Bien qu'ils représentent la plus grande partie de la diversité culturelle du monde et parlent la majeure partie de ses langues, les peuples autochtones sont trois fois plus susceptibles de vivre dans l'extrême pauvreté, a souligné lundi le chef de l'ONU lors de la séance d'ouverture du Forum permanent des Nations Unies sur les questions autochtones.

Et alors que leurs langues et leurs cultures restent constamment menacées, les peuples autochtones ont été durement affectés par la pandémie de Covid-19. « Un groupe déjà vulnérable risque d'être laissé encore plus loin », a averti le Secrétaire général António Guterres.

De plus, leur manque de participation aux prises de décisions a souvent conduit à négliger ou à ignorer leurs besoins spécifiques. « Alors que nous nous efforçons de nous remettre de la pandémie, nous devons donner la priorité à l'inclusion et au développement durable qui protège et profite à tous », a-t-il dit.

Les terres des peuples autochtones sont parmi les plus riches en biodiversité et en ressources du monde, ce qui a conduit à une exploitation accrue, à des conflits sur les ressources et à une mauvaise utilisation des terres, a déclaré le chef de l’ONU. « La violence et les attaques contre les dirigeants autochtones et les femmes et les hommes qui travaillent pour défendre les droits des peuples autochtones aux terres, territoires et ressources se sont considérablement accrues », a-t-il ajouté.

M. Guterres a exhorté chacun à « faire mieux » pour promouvoir des lois et des politiques inclusives et participatives avec des institutions fortes et responsables qui garantissent la justice pour tous et pour « promouvoir et défendre » le droit à la santé des personnes et de l'environnement.

« Nous devons mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones », a-t-il souligné, ajoutant que ces peuples sont « indispensables à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) et que leurs voix doivent être entendues ».

Assurer une pleine inclusion et autonomisation


Le Secrétaire général a rappelé la nécessité d'assurer « une participation égale et significative, une pleine inclusion et une autonomisation » en vue de la réalisation des droits humains et des opportunités pour tous les peuples autochtones.

De son côté, le Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, Volkan Bozkir, a souligné que, dans le cadre de la préparation à la prochaine pandémie, il fallait « impliquer les communautés autochtones qui risquent davantage de développer des maladies infectieuses en raison de la destruction des écosystèmes par les industries extractives et le changement climatique ».

Et comme les peuples autochtones sont les gardiens de plus de 80% de la biodiversité mondiale, ils doivent être associés à la lutte contre la crise climatique, a déclaré M. Bozkir.

Soulignant le « lien intrinsèque entre langue et identité », le Président de l'Assemblée générale a encouragé chacun à utiliser la Décennie internationale des langues autochtones, qui débutera l'année prochaine, pour la promouvoir largement. « Notre force réside dans notre diversité », a-t-il dit.

Une violence contre les peuples autochtones préoccupante


La Présidente du Forum, Anne Nuorgam, a déclaré pour sa part que la violence contre les peuples autochtones, ainsi que contre les défenseurs des droits humains des peuples autochtones, était une « préoccupation majeure ».

Elle a déclaré que sur les 331 défenseurs des droits humains tués en 2020 les deux tiers travaillaient sur les droits environnementaux et les droits des peuples autochtones. Et dans le cas des femmes autochtones assassinées, « l'écrasante majorité de ces crimes » reste impunie.

Mme Nuorgam a affirmé que ces atrocités « ne se produisent pas dans le vide », alors que les gouvernements criminalisent de plus en plus les activités des organisations de peuples autochtones et utilisent la législation antiterroriste pour nuire à leur militantisme. « Nous assistons à une forte augmentation de la violence contre les défenseurs des droits humains des peuples autochtones », a-t-elle dit. « Cela doit cesser ».

Source: ONU Info