20 mars 2020 — Près de dix jours après la déclaration de pandémie de COVID-19 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), plusieurs centaines de millions d’enfants et de jeunes dans le monde se retrouvent confinés à leur domicile, dans des foyers ou des crèches, faute d’accès à leurs établissements d’enseignement. Pour les agences des Nations Unies, déjà focalisées sur les enfants déracinés, frappés par les conflits armés et éloignés des services essentiels, la tâche est immense.

En première ligne dans ce que le Secrétaire général de l’ONU qualifie désormais de « guerre » contre le coronavirus, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) œuvre avec ses différents partenaires, au sein du système de l’ONU et au-delà, à l’élaboration de plans d’urgence afin de prévenir et enrayer la propagation de la maladie, en particulier dans les pays où les systèmes de santé sont les plus faibles.

« Notre mission visant à garantir le droit des enfants à la santé, à l’éducation, à la nutrition et à la protection revêt une importance plus capitale que jamais », constate Henrietta Fore, Directrice exécutive de cette agence onusienne. « L’UNICEF est à pied d’œuvre pour aider à prévenir la propagation du virus au sein des communautés des pays touchés. Nous communiquons des informations exactes sur la façon de protéger les familles, nous fournissons des kits d’hygiène et médicaux aux établissements scolaires et aux dispensaires de santé, et nous atténuons l’incidence de l’épidémie sur l’accès des enfants aux services médicaux, éducatifs et sociaux ».

Soucieuse d'assurer la sécurité des enfants et de leurs familles, l’UNICEF œuvre tout particulièrement à la réduction des effets, immédiats et secondaires, de cette crise sur les plus jeunes et leurs proches. Cela comprend la fourniture d'orientations et de conseils aux gouvernements, aux enseignants et aux administrateurs scolaires ainsi qu’aux parents - dont beaucoup télétravaillent depuis leur domicile - sur la meilleure façon de se protéger, soi et sa famille, tout en maintenant une vie aussi normale que possible.

Attention aux effets des fermetures d’écoles

L’agence note à cet égard que les fermetures d'écoles peuvent avoir des conséquences néfastes sur le bien-être et l'apprentissage des enfants, en particulier pour les enfants des communautés vulnérables. Dans la centaine de pays concernés par ces mesures, au niveau national comme local, des plans solides doivent, selon elle, être mis en place pour assurer la continuité des services scolaires, y compris l'accès aux services essentiels pour tous les enfants. Ces plans devraient en outre inclure les étapes nécessaires à la réouverture éventuelle des écoles en toute sécurité.

Favorable au déploiement de systèmes d'apprentissage à distance susceptibles de minimiser les perturbations dans l’éducation et de permettre de maintenir le contact social avec les apprenants, l’UNICEF est rejoint dans ce projet par l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), qui vient de lancer à cette fin une coalition mondiale réunissant des partenaires multilatéraux et des représentants du secteur privé.

« Les difficultés augmenteront de manière exponentielle si les fermetures d'écoles se prolongent », a mis en garde Stefania Giannini, Sous-Directrice générale de l'UNESCO pour l'éducation, rappelant en particulier que de nombreux enfants et jeunes dépendent des repas gratuits ou à prix réduit fournis dans les cantines scolaires pour leur alimentation et une saine nutrition. « Les écoles, aussi imparfaites soient-elles, jouent un rôle égalisateur dans la société et lorsqu'elles ferment, les inégalités s'accentuent ».

« Notre mission visant à garantir le droit des enfants à la santé, à l’éducation, à la nutrition et à la protection revêt une importance plus capitale que jamais. »

Lorsque les écoles restent ouvertes, des directives opérationnelles sûres doivent être suivies pour garantir que les enfants et leurs familles restent protégés et informés. Les établissements scolaires constituent en effet des mécanismes importants pour fournir aux enfants des informations vitales sur la manière de se protéger, souligne l'UNICEF, qui indique s’être associée à des plateformes numériques telles que Facebook, LinkedIn et TikTok pour « amplifier les conseils émanant d'organisations dignes de confiance et lutter contre la désinformation. »

Inquiétude pour les enfants en mouvement

L’agence pour l’enfance se dit, d’autre part, profondément préoccupée par les prochaines phases de la crise et le risque qu'elle touche certains des jeunes les plus vulnérables du monde, y compris ceux qui vivent loin de leur domicile, dans des communautés marginalisées et dans des pays aux ressources limitées.

« Des efforts supplémentaires devraient être faits pour protéger les personnes les plus vulnérables, quel que soit leur emplacement, leur statut juridique, leur origine ou leur condition », plaide l’UNICEF dans un message. « Nous ne serons pas en sécurité tant que les personnes les plus difficiles à atteindre ne le seront pas non plus », avertit l’agence, qui a lancé un appel de fonds d’urgence de 42,3 millions de dollars pour intensifier sa riposte à l'épidémie.

Au moment où les interdictions de voyager et les fermetures de frontières se multiplient, l’inquiétude porte notamment sur les enfants en mouvement et leurs familles, sujet brûlant, bien avant la crise actuelle. Ces mesures d’exception concernent au premier chef les personnes déplacées internes, les réfugiés et les migrants, fait remarquer Luwei Pearson, Directrice par intérim de la Division des programmes de santé de l’UNICEF.

« L'UNICEF a mis en place un groupe spécial, dans le cadre de la réponse à la COVID-19, pour s'assurer que ces enfants vulnérables ne sont pas oubliés, qu’ils ne sont pas stigmatisés et qu’ils sont protégés par les systèmes locaux sur une base humanitaire », précise-t-elle, tout en insistant sur la nécessité d’une aide aux pays vulnérables, en particulier les pays les moins avancé (PMA), pour qu’ils se dotent des infrastructures de base face à la maladie, à commencer par l’accès à l’eau courante pour se laver les mains, procéder à des actes médicaux ou encore nettoyer les salles d’accouchement.

Collaboration interagence pour protéger les enfants

Au total, seules trois personnes sur cinq dans le monde disposent d'installations de lavage des mains de base, selon les dernières données disponibles. Pour remédier à ce manque, l'UNICEF s’emploie, dans le monde entier, à garantir aux enfants et à leurs parents l'accès à des installations appropriées. En outre, l’agence encourage cette recommandation fondamentale dans plus de 90 pays, en collaboration avec les gouvernements.

Parallèlement, alors que la pandémie met à l’épreuve tous les systèmes de santé, l'OMS s'efforce, à tout moment, de garantir l'accès des populations aux services sanitaires, singulièrement en cette période de crise. L’institution onusienne basée à Genève assure la liaison avec des partenaires, y compris d'autres entités des Nations Unies telles que l'UNICEF, pour résoudre le problème des soins de santé spécifiques, notamment pour les femmes enceintes et les enfants confrontés à l’épidémie de COVID-19.

L'UNICEF et l'OMS travaillent également en étroite collaboration pour fournir des conseils aux parents et aux femmes enceintes et allaitantes sur les risques d'infection. Alors que le coronavirus s'installe dans les pays à faible revenu, l'agence sanitaire s’inquiète de l'impact qu'il pourrait avoir sur les populations à forte prévalence de VIH ou sur les enfants souffrant de malnutrition. Elle exhorte donc tous les pays à intensifier leur réponse. Dans ce même contexte, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) collabore activement avec la Chine afin de garantir que les personnes vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) continuent de recevoir un traitement.

Sur le plan épidémiologique, l’OMS observe que les enfants et les jeunes adultes infectés par la COVID-19 le sont à des taux nettement inférieurs à ceux des adultes plus âgés. Si la grande majorité n’ont connu que des troubles bénins, certains ont néanmoins développé une maladie grave ou critique. Les données en provenance d’Italie, de Chine et de République de Corée, trois des principaux foyers de l’épidémie, montrent que la mortalité augmente avec l'âge. Cependant, relève l’agence, dans ces trois pays, de jeunes adultes sont décédés et un enfant a succombé au virus en Chine.

L’UNICEF a mis en ligne une page Web qui réunit d’importantes ressources, notamment pour les parents et les enseignants, qui peuvent aider les plus jeunes à comprendre la situation.

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