nouveau départ.  Les quelques États qui ont choisi de rester à l'écart devraient à présent évaluer le document final pour son mérite et sa substance propres.  Beaucoup d'entre eux ont participé à son élaboration et ont pris part au consensus émergeant jusqu'à la veille de la Conférence d'examen.  C'est pourquoi, j’espère et je m’attends même à ce que, à la première occasion, ils se joignent aux efforts internationaux visant à lutter contre le racisme, tel que défini dans le document final. 

L’accent des délibérations de cette semaine a été mis sur le racisme et sur les efforts réalisés par les États en vue de la mise en œuvre de la DDPA.  Je félicite tous les participants, tant dans la salle de l'Assemblée que dans la quarantaine d’événements parallèles, dont quinze ont été organisés par le HCDH, d’avoir maintenu le dialogue aux niveaux thématiques et conceptuels.  Là où on s’écartait de ce principe et dans ces circonstances exceptionnelles, j'ai agi en tant que Secrétaire général de la Conférence, ainsi qu’en tant que Haut-Commissaire aux droits de l'homme, pour exprimer mon point de vue afin de désamorcer l’éventualité d’une chaîne de réactions incendiaires portant atteinte à l'intégrité et à la dignité de la Conférence et alimentant même des divisions sur des questions fondamentales relatives aux droits de l’homme dans des débats futurs. 

Mesdames et Messieurs,

Comme je l'ai mentionné plus tôt, le document final de la Conférence d'examen de Durban constitue une plate-forme pour un nouveau départ.  L'ampleur des tâches à venir devrait nous inciter tous à rassembler et à faire le meilleur usage de nos énergies et de nos ressources en vue de créer un monde prônant l'égalité des chances et de traitement pour tous, indépendamment de la race, de la couleur, du sexe, de la langue, de la religion, de l'opinion politique ou autre, de l’origine nationale ou sociale, de la fortune, de la naissance ou d’autre statut. 

Vous êtes parvenus à trouver un terrain d’entente.  En tant que Haut-Commissaire aux droits de l'homme, je prie instamment tous les États, les organisations internationales et la société civile de construire sur ce terrain d’entente un édifice de la tolérance que nous serons fiers de léguer à nos enfants et aux générations futures. 

Je vous remercie.